Présidence de l’Union européenne

La Sarre à l’heure de la présidence allemande de l’Union européenne

Interview de Julia Würtz, présidente de la JEF-Sarre

, par Traduit par Cédric Puisney

La Sarre à l'heure de la présidence allemande de l'Union européenne

À l’heure de la Présidence allemande, il nous a semblé intéressant de demander leur point de vue aux Allemands. Julia Würtz, présidente des Jeunes Européens de la Sarre a bien voulu répondre à nos questions sur le militantisme européen, la présidence allemande et les rapports qu’entretiennent les Allemands avec l’Europe. Jetzt Los !

À propos de la JEF-Saarland

Julia, tu es présidente des JEF-Sarrebrück, comment cela se passe-t-il d’un point de vue organisationnel pour un groupe local allemand ?

Julia Würtz : Le plus important est d’abord d’avoir une structure associative ordonnée. Cela veut dire : des meetings réguliers, une direction élue en fonction de statuts et une bonne représentation en public, par exemple au travers de notre site internet. D’une certaine manière, cela sonne typiquement allemand et même un peu banal au premier abord. Je crois cependant que c’est la base de toutes les autres activités.

L’étape suivante est de se fixer des objectifs communs. Dans la Sarre (Land), nous voulons nous engager en faveur du développement de la grande région SaarLorLux ainsi que pour de bonnes relations franco-allemandes en Europe. Nous aimerions rapprocher l’idée européenne des jeunes Sarrois. Ce sont nos principaux objectifs. C’est pourquoi nous organisons notamment des séminaires, des débats et des actions dans la rue.

Quels sont vos rapports avec les groupes français ?

JW : En ce moment, nous sommes justement en train de construire un réseau avec les JEF de Lorraine et d’Alsace. À la mi-janvier, il y aura d’ailleurs une rencontre à Nancy. Nous sommes confiants à l’idée que des actions communes se développent à l’issue de ces rencontres. À l’échelle de l’Allemagne, nous avons soutenu l’an dernier la JEF-France lors du référendum pour le « Oui » à la Constitution européenne. De cette collaboration nous avons gagné de nombreux contacts qui nous ont, encore une fois, clairement montré notre attachement à l’Europe. Je trouve cela génial que la JEF soit une association européenne ! Certains de nos membres assistent régulièrement à des séminaires internationaux de la JEF. Ils se réunissent aussi avec des JEFers français, échangent leurs points de vue et travaillent sur des thématiques européennes.

Quels sont les types d’actions que vous menez ?

JW : De nombreuses et variées ! Quelques exemples : en début d’année dernière nous avons joué avec une classe allemande et une classe française à un « Planspiel » et avons fait une excursion au Parlement européen à Strasbourg. Fin janvier, nous organisons un séminaire sur le développement de la grande région SaarLorLux. Durant deux jours, des organisations de jeunes (politiques et associatives) travailleront sur des questions et des mesures concrètes sur cette thématique avant de les présenter au public. Par ailleurs, nous menons des actions dans la rue et organisons des débats où nous discutons Europe avec de jeunes Sarrois.

La présidence allemande

Peux-tu nous en dire un peu plus sur les positions européennes d’Angela Merkel ?

JW : Au début, on avait l’impression que le gouvernement fédéral avait mis absolument tous les thèmes à l’ordre du jour. Ce que nous avons vivement critiqué ! Entre-temps, le choix des thèmes s’est heureusement un peu précisé : le TCE, les déréglements climatiques et la protection de l’environnement, l’approvisionnement en énergie et la position unique de l’Europe sur les affaires étrangères comme lors de la crise au Proche Orient sont désormais au premier plan. Les thèmes qui nous semblent importants n’ont été saisis qu’en partie. Lors du dernier congrès fédéral, la JEF a adopté une motion à propos de la présidence allemande de l’Union. Cette motion souligne notamment la nécessité d’augmenter la participation des jeunes en Europe. Cela comprend plus particulièrement la promotion des organisations de jeunes européens, puisqu’elles permettent une participation à long terme.

Nous voulons aussi que la présidence de l’Union européenne s’occupe des thèmes d’avenir qui interpellent réellement les jeunes parce qu’ils concernent leur avenir en premier lieu. Dans cette case, on trouve par exemple les thèmes de l’environnement et de la politique énergétique. Par ailleurs, la JEF-Allemagne débat naturellement autour de la crise institutionnelle. Nous exigeons un référendum sur la Constitution européenne dans toute l’Europe pour 2009 ! Le gouvernement fédéral, avec son positionnement pendant sa présidence de l’Union en est encore loin ! À ce sujet, le plus grand défi des six prochains mois sera de surmonter la crise liée à la Constitution. Une décision ne pourra tomber qu’après les élections en France. En attendant, nous allons laisser les portes ouvertes mais sans attendre grand chose.

Est-ce que la JEF-Deutschland a prévu de mener une campagne spécifique lors des six prochains mois ?

JW : Nos campagnes durant la présidence allemande de l’Union mettront en avant des thèmes qui intéressent tous les jeunes et qui, à notre avis, sont trop peu abordés. Du 23 au 25 mars se tiendra à Berlin un séminaire sur la question de l’identité européenne. À ce propos, vous êtes tous cordialement invités ! Les autres thèmes appropriés à des campagnes sont l’éducation, l’immigration et l’intégration. On discute de ces sujets sur Internet et dans des séminaires avant de publier les résultats.

Y a-t-il un changement de traitement du sujet de l’Europe depuis le changement à la Chancellerie, notamment depuis le départ de Gerhard Schröder ?

JW : Je pense que Angela Merkel et Gerhard Schröder croient dur à l’idée européenne. Ils s’engagent dans ce sens. Comparée à Gerhard Schröder, Angela Merkel est cependant encore plutôt nouvelle sur le parquet européen. Cela lui permet d’apporter en toute confiance de nouvelles initiatives en cours de route. Un exemple : le ficelage du budget européen (ndlr : 2007-2013). Pour l’instant, on prête une attention particulière à Angela Merkel à cause de la présidence de l’Union. Nous espérons que Mme Merkel conservera sa liberté et son engagement dans le sens de l’Europe – et non pas dans le sens des États nationaux.

L’Allemagne et l’Europe

Quel est le ressenti de la population allemande vis-à-vis de l’Europe en général ?

JW : La plupart des Allemands sont pro-européens. C’est ce que montrent les fréquents sondages réalisés par l’eurobaromètre. Il est intéressant de voir que cette image s’est transformée depuis la crise liée à la Constitution. Lorsqu’on pose la question de savoir si l’Union européenne va dans la bonne direction, à peine un tiers répond par « Oui ». À nous membres de la JEF, cela montre de façon extrême dans quelle direction nous devons maintenant nous diriger : la phase de réflexion doit être close et nous devons enfin entrer de nouveau et de manière constructive dans un dialogue avec les citoyens européens sur les défis européens importants.

Est-ce que l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne est traitée spécifiquement du fait de la présence importante d’une population d’origine turque en Allemagne ?

JW : De manière générale, je répondrais à cette question par « non ». Naturellement, il arrive que tel ou tel homme politique utile la peur de « l’étranger » de façon populiste. Mais je n’aimerais pas attribuer ceci à tous les politiques ! Ils traitent du thème de la Turquie comme d’une question purement européenne.

Le fédéralisme à l’allemande conviendrait-il parfaitement à l’Union européenne ?

JW : Il n’est pas si facile d’y répondre. Je pense qu’on devrait d’abord observer ce terme de plus près : dans un système fédéral, il y a plusieurs niveaux. Chacun d’eux comprend les tâches qui peuvent y être accomplies au mieux. Il serait ainsi par exemple judicieux de traiter de la question des émissions de CO2 au niveau européen car le dioxyde de carbone ne connait pas de frontières. À l’opposé, des thèmes comme l’éducation devraient être du ressort des pays et des régions. De manière générale, le fédéralisme à l’allemande a fait ses preuves pour notre pays. En Europe, nous avons besoin d’un système fédéral clair qui réunirait, de façon visible pour tous, l’Europe dans son unité et sa diversité.

Est-ce que la réunification allemande a mieux préparé les Allemands à l’ouverture aux pays de l’Est ?

JW : La réunification allemande a remis ensemble les Allemands après des décennies. C’était en même temps le premier pas vers la fin de la guerre froide. Avec l’accueil des pays d’Europe de l’est, l’Union a définitivement clos ce thème. Pour l’Europe, l’élargissement à l’est signifie que le danger de guerre sur notre continent est minime comme jamais auparavant !

Julia Würtz

Présidente de la section JEF-Saarland, membre du bureau fédéral de la JEF

Illustration : portrait de Julia Würtz

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