Brexit : Spéculation sur l’avenir du Royaume-Uni et de l’Union européenne

, par Laura Mercier

Brexit : Spéculation sur l'avenir du Royaume-Uni et de l'Union européenne
La City de Londres est la première place financière d’Europe, l’une des plus importantes du monde. Le Brexit pourrait changer la donne. Certaines banques envisagent déjà de déménager à Francfort, à Dublin ou à Paris si le « Leave » l’emporte. - Neil Howard (CC/Flickr)

A quelques jours du référendum sur le Brexit, l’incertitude est pesante pour la City, dont l’avenir est en jeu. L’éventuelle sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne aurait un impact considérable sur l’économie et sur les finances du pays. Cette incertitude encourage la spéculation sur l’avenir du Royaume-Uni et de l’Union. Et elle pousse également à étudier des alternatives, si l’Union européenne se voit privée de son premier centre financier, Londres.

En cas de Brexit, quelles conséquences pour la City ?

Le Royaume-Uni accueille en sa capitale, le deuxième centre financier au monde. La croissance de la City a notamment été portée par son accès au marché européen : plus de 40% des échanges de la City se font avec les pays de l’Union européenne.

Alors que les sondages annoncent un résultat serré et incertain, les quelques 350 000 personnes qui travaillent dans ce quartier d’affaires retiennent leur souffle. Une majorité d’entre eux s’oppose à la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Si les Britanniques votent en faveur du Brexit, les conséquences à court terme seraient une baisse du cours de la livre sterling, une hausse des prix… et à long terme, l’impact reste flou et c’est ce qui inquiète particulièrement les différents groupes financiers installés à Londres. Mark Boleat, président des politiques de la Corporation de la City considère que « pour tirer le maximum d’avantages, le Royaume-Uni doit rester dans l’Union européenne. »

L’une des préoccupations majeures au sein de la place financière britannique est celle de la marginalisation. Le Royaume-Uni se verrait privé de nombreux avantages, comme le « passeport européen ». Ce système signifie qu’un produit financier peut être approuvé par un seul régulateur pour être vendu à tous les pays membres de l’Union européenne. La perte de ce type d’avantages par exemple, risque de faire fuir d’importants groupes financiers et banques localisés à Londres, vers d’autres pays européens afin de conserver leur accès au marché européen. Plus de 250 banques étrangères sont installées à Londres. Plusieurs d’entre elles ont averti quant aux conséquences d’un Brexit et ont d’ores et déjà lancé des études de marché pour analyser leurs possibilités de relocalisation.

Le Brexit : objet de spéculation

Face à une City majoritairement opposée à la sortie du Royaume-Uni de l’UE, des fonds spéculatifs ont pris partie pour la sortie. En effet, les campagnes pour et contre le Brexit ne sont pas seulement soutenues par les partis et les électeurs : les acteurs financiers investissent dans la campagne. On parle de « hedge funds », ou fonds spéculatifs, pour lesquels l’incertitude quant au résultat du référendum est une bonne chose : la volatilité et l’instabilité des indices donnent beaucoup d’opportunités de spéculation. Ces groupes spéculent notamment sur la valeur future des taux d’intérêt de la Bank of England après le référendum, des taux de change livre/euro, du cours des actions de grandes entreprises britanniques. Et, si le camp du Brexit l’emporte, la volatilité sera encore plus forte. C’est pourquoi d’importants groupes de fonds spéculatifs financent la campagne du Vote Leave, comme John Armitage d’Egerton Capital. Quel paradoxe quand on sait que la sortie de l’Union européenne affaiblirait considérablement le poids et l’influence de la City !

La campagne « Stronger In » a aussi obtenu le soutien de fonds spéculatifs comme Winton Capital. Son directeur, David Harding, estime qu’il y a plus d’intérêt à rester dans l’UE, sur le long terme.

Quelle alternative à la City pour l’Union européenne ?

En conséquence à la perte éventuelle de sa place financière, les autres pays de l’Union européenne se préparent à accueillir banques et groupes financiers installés outre-Manche. Parmi eux, plusieurs prétendants : Francfort, Paris, Dublin, Luxembourg et Amsterdam ont engagé des réflexions pour renforcer leur attractivité. Quel que soit le résultat du référendum, ces villes veulent retirer à Londres son statut de leader européen et mondial dans le secteur financier.

Du point de vue de la législation sur la fiscalité et la technicisation des finances, Luxembourg et Dublin se détachent de leurs concurrents. Depuis quelques années, Dublin parvient à attirer un nombre important d’entreprises comme Apple, Amazon, ou encore Airbnb. Ce sont les avantages fiscaux de l’Irlande qui ont attiré ces entreprises et qui pourraient avoir le même effet sur les banques et groupes financiers. Mais l’Union européenne a manifesté à plusieurs reprises son opposition à ces avantages fiscaux et pourrait être un obstacle à l’attraction de Dublin.

Du côté allemand, Francfort est le siège de la BCE, et il serait idéal pour l’Union européenne de rassembler son centre financier et sa Banque dans la même ville. De plus, l’Allemagne offre à ce jour un environnement économique et financier stable. A l’inverse, la France est en plein conflit social, et peine à renouer avec la croissance. Mais la capitale française présente les atouts d’une importante métropole européenne et mondiale, proche de Londres, où d’importantes banques sont d’ores et déjà installées.

L’avenir du Royaume-Uni et de l’Union européenne est incertain et donne matière à la spéculation. Les conséquences pour la place financière qu’est la City seraient considérables et cela participerait à la perte d’influence du pays sur la scène européenne internationale. Alors que les dirigeants européens ont pris de la distance avec le débat et la campagne, l’Union européenne semble tout de même se préparer à l’éventuelle sortie du Royaume-Uni et à la perte de sa première place financière, la City. Cependant, il semble une fois de plus que le « choix » de l’alternative à la City ne soit pas du ressort de l’Union européenne, mais bien des banques et des groupes financiers.

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