Paroles d’européens … oui mais après ?

Aux côtés de 500 autres jeunes réunis en quatre ateliers différents, nous allions forger douze projets qui seraient ensuite présentés aux sages du groupe de réflexion sur l’avenir de l’Europe lors d’une émission diffusée sur la chaîne LCP : Felipe Gonzalez et Vaira Vīķe-Freiberga ainsi qu’au Secrétaire d’Etat aux affaires européennes, Jean-Pierre Jouyet. Participer à un tel évènement représentait à nos yeux une grande opportunité. En effet, nous allions pouvoir rencontrer d’autres jeunes venus des quatre coins de l’Europe et ainsi échanger sur l’Europe que nous souhaitons.

Des jeunes demandeurs d’Europe... et les autres ?

Premier constat à établir dès à présent, ces jeunes sont demandeurs d’Europe. Mais ces jeunes qui sont-ils ? Il s’agit pour la plupart d’étudiants mais aussi étaient invités des jeunes extracommunautaires par le Ministère des affaires étrangères. 75 au total. Il était intéressant de voir la vision de jeunes turcs, serbes ou encore biélorusses. Mais où étaient les jeunes lettons, italiens, tchèques… ? Les groupes étaient donc composés de jeunes français ou de jeunes « extra communautaires ». Il aurait été intéressant d’inviter alors une trentaine de jeunes européens non français et une quarantaine de jeunes extra communautaires afin que se soient vraiment représentés tous les jeunes citoyens européens !

De plus, il est regrettable que la plupart pour ne pas dire tous ses jeunes étaient des étudiants, souvent en droit ou en IEP. Ils sont donc sensibilisés à la construction européenne et aux politiques européennes. Mais qu’en est-il pour des jeunes en apprentissage ? ou des jeunes qui ne font pas d’études supérieures ? L’inscription à Paroles d’Européens étaient pourtant totalement libres : tout le monde pouvait s’inscrire, aucune connaissance ou aucun diplôme n’étaient requis. Alors pourquoi n’étaient-ils pas présents ? Ces jeunes ne s’intéressent pas à l’Europe, problème de communication, manque d’envie ?? Effectivement ses jeunes ne vivent pas l’Europe de la même manière que leurs camarades qui la vivent pleinement avec Erasmus par exemple.

Quelle Europe souhaite ces 500 jeunes ?

Ils veulent une Europe plus forte sans nul doute, qui pèse dans la mondialisation. Une Europe unie capable de promouvoir les valeurs européennes à travers le monde. Tous ses jeunes devraient donc faire partis de l’association des Jeunes Européens - France qui milite pour une Europe plus démocratique et plus efficace ! Aux termes d’une journée de travail, ces 500 jeunes ont rédigé 24 propositions pour l’Europe de demain. Douze propositions ont été retenues, mais sont-elles bien toutes réalistes ? Et quand au problème fondamental du budget ? Quand est-il, pourtant sans ça, difficile d’avancée !

De plus, résumer en quelques lignes toutes les idées qui ont été évoquées en une journée est un exercice peu aisé et qui ne reflète pas complètement ce qui fut abordé. Prenons un exemple : Créer au moins un pôle d’excellence européen qui prenne en charge l’enseignement universitaire, la formation et l’insertion professionnelle pour les ressortissants européens et les pays tiers. Au sein de mon atelier, nous étions plus précis, nous souhaitions la création d’une grande université de l’Union européenne. Le principe reposerait sur un décloisonnement des filières, dans le cadre de la formation initiale et/ou continue, à l’apprentissage des langues européennes et à la sensibilisation à la culture européenne. Ce concept pourrait donner naissance à l’attribution d’un label université européenne et mondiale.

Chose positive du point de vue de l’organisation des débats : la présence des « témoins » dans chaque atelier. Leur venue était la bienvenue, ces personnes ont permis de recadrer les choses et d’apporter un œil expert.

Que va en faire le Comité des Sages ?

Il reste maintenant que ces propositions ne doivent pas rester lettre morte. Ces 500 jeunes ne doivent pas rentrer chez eux et avoir le sentiment du devoir accompli, bien au contraire beaucoup de choses restent à faire ! Mais si celles-ci ont été relevées par le Comité des Sages, comment va-t-on « surveiller » leur évolution ? Est-ce que ce Comité des Sages réussira à être aussi transparent que la défunte Convention qui avait abouti au feu-TCE ?

Si ce Comité a été désigné par la Présidence française du Conseil de l’Union européenne (PFUE), y aura-t-il une suite lors des autres présidences qui vont arriver après celle-ci ? On a du mal à voir ce qui va ressortir de ce comité.

Ce rassemblement reste pour tous ses jeunes une formidable expérience, en deux jours de nombreuses rencontres ont eu lieu, les échanges d’adresse e-mails fussent, le Député-Maire de Nantes, Jean-Marc Ayrault s’engagent à poursuivre ce genre d’évènements au delà de la PFUE, alors ils nous restent qu’à être encore présents pour ces nouveaux rendez vous d’Europe !