Les expatriés espagnols privés de vote

, par Olalla Pastor Del Valle

Les expatriés espagnols privés de vote
Le 20 décembre prochaine, les Espagnols sont appelés aux runes pour les élections législatives. De nombreux expatriés ne pourront pas voter. - Niccolò Caranti (CC/Flickr).

A l’occasion des élections législatives, plus de 36 millions d’Espagnols sont appelés aux urnes le 20 décembre prochain, dont presque 2 millions résident à l’étranger. Parmi ceux et celles qui ont quitté l’Espagne, le taux de participation électorale ne dépassera vraisemblablement pas 5% en raison, d’une part, de nombreux obstacles qui leur sont imposés de la part des pouvoirs publics et, de l’autre, à cause de l’actuelle loi électorale qui est appliquée par l’Etat espagnol. Cette loi électorale fut reformée en 2011 par les deux partis politiques majoritaires, causant la chute drastique de la participation électorale des expatriés espagnols.

L’une des conséquences les plus notables de la crise économique qui a frappé l’Espagne a été l’augmentation du nombre de personnes, en majorité des jeunes, qui ont dû migrer afin de trouver un emploi dans d’autres pays. Ce flux, que le Centre Supérieur de Recherche Scientifique quantifie à plus de 700 000 personnes ayant émigré, s’est dirigé principalement vers le reste de l’Europe et l’Amérique latine. La plupart de ces émigrés ayant accompli des études supérieures et possédant un niveau de diplôme élevé, ce flux migratoire a été qualifié de « fuite des cerveaux » par certaines études.

Une loi électorale liberticide

Depuis le début de ce processus, les émigrés espagnols – organisés dans des collectifs citoyens tels que « Marea Granate » depuis 2013, mouvement issu des marées d’indignés – pointent l’actuelle loi électorale, reformée en 2011 par le Parti Socialiste (PSOE) et maintenue par le gouvernement conservateur du Parti Populaire (PP). Cette loi entraîne dans le pratique la négation du droit de vote pour les Espagnols résidant à l’étranger.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes, aux élections antérieures à la réforme de la loi électorale, notamment par la mesure du « vote sous requête » ou du « vote sollicité », « voto rogado » en espagnol. Cette procédure oblige les ressortissants à entamer des démarches lourdes pour demander leur inscription sur les listes électorales, démarches non sans embuche. Sans ces démarches, pas de possibilité de voter. Le taux de participation électorale des expatriés se rapprochait de 35% avant la réforme. Après le changement législatif, il est descendu à un septième de ce chiffre, avec 5 % de moyenne.

Cette situation a été dénoncé par l’OSCE et la Plate-forme des Juristes, qui signalent comment les grands partis, qui jusqu’alors ont monopolisés la vie politique espagnole en bénéficiant d’une loi électorale leur étant largement favorable, n’ont rien fait pour restituer une situation qui prive presque 2 millions de personnes de l’un des droits le plus fondamentaux dans toute démocratie : le droit de vote.

Le mouvement Marea Granate se mobilise

Additionnellement, le mouvement social Marea Granate, a constaté les multiples obstacles que le Ministère des Affaires extérieures et de la Coopération espagnol pose aux expatriés dans ses consulats et ambassades. Par la rétention d’informations, rendant impossible l’accès aux listes électorales et, en certaines occasions, en relayant de fausses informations sur les délais et la procédure à suivre. Les listes électorales ont également été clôturées le 31 juillet dernier sans préavis du gouvernement, bloquant l’inscription de nombreux retardataires.

Les citoyens espagnols expatriés se mobilisent contre la loi électorale de 2011 et pour leur droit de vote. - Marea Granate (CC)

En plus de dénoncer ces faits, et puisque seuls 6% des expatriés sont inscrits sur les listes électorales pour ce scrutin, Marea Granate a lancé la campagne « Sauve Mon Vote » (en espagnol, #RescataMiVoto) comme moyen de rendre visible la privation de droits dont sont victimes les émigrés espagnols, à travers la transmission du vote de la part d’une personne émigrée à un abstentionniste qui, en Espagne, pourra voter pour elle.

La mobilisation de Marea Granate à travers le monde. - Marea Granate (CC)

Finalement, plusieurs mobilisations citoyennes sont annoncées dans différentes villes du monde pour dénoncer cette problématique, ainsi que pour faire monter la pression sur les différents partis politiques et les pousser à supprimer cette réforme de la loi électorale après les élections générales du 20 décembre. Cette demande s’adresse particulièrement au Parti Populaire (PP) et au Parti Socialiste (PSOE), responsables de sa mise en place en 2011.

Suivez la campagne de Marea Granate sur leur site et sur twitter. Le scrutin législatif aura lieu le 20 décembre prochaine en Espagne.

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