Dans la maison Croatie, le sport est le ciment !

, par Geoffrey Lopes

Dans la maison Croatie, le sport est le ciment !
Terrain de sport

Les richesses de la Croatie sont souvent réduites aux splendeurs du paysage dalmate, laissant ainsi de côté le sport, constituant pourtant la principale fierté des Croates qui s’enthousiasment sans cesse devant les triomphes de leurs représentants sur les scènes européennes et mondiales. Comment expliquer toutefois les exploits divers et variés de ce si petit pays disposant de si peu d’habitants ?

Quelque soit la surface sur laquelle ils évoluent et le terrain qui la délimite, l’accessoire avec lequel ils jouent ou selon s’ils performent seuls ou en équipe, les sportifs croates brillent de mille éclats en obtenant de probants résultats. Car le sport, des bords du Danube jusqu’en Adriatique, est d’abord une affaire culturelle partagée par tous dont les Vatrenis ont hérité de la Yougoslavie.

Du temps de Tito en effet, à l’instar des autres régimes communistes, la pratique de tous les sports était fortement encouragée. Des organisations de la jeunesse prenaient ainsi en charge les Yougoslaves afin de leur insuffler le goût du sport, préserver leur santé, leur inculquer une bonne hygiène de vie et les entraîner infiniment pour éveiller chez eux d’éventuels talents.

Et cela fonctionnait plutôt bien avec des résultats omnisports remarquables, à l’image de l’équipe yougoslave de basket, triple championne du monde et championne olympique en 1980 à Moscou. C’est d’ailleurs dans ce sport que les Croates, nouvellement indépendants, enregistrent leur premier fait d’arme en obtenant une médaille d’argent aux jeux olympique de Barcelone en 1992. Emmené par l’éblouissant Toni Kukoč et par Dražen Petrović, l’un des meilleurs basketteurs européens de tous les temps, les Croates ne plient qu’en finale face à la « dream team » américaine de Michael Jordan.

Aujourd’hui toutefois, l’État croate n’a plus les moyens de faire du sport une priorité au regard de sa situation financière et ne parvient souvent même plus à s’occuper des complexes sportifs ou des clubs dont il à la charge. à l’image de la Spaladium Arena, salle omnisport de 12000 places construite pour le championnat du monde de handball masculin de 2009, au bord de l’abandon, ou encore des multiples clubs de football ou de basket qui ne peuvent plus rivaliser sur la scène européenne.

Les différentes fédérations sportives ne suivent plus elles non plus, privées de fons, avec de grandes difficulté à organiser des compétitions internationales, incapables désormais de faire vivre des centres de formation performants et de détecter les meilleurs talents. Malgré tout, cela n’empêche pas le moins du monde les handballeurs, emmenés par le géni Ivano Balic, de truster le haut du pavé mondial de la discipline en étant notamment double champion olympique et champions du monde en 2003.

Ajmo Hrvatska ! Aller la Croatie !

Le premier secret de la réussite croate est sans doute à chercher dans leur mode de vie. A la sortie de l’école les jeunes restent en effet, pour la plupart du temps, en extérieur à jouer sur les nombreux terrains omnisports mis à leur disposition par les municipalités. Les uns courent ensemble tandis que les autres profitent des buts de waterpolo installés sur les plages dalmates ou des paniers de basket disposés dans les parcs.

De fait, ils restent constamment rassemblés et se dépensent en sollicitant toujours l’énergie de l’autre, fondant là les prémisses de grands collectifs victorieux. Ce n’est donc pas un hasard si le sport qu’ils visent d’avantage reste le football aux équipes plus nombreuses et aux résultats non moins spectaculaires. Leurs aînés, conduits par le meneur de jeu du Milan AC Zvonimir Boban et par l’étoile du Real Madrid Davor Šuker, décrochent d’ailleurs le podium de la coupe du monde de football de 1998, en manquant de peu d’éliminer l’équipe de France de Zidane sur ces terres en demi-finale.

Le sélectionneur de cette équipe, véritable meneur d’homme et surnommé « l’entraîneur de tous les entraîneurs », Miroslav Blažević, est ainsi parvenu à tirer le meilleur de chacun de ses joueurs au profit du collectif. Il reste en l’occurrence dans la lignée de ces entraîneurs croates et plus globalement yougoslaves capables de « fabriquer des champions à partir de pas grand-chose », explique le chercheur Loïc Trégourès.

S’agissant des sports individuels, l’entraînement des jeunes talents demeure souvent effectué par l’entourage familial, avec tout autant de qualité et de rigueur. C’est notamment le cas pour Janića Kostelić, quadruple championne olympique et quintuple championne du monde de ski alpin et pour son frère, Ivića, trois fois vis champion olympique et champion du monde en 2003 de la même discipline.

D’une manière générale, tous les sportifs croates concourent à la professionnalisation et mettent toutes les chances de leur côté pour réussir. La perspective d’empocher au minimum un complément de salaire reste donc une source de motivation non négligeable et leur permet, en quelque sorte, d’échapper à l’atonie du marché du travail croate et au niveau de vie stagnant de crise en crise économique depuis l’indépendance. La persévérance et la détermination transfigurent également beaucoup dans leur caractère comme dans ceux, par exemple, des joueurs de tennis vainqueur de la coupe d’Avis en 2005 et de l’excellent serveur Goran Ivanisevic vainqueur de Wimbledon 4 ans plus tôt.

Les défis du sport croate

Le sport n’est pas un marqueur social et reste un véritable phénomène de société dans tout le pays, hyper médiatisé et générateur d’immenses stars à partir desquels les Croates s’identifient. Dès lors, l’espoir de passer de l’anonyme inconnu à l’idole adulé reste permis à force de travail. D’autant que les chaînes de télévision publiques ne ratent aucun exploit de leurs représentants en retransmettant en direct toutes les compétitions où les Croates s’illustrent, du football au Waterpolo en passant par l’athlétisme.

Car dans ce sport aussi les Croates éblouissent leurs téléspectateurs à l’image de Blanka Vlašić, double championne du monde et vis championne olympique à Pékin de saut en hauteur, et de Sandra Perković, championne olympique et du monde en titre du lancer de disque.

« Comment pouvais-je lutter, moi, hâve comme un artiste en convalescence d’un ouvrage, avec des jeunes gens pimpants et cravatés à désespérer toute la Croatie ? » Se demandait déjà Balzac dans la Peau de chagrin. Si les Croates triomphent encore avec brio, il n’en reste pas moins que le sport croate demeure confronté à quelques défis de taille.

D’abord, les grandes difficultés financières des clubs sportifs qui ne leur permettent plus pour certains de payer leurs joueurs et administrés. La corruption et la violence ensuite, fléaux qui gangrènent depuis longtemps les championnats domestiques de Croatie. Le manque d’infrastructure qui empêchent les sportifs de progresser.

Enfin, il reste à voir si les trajectoires individuelles des Ivanisevic, Kostelic ou Vlašic, tous en fin de carrière ou déjà en retraite, ont suscité des vocations perpétuant la « success story » du sport croate.

Cet article est réalisé dans le cadre de la préparation aux élections européennes. Chaque semaine, découvrez un nouveau pays membre de l’Union Européenne. Cette semaine, la Croatie est mise à l’honneur. Entrée dans l’Union depuis quelque mois seulement, ce pays riche d’histoire montre bien l’attractivité certaine de notre Union.

Vos commentaires
modération a priori

Attention, votre message n’apparaîtra qu’après avoir été relu et approuvé.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.

Ajoutez votre commentaire ici

Ce champ accepte les raccourcis SPIP {{gras}} {italique} -*liste [texte->url] <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Suivre les commentaires : RSS 2.0 | Atom