Séminaire de Paris 2009 des Jeunes Européens France (3/3)

Pauline Gessant, secrétaire générale du Mouvement Européen France et modératrice du débat, a présenté les intervenants : Laurent Schouteten, président des Jeunes Populaires Européens, et Aloys Rigaut, président des Jeunes Libéraux Européens. Elle a précisé que Giacomo Filibeck, président des Jeunes Socialistes Européens, et Marc Giménez Villahoz, co-porte-parole des Jeunes Verts Européens, ont eu un empêchement. Le débat a été lancé sur les idées défendues par les différents partis européens lors de cette campagne.

La position des Libéraux

Aloys Rigaut a commencé par évoquer le Manifesto de la JEF, en déclarant qu’il soutenait la plupart des propositions, et que les Libéraux forment un groupe plus homogène que les Populaires dans leur soutien au fédéralisme. Cependant, il a affirmé qu’il n’était pas forcément d’accord avec l’idée même d’un manifeste commun à différents partis : « Pourquoi, alors, les gens devraient-ils aller voter ? » À propos de l’abstention, il a souhaité que ces élections soient précédées par une véritable campagne, qui montre les divergences politiques entre les partis à chaque fois qu’elles existent, et présente aux citoyens des visages et des programmes.

Aloys Rigaut a admis que les Libéraux ne présenteront pas de candidat pour la Commission, mais précisé qu’ils en présenteront un pour le Parlement. Il a condamné l’alliance parlementaire entre le PPE et le PSE, et souhaité que la campagne se fasse sur des sujets concrets, et pas seulement sur des questions institutionnelles. « Personne ne se préoccupe de savoir s’il y a un ou trois piliers, a-t-il affirmé, et pas davantage de la codécision ou de la subsidiarité. Les gens veulent des sujets qui influencent leur vie quotidienne. » Il a donc évoqué quelques-uns de ces sujets concrets, à commencer par l’enseignement supérieur : « Pourquoi y a-t-il si peu d’universités européennes au sommet des classements internationaux ? » Il a proposé une réforme fondée sur une augmentation de l’autonomie des universités, et visant l’excellence académique en Europe.

En ce qui concerne les priorités du budget, Aloys Rigaut a estimé aberrant de consacrer 40% des ressources communautaires à l’agriculture, et a appelé à une réduction substantielle du financement dans ce domaine. Il a également fait référence à d’autres chantiers, comme le marché européen de la téléphonie mobile qu’il a souhaité voir s’unifier. Revenant au Manifesto de la JEF, il a fait part de son hésitation quant à la perspective d’une gouvernance économique commune, et avancé que dans ce cas précis, le principe de subsidiarité serait plutôt en faveur d’une gestion nationale. Il a cependant répété que pour le reste, il pouvait donner son accord aux propositions.

La position des Populaires

Laurent Schouteten a évoqué la ligne politique générale de son parti, et relevé les divergences entre les Populaires et les Libéraux. Il s’est déclaré partisan d’une Europe plus influente dans la mondialisation, et d’un développement durable en termes économiques et sociaux. Il a relevé deux défis majeurs qui attendent les Européens : le vieillissement de la population et le réchauffement climatique. Au sujet de l’agriculture, il a rappelé que ce domaine a été le premier exemple d’une politique européenne vraiment intégrée, et que cela explique que 40% du budget communautaire lui soient aujourd’hui alloués.

Laurent Schouteten a affirmé que les Populaires comptent plusieurs mouvements, dont certains, actuellement minoritaires, soutiennent les idées fédéralistes. Lui-même s’est déclaré favorable à une intégration supplémentaire de la défense et de la diplomatie en Europe. À propos du Manifesto de la JEF, il a relevé qu’il aimait bien certaines de ses idées, mais ne savait pas si les Populaires dans leur ensemble pourraient donner leur soutien à ce texte. Concernant les sujets concrets sur lesquels la campagne devrait s’articuler, il a estimé que la croissance économique devrait être l’une des priorités d’une gouvernance économique commune, et que la prochaine étape de l’intégration européenne passerait par la défense.

L’influence des branches jeunes dans les partis politiques

Aloys Rigaut a estimé que la principale divergence entre les Libéraux et les Populaires concerne le protectionnisme, auquel les Libéraux sont fortement opposés. Il a appelé à une Commission reflétant la majorité au Parlement, et a déclaré qu’en vertu du principe de subsidiarité, certains domaines comme la sécurité sociale devraient rester gérés par le niveau national. Il a attaqué à nouveau l’ampleur du budget consacré à l’agriculture, et relevé le paradoxe qu’il y a à investir des ressources communautaires si importantes dans le lait ou le tabac, lorsqu’on les compare aux allocations très faibles en matière de recherche et développement.

Pauline Gessant a ensuite demandé aux deux intervenants comment les branches jeunes des partis européens comptent influencer les futures décisions politiques, et quelles sont les idées ou les projets neufs que la nouvelle génération apportera. Laurent Schouteten a affirmé que son ambition était d’avoir un effet réel sur l’agenda politique des Populaires, et en particulier de faire du développement durable un sujet clé de la politique européenne. Il a précisé qu’au sein de son parti, la branche jeune est présente à tous les niveaux, et influence les décisions prises lors de chaque réunion. Aloys Rigaut a déclaré que de la même manière, la branche jeune des Libéraux propose systématiquement son point de vue, et remplit pleinement son rôle dans les processus décisionnels de son parti.

Au terme de cette troisième conférence et du Séminaire de Paris, il est apparu que de grandes attentes existent par rapport aux décisions prises à l’échelle européenne, et que le monde politique et médiatique doit désormais s’adapter pour y faire face. Peut-être le changement générationnel contribuera-t-il à cette adaptation, pour que le désir et la nécessité d’une Europe politique se traduisent par une meilleure compréhension, une participation accrue au processus démocratique, et la fondation d’un véritable espace public européen.