La victoire de l’Europe ?

, par Olivier Beddeleem

La victoire de l'Europe ?

Au lendemain des élections européennes, le président des Jeunes Européens-Lille partage avec le Taurillon son analyse du scrutin de la campagne dans la circonscription du Nord-Ouest.

La campagne des élections électorales a fait l’objet de nombreuses analyses sur la stratégie de chacun des partis, évoluant au gré des sondages.

Au-delà des commentaires des résultats parus dans la presse, et qui une fois de plus rattachent ces élections à des enjeux nationaux, deux réflexions émanent :

Pour lutter contre l’abstention, il faut informer sur l’Europe.

L’abstention atteint un record de 60,35% dans le Nord Ouest. Chacun des candidats, pendant les derniers mois, a répété qu’il fallait se battre contre l’abstention. Toutefois, sans information préalable, comment faire comprendre à la population des enjeux de ces élections ? Ce constat de l’abstention ne donne que plus de valeur à l’engagement des Jeunes Européens-Lille d’informer des bienfaits de l’Europe tout au long des 5ans que dure le mandat des députés. Les 10 élus sont pour l’essentiel des signataires du Pacte Européen proposé par les Jeunes Européens et seront à n’en pas douter des partenaires pour les cinq années à venir pour nos actions d’information sur l’Europe.

Le résultat de ce scrutin marque une victoire de l’Europe sur le national.

Cette seconde réflexion a peut être encore plus de valeur. Le PS disposait d’un programme solide, le Manifesto, établi en commun entre les 27 représentations nationales au sein du PSE. Ce programme répondait aux préoccupations principales des électeurs qui était la réponse à la crise, la protection des travailleurs et le pouvoir d’achat, comme nous l’a démontré le candidat Pargneaux lorsque nous l’avons invité en avril 2009. Le Modem dispose lui, en plus d’un programme européen, d’une tradition européenne qu’il peut faire valoir, et que le candidat Henno a défendu dans chacune de ces interventions lorsque nous l’avons invité. Malheureusement pour ces deux partis, la tentation a probablement été trop grande de chercher des électeurs dans une démarche d’opposition au gouvernement fondée sur des arguments nationaux.

A l’inverse, les partis qui ont fait campagne sur des arguments européens sont les grands gagnants du scrutin. L’UMP-NC a fait campagne sur le bilan européen de son président (Le président est certes une figure nationale, mais la campagne UMP-NC était essentiellement orientée sur les éléments européens de sa politique). La liste Europe Ecologie conduite par Daniel Cohn Bendit a elle aussi réalisé une campagne exclusivement liée à des enjeux européens. Cet argument a visiblement été décisif notamment pendant les derniers jours de la campagne.

Cette réflexion ne vise pas à émettre un avis politique, mais met en lumière le fait que pour gagner des élections européennes, le meilleur argument est de parler d’Europe. C’est le fait qu’une véritable position européenne soit défendue par les candidats qui fera que les électeurs se déplaceront aux urnes, car ils pourront réellement faire un choix entre plusieurs modèles de société défendus au niveau européen. C’est l’information tout au long des 5 ans sur les pouvoirs du parlement et les conséquences des décisions européennes qui montrera aux électeurs que c’est au Parlement Européen que se jouent nombre de décisions qui influent sur notre vie de tous les jours.

Les Jeunes Européens-Lille accompagneront, pendant les 5 ans qui viennent, toutes les initiatives d’information sur l’Europe, pour convaincre les citoyens de l’intérêt d’aller voter et de l’enjeu des élections de 2014.

Voici les résultats aux élections européennes pour la région Nord-Ouest.

Participation 39,65%. UMP-Nouveau Centre 24,22% : 4 élus Dominique Riquet, Tokia Saïfi, Jean-Paul Gauzes, Pascale Gruny PS 18,09% : 2 élus Gilles Pargneaux et Estelle Grelier Europe Ecologie 12,10% : Hélène Flautre FN 10,18% : Marine Le Pen Modem : 8,67% : Corinne Lepage Front de Gauche : 6,84% : Jacky Hénin

Chacun de félicitera ou se lamentera du score de chaque parti, que les Jeunes Européens-Lille ne commenteront pas car ils ne défendent aucun parti politique en particulier.

Illustration : plénière au Parlement Européen

Source : Cédric Puisney, Flickr

Mots-clés
Vos commentaires
  • Le 11 juin 2009 à 11:05, par Fabien En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    Je ne suis pas d’accord sur la campagne de l’UMP : elle n’était pas européenne. Au contraire, le gouvernement n’a pas arrêté de faire des sorties médiatiques sur les questions de sécurité par exemple.

    De plus, c’est oublié un peu vite que l’UMP n’a pas réellement fait de campagne, à part dans la dernière ligne-droite.

    Le résultat a payé, mais pas le débat sur l’Europe.

  • Le 11 juin 2009 à 16:38, par Laurent Nicolas En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    Matignon et l’Elysée ont fait des sorties très opportunes et opportunistes pendant la campagne, mais le parti, l’UMP, a relativement bien gardé le cap... c’est une belle division du travail, une bonne stratégie, qui nous empêche de dire que l’UMP est responsable.

    Après c’est sur, ils n’ont fait campagne que pendant deux semaines... mais ils ne sont pas les seuls !

  • Le 12 juin 2009 à 05:18, par KPM En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    Dans ce cas, on peut dire que le MoDem a fait une campagne européenne : François Bayrou a beaucoup évoqué les enjeux nationaux mais il n’était pas candidat ; le parti, lui, a beaucoup axé son message sur sa vision de l’Europe et les grands points de son programme.

  • Le 12 juin 2009 à 06:45, par Martina Latina En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    Ce qui semble nécessaire pour avoir encore manqué cruellement lors de ce scrutin européen, c’est de changer notre tournure d’esprit et de favoriser une ouverture à la dimension communautaire, politique, sociale, culturelle et linguistique de L’EUROPE. Elle n’est pas née en une année et l’Union ne s’est pas fondée en un jour ; c’est une aventure (peu) commune, une invention chatoyante autant qu’exigente, le contraire de l’anesthésie collective : bref, L’UNION EUROPEENNE est l’invitation permanente non pas tant à la poésie (qui est une création verbale !) qu’au perfectionnement d’institutions déjà bien lancées, d’une harmonisation fraternelle en bonne voie déjà, d’une paix qui sache gagner de proche en proche sur l’injustice.

  • Le 12 juin 2009 à 08:45, par grégoire En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    Bonjour,

    Vice président des JE Lille, je réponds ci dessous à l’article de mon président avec lequel je ne suis que partiellement d’accord sur l’analyse produite. Nous avons cependant « voté » pour que ce texte soit publié en l’état, charge aux avis dissonants de se faire connaître via cet encart...

    "Bonjour Olivier

    Je trouve ton article intéressant et je suis entièrement d’accord sur la première partie ; en réalité je tire à titre perso deux enseignements de ce scrutin :

    * un taux b’absention encore très élevé : il peut être interprété de 2 manières, soit tout va bien soit les électeurs se détournent d’une Europe « ennuyeuse » et ne semble pas répondre à leurs préoccupations. Tout reste à faire pour bâtire une Europe démocratique. Cela n’enlève en rien la légitimité du nouveau Parlement. Je trouve cependant scandaleux que le parti victorieux (UMP PPE) se félicite outre mesure de ces résulats alors qu’il est entré très tardivement dans la campagne, n’a présenté des listes définitives qu’en dernier et a manifesté à quelques reprises une nonchalance surprenante

    Sur la campagne ; effectivement on peut se réjouïr que les programmes étaient toujours éttofés pour les grands partis. En réalité la grande victoire revient selon moi au mouvement écologique qui traverse désormais toutes les composantes politiques ou presque. Je ne crois pas cependant qu’il y ait une « victoire » de l’EUrope sur le national. Cette élection s’est déroulée en catimini médiatique sauf dans les dernières semaines, ne l’oublions pas. La faute en revient à la classe politique dans son ensemble, et en premier lieu, au parti en place au gouvernement ; qui avait la charge d’informer en amont les citoyens de manière neutre d’abord puis orienté avec la campagne officielle : aucun spot TV sur le rôle du Parlement, aucune information à grande échelle diffusée ouvertement. Quant à la stratégie de certains partis d’orienter leur discours sur des questions nationales : les eurosceptiques restent dans leur approche traditionnelle, d’autres comme le Modem ont le choix, critiqué et effectivment contre productif, de vouloir lier questions nationales et européennes. Je voudrais que tu reprennes cette formulation : cette démarche n’a pas été comprise des citoyens ou plutôt mal engagée pour faire peser la responsabilité sur les auteurs. Les JE ne doivent pas cependant polémiquer sur de telles démarches selon moi en ce qui concerne le Modem. Le PS a lui aussi dénoncé la politique du Gouvernement tout en ayant un programme transnational... cela dit à titre perso je regrette cette démarche qui portait confusion et n’était pas positive. Les Verts ont eux cependant dénoncé le programme actuel tout en faisant bien ressortir le levier d’action européen : victoire à eux.

    Bien à toi"

  • Le 12 juin 2009 à 14:25, par Laurent Nicolas En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    la différence étant que François Bayrou était le leader de la campagne du MoDem...

  • Le 12 juin 2009 à 16:35, par Maël Brunet En réponse à : Au royaume des aveugles...

    On va dire que ça n’était pas trop dûr pour l’UMP de faire une campagne PLUS européenne QUE LES AUTRES. ;)

    De plus, on a bien vu après l’annonce des résultats (voir l’intervention de Fillon) que le gouvernement l’a pris comme un signe de soutient à la majorité actuelle au niveau national... On est encore bien loin de ce qu’on pourrait espérer pour une campagne européenne.

  • Le 12 juin 2009 à 18:12, par Vincent Perrier-Trudov En réponse à : La victoire de l’Europe ?

    Je profite de cet article pour me réjouir tout d’abord que ces élections aient pu permettre l’élection de deux jeunes euro-parlementaires francais.

    Parmi eux, il y a Damien Abad, président des Jeunes Centristes, pro-européen convaincu et benjamin des parlementaires français, toutes assemblées confondues. Pour bien le connaître, je peux vous affirmer que, parmi ses préoccupations majeures, figure en bonne place le retour de l’Europe en France.

    Durant toute la campagne où je l’ai accompagné dans la circonscription du Sud-Est, il n’avait de cesse de défendre l’idée d’une Europe politique, qui puisse permettre de parler d’égal à égal avec les Etats-Unis, qui soit en même temps plus proche des gens et de leurs préoccupations.

    Mais puisqu’on se trouve ici dans le cadre d’une analyse post-électorale, il y a un élément qui me semble avoir été totalement occulté. Les médias français sont vraiment hermétiques aux questions ayant trait à l’Europe. Et il portent toute leur part de responsabilité et dans le niveau de l’abstention et dans la désaffection généralement observée vis-à-vis des institutions européennes.

    Je vais prendre deux exemples hors de ma famille politique (Nouveau Centre) pour montrer qu’il s’agit bien de quelque chose qui dépasse les courants politiques.

    Lorsque Martine Aubry a fait, à Toulouse, son meeting avec des représentants des 27 partis sociaux-démocrates européens, les médias télévisés n’ont parlé que des piques qu’elle a adressé au Chef de l’Etat dans son discours.

    Quel écho a-t-on eu dans la presse sur le contenu des réunions publiques tenues par Corinne Lepage dans la circonscription Nord-Ouest, qui avaient toutes trait à l’Europe ?

    Et l’on pourrait multiplier les exemples de la sorte. Je suis foncièrement indigné du traitement de l’information par les médias français.

    Il est peut-être temps de réfléchir à rendre permanentes les règles électorales du CSA, voire à en imaginer de nouvelles.

    Cela pourrait être des règles qui permettent à la fois aux sujets européens d’être traités avec une couverture digne de leur importance, et à tous les partis politiques constitués de pouvoir s’exprimer sur le fond, sans être obligés de recourir à des artifices de forme pour pouvoir être repris.

    Si les télévisions publiques consacraient obligatoirement un certain créneau durant leurs journaux télévisés à l’Union Européenne, peut-être verrait-on certains comportements changer.

    Trouver du contenu quotidiennement sur ce qui est discuté à Strasbourg et à Bruxelles ne pose pas plus de difficulté que cela. Euronews fait cela en continu, et avec un contenu de qualité.

    Maintenant, sur la question spécifique du Modem, mon sentiment personnel est que la personnalisation de la campagne de François Bayrou autour de son opposition à Nicolas Sarkozy est non seulement une stratégie voulue et assumée, mais en plus que si c’était à refaire, il le referait, malgré l’ampleur de sa défaite.

    Il me semble cependant que la poursuite de ce type de débat trouvera un bel espace dans les cafés politiques lillois qu’organise avec succès Olivier avec les responsables de mouvements jeunes.

    A très bientôt pour ces échanges passionnants !

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom