L’état de l’Union européenne selon Juncker

Perspectives européennes

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L'état de l'Union européenne selon Juncker
« Nous manquons d’Europe et manquons d’union », le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a critiqué vivement les politiques en matière de réfugiés et d’asile au sein de l’Union européenne. – © European Union 2015 - European Parliament

« L’Union européenne ne va pas bien », voilà ce qu’a déclaré le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors de son premier discours sur l’état de l’Union européenne. Il a également fermement critiqué la façon dont la crise des réfugiés a été abordée jusqu’à présent. Le chef de la Commission a également appelé les États membres à entreprendre des actions décisives ainsi qu’à esquisser le cadre d’une politique d’asile européenne. Juncker a-t-il été convaincant ? Voici l’opinion des rédacteurs en chef des éditions germanophones, anglophones et francophones du Taurillon.

« L’heure d’être franc » pour Juncker

Marcel Wollscheid - Rédacteur en chef du magazine treffpunkteuropa.de

« L’histoire ne sera pas marquée par ce discours de Jean-Claude Juncker, mais le président de la Commission a réussi à confronter l’Union européenne à la réalité de cette crise des réfugiés. Ces propositions visant à aboutir à une politique d’asile européenne sont cohérentes : des mécanismes de relocalisation permanente pour les demandeurs d’asile, une liste partagée de pays d’origine sûrs, une protection renforcée des frontières extérieure de l’Union européenne et des canaux législatifs de migration en Europe. Reste à savoir si ses paroles influenceront la position des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne. Le siège du Président du Conseil européen est resté vide lors de ce discours. »

Le courage de l’action

[Hervé Moritz - Rédacteur en chef du magazine Le Taurillon

« Jean-Claude Juncker a dispensé une leçon de près d’une heure et demie aux parlementaires européens à Strasbourg. Parmi les priorités de la Commission, la plus marquante est celle de la crise des réfugiés. 500 000, c’est le nombre de réfugiés qui se sont échoués sur les côtes de l’Union européenne depuis le début de l’année. Il propose un mécanisme de relocalisation permanent des réfugiés avec une obligation pour les Etats d’accueillir un certain nombre de demandeurs d’asile, quelque soit leur origine, quelque soit leur religion. C’est une mesure de bon sens, tout comme le renforcement de l’aide humanitaire et la mise en place de voies légales d’immigration.

Ce que Juncker a démontré ce matin, c’est qu’on ne construit pas l’Europe sur les égoïsmes des Etats nations qui la composent, mais sur les valeurs fondamentales qui unissent les citoyens européens. Cette fois-ci, les Etats devront prendre leurs responsabilités. L’hypocrisie des Etats et leurs chamailleries honteuses face à la situation sont des comportements coupables. Si les Etats jouent les irresponsables, notamment en remettant en cause les accords de Schengen, il faut les sanctionner.

Cette situation met en lumière l’inefficacité du Conseil européen. Les intérêts nationaux ne peuvent pas régir la politique européenne commune. La balle est maintenant dans le camp des Etats membres. Ils seront responsables devant le tribunal de l’histoire. »

L’intégration européenne avance, mais pourquoi doit-elle servir de tremplin à l’UKIP ?

Christopher Powers - Rédacteur en chef du magazine The New Federalist

« Lorsque Juncker s’exprime en anglais, il enfonce bel et bien le clou et rassemble bon nombre de choses que nous, fédéralistes, appelons de nos vœux depuis longtemps, autrement dit : j’ai bien aimé ce discours. Cependant, en tant que Britannique, je n’ai pas apprécié que Juncker prenne note des petits commentaires de l’UKIP (même si j’ai apprécié sa réaction), ni le fait qu’à chaque fois que le Royaume-Uni ait été mentionné la caméra se braque sur l’UKIP à la recherche d’une réaction. Il ne faut pas donner de l’eau au moulin de ces vils intolérants en leur faisant de la publicité, les média s’en chargent déjà assez bien en les mettant sous le feu des projecteurs. »

Lundi dernier, les Etats ne sont pas parvenus à s’entendre sur une répartition chiffrée et obligatoire des réfugiés, proposition portée par la Commission et soutenue par le Parlement européen. Seuls des centres d’accueil seront ouverts en Grèce et en Italie pour traiter les demandes des réfugiés. Une étape qui ne résout en rien la crise en cours.

Traductions : Jacques Vervier.

Dans le cadre du projet Europhonica qui réunit plusieurs radios étudiantes européennes, Radio Campus a diffusé mercredi, en direct de la session parlementaire une émission. Retrouvez des interviews de Michèle Rivasi et de Marie-Christine Vergiat, ainsi que des reportages et des chroniques.

#FR EUROPHONICA - Les radios libres au Parlement européen - ÉMISSION DU 9 SEPT. 2015 by Europhonica on Mixcloud

Vos commentaires
  • Le 18 septembre 2015 à 10:19, par Alain En réponse à : L’état de l’Union européenne selon Juncker

    Et le blocage de l’enquête Luxleaks qu’il organise depuis la commission en refusant de communiquer aux parlementaires les documents demandés ne va absolument pas aider. Après tout il est le symbole vivant des égoïsmes étatiques prédateurs des revenus fiscaux de leur « partenaires »

  • Le 21 septembre 2015 à 22:46, par shaft En réponse à : L’état de l’Union européenne selon Juncker

    Je trouve ridicule cette volonté de singer les Américains et leur discours sur l’Etat de l’Union surtout quand il s’agit de brasser du vent

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