Interview du professeur Jean Bertsch, Directeur de l’Agence 2E2F

, par Marine Privat, Yohan Baril

Interview du professeur Jean Bertsch, Directeur de l'Agence 2E2F

La mobilité est à l’honneur cette semaine avec l’événement Youth On The Move qui se déroule à Bordeaux les 14, 15 et 16 octobre. Le Taurillon a souhaité poser quelques questions à M. Jean Bertsch, ancien directeur général de l’Agence Europe-Éducation-Formation France (2E2F), fraîchement nommé recteur de l’Académie de Limoges. Située à Bordeaux, l’agence 2E2F est l’agence nationale qui gère les programmes et dispositifs européens d’éducation et de formation tout au long de la vie, dont le célèbre programme Erasmus.

Le Taurillon : Quel est le rôle de l’agence 2E2F dans la promotion de la mobilité européenne ?

Jean Bertsch : La mobilité européenne est en réalité le rôle essentiel de l’Agence, qui a pour fonction de promouvoir le développement de la mobilité européenne au plan national en étant un organisme dépendant à la fois des ministères de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de l’Emploi, ainsi que de la Commission européenne. Notre rôle est double puisque, en amont et en aval, nous finançons la mobilité européenne et gérons les programmes et les projets des étudiants et des scolaires qui partent en mobilité. Nous avons également un rôle de développement et de promotion de l’idée de mobilité auprès de tous les publics qui peuvent y avoir recours, c’est-à-dire les collégiens, les lycéens, les étudiants, et les jeunes travailleurs. L’Agence est organisée autour de deux départements : l’un consacré au développement qui a pour objectif de mettre en place des actions incitatives, d’information et de communication autour de bénéfices de la mobilité, et l’autre dédié à la gestion.

Le Taurillon : La campagne Youth On The Move s’est tenue les 7 et 8 octobre derniers à Budapest et se déroule actuellement à Bordeaux. Il s’agit d’un événement européen extrêmement important et la ville de Bordeaux a été choisie pour l’accueillir. Que pensez-vous de cette initiative de la Commission européenne ?

Jean Bertsch : Il faut d’abord dire que Bordeaux et Budapest ont été choisis sur la base d’un pays européen ancien, la France, et d’un pays européen plus récent, la Hongrie. Deux capitales, Budapest et Bordeaux, qui est une capitale régionale et a été choisie parce que l’agence se trouve à Bordeaux et non à Paris. Nous sommes donc en première ligne d’un événement national et européen alors que nous ne sommes que dans une capitale régionale donc c’est dire toute la place de la ville de Bordeaux. La région s’est extrêmement mobilisée avec l’agence autour de cet événement qui est conçu et initié au départ par José Manuel Barroso. En tant que président de la Commission européenne, il en avait fait un des actes forts de sa politique lors de sa campagne politique pour le renouvellement de son mandat en disant qu’il désirait une grande initiative de rassemblement de la jeunesse autour de la mobilité qui s’appellerait Youth On The Move. Youth On The Move est donc devenu une campagne événementielle de Bordeaux à Budapest, mais c’est aussi une très vaste réflexion autour de la jeunesse, de la mobilité, de l’emploi et de la professionnalisation qui est menée à l’échelle européenne et qui se traduira peut être en 2014 par une initiation de nouveaux programmes de mobilité auxquels tous les acteurs réfléchissent.

Youth On The Move est organisé autour de cinq axes de réflexion : des dialogues entre des cadres et des jeunes ou entre les jeunes entre eux, des débats avec des jeunes porteurs d’expériences, des ateliers de travail de réflexion, des concours avec des prix, et des spectacles et le couronnement de la manifestation par un concert organisé à la Rock School Barbey. L’événement ne se déroule pas uniquement au CAPC, mais comporte tout un ensemble de manifestations labellisées Youth On The Move, dont la soirée Erasmus qui s’est déroulée mercredi à Bordeaux. C’est cet ensemble qui constitue la campagne Youth On The Move avec des partenaires extrêmement nombreux de la ville, de la Communauté urbaine de Bordeaux, voire de la région avec un maillage associatif extrêmement fort.

Le Taurillon : Lors de l’événement, de nombreux étudiants sont invités à témoigner de leur expérience de mobilité. Quels sont selon vous, les bénéfices, personnels et professionnels, d’une mobilité réalisée dans le cadre d’un programme européen, tel qu’Erasmus ou Erasmus Mundus ?

Jean Bertsch : C’est difficile à dire car toutes les compétences sont développées par la mobilité en elle-même. On a essayé de catégoriser un certain nombre de compétences clairement avérées que les jeunes parviennent à développer au travers de la mobilité. Globalement, en terme d’aptitudes, liées à la manière dont le jeune est susceptible de regarder les autres, de s’ouvrir au monde peut-être une dimension d’un nouveau regard. . Ensuite des compétences méthodologiques : le fait d’aller étudier ou travailler dans une autre école, université, entreprise, permet à la personne d’apprendre à apprendre. À un niveau social, citoyen et civique, le fait d’aller à la rencontre de jeunes d’autres nationalités et langues permet de développer de réelles compétences citoyennes, renforçant notamment l’idée de citoyenneté européenne. Cela sera un fait complètement acquis dans dix ou vingt ans. Les jeunes aujourd’hui sont européens avant d’être citoyens de leur propres pays.

Rares sont les expériences de mobilité échouées. Elles sont liées essentiellement au manque de maturité, d’un certain manque de préparation des jeunes. Quelquefois, le problème linguistique mène aussi à des comportements de repli sur soi. Il y a aussi l’idée que si le jeune s’insère à l’intérieur du pays dans lequel il se trouve, non dans la culture de ce pays d’accueil mais dans des communautés d’étudiants de type communauté Erasmus, les bienfaits de la mobilité seront sans doute moindres.

Le Taurillon : Quels sont selon vous les autres moyens de promouvoir la mobilité et la citoyenneté européennes chez les jeunes ?

Jean Bertsch : On peut penser à des programmes de mobilité courts, des échanges. Les entreprises, les écoles, les lycées, et les universités sont en train de promouvoir indirectement la mobilité en l’insérant comme facultative mais fortement conseillée dans les cursus. Dans les établissements scolaires, aujourd’hui, les programmes sont de plus en plus nombreux qui demandent aux chefs d’établissements, chefs d’académie, enseignants d’aller dans un pays européen pour se rendre compte des caractéristiques éducatives des autres pays. J’ai d’ailleurs bon espoir que, dans les années qui viennent, il devienne obligatoire, dans la formation des futurs enseignants, d’effectuer un stage de quelques semaines dans un pays étranger.

Aujourd’hui, on prend réellement conscience que la mobilité européenne est quelque chose d’évident, qui dépasse très largement les frontières européennes.

Illustration : Monsieur le professeur Jean Bertsch, Directeur de l’Agence 2E2F

Source : Agence 2E2F

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