Traité de Lisbonne : l’Irlande dit Oui... et maintenant ?

, par La Rédaction du Taurillon

Traité de Lisbonne : l'Irlande dit Oui... et maintenant ?

Les jeux sont faits : l’Irlande vote Yes au traité de Lisbonne. Et maintenant ? La pression est déjà sur le président tchèque Vaclav Klaus pour qu’il ratifie lui aussi. Comment les eurodéputés vont-ils utiliser leurs nouveaux pouvoirs en 2010 si ce traité est définitivement adopté ?

14h55 : Toutes les dépêches AFP disent que cette fois c’est oui. Le Kitty O’Shea’s a Paris commence à bouger. Les membres de Touteleurope sont déjà sur le coup. Les différentes équipes arrivent au fur et à mesure. Le Taurillon est déjà là et vous fera suivre cette après-midi toutes les réactions à ce vote.

15h10 : Joseph Daul, président du groupe PPE au Parlement européen, s’est réjoui de ce résultat en relevant, dans un discours diffusé par ppe.tv, que « l’Europe sera plus démocratique » après le oui irlandais, et en ajoutant : « J’aimerais remercier les Irlandais pour leur sage décision. » Anticipant sur la suite du processus, il a appelé les présidents polonais et tchèques à « clore le processus ».

15h15 : Philippe Perchoc, président de Nouvelle-Europe, estime que « la ratification polonaise va bientôt avoir lieu ». Pour la Tchéquie, il ne voit pas forcément la situation s’arranger rapidement : le gouvernement est pro-Lisbonne, le président est anti-Lisbonne... On risque même d’avoir une saisine du Conseil constitutionnel pour savoir si Klaus a le droit d’autant retardé la ratification alors que le Parlement et le Sénat ont déjà dit « ANO » (oui en tchéque).

15h30 : Decan Ganley, leader du groupe Libertas fondé par les nonistes de 2008, cité par le Irish Times, a admis que la victoire du oui était « très convaincante ». Il a toutefois accusé la campagne en faveur de la ratification d’avoir joué sur les peurs de nombreux votants, en particulier sur l’emploi, et a déclaré qu’il reviendrait sur la question en octobre, et qu’on verrait alors si la situation des Irlandais a vraiment évolué.

15h40 : Le président de la Commission José Manuel Barroso, cité par L’Express s’est félicité du oui irlandais, indiquant qu’il était très heureux d’un résultat qui « montre la valeur de la solidarité européenne ».

15h45 : Dominique Reynié, directeur de la Fondapol est arrivé avant le débat qui aura lieu au Kitty O’Shea’s. Il est allé en Irlande pour la campagne : peu de monde dans les débats (« c’était plutôt désert ») et seulement des affiches du No dans les rues. Des propos en contradiction avec les déclarations du 1er Ministre irlandais qui estimaient que « les dernières semaines de campagne ont été efficaces » dans une déclaration télévisée au même moment.

15h50 : La chaîne RTE vient d’annoncer le décompte actuel : 760’000 votes en faveur du oui, 376’000 votes pour le non. Une vraie claque pour les nonistes, qui reculent très largement par rapport à 2008, malgré une participation similaire.

15h55 : Selon un communiqué de l’Elysée cité par L’Express, Nicolas Sarkozy a salué ce vote « qui couronne les efforts accomplis lors de la présidence française pour apporter une réponse aux préoccupations qu’avaient exprimés les Irlandais ». Sans les nommer, il a également appelé la Pologne et la République tchèque à ratifier sans attendre le traité.

16h00 : Jean-Guy Giraud, tout frais président de l’UEF-France, estime que maintenant que le Oui est assuré en Irelande, il est urgent de mettre en place un système de ratification qui ne soit plus à l’unanimité. Il faut prendre exemple sur la constitution américaine qui a été ratifiée par 9 Etats sur 13...

16h05 : le compte twitter de la Fondapol « follows » le compte du Taurillon... Ce type d’évènement sert aussi à ça, le networking.

16h10 : rencontre avec deux militants du blog 27roses.eu qui sont « super heureux » du résultat et notamment pour leur pote Demond O’Toole (il vient d’adhérer également au PS... français !). Ils sont allés à Dublin il y a 3 semaines et ont encore « plein de roses dans les yeux ».

16h20 : Sylvie Goulard, présidente du Mouvement Européen et eurodéputé Modem - ADLE, nous confie qu’elle va être membre de 2 intergroupes : celui interfédéraliste et celui « extrême-pauvreté » (ancien intergroupe 1/4-monde).

16h30 : le débat commence. Dominique Reynié est « insatisfait qu’il ait fallu revoter ». Il lui semble « déraisonnable laisser l’UE se briser sur des enjeux nationaux ». Il parle de « roulette irlandaise » à propos du mode actuel de ratification des traités européens.

16h35 : pour Sylvie Goulard « c’est le temps de la réjouissance car qu’est-ce qu’on aurait entendu s’ils avaient voté non... » Il veut qu’on sorte de l’unanimité pour les ratifications.

16h40 : Philippe Perchoc souligne que le pays qui vote non se donne une marge pour obtenir de nouvelles garanties par rapport aux autres. « Pour peser il faut être membre du club, et ce vote le démontre ».

Damien Abad (Nouveau Centre - PPE) : « Qu’est-ce que c’est long et qu’est-ce que c’est compliqué ces référendums nationalisés sur l’Europe ».

16h45 : Sophie Briard Auconie (Nouveau Centre - PPE) : « L’Europe s’est toujours construite avec les crises, elle est née et s’est développée en surmontant ce genre de difficultés. » Elle ajoute : « Merci au peuple irlandais. A nous de nous mettre au travail. »

Sylvie Goulard affirme que « l’Europe s’est construite par étapes, et à chaque étape, il faut la construction institutionnelle qui va avec. »

Damien Abad souligne que la vie démocratique européenne passe essentiellement par le Parlement, donc le traité va permettre de changer les choses. Il affirme également que le traité « n’est pas autre chose qu’un outil, un outil au service d’une politique », et appelle à un « triomphe modeste » car les institutions et les politiques avancent l’une avec l’autre.

16h50 : Dominique Reynié pense que nous avons passé beaucoup trop de temps à parler des institutions, et qu’un débat exclusivement ciblé sur les institutions n’est pas suffisant. Il manque selon lui une volonté politique, alors que « les Européens n’ont jamais été aussi Européens qu’aujourd’hui ». Le sentiment européen est différent aujourd’hui qu’aux premiers temps de la construction de l’Europe, mais les citoyens considèrent que « les nations européennes, auxquelles ils restent profondément attachés, sont trop faibles pour peser dans le monde », et qu’un « nouveau sentiment s’est construit, de manière très pragmatique » autour de l’idée d’intégration européenne.

16h55 : Sylvie Goulard : « Ce que j’observe au sein du Parlement, c’est qu’il y a des rapports extrêmement différents à la mondialisation. La France est sans doute l’un des pays qui est le plus dans la demande de protection, de puissance publique. » Elle considère cette demande en protection un peu regrettable. « Pour ma part, j’ai trop lu Jean Monnet pour tout miser sur le volontarisme politique. Le volontarisme politique, ça va, ça vient, en fonction des échéances électorales. Le Parlement a une autre légitimité. » Elle ajoute également qu’elle est inquiète des concessions faites à l’Irlande, inquiète de la nationalisation de la Commission. Elle considère par exemple comme une erreur d’avoir assuré à l’Irlande qu’il n’y aurait jamais d’harmonisation fiscale. « Sous la présidence française, nous avons payé un coût très cher pour les concessions faites à l’Irlande. »

17h00 : « il ne faut pas que la Commission devienne un secrétariat général des gouvernements européens » pour Damien Abad.

17h05 : Sandrine Bélier vient d’arriver... de Colmar après un rassemblement contre le nucléaire. Essoufflée : « je me réjouis du Oui. Avec Lisbonne, on va pouvoir agir sur tout ce qui est question énergétique ».

17h10 : Dominique Reynié rappelle que « si on élit un ectoplasme à la présidence de l’Europe, il ne se passera rien »... Dans le public : « il parle de Barroso là non ? »

17h15 : Sylvie Goulard est « favorable à ce que l’Europe ait des figures fortes », mais est marquée par l’expression « Chefsache » qui rappelle aux Allemands les mauvais temps de leur histoire. « Ce qui rendra fort un président du Conseil, c’est de trouver un point d’équilibre. Sa fonction est de faire que le Conseil européen décide en fonction de l’intérêt général européen... Je voudrais rendre hommage à la Communauté européenne qui disparait à la place du terme d’Union. Le Conseil européen devient une institution et ce n’est pas forcément une bonne chose : il ne rend de compte à personne et ses membres ne sont pas élus sur des questions européennes. Pour le Parlement européen, on constate que de plus en plus il se nationalise et c’est un vrai challenge pour les eurodéputés de ne pas devenir les marionnettes des gouvernements nationaux. »

17h20 : Sandrine Bélier rappelle l’importance de la présence sur le terrain des eurodéputés pour pouvoir rendre des comptes aux citoyens, « pour qu’ils puissent toucher l’Europe ». Elle évoque également tous les liens qui existent entre les problématiques européennes et nationales.

17h25 : Pour Damien Abad également, le travail d’eurodéputé ne s’arrête pas au Parlement : il est nécessaire de rendre des comptes aux électeurs. Evoquant le programme européen Leonardo, il signale que celui-ci n’est que très marginalement connu par les jeunes. Il annonce également qu’il a fortement « hésité » avant d’apporter son soutien à Barroso pour sa réélection, mais qu’il a changé d’avis à la suite d’un entretien avec le candidat, entretien qui s’est révélé « calme et agréable ». Il a également évoqué la nécessité d’élire rapidement le président de la Commission : « Honnêtement, vivre encore comme ça dans un système d’incertitude pendant plusieurs mois, c’était un mauvais signe à donner aux Irlandais. »

17h35 : Sylvie Goulard se dit très déçue par la manière dont Barroso a été élu, et déclare que son programme, tel que présenté par écrit, se limitait souvent à des lieux communs sur l’Europe. Quant à l’audition devant le Parlement, elle n’a pas été très productive : « Vous savez comme c’est chaleureux et intime quand on est 750 avec lui. » A propos du prochain sommet de Copenhague, elle déclare qu’il s’agit d’une échéance majeure, sauf peut-être pour quelques alliés de Vaclav Klaus qui rejettent le changement climatique, ajoutant à ce sujet : « On devrait les envoyer sur la banquise, d’ici quelques mois ils auront une bouée de sauvetage... »

17h45 : Dominique Reynié évoque une « renationalisation possible » du mécanisme européen, risque lié au traité de Lisbonne, et met aussi l’accent sur le besoin de démocratiser le système européen, par exemple via un référendum européen.

17h50 : Sylvie Goulard estime qu’on a un peu monté une « usine à gaz » avec le contrôle du parlement national sur l’activité européenne. Par ailleurs sur l’arrêt de la Cour de Karlsruhe, elle a rencontré beaucoup d’Allemands qui sont contre.

17h55 : Damien Abad est énervé par le nombre de fonds européens qui ne sont pas utilisés... Il espère qu’on resserrera le lien entre Europe et citoyen par les territoires.

Sylvie Goulard veut qu’on arrête au Parlement européen de parler de « grands et de petits » pays.

18h00 : Philippe Perchoc rebondit sur cette affirmation pour rappeler qu’il y a le « Grand Duché du Luxembourg » et la « Grande-Bretagne »...

Le débat se clôt sur la victoire officielle du Yes avec 67,1% des voix !

Illustration : vitrine du Kitty O’Shea’s où Touteleurope.fr a fixé son QG pour les résultats du vote en Irlande.

Vos commentaires
  • Le 3 octobre 2009 à 16:19, par Martina Latina En réponse à : Traité de Lisbonne : l’Irlande dit Oui... et maintenant ?

    Soyons donc tous des GLORIOUS BULLS pour porter plus loin L’EUROPE,

    pour construire plus solidement la MAISON EUROPE dont M. Gorbatchev parlait ces jours-ci à Strasbourg,

    et pour faire de l’Europe, dans le sillage d’un joyeux défilé ROYAL (ET) DE LUXE à travers Berlin réunifié, la terre de l’unification, la mise en oeuvre de la paix, bref le chantier de la justice !

  • Le 4 octobre 2009 à 08:56, par Valéry En réponse à : Traité de Lisbonne : l’Irlande dit Oui... et maintenant ?

    Excellente nouvelle que ce résultat.

    Profitons de cette occasion de célébrer mais n’oublions pas toutefois qu’il ne résout rien car le traité de Lisbonne est largement insuffisant au regard des enjeux de la construction européenne.

    Notamment, on va voir bientôt les partisans d’un élargissement à tout vents se réveiller. Déjà la Croatie et l’Islande espèrent entrer très vite dans l’Union alors que celle-ci n’est toujours pas prête à accueillir de nouveaux États-membres. La stupide et anti-démocratique règle de l’unanimité subsiste en effet pour la ratification de futurs traités ou pour les décisions les plus significatives dans le fonctionnement de l’Union européenne.

    Espérons que le chemin de croix de l’Union depuis l’échec du Conseil européen de Nice, qui s’est montré incapable de préparer l’Union à l’élargissement, saura faire réfléchir nos dirigeants. La médiocrité dont ils ont fait preuve ces dernières années ne peut que nous conduire à un certain pessimisme.

  • Le 4 octobre 2009 à 11:00, par Ronan En réponse à : Et maintenant ? (« a generation ahead » ?!)

    Admettons que le traité soit bientôt signé par les présidents polonais (puis tchèques). Assez tôt en tout cas pour couper l’herbe sous le pied aux velléités "référendumières" des Conservateurs britanniques aujourd’hui aux portes du pouvoir.

    Alors, dans l’idéal, à quoi devrait donc s’efforcer de ressembler la suite des "opérations" ?

     1- Le prochain traité devra être rédigé par une « Convention » (faute de pouvoir vraiment l’appeler « Constituante ») : assemblée composée de membres démocratiquement élus, et élus spécifiquement pour cette mission (et non pas - comme pour le TCE - "nommés" en relation avec d’autres scrutins n’ayant parfois absolument rien à voir directement avec les enjeux européens).

    (Nb : Les Etats membres de l’Union qui n’enverront pas de délégués à la Convention s’exclueront d’eux-mêmes du processus).

     2- La ratification du traité qu’elle rédigera se fera à la majorité qualifiée des Etats membres lors d’une semaine "bloquée" de ratifications organisée simultanément dans tous les Etats de l’Union (faute de pouvoir organiser un véritable référendum européen...).

     3- Ce traité entrera en vigueur pour les Etats qui l’auront déjà ratifié dès que le quorum requis et préalablement fixé aura enfin été atteint. Les Etats qui refuseront ce texte se verront proposer un statut de pays associé et/ou membre observateur.

     4- Il n’y aura pas de référendum "de rattrapage" (sauf s’ils le demandent eux-mêmes...), ni de dérogations suplémentaires pour tous ceux qui auront dit NON ; qui feront ainsi d’eux-même le choix de la "seconde division", mais sans - pour autant - empêcher les autres d’aller de l’avant.

    Démocratie : c’est à ce prix que l’Europe redeviendra un objet politique "populaire" au sens plein du terme. Car ce n’est - hélas - plus du tout le cas aujourd’hui. Le temps d’inverser la tendance est venu. Enfin.

  • Le 5 octobre 2009 à 09:57, par HERBINET En réponse à : Traité de Lisbonne : l’Irlande dit Oui... et maintenant ?

    Thank you very much IRELAND ! La vierge du Donegal peut se réjouir !

    Avec cette nette victoire du « IRISH YES », c’est une étape essentielle qui est franchie. Nous lui adressons un satisfecit. Sans aucun doute, cela redonne à l’idée européenne une nouvelle jeunesse et une envie réelle de continuer à cultiver notre jardin européen, qui permettra aux 500 millions d’Européens de vivre dans la paix, la solidarité, la croissance et la prospérité. Sachant que son économie est terriblement touchée, l’opinion celte espère par l’entremise de l’Union un redressement rapide. Les Irlandais ont initié une voie dont les Polonais et les Tchèques devraient s’inspirer, puisque leurs signatures manquent encore pour ratifier le traité. L’Europe nous offre notre avenir. L’Europe nous offre une protection. L’Europe nous offre « une communauté de destin »hty. L’Europe

    Nous, l’Europe.

    Pierre-Franck HERBINET

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