Pour une Année Scolaire européenne

, par Pierre Bal

Pour une Année Scolaire européenne
Drapeau de l’Union européenne Auteur fdecomite Certains droits réservés

Le constat que l’on peut faire aujourd’hui porte, entre autres, les points suivants : il n’y a pas d’Europe humainement concrète, seulement une Europe administrative et commerciale sans Europe des citoyens ; il n’y a pas de dynamisme européen populaire ; il existe une Europe considérée souvent comme celle d’une « jet-set » finalement rejetée par ceux qui n’y ont pas accès ; la fracture sociale se développe partout en Europe (banlieues, éducation, ressources etc.), les jeunes sont souvent en déshérence (drogue, violence, échecs scolaires, exclusion), on assiste à une montée des nationalismes antagonistes et les projets proposés pour l’Europe sont systématiquement rejetés.

Pour rapprocher tous les Européens, et développer une citoyenneté européenne nous proposons l’institution d’une année scolaire européenne (ASE) de 7 piliers :

  • Le premier pilier serait une année effectuée en dehors du pays d’origine par tous les jeunes de l’Europe, à partir de 16 ans ou à la fin des études ;
  • Le deuxième pilier serait une année gratuite, laïque et « obligatoire » (ou suffisamment incitative).
  • Pour le troisième pilier, cette année serait effectuée à partir de « campus-creusets » de 400 à 600 élèves chacun, et 8 à 10 % d’encadrants nationaux de haut niveau, rattachés de préférence aux structures universitaires existantes dans chaque nation d’Europe dans le but de créer le creuset de l’Europe. Les élèves y seraient éventuellement nourris et logés ou hébergés chez l’habitant, gratuitement.
  • Le quatrième pilier exige une mixité internationale, sociale, sexuelle totale.
  • Le cinquième pilier porterait sur une journée de travail divisée en deux parties : une partie à visée éducative, portant sur la connaissance de différentes cultures et notamment sur l’apprentissage de la langue du pays d’accueil et de l’Anglais, et une partie mission de travail collectif pour permettre un apprentissage efficace d’au moins une langue de l’Europe.
  • Le sixième pilier instituerait une élection de 2 représentants en fin d’année. Pour stimuler la volonté de devenir européen et combattre l’exclusion, les jeunes de chaque conscription, en fin de période, et au sein de chaque campus-creuset, éliraient parmi eux deux représentants (une femme, un homme) qui leur sembleraient les plus dignes de représenter l’idéal européen. Ces derniers, élus à vie, une fois rentrés dans leur nation et exerçant leur profession, éliraient, parmi eux, deux représentants, des élus d’élus européens (E3), soit 54 en Europe (27 pays), pour représenter la société civile européenne, celle des citoyens.
  • Le septième pilier, ou clef de voûte, est la qualité du dispositif. Celle-ci est essentielle pour assurer la confiance des Européens dans leur Union et dans l’ASE.

Ces 7 piliers nous semblent nécessaires (mais pas suffisants) pour faire exister l’Europe moderne. Cela ressemble au projet ERASMUS, mais cela s’adresse à tous les jeunes européens (6 000 000 et non 150 000, principalement des universitaires).

Cette idée serait une institution forte. On pourrait en critiquer le coût. En fait, il faut considérer qu’il y a échange de jeunes. Donc, le fait de loger et de nourrir un jeune serait en grande partie compensé. Afin d’optimiser les rencontres des jeunes européens, il serait intéressant que leurs moyens d’hébergement soient multiples : c’est à dire qu’ils puissent choisir d’être pensionnaire au niveau du « campus-creuset » ou loger chez un habitant ayant lui-même envoyé un enfant pour une ASE « étrangère ».

Enfin, ce projet contribue à enrichir chaque citoyen de ce qu’il a dans la tête pour compléter ce qu’il peut avoir dans son confort matériel…

On peut déjà imaginer les avantages suivants :

  • la fracture sociale et le sentiment d’exclusion seraient combattus plus efficacement
  • on créerait enfin une Europe de citoyens, une sorte de « nation » européenne
  • on stimulerait le rapprochement des jeunes européens dans une ambiance studieuse et dynamique, celle des « campus-creusets » où l’émulation se substitue à la concurrence
  • il se développerait un projet enthousiasmant sans gêner le développement en cours de l’Europe grâce une meilleure adhésion à l’idée de la construction européenne
  • les jeunes participeraient d’une manière plus consciente à l’édification d’une Europe de paix et de sécurité
  • l’obstacle des langues, écueil N° 1 de l’Europe, serait en partie levé
  • il se créerait et se développerait une nouvelle et forte culture européenne
  • les jeunes européens profiteraient d’un enrichissement intellectuel
  • il se créerait sûrement des réseaux transnationaux resserrant les liens entre les Européens
  • on pourrait créer un prestigieux « diplôme européen »
  • on aurait enfin des représentants légitimes de la société civile européenne
  • il se produirait nécessairement un enrichissement intellectuel des habitants de l’Europe, de ceux de chacune de ses nations.

Ce ne sera pas une année scolaire obligatoire, mais suffisamment incitative pour que tout le monde la fasse. Il n’y a pas lieu de profiter de l’Europe si on n’investit pas une année de sa vie pour celle-ci.

On peut de plus imaginer des perspectives nouvelles : à la fin de l’ASE, tous les élus de conscription d’un pays européen éliront à leur tour, parmi eux, dans leur pays d’origine et tous les 6 ans, deux représentants, un homme, une femme (54 pour 27 pays). Ils seront les représentants choisis à la fois par des européens non nationaux (lors de l’ASE) et par des nationaux. Ceci afin de créer une représentation d’élus qui soit un mélange inextricable de gens choisis par des nationaux et des non nationaux européens, reflet de la réalité européenne. Ces représentants pourraient être nommés des « Élus d’Élus Européens » : les E3

Ce serait la première instance européenne où des élus seraient choisis, en partie, par des non nationaux. Ils seraient l’élite européenne populaire indépendante des nations, tout en les respectant, leurs qualités nationales et européennes très imbriquées les rendant de fait les plus légitimes pour représenter les citoyens européens.

Il y a certainement d’autres idées pour créer l’Europe des citoyens, peut–être de meilleures, mais celle-ci vaut certainement la peine d’être retenue. N’oubliez pas : « Ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par bâtir le rêve ». Nous voulons fédérer les organisations européennes autour de ce projet, et de celui-là seulement, sans autre ambition. Ne faire que cela pour l’Europe, mais le faire bien.

Nous faisons appel aux « hussards noirs de l’Europe », des bâtisseurs, pour s’engager sur ce projet. Qu’en pensez-vous ?

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