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La fracture numérique n’est pas un concept mais une réalité !

, par Siham Lachgar

La fracture numérique n'est pas un concept mais une réalité !

L’expression « fracture numérique » est souvent utilisée pour désigner des situations dans lesquelles une partie de la population se trouve privée d’accès à l’Internet et aux nouvelles technologies.

Cette notion est incomplète, cette fracture concerne les inégalités dans l’usage et l’accès aux Technologies de l’Information et de la Communication (T.I.C.), tels que l’ordinateur, l’Internet, le téléphone mobile...

La fracture numérique : une grande confusion…

Médias, gouvernements et autres acteurs insistent sur l’Internet et les taux de connexion en laissant de côté les problèmes liés au manque d’équipement et de connaissances.

Si la France est considérée comme championne européenne du haut débit (plus de 13 millions de foyers), ce n’est pas le cas en matière d’équipement des ménages. Même si ce taux progresse, le coût d’ acquisition reste un frein et ce malgré la baisse des prix due à la concurrence.

Il est utopique de croire que résorber cette fracture numérique serait le seul fait d’équiper en haut débit la population. Cette confusion n’est pas propre à la France...

Les étudiants français face à cette fracture

L’Université est un lieu de savoir et de transmission où évoluent plus de deux millions d’étudiants dans de nombreuses disciplines. Reflet de notre société, l’Université Française accuse encore un retard en matière d’équipement et d’utilisation des T.I.C.

« S’il est difficile de chiffrer avec précision l’équipement en ordinateur portable des étudiants au niveau national, on peut l’estimer entre 30 et 35%, avec des taux d’équipement très élevés dans certaines disciplines (plus de 90% en médecine selon des entretiens) et beaucoup plus faible que la moyenne nationale dans d’autres disciplines ». [1]

Ce retard est d’autant plus préoccupant que l’usage de ces T.I.C. sera indissociable du monde professionnel qui accueillera demain les étudiants d’aujourd’hui.

Il faut aussi souligner que ces inégalités des populations face à la numérisation de la société se retrouvent au sein des pays européens. En effet, surmonter ces inégalités ne peut que passer par l’accompagnement des populations dans leurs découverte des outils des T.I.C. pour certains, l’apprentissage et la maîtrise pour d’autres.

Qu’en est-il de leurs alter-ego européens ?

Dans le cadre d’une Union Européenne élargie, force est de constater que cette fracture se creuse non seulement au sein même des pays mais aussi entre nouveaux et anciens États Membres de l’Union.

Il est difficile d’appuyer ces dires avec des chiffres vu que les gouvernements européens en divulguent rarement. Pourtant ils se doivent tous de présenter annuellement leurs réalisations dans leurs rapports de mise en œuvre des programmes nationaux de réforme. Et, lors de ces bilans, ils insistent tous, volontairement ou non, sur les progrès liés à l’intégration du haut débit, le taux de connexion de la population en oubliant les taux d’équipement, d’acquisition et de formation !

Cela ne cacherait-il pas un réel décalage ?

Décalage entre leurs bonnes intentions et leurs volontés, décalage entre les moyens mis en œuvre par ces gouvernements et les besoins réels des populations.

Toutes les populations, et notamment les jeunes, des différents pays européens doivent pouvoir exploiter pleinement le potentiel des T.I.C. Nous savons que l’utilisation active de ces technologies améliore les perspectives individuelles en matière de travail et de relations sociales ; la sensibilisation et l’usage régulier est une condition sine qua non de la maîtrise des possibilités infinies offertes par l’informatique.

Développons le numérique

Il est primordial d’adapter l’université et le monde de l’enseignement non seulement à cette nouvelle donne sociétale mais aussi aux besoins réels des étudiants. La politique du numérique de l’enseignement supérieur doit donc être une priorité pour la France et aussi pour l’Europe.

Il existe de nombreuses mesures inter-gouvernementales, annoncées lors de la déclaration ministérielle de Riga, mais qui ne semblent appliquées que très partiellement.

Cependant la dispersion des efforts et le manque de collaboration entre pays européens persistent, empêchant la bonne réalisation de ce que cette déclaration nomme « l’e-inclusion » à savoir la « participation de tous à la société de l’information ».

En effet, les pays européens se cachent tous derrière les lignes directrices de la Commission Européenne mais oublient de définir les priorités pour leur société de l’information.

Quand seront-ils de réels acteurs ? Quand prendront-ils en considération à la fois les problèmes et les besoins propres à leur population ?

Les T.I.C. sont certes devenues accessibles pour le grand public européen, mais le fossé perdure entre les utilisateurs et les non-utilisateurs [2], ceux qui sont équipés et ceux qui ne le sont pas...

Pour pouvoir participer pleinement à cette société du numérique et mieux répondre aux attentes de la génération actuelle, les gouvernements européens se doivent de tout mettre en œuvre pour combler leur retard lié au manque d’infrastructure, de compétences et de connaissances informatiques et numériques !

Illustration : image issue du site de la Commission.

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Notes

[1Source : L’Université numérique, rapport de M.Henri Isaac à Mme Valérie Pécresse.

[2NDLA : J’inclue dans les « non-utilisateurs », ceux qui ne maitrisent pas ou mal les outils numériques.

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