Le PS s’accorde sur les grandes lignes de son programme pour les Européennes de mai 2019

, par Louise Guillot

Le PS s'accorde sur les grandes lignes de son programme pour les Européennes de mai 2019
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti Socialiste, a présenté une première version du programme du PS pour les élections européennes le 19 septembre 2018. Photo : Mathieu Delmestre - Flickr - CC BY-NC-ND 2.0

Le Parti Socialiste (PS) français, dirigé par Olivier Faure, se prépare pour les élections européennes qui auront lieu en mai 2019. Il vient de soumettre à ses militants un texte exposant les grandes lignes de son programme pour l’Europe. Ces derniers ont jusqu’au 30 septembre pour en prendre connaissance et proposer des amendements. La version définitive de ce programme devrait être adoptée au prochain Conseil national du parti qui se tiendra le 13 octobre 2018.

Rassembler largement la gauche européenne

Construire une large coalition des forces de gauche et écologistes au Parlement européen pour faire contrepoids à la montée des mouvements populistes et d’extrême droite, voilà l’objectif affiché par le PS pour les Européennes. Le programme construit pendant les mois d’été et intitulé « La gauche est l’avenir de l’Europe » décrit trois grands défis auxquels l’Europe fait face :

  • Affirmer la place de l’Union européenne dans le monde et protéger les citoyens de la mondialisation ;
  • Faire progresser l’Europe sociale et mettre en place concrètement la transition écologique ;
  • Rendre l’Union européenne plus démocratique et protectrice des droits fondamentaux des citoyens.

Dix-sept propositions pour répondre à ces défis

Le PS propose dix-sept mesures pour répondre à ces défis. Tout d’abord en matière de politique migratoire, les socialistes français proposent de réviser l’accord de Dublin et de créer une agence européenne de l’asile dans le but de construire une véritable politique d’asile commune à l’ensemble de l’Union. Cette agence devrait déterminer des critères communs pour l’octroi de l’asile, mais aussi pouvoir délivrer des visas humanitaires européens.

Le PS propose d’avancer sur l’Europe de la défense en se concentrant sur des coopérations renforcées dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la cybersécurité. Il souhaite aussi mettre en place une industrie de défense européenne commune et soutenir le développement de la recherche et de l’innovation dans ce secteur.

Pour ce qui concerne le commerce, les socialistes proposent de favoriser le développement des entreprises européennes par exemple en fléchant davantage la commande publique de l’Union et de ses Etats membres vers les acteurs économiques européens en priorité. Cela se concrétiserait au travers d’un « Buy European Act », c’est-à-dire une législation favorisant l’achat de produits et de services européens.

Le PS met en avant la nécessité de doter l’Union de nouvelles ressources propres et avance sa volonté de construire un budget de la zone Euro qui alimenterait une forte politique d’investissement, notamment dans le domaine de la transition écologique. Sur ce dernier point, le parti veut soutenir activement la transition écologique au travers d’un plan d’investissement de 500 milliards d’Euros sur cinq ans et encourager l’innovation dans le secteur des énergies renouvelables.

En matière sociale également, le PS estime que l’Europe ne fait pas assez et propose à ce titre la mise en place d’un salaire minimum dans les pays de la zone Euro afin d’accélérer la convergence des niveaux de vie et la lutte contre la pauvreté à l’échelle européenne.

Conscient des dérives dans certains Etats membres, les socialistes français invitent à systématiser les sanctions contre ces Etats qui ne respecteraient pas l’Etat de droit et les libertés fondamentales en simplifiant la saisine de la Cour de Justice de l’Union Européenne. Ils proposent également de consacrer un droit européen à l’avortement et ainsi de l’élever au rang de droit fondamental pour toutes les femmes en Europe.

La création d’un Défenseur des droits européen est aussi inscrite sur cette première version du programme sans toutefois donner plus de précisions sur son rôle et ses compétences. En effet, l’Union européenne est déjà dotée d’un médiateur européen et nous pouvons légitimement nous demander quelle serait la différence entre ces deux fonctions et s’il ne faudrait pas plutôt renforcer le rôle du médiateur.

S’agissant de la démocratie, le PS souhaite que le Conseil européen (réunion des chefs d’Etat et de gouvernement en charge de fixer les grandes orientations de l’UE) soit plus transparent et que les débats soient rendus publics. Doter le Parlement européen de l’initiative législative et accroître son rôle dans la fixation du budget et des orientations de politique économique est aussi un combat que veut poursuivre le parti pour les élections européennes de 2019.

Enfin, les socialistes français veulent renforcer le sentiment d’appartenance des citoyens à l’Union européenne et créer un véritable espace de débat public à l’échelle européenne. Ils proposent pour cela de faciliter la participation directe des citoyens en réformant et en simplifiant par exemple leur droit de pétition auprès des institutions européennes (Initiative Citoyenne Européenne, e-pétition au Parlement européen), mais aussi la création d’une chaîne d’information européenne à même de promouvoir les valeurs européennes et de soutenir la création audiovisuelle. Cette chaîne pourrait être intitulée « Voice of Europe » (voix de l’Europe), notons ici que « voix » n’est pas écrit au pluriel, l’Union européenne parlerait-elle alors d’une seule voix… ?

Rien de nouveau sous le soleil ?

Ces premières propositions, même si elles ne sont pas encore définitives, ne semblent pas renouveler fondamentalement les positions des socialistes sur les questions européennes. Elles tentent plutôt de se concentrer sur des mesures applicables sur la période de la prochaine mandature en ayant à cœur d’obtenir des résultats concrets et visibles pour les citoyens européens. Néanmoins, les mesures proposées, notamment en ce qui concerne la politique migratoire ou le domaine social, auront sûrement des difficultés à recueillir un soutien large à l’échelle européenne si nous considérons la montée des mouvements d’extrême droite qui ont des visions opposées sur ces sujets.

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