La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

, par Alexandre Marin

La menace du Brexit, symptôme anglais d'un mal européen
David Cameron s’est engagé depuis sa victoire aux élections législatives dans une entreprise de négociations avec les Etats membres pour obtenir des concessions pour le Royaume-Uni dans ses rapports avec l’Union européenne. Le résultat de ces négociations conditionnera sa position lors du référendum qui pourrait avoir lieu au printemps 2016. - Number 10

Il devient assez commun de dénoncer le fantasme et les conséquences du désir de certains Britanniques de quitter l’Union européenne. Mais souhaiter, outre-manche, le départ du Royaume-Uni relève d’une tout autre illusion, ce pays n’étant pas le seul à vouloir clouer l’Europe au pilori des intérêts nationaux.

Le Brexit, mirage d’une souveraineté fantasmée et illusoire

La volonté de Brexit est en contradiction avec la frustration qui l’a engendrée : l’absence de la Grande-Bretagne au sein de la zone euro. Albion n’a guère pu faire entendre sa voix à propos de l’approfondissement de cette zone au cours de ces dernières années, alors que celle-ci a un impact important sur son économie et son commerce. Elle se sent donc de plus en plus soumise à une Union européenne au sein de laquelle elle a de moins en moins de poids. Pour autant, elle refuse d’aliéner sa monnaie, d’où la volonté de sortir de l’Union pour s’affranchir de ce qu’elle considère comme une tutelle devenue intenable. C’est ce que propose l’UKIP, premier supporter du Brexit, qui propose néanmoins un traité de libre-échange entre l’île et le continent, afin de bénéficier du grand marché que constitue l’Union, sans en subir les normes trop contraignantes.

Comme si les politiques de l’Union européenne devaient cesser, dès le départ du Royaume-Uni, d’affecter l’économie et la prospérité internes de ce pays ! La conséquence principale du Brexit sera une frustration accrue de la part de l’élite britannique de ne pas pouvoir peser sur les décisions qui affectent la vie quotidienne de ses citoyens, sans même évoquer les autres risques comme l’indépendance de l’Ecosse, ou l’obligation de l’Angleterre de dégrader considérablement ses standards sanitaires, sociaux, et environnementaux, pour garder un semblant de compétitivité économique.

Un traité de commerce n’arrangerait rien. Certes, dans la théorie du droit international, les Etats négocient d’égal à égal avec les autres Etats ou organisations internationales (comme l’Union européenne). Toutefois la réalité pratique est quelque peu différente : une puissance économique moyenne comme le Royaume-Uni ne sera évidemment pas en mesure de négocier d’égal à égal face au géant économique qu’est l’Union européenne, surtout lorsque la bonne santé économique de l’île dépend de l’Union. Pour exporter en Europe, la Grande-Bretagne devra respecter les normes communautaires. En effet, il est peu probable que l’Union accepte de les abdiquer au profit d’un Etat ayant quitté ses rangs et qui a plus besoin d’elle que l’inverse. Le Brexit n’est donc qu’un mirage, la promesse d’une souveraineté illusoire.

Le vrai dilemme britannique se pose en ces termes : soit le Royaume-Uni rejoint l’union monétaire avec toutes ses contraintes, et il pourra prendre part aux décisions qui sont prises au sein de la zone euro, soit il reste en retrait et accepte toutes les conséquences, sur son économie, de décisions auxquelles il ne pourra pas participer. Après tout, il accepte bien les conséquences de décisions prises ailleurs dans le monde, et à propos desquelles il n’a pas son mot à dire. Mais il est hors de question d’accepter qu’il prenne l’Europe en otage en essayant d’imposer aux autres sa propre vision sur l’avenir du continent, et en ne prenant que ce qui l’arrange dans l’intégration européenne. C’est pourquoi, aucune concession ne doit être accordée au profit des Britanniques, pas même sous le chantage du Brexit.

L’Angleterre et l’Europe : la poutre et la paille !

Cependant, il est tout aussi illusoire de penser que le départ des Britanniques permettra aux autres Etats d’œuvrer à une Europe politique et plus démocratique. Tout d’abord, il ne faut pas oublier que le Royaume-Uni est l’un des meilleurs élèves dans l’application du droit communautaire, contrairement à l’Allemagne, dont les instances juridictionnelles peinent toujours à reconnaître sa primauté sur son ordre juridique national, la Hongrie, qui bafoue ouvertement tous les droits fondamentaux reconnus au niveau européen, ou l’Italie, qui, bien que toujours à l’avant-garde de la construction européenne, applique souvent mal, ou trop en retard les dispositions adoptées par l’Union. Les eurodéputés britanniques sont, en moyenne, beaucoup plus assidus que leurs collègues français, et, mis à part les conservateurs et les eurosceptiques, participent pleinement à la construction du vieux continent, à l’instar du député ALDE Andrew Duff, à qui les récentes avancées de l’Union des vingt-huit doivent beaucoup. Celui-ci a d’ailleurs tenté, hélas sans succès, de créer des listes transnationales, projet qui a échoué à cause des Etats membres et du manque de soutien du PPE.

C’est pourquoi, il ne faut pas regarder la poussière anglaise en oubliant les poutres des autres pays européens. Vouloir une Europe qui ne soit, au mieux que l’extension de son modèle national, et au pire qu’un marchepied pour ses ambitions internes, est malheureusement typique de presque tous les Etats membres. On pourrait prendre l’exemple de la France, qui voudrait faire avancer l’Europe de la défense, mais refuse de céder son siège au Conseil de sécurité des Nations Unies à l’Union européenne, ou de le partager avec un autre pays comme l’Allemagne. Les ambitions françaises en termes de défense européenne semblent n’être qu’une volonté d’occuper au sein de l’Union le rôle que tiennent les Etats-Unis, au sein de l’OTAN, c’est-à-dire, celui d’hégémon militaire protégeant les autres pays de l’organisation. D’où la réticence des pays d’Europe orientale, qui préfèrent une protection américaine, plus sûre que celle assurée par l’hexagone, et ce, alors que l’Amérique affiche un désintérêt stratégique croissant pour le continent européen, au profit de l’Extrême Orient.

Cet exemple montre qu’un Brexit, loin de résoudre les égoïsmes nationaux au sein de l’Union européenne, ne traiterait qu’un symptôme, sans même toucher à la maladie. Cette maladie, c’est le déséquilibre alarmant entre la représentation des intérêts nationaux et celle de l’intérêt général européen. Il ne s’agit pas de dire que les Etats ne doivent pas défendre leurs intérêts nationaux, ce qui reviendrait à les empêcher de jouer leur rôle. L’ennui, c’est que la place accordée à la représentation de ces intérêts est démesurée. L’enjeu est donc de rééquilibrer la défense des intérêts nationaux par rapport à celle de l’intérêt commun. Pour cela, il faut tout d’abord supprimer le Conseil européen, et faire du conseil des ministres, soit un « Bundersrat » à l’allemande, soit un « Sénat » à l’américaine.

Vos commentaires
  • Le 7 septembre 2015 à 23:03, par Sissa En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    Je trouve que votre point de vue comporte de nombreuses affirmations peu étayées, et souvent franchement douteuses. Prétendre que si les britanniques éprouvent des vélléités de sortir de l’union, c’est parce qu’ils ne sont pas dans l’Euro devrait être accompagné d’une démonstration. Les réticences de la Grande-Bretagne vis à vis de l’intégration européenne, son attachement à l’indépendance nationale et son refus du fédéralisme ne datent pas d’hier. Vu les difficultés que la zone Euro traverse, on peut légitimement juger peu plausible que nos voisins d’Outre-Manche soient frustrés de ne pas en faire partie.

    Pourquoi un Royaume-Uni sorti de l’UE devrait dégrader ses standard sanitaires, sociaux ou environnemmentaux pour rester compétitif ? Mystère. Prétendre qu’il devrait toujours intégralement se plier au règles communautaires est aussi sujet à caution. >Il ne serait plus contraint, par exemple de respecter la charte des langues régionales, l’arrêt Bosman ou aurait de plus grande marge de manoeuvre dans le domaine énergétique. Il pourrait mener sa propre politique diplomatique etcommerciale. Quant aux différentes normes euroépennes, il pourrait très bien prendre part à leur élaboration, en faisant comme tant d’autres du lobbying. Les Suisses et les Norvégiens sont-ils frustrés d’être en dehors de l’UE ? Je n’en ai pas l’impression.

    Quant au couplet convenu sur les égoïsmes nationaux, il me parait un peu surréaliste. Bien entendu, les états sont égoïstes et défendent leurs intérêts ? Qui le ferait s’il ne faisaient eux-mêmes ? Et il arrive souvent que leurs intérêts ou la vision qu’ils ont de ceux-ci en raison de leur culture politique propre, soient en contradiction. C’est justement tout le problème de la « construction » européenne. C’est d’ailleurs pourquoi il est faux de penser que les allemands ont de la peine à reconnaître la primauté du droit européen : en fait, ils ne le veulent pas.

  • Le 8 septembre 2015 à 12:47, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « Prétendre que si les britanniques éprouvent des vélléités de sortir de l’union, c’est parce qu’ils ne sont pas dans l’Euro devrait être accompagné d’une démonstration. »

    Ce n’est pas exactement ce que j’ai dit. Il y a une frustration britannique à ne pas pouvoir influencer les politiques de la zone euro, zone qui s’est approfondie au cours de ces dernières années, et est appelée à s’approfondir davantage. Or, pour peser dans les décisions de cette zone, il faut en être membre, chose inacceptable pour les Britanniques. Il y a donc une tension entre la volonté de peser dans les décisions de la zone euro, et celle de ne pas aliéner de compétences.

    Cette volonté de Brexit ne fera qu’accroître la tension, car il engendrera des frustrations à l’égard de l’Union dans son ensemble, si l’envie venait à être concrétisée.

    « Pourquoi un Royaume-Uni sorti de l’UE devrait dégrader ses standard sanitaires, sociaux ou environnemmentaux pour rester compétitif ? »

    Tout simplement parce que ce n’est plus une grande puissance commerciale, il n’est plus incontournable pour les entreprises multi-nationales et pour les autres puissances économiques, qui peuvent se passer de faire du commerce et de réaliser des investissements dans ce pays. Le Royaume Uni sera donc obligé, pour faire face à une compétition économique internationale intense, de se montrer particulièrement attractif, en réduisant au maximum toute barrière tarifaire et non tarifaire au commerce et aux investissements.

    « Il ne serait plus contraint, par exemple de respecter la charte des langues régionales, l’arrêt Bosman ou aurait de plus grande marge de manoeuvre dans le domaine énergétique. Il pourrait mener sa propre politique diplomatique et commerciale. »

    La charte européenne des langues régionales vient du conseil de l’Europe, pas de l’U.E, la France ne l’a pas ratifiée. Le Royaume-Uni l’a ratifiée sans que l’U.E ne lui demande quoi que ce soit, tout comme la Suisse et la Norvège. L’U.E est quasi-absente du domaine énergétique. La Suisse et la Norvège sont soumises aux normes de l’Union, même à l’arrêt Bosman, du fait de leur grande dépendance économique vis-à-vis de l’U.E. Il suffit de voir que la Suisse a dû revenir sur le référendum sur les quotas d’Européens quand la Commission a menacé d’appliquer le même régime de quotas aux marchandises, aux services, et aux capitaux circulant entre la Suisse et l’U.E. Le Lobbying,ce n’est pas la même chose que de faire partie de l’UE, car dans le deuxième cas, on peut bloquer les décisions, ce que ne peuvent pas faire la Suisse et la Norvège.

  • Le 8 septembre 2015 à 12:47, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    La politique commerciale se fait en majorité avec l’U.E, le fait que la Grande Bretagne soit dans l’espace de libre circulation facilite grandement les échanges. Le RU peut déjà mener sa propre politique diplomatique, l’U.E étant absente sur ce sujet. Mais sa diplomatie ne pèse plus grand chose, et ils mènent depuis plus de vingt ans exactement la même politique que les USA.

    "Bien entendu, les états sont égoïstes et défendent leurs intérêts ? Qui le ferait s’il ne faisaient eux-mêmes ? Et il arrive souvent que leurs intérêts ou la vision qu’ils ont de ceux-ci en raison de leur culture politique propre, soient en contradiction. C’est justement tout le problème de la « construction » européenne."

    Dans le monde d’aujourd’hui, les Etats individuellement ne pèsent plus grand chose dans les relations internationales, ils ont de plus en plus de peine à défendre individuellement leurs intérêts, d’où la nécessité de l’Union. Un seul état n’aurait pas pu envoyer Ariane dans l’espace, l’Union européenne a pu le faire.

    Microsoft a pu être condamné par la Commission à verser une amende d’un milliard d’euros à la Commission européenne alors qu’aucun état ne parvient à lui faire payer des impôts, la fiscalité étant un domaine où l’U.E est absente. On aurait pourtant besoin d’une Union fiscale au niveau européen pour faire payer des impôts aux grandes entreprises, il y a un intérêt commun de l’Europe à ce niveau là. Mais il y a des intérêts nationaux divergents sur la mise en oeuvre de cette union fiscale, et le déséquilibre de la représentation de ces intérêts nationaux par rapport à celle de l’intérêt commun fait qu’on ne prend pas de décision, au grand dam de l’intérêt commun de l’Europe et de celui de tous les pays européens.

  • Le 8 septembre 2015 à 22:26, par Sissa En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « Tout simplement parce que ce n’est plus une grande puissance commerciale, il n’est plus incontournable pour les entreprises multi-nationales et pour les autres puissances économiques » Non la city reste une très grande place financiaire(et au demeurant la source d’une bonne part du PiB). Par ailleurs les multinationale sont présentes partout. Même en dehors de l’UE, le Royaume-Uni resterait un pays riche avec une population éduquée. Au demeurant une fuite des capitaux de la G-B aurait pour effet de faire baisser la livre donc de rendre le pays compétitif, et par conséquent de réattirer les investisseurs. Soyons sérieux, votre point de vue ne résiste pas à l’analyse : ni la Suisse ni la Norvège, ni l’Islande ne sont contraintes a du dumping social, sanitaire ou environnemental, il n’y a pas de raison que le Royaume-Uni y soit contraint.

    « Dans le monde d’aujourd’hui, les Etats individuellement ne pèsent plus grand chose dans les relations internationales, ils ont de plus en plus de peine à défendre individuellement leurs intérêts, d’où la nécessité de l’Union. » L’Union c’est bien si on a les même intérêts, ce qui est loin d’être le cas. Il est beaucoup plus efficace de s’allier sur un sujet particulier que de construire un monstre institutionnel comme l’UE. C’est d’ailleurs ce que montre l’exemple que vous donnez :

    « Un seul état n’aurait pas pu envoyer Ariane dans l’espace, l’Union européenne a pu le faire. » L’agence spatiale européenne n’est pas liée à l’Union Européenne, c’est une colaboration entre états(dont la Suisse et la Norvège)

  • Le 9 septembre 2015 à 09:13, par Sissa En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « La politique commerciale se fait en majorité avec l’U.E, le fait que la Grande Bretagne soit dans l’espace de libre circulation facilite grandement les échanges. » Comme l’UE ne pratique absolument pas une politique protectionniste vis à vis du reste du monde, le fait d’être à l’intérieur ou pas ne change pas grand chose.

    « Le RU peut déjà mener sa propre politique diplomatique, l’U.E étant absente sur ce sujet. » Et la politique étrangère et de sécurité commune ? N’est-ce pas la solidarité avec les pays baltes qui fait que les pays de l’UE refusent de condamner les cérémonies en l’honneur des Wafen SS se déroulant en Lettonie ?

    « Mais sa diplomatie ne pèse plus grand chose, et ils mènent depuis plus de vingt ans exactement la même politique que les USA. » L’inféodation aux USA est inscrite dans les traités puisque le rôle de l’OTAN y est institutionalisé.

    « la fiscalité étant un domaine où l’U.E est absente » Ce qui ne risque pas de changer puisqu’il sera toujours intéressant pour des petts pays de miser sur une fiscalité réduite.

  • Le 10 septembre 2015 à 10:09, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    La City n’est une grande place financière que dans la mesure où elle se trouve dans l’Union européenne. C’est pourquoi, elle fait pression (http://www.touteleurope.eu/actualite/elections-generales-britanniques-la-city-fait-grise-mine.html)

    Qui a dit qu’une baisse monétaire attirait automatiquement les investisseurs. C’est faire fi de l’augmentation du prix des importations, et d’une baisse des exportations, peu d’importateur achetant dans une monnaie de singe.

    La Norvège, l’Islande et la Suisse sont membres de l’espace Schengen, et ont donc ratifié les accords de libre circulation des biens, des capitaux, des services, et des personnes. Ils sont soumis à toutes les normes européennes en matière éonomique, sanitaire, environnemental, dans le domaine des transports, de l’agriculture etc. C’est pourquoi, ces pays ne sont pas contraints au dumping social, sanitaire, et social.

    Or, c’est précisément ces accords de libre circulation que rejette une partie de l’électorat britannique au prétexte que cela leur impose l’immigration intra-européenne, oubliant qu’il y a autant de Britanniques résidant dans d’autres pays de l’U.E que de citoyens de l’U.E résidant au Royaume Uni.

    Le Brexit est une menace pour l’existence même du Royaume Uni, car les indépendantistes écossais ont menacé de faire un autre référendum pour quitter le Royaume Uni pour rejoindre l’U.E si le Brexit l’emportait.

  • Le 10 septembre 2015 à 10:46, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « L’Union c’est bien si on a les même intérêts, ce qui est loin d’être le cas. Il est beaucoup plus efficace de s’allier sur un sujet particulier que de construire un monstre institutionnel comme l’UE. »

    L’agence spatiale européenne ne vit que grâce aux financements de l’Union européenne, sans quoi, elle aurait cessé d’exister. L’exemple est révélateur. La France a lancé la volonté de créer une politique spatiale commune au motif qu’aucun Etat européen n’avait les capacités pour se lancer individuellement dans la course. On a reconnu un intérêt commun. Tous les autres Etats étaient d’accord. Pas de chance, la France a voulu que dans l’opération, son industrie soit mise au premier plan, et soit favorisée par rapport aux autres. Elle a imposé des conditions dans ce dessein, qui ont semblé draconiennes aux autres pays. L’affaire a failli être enterrée. Il a fallu que la Commission s’impose dans les négociations pour inciter les pays à aboutir à un compromis. Sans les institutions européennes, il n’y aurait pas de politique spatiale commune, donc pas de politique spatiale du tout.

    On pourrait prendre des exemples similaires dans la politique d’immigration, de défense, étrangère. Quand je dis que l’U.E est absente dans le domaine de la politique étrangère, c’est qu’en matière de politique étrangère et de sécurité commune, tout se décide à l’unanimité. A défaut d’unanimité, chaque Etat mène sa propre politique.

    Les institutions européennes ne peuvent prendre en la matière que des résolutions pour condamner des cérémonies Waffen SS, les discriminations dont sont victimes certains citoyens européens dans des Etats membres, où encore l’affaiblissement des libertés publiques en Hongrie, ce qu’on ne manque jamais de lui reprocher, l’accusant de s’ingérer dans la souveraineté des Etats.

    Les politiques de l’U.E qui sont efficaces sont celles gérées de manière communautaire : l’école de la seconde chance, la garantie jeunesse, la politique environnemental, les investissements dans la recherche, etc. Les politiques qui sont défaillantes sont celles menées à un niveau intergouvernemental. La raison : les politiques communautaires se décident à la majorité, on peut les changer. Celles menées de manière intergouvernementale se décident à l’unanimité, ce qui bloque toute initiative.

    Tous les chercheurs vous diront que les budgets qui marchent bien dans la recherche sont les budgets communautaires, les budgets irréguliers, voire défaillants sont ceux menés au niveau intergouvernemental.

  • Le 10 septembre 2015 à 10:47, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « L’inféodation aux USA est inscrite dans les traités puisque le rôle de l’OTAN y est institutionnalisé. » Tous les Etats de l’U.E ne font pas partie de l’OTAN. Vous faîtes référence à l’article 42 du TFUE qui dit simplement que la politique de défense commune n’empêchera pas les Etats membres de l’OTAN de respecter leurs engagements vis-à-vis de l’OTAN. Mais la politique de défense n’oblige pas non plus ces Etats à respecter ces engagements, et elle n’oblige pas ces Etats à rester dans l’OTAN.

    On est donc loin de l’inféodation aux USA, qui, par ailleurs, se désengagent de l’OTAN. La contribution américaine au budget de l’OTAN baisse, et les soldats américains présents en Europe sont 60 000 en 2015, alors qu’ils étaient 360 000 en 1990. SI l’Angleterre a voulu mener la politique étrangère des USA, ce n’est pas l’U.E qui le lui a imposé. Les Britanniques hostiles à l’U.E reprochent à cette dernière de les éloigner des USA.

    « Comme l’UE ne pratique absolument pas une politique protectionniste vis à vis du reste du monde, le fait d’être à l’intérieur ou pas ne change pas grand chose. » Certes, mais l’U.E a des normes réglementaires assez strictes que les investisseurs et exportateurs doivent respecter, et auxquelles sont soumis la Suisse, la Norvège, et l’Islande. En cas de Brexit, les Anglais devront se soumettre à ces normes, s’ils veulent faire du commerce avec l’UE. Or, la volonté du Brexit résulte la volonté de s’extraire de ces normes.

  • Le 11 septembre 2015 à 21:01, par Sissa En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « La City n’est une grande place financière que dans la mesure où elle se trouve dans l’Union européenne. » Elle l’a été bien avant l’UE et l’est redevenu en raison des mesures la favorisant prises par les gouvernements britanniques. Les menaces de départ ne peuvent pas vraiment être prises au sérieux étant donné le coût que cel représenterait.

    « Qui a dit qu’une baisse monétaire attirait automatiquement les investisseurs. C’est faire fi de l’augmentation du prix des importations, et d’une baisse des exportations » Vous confondez la balance entre avantages et désavantages pour un pays d’une dévaluation avec l’attrait de ce pays pour un investisseur étranger. Celui qui arrive avec une monnaie plus forte va trouver moins cher ce qui est produit dans le pays, mais paiera la même chose qu’ailleurs ce qui est importé.

    « La Norvège, l’Islande et la Suisse sont membres de l’espace Schengen, et ont donc ratifié les accords de libre circulation des biens, des capitaux, des services, et des personnes. Ils sont soumis à toutes les normes européennes en matière éonomique, sanitaire, environnemental, dans le domaine des transports, de l’agriculture etc. C’est pourquoi, ces pays ne sont pas contraints au dumping social, sanitaire, et social. » Et la Grande-Bretagne n’y est pas, donc si je suis votre raisonnement, elle devrait déjà être contrainte à un tel dumping.

    « Le Brexit est une menace pour l’existence même du Royaume Uni, car les indépendantistes écossais ont menacé de faire un autre référendum pour quitter le Royaume Uni pour rejoindre l’U.E si le Brexit l’emportait. » Vu que le premier référendum a en grande partie échoué sur la question de la monnaie(le maintien de la livre aurait été impossible, la création d’une monnaie écossaise hasardeuse, et l’adoption de l’Euro à la fois difficile institutionnellement et peu attrayante dans le contexte actuel), un second aurait encore moins de raison d’aboutir. Avec une une Grande-Bretagne dans l’UE, l’indépendance de l’Ecosse peut sembler relativement anodine, mais si le Royaume-Uni est se détache de Bruxelle, alors l’indépendance de l’Ecosse devient une rupturre radicale. Je crois qu’on peut retourner votre raisonnement.

  • Le 11 septembre 2015 à 21:02, par Sissa En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    « L’agence spatiale européenne ne vit que grâce aux financements de l’Union européenne, sans quoi, elle aurait cessé d’exister. » Faux : l’apport de l’UE est e 1,8% du budget de l’agence : http://www.esa.int/For_Media/Highlights/ESA_budget_2014 Rappelons aussi que les premiers satellites lancés par Ariane datent de 1979, alors que l’UE date de 1993...

    « . La France a lancé la volonté de créer une politique spatiale commune au motif qu’aucun Etat européen » Non, plusieurs états européenns ont lancé une telle politique

    « Il a fallu que la Commission s’impose dans les négociations pour inciter les pays à aboutir à un compromis. » Dans les années 70, la commission n’était rien et n’avait certaiement pas les moyens de s« imposer dans des négociations entre états. »Les institutions européennes ne peuvent prendre en la matière que des résolutions pour condamner des cérémonies Waffen SS" Quelle résolutions ? Celle que l’ONU a prise, les états de l’UE ne l’ont pas soutenue : http://www.un.org/en/ga/third/69/docs/voting_sheets/L56.Rev1.pdf

    « Vous faîtes référence à l’article 42 du TFUE qui dit simplement que la politique de défense commune n’empêchera pas les Etats membres de l’OTAN de respecter leurs engagements vis-à-vis de l’OTAN. » En fait, c’est un article du TUE(et non du TFUE), et la formulation exacte est : « elle respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique Nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre. » Ce qui signifie clairement que l’union européenne ne peut avoir de politique étrangère inbdépendante de l’OTAN donc des USA.

    « USA, qui, par ailleurs, se désengagent de l’OTAN » Il continuent pourtant de le diriger et de l’utiliser dans un certains nombre de conflits. « les soldats américains présents en Europe sont 60 000 en 2015, alors qu’ils étaient 360 000 en 1990 » Vu le changement géopolitique qui intervient en 1990 et aujourd’hui, la comparaison n’est pas des plus pertinentes.

  • Le 12 septembre 2015 à 12:25, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    En effet, c’était l’article 42 du TUE, je m’étais trompé. Par contre, votre interprétation est erronée : vous oubliez de prendre en compte les mots « pour les certains Etat membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’OTAN ». Donc, la politique étrangère et de défense commune ne respecte les obligations que pour les Etats qui sont à la fois membres de l’UE et de l’OTAN. Rien n’est imposé aux Etats qui sont membres de l’U.E sans l’être de l’OTAN. Cela ne veut pas dire que l’Union européenne ne peut pas avoir de politique étrangère indépendante de l’OTAN.

    Par exemple, l’opération Atalante, menée par l’UE en Somalie, était indépendante de l’OTAN, de même que l’opération Artémis, menée par l’UE en République démocratique du Congo, sous l’égide du conseil de sécurité de l’ONU.

    Vous avez raison sur la part de l’UE dans le budget total de l’agence spatiale européenne. Mon chiffre ne prenait en compte que le budget des lancements de satellites. Galileo n’a pu voir le jour que grâce à la Commission : les Etats, sous la pression des USA, étaient prêts à abandonner Galileo. Seule la Commission a résisté. Galileo est crucial pour la France. Aujourd’hui, lorsque l’armée française veut tirer un missile guidé par GPS, elle doit téléphoner au Pentagone pour obtenir un signal sécurisé et une clef d’utilisation. Le Pentagone ne refuse jamais. Mais demain ?

    Autre exemple en dehors de l’Agence spatiale : Airbus. Ce qui est vanté comme une réussite intergouvernementale n’aurait jamais vu le jour sans la Commission. C’est elle qui a défendu le projet contre les USA à l’OMC, quand les Etats étaient prêts à renoncer. C’est elle qui a négoci" avec Boeing la création de ce système européen qui lui faisait concurrence en échange de son autorisation pour les fusions Boeing-McDonnell-Douglas.

    L’Europe inféodée aux USA est donc un mythe. Ce sont les Etats membres qui se sont inféodés, et c’est la Commission qui, parfois, nous sauve ou alors le Parlement européen (comme avec ACTA en 2012, où les Etats se sont pliés aux volonté américaines et signé l’accord que le Parlement européen a finalement rejeté).

    Au passage, Airbus est l’illustration des échecs intergouvernementaux où chacun défend son pré-carré national au mépris de toute stratégie industrielle.

  • Le 12 septembre 2015 à 12:38, par Alexandre Marin En réponse à : La menace du Brexit, symptôme anglais d’un mal européen

    La City a certes été une grande place financière avant l’UE, mais aujourd’hui, force est de constater qu’elle ne demeure une grande place financière que grâce à la libre circulation des capitaux.

    « Et la Grande-Bretagne n’y est pas, donc si je suis votre raisonnement, elle devrait déjà être contrainte à un tel dumping. » La Grande Bretagne est dans l’espace de libre circulation (qui concerne les personnes, les biens, les capitaux, et les services« . Les indépendantistes souhaitent qu’elle quitte l’UE pour quitter cet espace de libre circulation dans lequel sont l’Islande, la Norvège et la Suisse. L’espace Schengen est un espace de non contrôle des frontières. Ce n’est pas la même chose que l’espace de libre circulation. »Celui qui arrive avec une monnaie plus forte va trouver moins cher ce qui est produit dans le pays, mais paiera la même chose qu’ailleurs ce qui est importé." Pas nécessairement parce que celui qui exporte ne veut pas être payé en monnaie de singe. Si l’Etat d’importation dévalue sa monnaie, l’exportateur va augmenter ses prix.

    Enfin, si le Brexit aboutit, l’Ecosse risque un autre référendum qui a une plus grande chance d’aboutir. Les arguments des indépendantistes l’année dernière défendait la nécessité de « libérer » l’Ecosse pour qu’elle puisse demeurer membre de l’UE en cas de Brexit.

    L’Ecosse aurait beaucoup à perdre à un Brexit. Elle a été la première victime de l’austérité menée par Londres (le Royaume Uni a décidé seul de mener ces politiques, personne ne l’y a forcé). Ces projets d’investissement ont été coupé à sec. Ce sont les aides européennes qui permettent à l’Ecosse de pouvoir financer son système de retraite, son système éducatif et universitaire qui permet d’accéder à l’enseignement supérieur pour un prix bas. L’Ecosse a un système d’Etat providence plus développé que l’Angleterre, ce système dépend des aides européennes.

    C’est pourquoi l’Ecosse veut rester dans l’UE à tout prix.

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