Le partenariat oriental : un enjeu pour l’Union européenne

, par Charles Coudoré

Le partenariat oriental : un enjeu pour l'Union européenne
Donald Tusk, Bronisław Komorowski, président de la Pologne, et Herman van Rompuy (de gauche à droite) http://ec.europa.eu/avservices/photo/photoDetails.cfm?sitelang=fr&ref=P-019534/00-18#0

Les 29 et 30 septembre derniers, s’est tenu à Varsovie le sommet du Partenariat oriental, réunissant les membres de l’Union européenne et ses partenaires à l’Est et au sud Caucase. Sur fond de tensions politiques et de crise de l’euro, les pays d’Europe centrale et orientale tiennent à se positionner sur les politiques de voisinage de l’Union européenne pour s’affirmer.

« La Pologne veut tirer l’Europe vers l’Est (…) Mais le temps est mauvais. Avec la crise on évacue l’eau de notre embarcation à pleines mains. Et puis les révolutions arabes accaparent l’attention » disait Roman Kuzniar, conseiller du Président polonais Bronislaw Komorowski. Ce sommet, organisé à Varsovie, constitue effectivement une opportunité et une priorité pour la Pologne, actuel occupant du siège de la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. Elle peut renforcer les capacités des PECO dans la conduite des affaires extérieures. L’Est ne doit pas être oublié mais les perspectives restent cependant floues.

Le volontarisme de la partie orientale de l’UE

La naissance de ce partenariat fait suite aux discussions tenues à Prague en novembre 2009. C’est une initiative des pays d’Europe centrale et orientale, avec le concours de la Suède. Cette participation dans les politiques de voisinage témoigne de la volonté des pays récemment intégrés de participer activement aux dialogues avec les partenaires orientaux.

De plus, cette volonté de rapprochement à l’Est fait écho aux politiques antérieures d’ouverture avec les pays du pourtour méditerranéen. Le but de la Pologne est de montrer que les partenaires de l’Union européenne, tout comme les enjeux commerciaux, ne se situent pas seulement au Sud mais également dans la partie orientale de l’UE. Elle a clairement un rôle à jouer dans cette zone, eu égard de sa position géographique et de ses relations avec ses voisins orientaux. Cette initiative permet de faire exister les anciennes républiques soviétiques et leur donne la possibilité de sortir du seul statut de pays frontalier avec la Russie.

Vers une Europe de l’Atlantique jusqu’au Caucase ?

Puisque les choses bougent doucement en terme d’intégration économique, le Sommet met également sur la table plusieurs enjeux politiques :

1. Le caractère européen des six pays concernés par le Partenariat oriental. Des pays comme la Moldavie et l’Ukraine ont de réelles possibilités et volonté d’intégrer un jour l’Union européenne qu’ils ne cachent d’ailleurs pas.

Le ministre des Affaires étrangères polonais, Radek Sikorski, ajoute à ce propos : « Nous voulons qu’ils soient plus proches de nous, qu’ils nous ressemblent, qu’il n’y ait pas une zone d’instabilité à proximité de nous ». Ce qui ne manquera pas de créer de vives discussions avec l’Ouest de l’Europe et la Russie.

2. La possibilité des PECO à faire porter leur propre voix. Ils veulent exister dans les choix de politiques étrangères européennes et servir d’intermédiaire. C’est aussi une autre plate-forme pour engager de nouvelles discussions avec le Belarus et tenter un assouplissement de la politique répressive du Président Loukachenko.

3. Le désintérêt de l’Europe de l’Ouest. L’absence à ce sommet des deux piliers de l’Ouest peut s’expliquer par la volonté de freiner le processus d’adhésion. L’appréhension face à un autre élargissement éventuel vers l’Est, induirait un bouleversement du centre de gravité de l’Union européenne et une volonté de renforcer les relations avec des pays méditerranéens.

L’Union européenne devrait pourtant profiter de ce réveil de la Pologne et des autres pays d’Europe centrale. Ce Partenariat dispose d’une réelle ambition sur le long terme qu’il ne faut clairement pas laisser passer. Une position forte à l’Est, avec des partenaires solides, permettrait de faire pencher la balance face à la Russie.

4. Le regard porté vers les Balkans. Ceux-ci disposent d’une visibilité très réduite et restent seuls malgré leur volonté de s’intégrer aux politiques de voisinage de L’UE. Il serait alors opportun, pour l’organisation du Partenariat oriental, de permettre à ces Etats de siéger en son sein. La Serbie pourrait faire cause commune sur les politiques de voisinages européennes avec les pays de l’Est et du Caucase et discuter de leur avenir au sein de l’Union européenne.

Des relations toujours fragiles, avec le spectre russe en arrière-plan.

Au cours de ce Sommet les relations se sont révélées parfois tendues entre les Etats. Le Belarus, fidèle à ses habitudes, a littéralement claqué la porte du Sommet. L’ombre de l’ancienne égérie de la Révolution orange, Ioulia Timochenko, a plané sur ce sommet, et l’actualité donne déjà une idée de ce que sera l’atmosphère au prochain sommet UE-Ukraine.

Sur toutes ces questions, et en particulier la question énergétique, il est évident que la Russie constituera l’enjeu majeur des sommets à venir. Elle voit d’ailleurs d’un mauvais œil les pays de son pourtour sortir de son cercle d’influence. La création d’une zone de libre-échange avec l’Ukraine devrait déboucher vers de nouvelles tensions gazières.

Ce Sommet ne fera pas bouger fondamentalement les lignes européennes mais témoigne d’un engagement de la part de la Présidence polonaise de pousser l’UE à se tourner un peu plus vers ses marges orientales. Le principal accomplissement de ce Partenariat reste le témoignage de l’intégration réussie des PECO à l’Union européenne.

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