Estonie : le rêve européen 1/2

, par Henri Erti , Traduit par AURELIE SOSSET (HEL-ULG, Liège, Belgique)

Estonie : le rêve européen 1/2
Andrus Ansip, premier ministre de l’Estonie Tous droits réservés aux services audiovisuels de la Commission européenne

L’économie dynamique et vibrante de l’Estonie a survécu à la crise de l’euro avec une incroyable résistance. Elle a de plus enregistré une forte croissance économique en cette période d’austérité imminente et de stagnation monétaire.

Gloire à l’austérité

Une réduction considérable des activités économiques mondiales a engendré une importante crise dans les marchés du crédit qui s’est inexorablement répandue aux pays baltes, et en particulier en Estonie. Cependant, ce menaçant Armageddon financier a été évité par la mise en œuvre de politiques macroéconomiques avisées mais souples qui reposent fortement sur la philosophie du laissez-faire et sur les codes d’imposition favorables qui attirent les capitaux étrangers et encouragent donc la croissance économique. Conséquence : une augmentation de la demande intérieure, stimulée par la hausse des salaires moyens (864 euros). Selon le rapport du FMI de 2011 sur l’économie estonienne, les exportations ont connu une croissance trimestrielle.

Alors que la majorité des pays de l’UEM n’a connu qu’une maigre croissance du PIB due à la crise, le PIB de l’Estonie a enregistré une croissance moyenne de 7% par an entre 2000 et 2008. De plus, le ratio de la dette publique par rapport au PIB est aux alentours de 6%, ce qui peut paraître un nombre sporadique pour la plupart des économies d’Europe. Il est vrai que de tels chiffres peuvent être attribués aux programmes d’austérité appliqués par le gouvernement estonien, qui a réussi à promulguer des responsabilités communes durant les réductions assez sévères sur les biens et services publics.

Le gouvernement laissé de côté

Une telle croissance est remarquable si l’on considère que l’assujettissement de l’Estonie à l’Union Soviétique a pris fin seulement une décennie avant le commencement du triomphe économique balte. Selon les partisans nationalistes, cela provient de la rude et stricte période soviétique durant laquelle le peuple a survécu en passant outre les pénuries et en se concentrant sur la créativité et la survie. Une telle érudition naturelle a permis aux personnes de s’adapter à la nouvelle crise économique et de manifester du pragmatisme durant une telle lutte.

Sans mépriser les efforts du peuple estonien ou sous-estimer l’horrible période soviétique, l’actuel exemple économique estonien ne découle pas uniquement de l’« esprit » estonien. Le système du faible impôt uniforme, plus particulièrement l’impôt de 21% sur le revenu, serait une explication plus plausible. Contrairement à plusieurs économies scandinaves qui favorisent une imposition progressive, les codes d’imposition estoniens encouragent les citoyens à augmenter leurs revenus ou rentrées entrepreneuriales, ce qui, en échange, n’est pas pénalisé par des impôts plus importants. Par la suite, les entreprises sont incitées à développer leurs affaires en éliminant les impôts sur leur revenu provenant de bénéfices réinvestis. Avec une politique fiscale si bénéfique, l’Estonie a libéralisé son économie et, par conséquent, a attiré beaucoup d’investissements directs étrangers afin de consolider les politiques fiscales.

Liens étroits avec les banques scandinaves

Les opérations bancaires reliées à la Scandinavie en Estonie et les fortes relations commerciales qu’entretient l’Estonie avec la Finlande et la Suède sont la deuxième cause de cette économie florissante d’avant 2009. Les banques estoniennes ont le privilège d’avoir accès à un crédit relativement bon marché provenant de la solide économie suédoise, qui, naturellement, n’a pas beaucoup souffert de l’immersion de la crise bancaire de la zone euro. Les banques scandinaves sont donc propriétaires de plus de 90% des banques en fonction en Estonie. Par conséquent, ces banques sont suffisamment capitalisées ; c’est-à-dire que les capitaux des banques sont fortement protégés contre l’effondrement contagieux du crédit ou les problèmes de liquidité. De plus, le marché financier interbancaire est assez petit, ce qui écarte les problèmes de transmission d’une banque à une autre.

Bien que la supériorité économique de l’Estonie soit évidente, le succès peut être vraiment traître. La décision du gouvernement d’appliquer de sévères politiques d’austérité après une forte croissance économique n’était pas une décision unanime. Des emplois publics ont été supprimés, les salaires ont diminué de 30% et l’accès au crédit est devenu plus difficile. Quoiqu’il en soit, il faut remarquer que l’économie estonienne a été la deuxième plus rapide de l’Union européenne à croître durant le quatrième trimestre. Seule la Lettonie a atteint un plus haut taux de croissance de 5%. Étant donné leurs relations commerciales, autant l’Estonie que la Lettonie peuvent tirer profit de leur succès commun.

Alors que les débats sur l’austérité font rage à Bruxelles, l’expérience estonienne pourrait peut-être transformer le vain statu quo actuel et supprimer le bloc de division entre les pays de l’Union européenne.

Article paru sur le site European Student Think-Tank

Pour aller plus loin :

*L’Estonie, un nouveau modèle pour la zone euro

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Vos commentaires
  • Le 11 septembre 2012 à 12:54, par Xavier Chambolle En réponse à : Estonie : le rêve européen 1/2

    Législation et fiscalité stable. État peu gourmand, peu interventionniste.

    Conséquences ?

    Une économie plus saine. Des finances publiques plus saines.

    Pourquoi persévère-t-on ailleurs en Europe à augmenter les impôts, complexifier la législation, intervenir dans l’économie à coups de subventions, à creuser la dette ?

  • Le 11 septembre 2012 à 14:04, par Loinvoyant En réponse à : Estonie : le rêve européen 1/2

    L’austérité n’est pas mon rêve pour l’Union Européenne. Pas plus que la voir se transformer en vampire économique ne subsistant qu’en drainant les capitaux étrangers (avec la faiblesse structurelle que cela implique pour un Etat en formation, sans parler des conséquences sociales). Commençons à produire en Europe ce que l’on consomme et on verra la situation économique s’améliorer.

  • Le 11 septembre 2012 à 22:37, par Xavier Chambolle En réponse à : Estonie : le rêve européen 1/2

    @Loinvoyant Il y a austérité et austérité. De quelle austérité parlez-vous ? De celle où on augmente les impôts, tout en maintenant en place la bureaucratie ? Donc celle où le citoyen doit se serrer la ceinture pour que l’État vive dans l’opulence ?

    Ou bien parlez-vous de l’austérité où l’État doit se serrer la ceinture ? Donc réduire les dépenses et baisser les impôts.

    Car ce n’est pas la même chose. :)

  • Le 14 septembre 2012 à 22:30, par Loinvoyant En réponse à : Estonie : le rêve européen 1/2

    @Xavier Chambolle Un peu des deux en fait. Je suis bien entendu fermement opposé à tous les gaspillages, y compris ceux inhérent à la bureaucratie étatique, c’est une lutte de tous les instants.

    Je suis cependant également opposé à l’austérité d’État, qui prive les citoyens de leur contrôle politique sur l’économie (entendons nous bien, je ne suis pas pour une économie purement étatique, je crois globalement en l’économie de marché, cependant l’Etat a à mon sens un rôle à jouer et j’irai même jusqu’à dire un rôle assez important, notamment en ce qui concerne les secteurs essentiel à la garantie de la souveraineté des citoyens ; l’énergie par exemple).

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