Origine et fin des inquiétudes sur la Grèce ?

, par Thibaut Drouet

Origine et fin des inquiétudes sur la Grèce ?
La place Syntagma porte les stigmates des affrontements entre les manifestants et les forces de l’ordre qui ont entaché les débats sur la ratification de l’accord par le Parlement grec hier. En son sein, les députés du parti majoritaire Syriza, qui a appelé à rejeter le plan, sont divisés et l’opposition semble la meilleure alliée du gouvernement Tsipras. L’accord a finalement été adopté tôt ce matin par 229 pour et 64 contre. - linmtheu

Un nouvel accord a été trouvé entre la Grèce et ses créanciers, mais est-ce la fin des difficultés pour la zone euro ? Revenons sur l’origine des problèmes de l’Eurozone et de la Grèce, sur le déroulé des événements et les propositions des Jeunes Européens - France pour éviter que l’histoire ne se répète.

Le récit d’une crise chronique

Avec la crise économique mondiale de 2008 la Grèce s’est retrouvée en grande difficulté et en a appelé à l’aide de ses partenaires européens notamment à la suite de la découverte d’un trucage de ses comptes. S’en sont suivis plusieurs plans de sauvetage mis en place par ce que l’on a appelé La Troïka (principaux créanciers de la Grèce que sont le FMI - Fonds Monétaire International - la Commission européenne et la BCE - Banque Centrale Européenne). Ces plans ont consisté à des aides d’urgence sous certaines conditions que devait appliquer la Grèce comme par exemple la revue de l’âge de départ à la retraite, la diminution du salaire des fonctionnaires et du salaire minimum, les réformes fiscales et la supression de certaines niches ou encore l’allègement de la législation du droit du travail.

Fin 2014, les électeurs grecs, las de ces mesures d’austérités ont décidé d’élire à la tête de leur Parlement le parti Syriza, parti antiaustérité mais pro-européen. Le 30 juin 2015, la Grèce devait faire face à un remboursement de ses échéances de plusieurs milliards d’euros. Sans l’argent nécessaire il lui a donc été proposé une aide financière supplémentaire, une nouvelle fois soumise à conditions. Des négociations ont donc eu lieu quelques jours avant entre le gouvernement grec d’Alexis Tsipras et la Troïka. Faute d’accord, la Grèce pouvait être déclarée en situation de défaut de paiement, voire de faillite, le pays étant dans l’impossiblité de rembourser ses dettes.

Dans la nuit du 26 au 27 juin, le gouvernement grec annonce la rupture des négociations, qi promettaient une nouvelle fois l’austérité aux Grecs. Alexis Tsipras, premier ministre grec, a immédiatement déclaré la tenue d’un réferendum le 5 juillet : « Êtes-vous pour ou contre la proposition des créanciers ? ». Dans le même temps les créanciers ont décidé de reporter de quelques jours l’échéance grecque, constatant cependant le défaut de paiement de la Grèce le 30 juin dernier, et de ne reprendre les négociations qu’après ce référendum.

Un référendum synonyme de rupture

Le 5 juillet, le résultat du référendum est tombé donnant la victoire du « non » à 60%, alors que les sondages annonçaient une légère victoire du « oui ». Depuis l’annonce du référendum les banques grecques n’ont pu rouvrir leurs portes pour éviter les retraits massifs de liquidité et le pays a du faire face à un « contrôle de ses capitaux » (blocage des sorties d’argents : espèces, virements, paiements par carte) pour limiter leur fuite. L’économie a donc gravement souffert. Sans argent, les commerces n’ont plus de clients et l’économie parrallèle comme le troc se développe rendant impossible l’entrée des recettes de l’Etat comme la TVA par exemple. La Grèce est ainsi devenue un pays à l’arrêt et ses prévisions économiques se sont effondrées.

Ce référendum devait être une confirmation de la politique de Tsipras. Cependant, cela a crispé les créanciers dans les négociations et a obligé la Grèce à « mettre de l’eau dans son vin » pour éviter une sortie de la zone euro, pour éviter le « Grexit ». En effet, beaucoup de pays se sont dits prêts à « lacher » la Grèce, excédés par ce coup de force, tels que la Finlande, l’Allemagne, les pays baltes ou la Slovaquie. Le ministre des finances grec, Yanis Varoufakis, a donc été remplacé, jugé trop ferme dans les négociations. Des compromis ont été acceptés, un accord a été signé et ratifié par le Parlement grec tôt ce matin. Au final, c’est un accord encore plus dur pour les Grecs qui a été conclu entre Athènes et ses créanciers par rapport aux esquisses de l’accord dessiné avant le référendum. La Grèce est maintenant sous tutelle et ses habitants encore plus en difficultés. C’est également la crainte que la même situation se reproduise dans plusieurs semaines tant l’économie grecque a souffert de cet épisode et tant certaines mesures la « prennent au cou ».

L’urgence de la création d’un Parlement de la zone euro

L’histoire se répète et montre encore une fois que le modèle actuel de gestion de la zone euro est dépassé. Ce mode intergouvernemental (« un pays = une voix ») avec les décisions prises à l’unanimité ne respecte ni les peuples ni l’intérêt commun. Les accords pris à huit clos ne sont en fait qu’un bras de fer entre les positions des gouvernements nationaux les plus radicaux. Dans ce cas, c’est la Grèce, épuisée et dos au mur qui n’a eu de choix que de se plier à l’offre de l’Allemagne et des gouvernements les plus stricts. Certains parlent ainsi à juste titre d’un « coup d’état économique » ou d’un second traité de Versailles.

Les Jeunes Européens appellent pour cette raison à la mise en place urgente d’un Parlement de la zone euro. Ses élus rendraient compte de leur politique et mettraient ainsi en jeu leurs mandats directement devant les électeurs européens. Ce type de structure amènerait plus de démocratie, de raison et de flexibilité dans les décisions. Des mesures demandées par les citoyens comme la taxation européenne des flux financiers, le SMIC européen, l’harmonisation des politiques fiscales et d’autres seront plus faciles à conclure et conduiront à une Europe plus juste et équilibrée. L’économie et la monnaie seront gérées en fonction de nos besoins pour une Europe qui avance.

Les Jeunes Européens ne sommes pas les seuls à lancer cet appel. C’est également la position du célèbre économiste Thomas Piketty, de nombreuses associations pro-européennes comme le Mouvement Européen ou Sauvons l’Europe, de plusieurs députés européens de tous bords et du président de la République, François Hollande, qui a plaidé pour un « gouvernement économique de la zone euro » dans son intervention du 14 juillet.

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