European Navigator, bibliothèque numérique européenne

Interview de Marianne Backes, directrice du CVCE

, par Fabien Cazenave

European Navigator, bibliothèque numérique européenne

Interview de Marianne Backes, directrice du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE). Elle nous présente European Naivgator, bibliothèque numérique sur la construction européenne.

Le Taurillon : Pourriez-vous nous présenter ce que fait le CVCE et quel est son lien avec la bibliothèque numérique European Navigator ?

Marianne Backes : La mission principale du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE) est de mieux faire connaître aux citoyens l’histoire de la construction européenne en utilisant les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il contribue aujourd’hui à la création d’une citoyenneté européenne active et participative en proposant un accès non discriminatoire à un savoir original, fiable et de haute qualité.

Le contenu, l’utilisateur et la technologie constituent les piliers sur lesquels se concentrent les activités du Centre, qui est soutenu par un large réseau de coopération académique et institutionnel. Concrètement, le CVCE s’occupe de :
 la recherche, la collecte, la sélection, le traitement et la diffusion d’informations sur le processus de la construction européenne, selon des méthodes précises et fiables ;
 la création de nouveaux types d’expérience utilisateur en combinant les technologies du multimédia et des bibliothèques numériques.
 la maîtrise de l’entièreté du cycle de vie d’un objet numérique (numérisation, création, traitement et conservation), ainsi que la promotion, la distribution, l’utilisation et la réutilisation de contenus multimédias sur Internet.

Le développement de la bibliothèque numérique European NAvigator est l’activité principale du CVCE.

Le Taurillon : European Navigator est une bibliothèque en ligne sur l’histoire de la construction communautaire. Pourriez-vous nous en dire plus ?

Marianne Backes : La bibliothèque numérique European NAvigator permet à chacun de revivre les grands moments de l’histoire de l’Europe unie au XXIème et XXIème siècles et de découvrir les principales organisations européennes dans une perspective historique.

ENA met en lumière les événements ayant contribué à la construction de l’Europe unie au travers de documents d’archives, en partie inédits et provenant de sources très variées, ainsi qu’au travers d’interviews de personnalités ayant vécu comme acteur ou comme témoin les étapes de l’aventure européenne. Des textes d’introduction, des cartes et des schémas interactifs complètent l’information et aident à sa compréhension.

Multilingue et librement accessible, ENA s’adresse à toute personne intéressée par l’Europe et constitue une mine d’informations aussi bien adaptée à un usage privé que professionnel. La fiabilité des données présentées, l’exacte identification de chaque document disponible, la rigueur opérée lors de la sélection et de la création du contenu, une panoplie de fonctionnalités associées, en font même un véritable outil de travail pour les enseignants, les étudiants, les chercheurs et les professionnels de l’information.

Le Taurillon : C’est le Ministère de la Culture Luxembourgeois qui vous soutient depuis votre création... Est-ce que votre initiative numérique aurait pu être portée directement par la Commission européenne ? Quelles sont vos relations avec elle ?

Marianne Backes : Au début des années 90, quand ENA était juste une idée qui commençait à se concrétiser et avant la création du CVCE, la Commission européenne et l’État luxembourgeois ont appuyé conjointement le projet pendant quelques années et lui ont permis de prendre ses racines et de se développer.

CVCE

Ensuite, c’est l’État luxembourgeois qui a repris seul le projet et qui a permis la création du CVCE en 2002, soutenu par le ministère de la Culture, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Le CVCE suit de près les programmes de recherche proposés par la Commission européenne et a notamment participé au sixième programme-cadre pour la recherche et le développement technologique à travers le réseau d’excellence DELOS sur les bibliothèques numériques.

Le Taurillon : Vous avez fait un dossier spécial Congrès de La Haye qui est si cher au cœur des Fédéralistes. Que comporte-t-il ?

Marianne Backes : Le dossier spécial « Le congrès de l’Europe », créé à l’occasion du soixantième anniversaire du congrès de l’Europe de mai 1948, retrace les origines, le déroulement et les conséquences du congrès de La Haye. Il est le résultat d’un ambitieux travail de recherche du Centre Virtuel de la Connaissance sur l’Europe (CVCE) mené en partenariat avec l’Unité mixte de recherches (UMR) 8138 « Identités, relations internationales et civilisations de l’Europe » (IRICE) et en particulier avec Jean-Michel Guieu, maître de conférences à l’Université Paris I-Panthéon Sorbonne.

Des premiers pas des groupements qui, dans l’immédiat après-guerre, militent pour l’unité européenne jusqu’à la création du Mouvement européen en octobre 1948, plus de 350 documents multimédias de la bibliothèque numérique ENA font revivre cet événement fondateur dans l’histoire de la construction européenne.

Les témoignages de Jean-Pierre Gouzy, de Guy Gervais de Rouville et de Charles Rutten qui, tous trois, ont personnellement participé au congrès de La Haye, complètent le dossier. Hormis ces interviews exclusives entièrement réalisées par le CVCE, une sélection de documents audiovisuels originaux permet de mieux s’imprégner de l’atmosphère enthousiaste qui a caractérisé la manifestation de La Haye et l’a transformée en un succès populaire.

Le dossier contient encore une documentation diversifiée et sélectionnée selon les critères scientifiques propres à ENA : articles de presse, extraits de Mémoires, photos et caricatures. Tous ces documents sont structurés autour de textes de synthèses, rédigés par le CVCE, qui permettent de mieux les contextualiser et d’en comprendre les enjeux. La chronologie et la bibliographie indicative ont aussi été produites par l’équipe du CVCE. 

Le Taurillon : Tout le monde peut avoir un bout de European Navigator sur son blog ou sur son site (comme les JE-France) grâce à votre « widget », pourriez-vous expliquer à nos lecteurs comment ils peuvent faire ?

Mariane Backes

Marianne Backes : Le « widget » est une petite « visionneuse » qui permet d’afficher chaque semaine un nouveau document marquant dans l’histoire de la construction européenne et ce, sans intervention du webmestre. Techniquement parlant, l’insertion de cet outil est simplifiée puisqu’il s’agit d’une ligne de code qui peut soit être ajoutée à un article, soit être intégrée visuellement à l’interface du site où il est disposé (p.ex. : en barre de droite sur une page d’accueil). Les documents sont hébergés sur nos serveurs et la bande passante utilisée par exemple lors du visionnage d’une vidéo est ainsi à notre charge. Cet outil est optimisé pour tout type de site Internet ainsi que pour les principales plateformes de blog.

Il existe deux versions différentes du widget ENA. La première a été développée en vue de la présidence française de l’Union européenne et est intitulée : La France dans la construction européenne. Une autre version disponible reprend quant à elle les principales étapes de la construction européenne. On y retrouve une sélection de documents opérée par nos historiens comme par exemple un discours de Charles De Gaulle en allemand en 1962 à l’occasion du rapprochement franco-allemand. [1]

À côté des deux versions du widget mentionnées ci-dessus, les possibilités suivantes existent aussi :

 La création d’un widget personnalisé avec des documents sélectionnés dans la bibliothèque numérique ENA ;
 L’illustration d’un ou plusieurs articles avec un document particulier de la bibliothèque numérique (le widget devient alors statique) ;
 L’adaptation de la taille du widget aux besoins du site/blog.

Enfin voici quelques partenaires parmi d’autres qui ont procédé à l’insertion du widget dans leur blog ou leur site :
 Toute l’Europe
 Le blog de Jean Quatremer
 Mouvement Européen France
 Mouvement Européen Belgique
 La section Europe du site RTL Luxembourg

Le moyen le plus facile pour ajouter notre widget à un site ou un blog est d’envoyer une demande par e-mail à l’adresse : cvce chez cvce.lu.

Illustration :
 logo de European Navigator.
 logo du CVCE.
 photographie de Marianne Backes.

Le Taurillon remercie Tom Kayser pour son aide dans la réalisation de cette interview.

Mots-clés
Notes

[1Voir ce document en suivant ce lien : http://www.ena.lu?lang=1&doc=24962.

Vos commentaires
  • Le 10 août 2008 à 12:52, par arturh En réponse à : European Navigator, bibliothèque numérique européenne

    Un peu d’européo-centrisme ne peut pas faire de mal.

    Deux remarques : l’ENA est à comparer à ce qui se fait parallèlement sur la toile. Forcément, l’exemple de Wikipedia vient à l’esprit et on ne peut pas s’empêcher de remarquer comment la paralysie de la société civile au profit des organisations institutionnelles sous contrôle étatique est patente en Europe... Il serait intéressant de voir comment cette paralysie a été organisée, en particulier via le monopole des pouvoirs publics sur les réseaux de télécommunication. On pourrait raconter comment la manière dont Google fut inventé montre qu’il aurait été interdit à des étudiants européens de faire de que l’Université de Standford a permis aux deux inventeurs de Google. Et que donc Wikipedia ne pouvait être qu’américain.

    De ce point de vue, par exemple, l’histoire de la raison pour laquelle Internet, une invention européenne, ne pouvait être mise à la dispositions du monde que par les USA, parce que les USA est un système politique démocratique, reste à écrire. Plus localement, le modèle d’économie féodale que fut le Minitel, dans une période de mondialisation, reste à écrire aussi, même si on devine aisément que ce n’est certainement pas enseigné dans les écoles de la Pensée Unique de l’« élite » que sont l’IEP et l’ENA.

    Enfin, pour illustrer la différence entre logique institutionnelle bureaucratique et logique de société civile ouverte dans la mise à disposition des informations, une anecdote concernant le « widget » dont s’enorgueilli notre directrice du CVCE. Passons rapidement sur le fait que cet américanisme signe la suprématie américaine de l’inventivité dans la révolution informatique/numérique (1975/2000) première révolution industrielle de l’Histoire dont l’Europe fut exclue en raison de l’intervention directe des Etats européens qui cherchèrent par tous les moyens à se l’approprier et la détourner de sa logique libératrice, dite « libérale », au nom d’idéologies dites "anti-libérales.

    Le blog de Jean Quatremer fut un des premiers à afficher ce « widget ». http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/ Pendant au moins 6 mois, j’ai observé qu’une erreur de programmation interdisait de lire la « légende » de l’image. J’ai fini par poster un commentaire sur le blog de Jean Quatremer en signalant que le temps que mettrait la bureaucratie du CVCE pour s’apercevoir de l’erreur et la corriger était une bonne mesure du facteur paralysant qui affecte aujourd’hui toute l’Europe dans son développement. Le « widget » étant toujours illisible, excédé, j’ai fini par envoyer un mail signalant l’analyse de l’erreur que j’avais posté sur le blog de Jean Quatremer. Mon mail est, évidemment, resté sans réponse mais hasard étonnant, une ou deux semaines plus tard, l’erreur était corrigée et le commentaire de l’illustration du « widget » était enfin lisible....

  • Le 10 août 2008 à 14:04, par Fabien En réponse à : European Navigator, bibliothèque numérique européenne

    Je vous trouve pas objectif du tout sur le coup.

    C’est un formidable outil que ce European Navigator. On s’aperçoit qu’il a fallu une impulsion politique pour le faire car cela n’est pas de la même dimension que Wikipedia que vous citez en exemple. Il ya un aspect média qui est très intéressant mais qui demande d’avoir accès à des données qu’on peut les citoyens.

    D’ailleurs, Wikipedia est loin d’être un outil parfait... les idées les plus extrémistes peuvent y avoir cours et biaiser la construction d’une fiche. Pourtant, c’est un outil formidable par ailleurs.

    Alors, qu’ils soient moins transparents dans leur widget, ok. Mais c’est quand même un bel outil qui ne mérite pas votre dénigrement. Même si je note bien que vous parlez de manière plus globale de ce que peut apporter la société civile.

  • Le 11 août 2008 à 09:35, par arturh En réponse à : European Navigator, bibliothèque numérique européenne

    Je ne critique pas ENA en soit. Il ne s’agit évidemment pas de mettre à la poubelle tout ce qui serait institutionnel en UE. J’ai juste remarqué l’absence de sources d’informations issues de la société civile. Et j’ose avancer que la paralysie de la société civile sur ce plan est organisée par les institutions elles même. Ca ne veut pas dire que l’ENA organise l’absence de données sur la Construction Européenne issues de la société civile. Ca veut dire qu’il y a une tendance générale à paralyser l’initiative individuelle ou associative au profit de l’initiative strictement institutionnelle.

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