Élections 2014 : les enjeux dans les huit circonscriptions

Etude du sondage du 26 janvier 2014

, par Till Burckhardt

Élections 2014 : les enjeux dans les huit circonscriptions

Sur la base des résultats du sondage IFOP publié par le Journal du dimanche le 26 janvier 2014, il est possible de projeter une répartition possible des sièges attribués à la France dans la prochaine législature du Parlement européen.

D’après le sondage, le champion des prochaines élections européennes serait le Front national de Marine Le Pen. Il recueillerait 23% des suffrages en devançant ainsi l’UMP, créditée à 21% et le Parti socialiste qui, avec 19% des intentions, arriverait en troisième position. Les autres partis qui figurent dans le sondage sont la liste d’union UDI-Modem (11%), le Front de gauche (9%), Europe Écologie-Les Verts (7%), Débout la République (2,5%) et le Nouveau parti anticapitaliste (2%). 6,5% des suffrages iraient à d’autres formations.

Comment ces chiffes se traduiraient-ils en mandats parlementaires ? Le sondage, réalisé au niveau national, ne permet pas de répartir les résultats par circonscription. Il est néanmoins possible d’approximer ces résultats sur la base de la polarisation territoriale des suffrages lors des précédents scrutins.

Tout d’abord, il s’impose de recalculer la répartition des 74 mandats entre les huit circonscriptions. D’après la loi, « les sièges à pourvoir sont répartis entre les circonscriptions proportionnellement à leur population avec application de la règle du plus fort reste ». Sur la base des chiffres sur la population légale fournis par l’INSEE, par rapport à 2009, où les députés à élire étaient 72, les deux sièges supplémentaires devraient être attribués à l’Île-de-France.

Pour estimer la polarisation des forces politiques dans les huit circonscriptions, nous avons fait recours à des coefficients calculés à partir de l’écart entre le résultat dans la circonscription par rapport au résultat national aux dernières élections. En pondérant les intentions de vote nationales par ces coefficients, on peut extrapoler les résultats pour chaque circonscription et, sur cette base, de calculer la répartition des sièges.

Le Front national évoluerait de 3 à 20 sièges. Les deux grands perdants seraient Europe Écologie-Les Verts, qui chuterait de 14 à 5 sièges, et l’UMP qui perdrait 9 de ses 29 sièges. En ce qui concerne les autres formations, le Front de gauche, le Parti socialiste et l’entente UDI-MoDem gagneraient un siège chacun. Philippe de Villiers peut espérer conserver siège dans la circonscription Ouest.

Les enjeux dans les circonscriptions Cette évolution est accentuée par le système de scrutin proportionnel fondé sur « les plus fortes moyennes » qui tend à renforcer les listes arrivées en tête et à sanctionner les partis ayant eu des résultats médiocres. La taille relativement réduite des circonscriptions tend d’ailleurs à exacerber ce mécanisme, qui en 2004 avait bénéficié aux socialistes et en 2009 à la majorité présidentielle de l’époque.

Dans le Nord-Ouest, circonscription démographiquement dominée par les bassins industriels du Nord, la sortante Marine Le Pen devrait être réélue. Avec quatre sièges au total le Front national serait de loin la première force politique. Ce raz-de-marée bleu marine, devrait évincer deux des quatre députés de l’UMP et la seule députée écologiste sortante. Le Parti socialiste maintiendrait ses deux députés, tout comme le Front de gauche et les centristes, qui défendraient leur unique siège.

Dans l’Ouest, circonscription atlantique traditionnellement modérée, l’UMP et le PS, devraient tous les deux pouvoir envoyer un homme et une femme à Strasbourg. Sylvie Goulard (UDI-MoDem) et Philippe de Villiers (Mouvement pour la France) devraient retrouver leur siège. En revanche, l’un des deux écologistes devrait céder sa place à un candidat du Front national.

Dans le Sud-Ouest, José Bové devrait arriver à défendre de justesse son siège, tout comme Jean-Luc Mélenchon et les deux candidats de la liste commune PRG-PS. Le Front national ferait son entrée en force dans la circonscription en récupérant deux des quatre sièges UMP et en renvoyant à la maison la députée écologiste sortante.

Le Sud-Est, méga-circonscription tendanciellement conservatrice, serait raflé par la vague bleu marine. Jean-Marie Le Pen et quatre de ses colistiers devraient largement dominer la députation de la circonscription à Bruxelles. L’UMP suivrait avec trois des cinq mandats obtenus en 2009. Le Parti socialiste maintiendrait ses deux sièges. Le Front de gauche et les centristes enverraient un député chacun, tout comme les Verts qui auront perdu deux de leurs trois députés.

Dans le Massif central-Centre, le Front national devrait récupérer l’un des trois mandats de l’UMP, sans pour autant porter préjudice à la réélection de Brice Hortefeux. Le PS défendrait son seul siège dans la circonscription, alors que le député écologiste devrait céder sa place au candidat du Front de gauche.

Dans le grand Est, autre fief traditionnel de la droite dure, les listes FN et UMP menées respectivement par l’énarque Florian Philippot et la pasionaria sarkozyste Nadine Morano devanceraient avec trois députées la liste socialiste menée par le syndicaliste Édouard Martin, qui confirmerait quant à elle ses deux sièges. Le dernier siège devrait être gagné par un candidat centriste alors que les écologistes seraient évincés de la circonscription.

Enfin, en Île-de-France, le Front national ferait son entrée en récupérant les deux sièges supplémentaires attribués à la région tout comme l’un des cinq sièges actuellement occupés par l’UMP. Le départ de Daniel Cohn-Bendit devrait nuire à EELV qui perdrait deux de ses quatre sièges. Ce recul profiterait au PS et aux centristes qui gagneraient un siège chacun. Le Front de gauche maintiendrait son unique siège.

En ce qui concerne l’Outre-mer, il n’était pas possible de faire des prévisions claires sur l’attribution des sièges compte tenu des dispositions particulières pour cette circonscription prévues par la loi et l’absence d’une liste du Front national lors du précédent scrutin. L’hypothèse que la répartition issue des deux précédents scrutins se maintienne paraît probable, compte tenu de la force relative de l’UMP dans les territoires pacifiques, l’ancrage local du Parti communiste réunionnais – associé au Front de gauche – et les bons résultats réalisés par le Parti socialiste dans les départements antillais.

Des listes rose-vertes, une bonne idée ? Un scénario alternatif pourrait se dessiner si les écologistes décidaient de fusionner leurs listes avec celles du Parti socialiste. Dans ce cas les listes de la gauche arriveraient clairement en tête au niveau national et dans plusieurs circonscriptions. Par le mécanisme du système de scrutin, cela se traduirait par un passage à gauche de deux sièges UMP de l’Est et du Nord-Ouest.

Vos commentaires
  • Le 20 février 2014 à 09:27, par Pierre ESCAICH En réponse à : Élections 2014 : les enjeux dans les huit circonscriptions

    La présentation graphique est trompeuse. Elle fait apparaître une légère progression (+1) des listes UDI-MoDem (6 à 7) et une chute importante de l’UMP(-9) (29 à 20). Or en 2009, l’UDI faisait liste commune avec l’UMP, dont elle représentait 6 élus. Pour que la comparaison ait un sens, il faut les réintégrer dans l’UDI-MoDem. La véritable comparaison 2009-2014, donne : UDI-MoDem (12 à 7) - (-5) UMP (23 à 20) - (-3) Ce qui n’est pas tout à fait pareil...

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