Le Conseil européen fossoyeur de l’Europe ?

, par Gauthier Deloziere

Le Conseil européen fossoyeur de l'Europe ?

Après les élections européennes, plusieurs chefs d’État et de gouvernement s’opposent à la nomination de Jean-Claude Junker. Une fausse bonne idée qui ferait le jeu des eurosceptiques.

Alors qu’une grande partie de l’Europe est encore sous le choc de la percée des partis eurosceptiques aux élections du 25 mai dernier, les tractations ont déjà commencé au sein du Conseil européen pour désigner le successeur de José Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne. La victoire du Parti populaire européen (PPE) place sa tête de liste, Jean-Claude Junker, en position de favori. Cependant, de nombreuses voix s’élèvent au sein des chefs d’Etat et de gouvernement contre cette nomination. En effet, la Grande-Bretagne, la Hongrie et la Suède lui reprochent ses idées, jugées trop fédéralistes, ainsi que son statut « d’homme du passé », rédhibitoire pour réorienter l’Europe. Néanmoins, cette stratégie pourrait se révéler néfaste, dans la mesure où elle insulterait les électeurs et ne ferait qu’accentuer leur incompréhension quant au fonctionnement des institutions.

De fait, ces élections européennes étaient sensées être historiques et le symbole d’une Europe démocratique. En instaurant des têtes de liste au niveau européen, les partis permettaient aux électeurs de choisir le président de la Commission, instaurant de facto les bases d’un gouvernement européen et une légitimité à la Commission. De plus, l’incarnation du projet européen par une personnalité politique forte simplifiait la compréhension du scrutin aux yeux du peuple européen.

Ainsi, la nomination d’une autre personne que Junker à la tête de la Commission constituerait un carburant inutile pour les partis eurosceptiques. Il leur serait alors aisé de dénoncer une Europe peu soucieuse de l’avis de ses citoyens. En outre, cela entacherait la crédibilité du Parlement européen, chargé depuis le traité de Lisbonne d’avaliser le choix des chefs d’État, en le renvoyant au statut de « sous-fifre » du Conseil européen.

Ce sentiment de trahison risquerait fort d’être accompagné de celui d’incompréhension. Alors que le fonctionnement des institutions européennes reste très opaque aux yeux des citoyens, la personnification de la campagne a permis aux électeurs de se reconnaître dans les projets portés par les têtes de liste. Les tractations politiciennes menées entre les chefs d’État renforcerait alors le fossé entre institutions et citoyens. C’est assurément la dernière chose dont l’Europe a besoin.

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