Bulgarie

Infirmières bulgares : la fin du cauchemar libyen ?

Le Collectif Sibel fait le point pour nous

, par Thierry Vernet

Infirmières bulgares : la fin du cauchemar libyen ?

Alors que le Conseil supérieur de la justice libyenne vient de commuer la condamnation à la peine de mort en prison à vie, les infirmières bulgares et le médecin palestinien voient venir l’espoir de pouvoir fuir leur cauchemar libyen et de rentrer en Bulgarie. Le Taurillon offre ses colonnes pour l’occasion à Thierry Vernet, coordinateur du collectif Sibel, pour faire le point.

Le mardi 17 juillet 2007 restera comme une date importante. C’est en effet au soir de cette longue journée qu’une attente débutée la veille trouva un épilogue qui fit renaître l’espoir. Pour tous les participants au Collectif SIBEL (Collectif de soutien aux infirmières bulgares et au médecin palestinien condamnés à mort en Libye), la première pensée fût pour ces 5 femmes et cet homme innocents dont la vie s’était arrêtée un jour noir de février 1999, le 9 exactement, date de leur arrestation avec d’autres soignants libyens ou étranger.

Enfin ils s’avaient qu’ils allaient vivre, que cette épée de Damoclès qui planait au dessus de leur tête depuis cette première condamnation à mort du 6 mai 2004 avait été retirée, que leur peine était commuée en peine de prison à perpétuité. Impossible de pas avoir ensuite une pensée trés forte pour les familles de ces 6 innocents qui ont du continuer à vivre avec cette fille, ce fils, cette soeur ou ce frère retenu là-bas dans ces geôles de l’autre coté de la Méditerranée, sans pouvoir avoir de nouvelles régulièrement, celles ci étant diffusées au bon vouloir des autorités Libyenne.

Enfin une pensée pour tout ces enfants malades du Sida non pas par la faute des 6 soignants mais victimes des conditions sanitaires déplorables de l’hôpital pédiatrique de Benghazi et du système de santé Libyen dans son ensemble.

Une grande mobilisation en Europe

Alors oui c’est un immense sentiment de soulagement qui nous a envahi ce soir là, soulagement derrière lequel naissait un espoir depuis trop longtemps retenu de voir cet homme et ces femmes de retour dans leurs familles. Mais tout de suite la réalité de la situation s’imposa, cette décision du Conseil Supérieur de la justice Libyenne n’était qu’une étape, une clef qui devait permettre d’ouvrir leurs cellules mais ces portes étaient encore fermées et il allait falloir une fois de plus attendre avant de pouvoir savourer cet instant magique que nous attendons tous, instant où ils fouleront enfin le tarmac de l’aéroport de Sofia.

l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne a été cruciale

C’est en décembre 2006 que la conjonction de trois événements a semble t il permit de parvenir au résultat de mardi. Tout d’abord il y a eu la publication de cet appel de 144 prix Nobel. Ils envoient une « lettre ouverte » au leader libyen Mouammar Kadhafi, publiée dans le magazine scientifique britannique « Nature », qui plaide pour un procès équitable, basé sur « des preuves scientifiques solides » et « des expertises scientifiques indépendantes » , conduites par des spécialistes internationaux.

Malgré cet appel, le 19 décembre 2006, la peine capitale est à nouveau prononcée. Le monde entier sera choqué par ce verdict et c’est à la suite de cette annonce que les trois médias bulgare Standart, BTV et Darik lancent la campagne NE STE SAMI “Vous n’êtes pas seuls”. Le peuple Bulgare va alors s’emparer de ce combat et descendre dans les rues pour demander la libération de leur compatriotes. Le Collectif SIBEL relayera cette initiative en France avant que l’association Ensemble contre la peine de mort prenne la tête de la mobilisation internationale.

Le Collectif restera bien entendu solidaire de cet campagne tant que celle ci sera nécessaire. Enfin le dernier événement marquant de cette période cruciale sera l’entrée de la Bulgarie dans l’Union Européenne le 1er janvier 2007, les infirmières devenant de facto des citoyennes européennes à part entière, légitimant dès lors les interventions de l’Union Européenne.

Maintenir la pression

Les négociations ont duré jusqu’à la dernière minute. Ce fût d’abord l’Union Européenne qui par l’intermédiaire de Benita Ferrero-Waldner, commissaire européenne aux Relations extérieures qui depuis 2005 s’est consacrée à améliorer les conditions médicales à l’hôpital de Benghazi « par des prestations directes ». Ce fût ensuite la Fondation Kadhafi qui négocia avec les familles des enfants atteints du Sida pour obtenir de leur part le document par lequel, après que le prix du sang soit payé, elles renonçaient à l’application de la peine capitale, ouvrant ainsi la possibilité pour le Conseil supérieur de la justice libyenne de réviser la peine prononcée par la cour. C’est ce qui fût fait mardi soir en commuant la peine capitale en perpétuité.

La procédure d’extradition qui a été engagée mercredi par les autorités judiciaires bulgares est la dernière ligne droite qui pourrait conduire au rapatriement des 6 soignants en Bulgarie. Le Collectif SIBEL ne relâchera pas la pression tant que ce dernier acte ne sera pas terminé. Maître Emmanuel ALTIT, avocat français mandaté par les infirmières pour assurer leur défense, était présent la semaine dernière à Tripoli pour assister à l’énoncé du verdict. A l’issue de l’audience, il a obtenu l’autorisation de rencontrer les infirmières et le médecin. Il en est revenu extrêmement inquiet au vu de l’état psychologique dans lequel ils se trouvaient. La procédure de retour en Bulgarie doit donc être la plus rapide possible. Il en va de la santé pour ne pas dire de la vie de ces innocents.

Nous allons donc suivre de prés l’évolution de la procédure d’extradition et restons mobilisé prêt à reprendre le combat si cela s’avère nécessaire pour qu’enfin ces 5 femmes et cet homme soient rendus à leur famille et puissent réapprendre à vivre en homme et femme libre.

Illustration : logo du Collectif Sibel réalisé à partir du ruban de soutien aux infirmières bulgares. Il émane à l’origine du quotidien Standard.

Toute l’équipe du Taurillon adresse son soutien à ces infirmières et ce médecin. Nous tenons à continuer de vous informer sur ce sujet. Déjà paru dans nos colonnes :
 Des infirmières bugares condamnées à la peine de mort en Libye
 Libye, à suivre
 Déjà 8 ans pour les infirmières bulgares

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