Au lendemain du référendum irlandais, auquel les jeunes ont massivement voté non, nous devons nous poser la question de savoir si la jeunesse européenne a vraiment l’esprit européen. Est-il possible d’intéresser les jeunes à l’Europe ? Pensent-ils que l’Europe les sert ? Estiment-ils que l’Europe est importante dans leur vie quotidienne ? L’expérience du Parlement Franco Germano Polonais des Jeunes (PFGPJ) montre que oui !
Depuis début 2002 le PFGPJ n’a cessé de se développer. Originellement conçu comme une rencontre entre de jeunes français et de jeunes allemands, le projet, organisé par La Maison de l’Europe des Yvelines et Les Jeunes Européens- France, est ensuite devenu un véritable projet européen co-organisé par une dizaine d’acteurs régionaux et européens, qui réunit chaque année des jeunes lycéens français, allemands et polonais.
L’idée du projet est assez simple. D’abord, les jeunes se réunissent lors d’une séance au niveau national. Dans chaque pays environ 80 jeunes sont répartis en 6 commissions animées par la section nationale de la JEF-Europe (Les Jeunes Européens- France, JE-Brandenbourg et JEF Pologne). Cette rencontre nationale a lieu durant un weekend. Elle a comme objectif d’initier les jeunes à débattre sur les enjeux européens et à exprimer leurs opinions.
Ensuite, 20 personnes de chaque séance nationale (20 français, 20 allemands et 20 polonais), soit 60 jeunes, se rassemblent une semaine en France, en Allemagne où en Pologne pour élaborer et voter des résolutions. Cette fois, les commissions sont co-animées par les 3 sections nationales de la JEF-Europe, assurant que le travail se déroule en plusieurs langues et que les jeunes peuvent rencontrer des experts pour poser des questions et tester leurs idées. A la fin de la semaine, les résolutions sont présentées aux députés locaux et régionaux, aux représentants des trois ambassades, à ceux du Parlement Européen et à ceux de la Commission.
Malgré son développement rapide, le projet est resté fidele à son idée principale : donner la possibilité aux jeunes de s’exprimer sur l’avenir de l’Europe en apprenant à présenter leurs idées aux partenaires européens et à rechercher un compromis.
Si la séance nationale est une initiation au fonctionnement de l’Union européenne et à l’expression des points de vue personnels, la session finale est surtout un exercice de conversation dans des langues étrangères et un apprentissage de la recherche de compromis.
Certains adultes estiment que débattre sur les enjeux européens en plusieurs langues est trop compliqué pour des lycéens « standard ». Notre expérience au sein des JE-France prouve le contraire ! Les participants ne sont certes pas des experts de l’Europe et la grande majorité d’entre eux ne connait pas les institutions européennes si fondamentales que sont la Commission, le Parlement Européen et le Conseil de l’Union Européenne. Ils n’ont presque aucune expérience du débat sur l’Europe et surtout pas dans une autre langue ! En revanche, lorsqu’on prend le temps de leur expliquer le fonctionnement de l’UE et qu’on leur permet de s’exprimer, le résultat est impressionnant.
Premièrement, des idées nouvelles et créatives sous forme de résolutions sont source d’inspiration pour des députés locaux, régionaux et européens. Souvent, ces idées très concrètes pourraient être mises en œuvre par les trois régions participantes (Ile-de-France, Brandenbourg et Mazovie). Cette année, les jeunes participants ont par exemple proposé : EuroBIM – un programme qui donnerait la possibilité aux jeunes lycéens de faire un stage d’une semaine dans l’un des deux autres pays – l’obligation d’une heure hebdomadaire sur l’Europe pour les élèves à partir de 15 ans, un référendum paneuropéen sur une défense européenne, etc.
Deuxièmement, si les jeunes participent au projet en tant que français, allemands ou polonais avec un manque d’information sur l’Europe, ils en sortent en tant qu’européens avec une curiosité et une envie de s’engager sur les enjeux européens.
Troisièmement, pour les différents représentants des institutions et pour les élus, c’est un grand plaisir d’avoir la possibilité de rencontrer des jeunes, d’avoir des pistes de réflexion de la part de la jeunesse et des idées concrètes à mettre en œuvre. Ainsi, une élue locale allemande a invité des jeunes de la dernière session à Genshagen pour examiner une proposition concrète sur une rencontre entre les élus locaux et européens
Pour ceux qui ont participé au Parlement Franco Germano Polonais des Jeunes, la conclusion est claire : si nous prenons la peine de donner la parole aux jeunes, nous aurons en retour beaucoup de bonnes idées, des pistes de réflexion et des projets concrets.
Ainsi, les jeunes seront un catalyseur pour l’Europe et pas un frein !
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