Symboles européens

Quand la Fête nationale française marque le retour des symboles européens...

, par Pauline Gessant

Quand la Fête nationale française marque le retour des symboles européens...

Les symboles européens ont été supprimés du « Traité modificatif » lors du dernier Conseil européen. Ils constituent pourtant des éléments essentiels pour l’identification des citoyens à la construction européenne. Dans ce contexte, saluons les initiatives récentes qui montrent qu’au-delà de la rédaction du nouveau Traité, les symboles européens restent bien vivants.

Le drapeau européen flotte au-dessus du Quai d’Orsay

Vendredi 13 juillet, Monsieur Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’Etat aux affaires européennes, a hissé lui-même au dessus du Quai d’Orsay et de façon définitive le drapeau européen au coté du drapeau français. Ce geste est intervenu seulement une semaine après que Monsieur Jouyet s’y soit engagé devant les associations européennes réunies au Quai d’Orsay. On ne peut que saluer la réactivité du Ministère et sa volonté de montrer son attachement à l’Europe, comme en témoigne également sa nouvelle dénomination « Ministère des Affaires étrangères ET européennes ».

Une fête nationale résolument européenne

Samedi 14 juillet, pour la première fois de l’histoire du défilé, des détachements des 27 armées européennes ont défilé sur l’une des avenues les plus célèbres du monde. Les différences de tenue ont illustré parfaitement notre devise européenne : « Unie dans la diversité ». Il s’agit d’un symbole fort à peine 18 ans après la chute du mur de Berlin.

Monsieur Sarkozy avait également invité José Manuel Durao Barroso, le président de la Commission européenne, Hans-Gert Pöttering, le président du Parlement européen, Javier Solana, le « Haut représentant pour la PESC » et José Socrates, le Premier ministre portugais, qui exerce depuis le 1er juillet et pour six mois la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne. L’Ode à la joie, l’hymne européen, a clôturé le défilé militaire et un enfant de 13 ans a lu la déclaration prononcée par Robert Schuman le 9 mai 1950, déclaration qui marque la naissance de la construction européenne et est célébrée tous les 9 mai en tant que fête de l’Europe. Le concert de la fraternité qui clôturait la fête nationale a également rassemblé des chanteurs venant des différents pays européens.

Ces différents symboles qui ont égrainé le 14 juillet ont montré qu’ « Il n’y a pas de contradiction entre l’amour de nos patries et l’esprit européen » pour reprendre les termes de Monsieur Barroso saluant l’initiative du Président de la République française. Nous sommes citoyens français, allemand, portugais, italiens … ET citoyens européens.

Un drapeau, des symboles, une citoyenneté européenne

Rappelons-nous également la photo officielle de notre nouveau Président de la République qui a souhaité poser devant le drapeau français et le drapeau européen.

Je ne sais pas si la France est réellement de retour en Europe mais ces différents évènements montrent que l’Europe est de retour en France. Nous devons nous en réjouir et saluer, au-delà de nos attachements partisans ou non, les initiatives prises par le nouveau Président de la République et son gouvernement qui contribuent à rapprocher les Français de l’Union européenne et à concrétiser la citoyenneté européenne qui s’ajoute à notre citoyenneté nationale.

N’en déplaisent à certains, les symboles européens, bien que retirés du Traité modificatif, sont et restent en effet des éléments d’identification des citoyens à la construction européenne auxquels ils sont attachés.

Selon le nouvel Eurobaromètre rendu public cette semaine, le drapeau européen est d’ailleurs l’un des symboles de l’Union les mieux identifiés par les Français : 97 % des sondés le connaissent et 84 % y voient « un bon symbole pour l’Europe ».

Nous ne pouvons que nous associer aux 65 % de Français qui jugent que le drapeau européen « devrait se trouver sur tous les bâtiments publics de France » selon ce même Eurobaromètre. Monsieur Jouyet a laissé sous-entendre que d’autres Ministères pourraient bientôt suivre son exemple. Espérons également qu’il puisse en être de même pour tous les bâtiments où flotte un drapeau français : mairies, préfectures, monuments aux morts, etc… tous devraient bénéficier d’un double pavoisement. A ce sujet, la France devrait suivre l’exemple de nombreux européens, tels que le Portugal ou l’Irlande, qui associent quasiment toujours, le drapeau européen à leur drapeau national.

Parce que les symboles ont toute leur importance dans notre société qui est avant tout une société de l’image, parce qu’ils contribuent à établir cette « union sans cesse plus étroite entre les peuples européens », les symboles européens devraient être davantage promus. Faisons du 9 mai une véritable fête de l’Europe qui salue la réconciliation européenne, jouons l’Hymne européen en plus des hymnes nationaux dans toutes les compétitions sportives européennes, organisons des rencontres sportives dans lesquelles une équipe de l’Europe affronterait une équipe d’un autre continent, comme c’est déjà le cas pour les golfeurs dans la Ryder Cup

Les citoyens européens ont besoin de symboles pour s’approprier la construction européenne. Alors même si ceux-ci ont été retirés du Traité modificatif pour « rassurer » certains états (de je ne sais quelle peur d’ailleurs), bien loin de l’esprit européen, montrons notre attachement à ces symboles et notre fierté d’être européen.

Illustration : Vue de Paris depuis les toits du Quai d’Orsay. (© A.Arraou/MAEE) sur le site du Ministère des Affaires étrangères et européennes

Vos commentaires
  • Le 17 juillet 2007 à 07:59, par Valéry En réponse à : Quand la Fête nationale française marque le retour des symboles européens...

    Excellent article, Pauline, qui résume bien la question.

    Rappelons aussi à notre secrétaire d’Etat toutes les propositions du rapport Herbillon intitulé « la fracture européenne » : le pavoisement, justement, un office européen de la jeunesse, des jeux sportifs scolaires, etc. Ce rapport est une mine d’idées fortes pour valoriser la dimension européenne de notre citoyenneté.

  • Le 18 juillet 2007 à 11:16, par David Soldini En réponse à : Le sumbolon ne sumbalein plus rien

    Bonjour, j’ai écris un petit post sur cette affaire des symboles, qui d’une part disparaissent des textes pour réapparaitre dans les rues, au bureau de l’assemblée, sur la photo présidentielle, ect, ect...

    http://federationeuropeenne.blogspot.com/2007/07/le-sumbolon-ne-sumbalein-plus-rien.html

    Amitiés, David

  • Le 18 juillet 2007 à 14:25, par Ronan En réponse à : Quand la Fête nationale française marque le retour des symboles européens...

    Samedi 14 juillet, pour la première fois de l’histoire du défilé, des détachements des 27 armées européennes ont défilé sur l’une des avenues les plus célèbres du monde. Les différences de tenue ont illustré parfaitement notre devise européenne : « Unie dans la diversité ».

    Mouais. Toujours est-il que l’Europe de la défense reste aujourd’hui - révêtue de son actuel dérisoire ’’costume d’Arlequin’’ - une bien théorique ’’vue de l’esprit’’ : qu’il n’y a pas de standardisation des matériels, des équipements, des munitions (et des armes légères !!!) même pour la brigade franco-allemande (ni de langue de commandement...) et que les armées européennes n’ont actuellement guère plus de cohérence entre elles qu’autrefois l’armée pléthorique mais hétéroclite du Grand Roi des Rois de l’Iran achéménide face aux bien moins nombreuses (mais bien plus redoutables...) phalanges d’Alexandre.

    Et il en restera sans doute ainsi tant que l’efficacité militaire sera ainsi sacrifiée au profit du ’’folklore’’ des ’’traditions nationales’’ autoproclamées, souverainisme (même, désormais, honteux...) oblige. Mais pour l’instant, heureusement pour elle, l’Europe n’a pas d’ennemi...

  • Le 19 juillet 2007 à 22:53, par Pauline En réponse à : Quand la Fête nationale française marque le retour des symboles européens...

    Le drapeau européen continue à faire parler de lui en France et tant mieux !!!!

    Le président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, avait inscrit à l’ordre du jour du bureau de l’Assemblée cette semaine le drapeau européen et la possibilité de l’accrocher dans l’hémicyle. Malheureusement le bureau de l’assemblée nationale n’est pas réussi à décider si le drapeau européen devait faire son entrée au Palais Bourbon. Pourtant les députés qui siègent à la délégation de l’Assemblée nationale le réclament depuis longtemps et ce serait également un bon moyen de montrer que nous sommes à la fois citoyens français et citoyens européens.

    Rappelons également à nos députés européens qu’ils ont des missions européennes :

     un rôle de vigie européenne(auditions de ministres et de personnalités françaises et européennes sur les questions européennes notamment à l’issue des Conseils européens).

     Une mission constitutionnelle d’examen des textes européens : L’article 88-4 de la Constitution française a doté le Parlement français de moyens de contrôle spécifiques sur les affaires européennes. Cette disposition impose en effet au Gouvernement de soumettre à l’Assemblée nationale et au Sénat, dès leur transmission au Conseil de l’Union, les projets ou propositions d’actes des Communautés européennes et de l’Union européenne qui comportent des dispositions de nature législative et permet aux députés de voter, s’ils le jugent opportun, des résolutions.

     La coopération interparlementaire : Les députés sont de plus en plus fréquemment invités à Bruxelles pour débattre de sujets divers avec les membres de telle ou telle commission permanente du Parlement européen. Il existe en outre, au sein de l’Assemblée nationale, une Délégation pour l’Union européenne qui participe à la Conférence des organes spécialisés dans les affaires communautaires (COSAC) réunion semestrielle des organes des parlements nationaux consacrés aux questions européennes. Les réunions de la COSAC permettent aux parlementaires d’interroger la présidence en exercice de l’Union et d’adopter des contributions politiques sur les sujets européens.

  • Le 21 juillet 2007 à 19:40, par Ronan En réponse à : Le sumbolon ne sumbalein plus rien

    Bref, si j’ai bien compris : tant qu’ils ne se sentent pas obligé de faire concorder leurs actes et leurs belles paroles, nos Etats-nations européens peuvent parfaitement arborer tous les symboles européens qu’ils voudront : en de telles circonstances tout cela n’en sera pas moins, hélas, que de la plus parfaite hypocrisie.

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