De même, on peut se demander pourquoi, dans cette population composée de 95 % de chrétiens croyants et pratiquants dont la moitié participe à la messe au moins une fois par semaine, les croyances para-religieuse, l’ésotérisme rencontre un certain succès. En septembre 2011, le CBOS a effectué en Pologne un sondage qui avait pour but de mesurer la croyance en la magie, l’ésotérisme, l’occultisme et plus généralement en des phénomènes inexplicables par la science.
Quelles pratiques sont les plus populaires ?
Parmi les réponses les plus fréquentes, on relève la croyance en la clairvoyance. Les personnes qui croient en l’existence de personnes possédant des capacités de prédire l’avenir sont également nombreuses - 59%, soit 3 enquêtés sur 5, parmi lesquels 16% n’ont aucun doute là. 39% croient en la télépathie, un enquêté sur trois est convaincu qu’il est possible de jeter un sort sur quelqu’un (34%), mais aussi qu’il existe des objets, des talismans portant chance (33%). Un enquêté sur quatre pense que les signes astrologiques peuvent avoir une influence sur le caractère des individus (29%), qu’il existe des dates et des jours de la semaine portant malchance et qu’un éventuel contact avec les défunts existe (28%) .
La croyance la moins populaire est celle en l’existence des ovnis : l’avis selon lequel les soucoupes volantes visitent régulièrement la terre ne concerne qu’un enquêté sur six (17%).
Et si l’ésotérisme servait à quelque chose ? Portrait d’un professionnel
Miroslaw est magnétiseur, bioénérgothérapeute. Il reçoit dans un cabinet de « Médecine naturelle » à Cracovie où il fait partie d’une équipe composée d’une nutritionniste, d’un médecin et d’un psychothérapeute. Son cabinet très simple n’a a priori rien à voir avec un univers ésotérique ou mystique : un lit, un pèse personne, et un bureau. Miroslaw- un homme de 44 ans aux allures de coach sportif, vêtu d’un tee-shirt et d’un bermuda m’a accordé une heure de son temps. Il traite surtout des problèmes d’articulations, de douleurs de la colonne vertébrale, d’allergie, de dépressions, et de périodes de stress. Il soulage aussi des personnes malades de cancer, mais il évite les cancers généralisés à un stade « terminal », car selon lui les médecins ont un regard négatif sur ce genre de pratique et décourage le patient qui n’y croit pas suffisamment pour se faire aider - selon lui la croyance et la confiance en la guérison jouent un rôle essentiel dans l’efficacité du traitement.
Il explique sa méthode de travail : « Beaucoup de maladies sont provoquées par un très grand stress qui bloque les énergies. Quand on débloque ce genre d’énergies elles circulent dans l’organisme et déclenchent l’autoguerison. C’est comme appliquer un antibiotique énergétique »
Il travaille dans ce métier depuis 15 ans. Mais c’est depuis 5 ans que c’est devenu son activité principale. Diplômé d’un BTS en finance, il a travaillé dans une agence d’assurance où il était agent puis un responsable des ressources humaines. Entretemps, il s’est formé dans le domaine du magnétisme sous l’œil d’un maître puis il a acquis plusieurs certificats du CECH, une association qui réunit et formalise en Pologne des métiers dits « artisanaux », dans lesquels s’inscrit la profession de magnétiseur.
Il avoue aussi qu’étant plus jeune il a eu des difficultés à assumer ses capacités, car il craignait d’être considéré comme un marginal, un charlatan. Aujourd’hui il constate « Si les gens pensent que la normalité se résume au fait de se lever tout les matins pour se rendre au bureau et y passer toute sa vie, je préfère qu’on pense que je suis fou ».
Mais qui y croit ?
En Pologne le taux de croyance en des phénomènes ésotériques et surnaturels est plus important pour les personnes ayant les revenus les plus bas, habitant des villes de 101000 à 500000 habitants, parmi les personnes âgées de 45 à 54 ans, et dans des groupes professionnels spécifiques comme les retraités, les femmes au foyer, les ouvriers et les employés. Les plus réticents à l’égard de ces croyances sont souvent des personnes jeunes - notamment les étudiants âgés de 18 à 24 ans, les cadres supérieurs et les personnes dont le niveau d’études est élevé. L’ésotérisme le plus populaire et le plus accessible en Pologne est « commercial » ou « forain » et reste avant tout réservé aux classes sociales les moins favorisées.
L’approche plus philosophique ou cabalistique de l’ésotérisme concerne des personnes faisant partie des classes les mieux placées sur l’échelle sociale, et ses adeptes sont encore peu nombreux dans la société polonaise.
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