Elections présidentielles en Moldavie : vers l’Est ou vers l’Ouest ?

, par Ana Rotaru, Traduit de l’anglais par Lucas Buthion

Elections présidentielles en Moldavie : vers l'Est ou vers l'Ouest ?
CC Flickr / Kancelaria Premeria Qui succédera à Nicolae Timofti (ici avec le président du Conseil européen Donald Tusk), à la Présidence de la République moldave ?

Le 30 octobre dernier, le premier tour des élections présidentielles s’est déroulé en Moldavie, élections qui ont reservé leur lot de surprises. Des surprises d’abord, car la candidate pro-Européenne, Maia Sandu, a obtenu plus de voix que ne le laissaient espérer les sondages.

Le 30 octobre dernier, le premier tour des élections présidentielles s’est déroulé en Moldavie, élections qui ont reservé leur lot de surprises. Des surprises d’abord, car la candidate pro-Européenne, Maia Sandu, a obtenu plus de voix que ne le laissaient espérer les sondages. Son parti n’a été crée qu’en 2015, sa campagne n’étant financée que par des citoyens, dans des montants très faibles. Cela constitue une énorme différence vis-à-vis de son opposant, Igor Dodon, qui bénéficie d’un très gros budget aux origines incertaines, et que d’aucuns accusent d’être financé par la Russie. Maia Sandu, de son côté, est la candidate unique de trois partis – le parti “Action et Solidarité”, la plateforme “Dignité et Vérité”, et le parti Libéral-Démocrate.

Ainsi, le second tour des élections, qui se déroulera le 13 novembre prochain, augure un affrontement serré entre Maia Sandu, pro-Européenne, ancienne Ministre de l’Education et ancienne conseillère du Directeur de la Banque Mondiale à Washington, et Igor Dodon, candidat pro-russe, Président du Parti Socialiste de Moldavie.

A l’heure actuelle, 10% sépare les deux candidats alors qu’au premier tour, Igor Dodon n’était qu’à 2% de remporter la présidence, puisqu’il a rassemblé près de 48% des suffrages. Ce score élevé est le résultat d’une vague de déception et de désillusion au sein de la population moldave à l’égard du gouvernement actuel qualifié de “pro-Européen”, extrêmement corrompu. Ainsi, le leader socialiste n’aurait besoin que d’un peu plus de 2% des voix pour devenir le nouveau Président de Moldavie. En théorie, les jeux semblent donc déjà faits, d’autant plus qu’au premier tour, un autre candidat pro-russe, Dumitru Ciubasenco, a obtenu 6% des voix. A première vue, Maia Sandu aurait peu de chances de devenir Présidente de la République de Moldavie – il n’est en tous cas pas exagéré de dire que ses chances sont infiniment plus minces que celles d’Igor Dodon.

Alors que Maia Sandu s’est érigée contre l’action du gouvernement actuel, son programme se focalise sur la lutte contre la corruption et la pauvreté en Moldavie. Elle est officiellement soutenue par le Parti Populaire Européen (PPE), qui reste aujourd’hui le premier parti politique européen au sein de l’Union européenne.

En vue du second tour, la participation reste une variable clé et les chances de Maia Sandu s’amélioreront si elle est en capacité de mobiliser les absentionnistes : en effet, au premier tour, seuld 49% des votants se sont rendus aux urnes. Les jeunes ont été les moins nombreux à se mobiliser, puisque 10% d’entre eux seulement ont participé. Des experts considèrent qu’au moins le double de cette catégorie d’âge est susceptible d’aller voter, la plupart des jeunes se rapprochant des orientations politiques de Maia Sandu plutôt que d’Igor Dodon.

De même, une mobilisation accrue de la diaspora moldave pourrait jouer un rôle décisif– on estime ainsi à 150 000 le nombre de Moldaves vivant en Italie. Or, la majorité des Moldaves vivant à l’étranger ont davantage voté pour Maia Sandu - 72% en faveur de cette dernière contre 13% pour Igor Dodon.

L’enjeu de ces élections va au-delà de la fonction même de Président, qui demeure largement symbolique en Moldavie : l’enjeu principal est bien d’ordre géopolitique. Igor Dodon, qui se fait le fer de lance de liens plus étroits avec la Russie, s’est prononcé en faveur d’un référendum visant à rejeter l’accord d’association signé en juin 2014 entre la Moldavie et l’UE. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la politique étrangère tient une large place dans les débats entre les candidats. Igor Dodon a ainsi provoqué la controverse en arguant que la Crimée avait été légitimement annexée par la Russie. En réaction, un groupe de députés ukrainiens s’est empressé de declarer Igor Dodon persona non grata en Ukraine. Cette division de la population entre Est et Ouest, entre russophones et roumanophones, l’instrumentalisation de l’histoire moldave et de la conscience collective qui en découlent : tout cela fait au final le jeu du populisme, cristallisé au cours cette campagne par les positionnements d’Igor Dodon.

Que nous réserve le second tour des élections ? Bien malin qui saurait le dire, car si les chiffres penchent en faveur d’Igor Dodon, la politique est tout sauf une science exacte, surtout en matière d’élections. A ce stade, Maia Sandu conserve encore ses chances, la mobilisation, en particulier de la diaspora moldave, allant crescendo depuis ces derniers jours, pour voter en faveur de la candidate pro-Européenne.

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