Dans la lettre d’Henri Guaino adressée à Jean-François Copé, et dont une copie à également été adressée à l’Agence France Presse, il est demandé au président de l’UMP de reporter l’investiture de la tête de liste pour les élections européennes en Ile-de-France
, Alain Lamassoure, au motif que ce serait, sinon, une faute et (...) irresponsable
car ce dernier est partisan d’une Europe fédérale et un ardent défenseur de l’Union européenne telle qu’elle se construit
, alors que lui, Henri Guaino, souhaite un changement au contraire très profond
de cette construction.
Des propos choquants, révélateurs de la mentalité française concernant les élections européennes
Les propos du député des Yvelines sont profondément choquants, et ce d’autant plus que les valses politiques pour la désignation des candidats aux élections européennes sont navrantes. Depuis plusieurs semaines – voire plusieurs mois – les partis politiques français s’adonnent déjà à un jeu dangereux quant à la nomination de leurs candidats et têtes de listes. Ce jeu s’avère d’autant plus dangereux en ce qui concerne le désintérêt que le peuple français risque d’en tirer comme conséquence qu’il est révélateur du peu d’intérêt que portent nos hommes politiques à la question européenne.
En ces temps de crise, l’Europe est l’un des outils les plus efficaces dont nous disposions pour relever nos économies, et ne pas se montrer digne des enjeux politiques des futures élections de mai 2014, c’est provoquer le désintérêt du peuple, qui conduira à une abstention record, voire à la montée des extrêmes, et qui se prouvera comme étant le plus mauvais calcul politique entreprisee. Et c’est précisément dans ces calculs politiques douteux que s’inscrit la demande d’Henri Guaino à Jean-François Copé lorsqu’il l’incite à repousser l’investiture d’Alain Lamassoure, député européen en poste depuis 1989, qui s’est à maintes reprises montré à la hauteur de la mission qui lui était confié en tant que parlementaire européen, et qui s’est notamment illustré en 2013, en tant que président de la commission des budgets du Parlement européen, pour ses positions affirmées, lors du vote d’un budget européen en baisse.
Remettre en cause l’investiture de Monsieur Lamassoure, en arguant que nommer un homme aux tendances fédéralistes serait irresponsable, quand on n’est pas connu pour avoir démontré une appétence particulière pour ce qui touche aux questions européennes, est bien indigne d’un homme politique qui se doit, en théorie, de défendre l’intérêt général, et démontre une méconnaissance de la question.
Des propos synonymes d’une grande méconnaissance du sujet !
En plus d’être choquantes, les allégations de Monsieur Guaino sont fausses. On ne peut à la fois défendre l’Europe fédérale et se faire le défenseur de l’Union européenne telle qu’elle se construit, et si Monsieur Guaino s’était intéressé un tant soit peu de près aux questions européennes, il le saurait. En effet, le mode de construction que nous connaissons de l’Europe aujourd’hui est basée sur l’intergouvernementalisme, où la part belle est faite aux décisions des États membres via le Conseil de l’Union européenne, alors que le Parlement européen, directement issu des voix du peuple, doit constamment se battre pour avoir son mot à dire.
Un tel modèle n’est en rien proche de celui défendu par les fédéralistes, qui prônent la transformation de l’Union telle que nous la connaissons vers une Union plus démocratique, plus proches des citoyens et dans laquelle les compétences seraient mieux réparties, réservant à chaque échelon les compétences pour lesquelles il sera le plus efficace.
S’il y a bien une position d’Henri Guaino avec laquelle on peut être d’accord, c’est donc bien sur le fait qu’il faudrait à l’Union européenne un changement profond, une réelle réforme de son mode de fonctionnement. Cependant, ce changement ne devrait en aucun cas intervenir pour la faire régresser et la cantonner à une machine économique dépassée et dont on sait qu’elle ne fonctionnerait que très partiellement, mais bien lui permettre de devenir une véritable Union fédérale, qui lui permettrait à la fois de se rapprocher de ses citoyens, mais également de devenir un modèle politique crédible pour ses partenaires sur la scène internationale.
Les propos d’Henri Guaino montrent, une fois encore, le peu de crédibilité de beaucoup d’hommes et femmes politiques sur les questions européennes. Ils/Elles ne s’en saisissent qu’une fois tous les cinq ans, considérant pouvoir donner leur avis sur cinq ans de législature passée, ainsi que sur les cinq ans à venir, sous prétexte que c’est des partis nationaux que sont issus les candidats aux élections européennes. Ce qu’ils oublient, néanmoins, c’est que l’Europe mérite qu’on s’y intéresse réellement, elle mérite d’avoir des politiques visionnaires qui lui permettront de s’améliorer, de devenir plus efficace, et donc d’être fédérale, puisque c’est effectivement là son seul moyen pour elle d’y parvenir.
1. Le 27 janvier 2014 à 13:10, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à Henri Guaino : Non, la pensée fédéraliste de M. Lamassoure n’est pas un danger !
Bravo aux Jeunes Européens pour cette condamnation du militant nationaliste Henri Guaino qui représente la branche la plus réactionnaire de l’UMP, parti qui compte heureusement par ailleurs quelques personnalités plus conscientes que l’avenir de notre pays est dans l’Europe.
Les propos d’un Guaino sont d’autant plus ridicules que Alain Lamassoure n’est pas toujours très clair sur son adhésion supposée au fédéralisme comme le regrettaient des rédacteurs du Taurillon en 2008 Alain Lamassoure : ses propos, ses ambitions, ses autogoals….
2. Le 27 janvier 2014 à 19:42, par Alexandre Marin En réponse à : Carton rouge à Henri Guaino : Non, la pensée fédéraliste de M. Lamassoure n’est pas un danger !
La pensée « fédéraliste » de M.Lamassoure, un danger ? Euh....... non, tout bien réfléchi, elle n’est pas un danger, faute d’exister, et si c’était le cas, elle serait probablement dangereuse pour la pensée fédéraliste même.
Il suffit de lire ces deux articles pour s’en convaincre :
http://www.taurillon.org/alain-lamassoure-le-vote-positif-sur-le-budget-2014-2020-le-seul-accord
http://www.taurillon.org/Alain-Lamassoure-exerce-son-droit-de-reponse-au-Taurillon
Henri Guaino peut dormir tranquillement, s’il avait voulu attaquer un fédéraliste, il s’en serait pris à quelqu’un comme Daniel Cohn-Bendit, quelqu’un qui, mis à côté de Lamassoure sur le plan des idées fédéralistes, ressemble à un tigre à côté d’un chaton.
3. Le 27 janvier 2014 à 20:09, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Carton rouge à Henri Guaino : Non, la pensée fédéraliste de M. Lamassoure n’est pas un danger !
En toute hypothèse j’aime que Guaino se sente en danger. Faisons en sorte que ça arrive souvent.
4. Le 1er février 2014 à 11:16, par Jean-Claude Houdoin En réponse à : Carton rouge à Henri Guaino : Non, la pensée fédéraliste de M. Lamassoure n’est pas un danger !
Merci au Taurillon de relever les propos toujours aussi eurosceptiques de Monsieur H. Guaino. La constitution des listes des candidats au Parlement Européen par les partis politiques français reste très discutable en recyclant les « invendus » des élections nationales au détriment de véritables européens qui font honneur à la France par la qualité de leur travail au Parlement Européen comme Monsieur Alain Lamassoure.
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