De la crise politique aux élections anticipées
Le gouvernement tchèque était dirigé depuis 2010 par un gouvernement conservateur à tendances eurosceptiques. Il avait à sa tête Petr Nečas qui a du annoncer sa démission en Juin 2013 à la suite d’une affaire de corruption. Vint ensuite l’économiste Jiří Rusnok chargé par le Président de former un gouvernement technique le temps d’organiser de nouvelles élections anticipées. Cependant le Parlement tchèque refuse d’accorder sa confiance au cabinet nouvellement formé et l’investiture échoue. C’est ainsi que treize jours plus tard, le 20 Août 2013, le Parlement vote son auto-dissolution afin de solliciter lui-même le vote du peuple, et cela pour la première fois depuis l’indépendance de la République tchèque en 1993.
Une victoire des sociaux-démocrates tempérée par une percée populiste
Les élections (qui se sont déroulées le 25 et 26 octobre 2013) donnent une courte victoire aux sociaux-démocrates qui obtiennent 50 sièges sur 200 avec 20,46% des voix. Vient ensuite un parti populiste contestataire, l’Action des citoyens mécontents, qui recueillent 18,65% des voix pour 47 sièges. Le parti communiste réalise un score convenable avec 14,91% des voix pour 33 sièges. Le résultat est moins brillant pour le principal parti conservateur à tendances eurosceptiques, le Parti démocrate-civique, qui s’écroule en perdant 37 sièges par rapport à la précédente législature. Il obtient ainsi 7,72% des voix pour 16 sièges. Un autre parti populiste, Aube de la démocratie directe, obtient 14 sièges et 6,88% des voix tandis que l’Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple (centre-droit) obtient un nombre similaire de sièges après trois ans d’absence au Parlement. Le parti social-démocrate n’a donc pas d’autre choix et doit former une grande coalition pour avoir la confiance du Parlement. C’est ainsi qu’il s’allie avec l’Action des citoyens mécontents et l’Union chrétienne-démocrate-Parti du peuple.
Un tournant européen assumé
Le discours du nouveau gouvernement rompt avec l’euroscepticisme des conservateurs qui l’ont précédé. On se souvient que ce même euroscepticisme avait poussé la République tchèque à ne pas signer le Traité sur la Stabilité, la Coopération et la Gouvernance (TSCG) avec le Royaume-Uni. Il semble que le nouveau gouvernement veuille engager la République tchèque sur une nouvelle voie. Tout d’abord, l’accord de coalition laisse place à une déclaration d’intention qui insiste sur le fait d’adopter une feuille de route pour l’adoption de l’euro là où on paie encore en couronnes tchèques. Paradoxalement, c’est aussi un gouvernement social-démocrate qui envisage de signer le TSCG là où un gouvernement conservateur, beaucoup plus attachée à la réduction du déficit budgétaire à court-terme, a refusé de le signer.
Lutter contre la corruption pour conforter l’idéal de démocratie.
Le principal défie pour l’actuel gouvernement sera sans doute de retrouver la confiance des citoyens en luttant contre la corruption. Ces derniers semblent en effet exaspérés par l’immixtion incessante des « affaires » dans la sphère publique. Notons également que la corruption est montrée du doigt par la Commission européenne qui accuse souvent le pays de ne pas faire une utilisation correct des fonds structurels.
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