Yannick Jadot : un soldat mal armé en campagne ?

, par Jérémy Lebourgeois

Yannick Jadot : un soldat mal armé en campagne ?
CC Eric Coquelin

Après une campagne peu médiatisée, c’est donc Yannick Jadot qui est sorti vainqueur de la primaire des écologistes et représentera le parti en mai 2017. L’ancien de Greenpeace entre cependant dans la partie la plus difficile de sa campagne.

Le résultat est tombé en ce lundi 7 novembre : avec 54.25%, Yannick Jadot, député européen pour la région de l’Ouest, est donc le candidat d’Europe-Ecologie-Les-Verts à la Présidence de la République française.

Fort de nombreux soutiens, entre autres, ceux de Karima Delli, candidate au premier tour, de José Bové, de Pascal Durand (ancien secrétaire national du parti) et, faut-il le présenter, de Daniel Cohn- Bendit. C’est donc la vision d’une écologie pragmatique, qui sera représentée. Comme l’explique lui-même le candidat qui cherche à marcher dans les pas de Nicolas Hulot, longtemps pressenti pour être le rassembleur de la famille écolo en 2017 : « je pense que si nous voulons reconquérir l’électorat, c’est par la crédibilité de notre discours, la crédibilité de nos solutions, sur le climat, sur la démocratie, sur les inégalités qu’il faut peser ». Le ton de sa campagne est donné.

Après la victoire, de nouveaux défis à relever

Celui qui ne croit pas à un Président de la République écologiste en 2017 devra cependant faire face à de nombreux défis. D’une part, réunir les 500 signatures de parrainage ne sera pas chose aisée. En effet, le paysage politique d’élus locaux d’EELV a fortement diminué : il ne reste aujourd’hui plus que 270 élus sous l’étiquette écologiste ou apparentés à celle-ci. Un peu plus de la moitié donc, mais il faudra tout de même trouver 230 élus d’ici à la mi-mars.

D’autre part, il faudra mener une campagne « low-cost ». Le parti est en crise, les comptes sont au plus bas, il faudra donc faire avec l’argent versé par l’État pour les candidats ayant réuni les fameuses 500 signatures, une aide qui était de 800.000€ en 2012. Comparé aux plus de 20 millions d’euros dépensés par le PS et l’UMP en 2012 [1], le candidat devra être ingénieux et imaginatif pour réellement avoir une chance d’atteindre les électeurs face aux « machines électorales » que sont les autres grands partis.

Placer enfin l’Europe au cœur des débats pour la présidentielle

Malgré toute ces difficultés, c’est tout de même l’occasion, comme le dit Daniel Cohn-Bendit, de voir l’Europe remise au centre d’un programme, au centre du débat :

« Ce candidat d’Europe-Ecologie se différencie de tous les autres candidats de la gauche : il a une position écologique et sociale, si on veut, il a une radicalité de gauche et en même temps, il est radicalement pro-européen [...]. Donc il y a une éruption d’un positionnement pro-européen : il faut changer l’Europe, mais on ne s’en sortira pas sans l’Europe et sans un souverainiste européen [au sein de la campagne] et ça, ça peut changer la donne à l’intérieur de la gauche » [2]

Une chance pour Yannick Jadot -ou un poids, c’est selon- car le thème de l’Europe est un absent des campagnes concurrentes. Mis à part le free-rider Macron qui propose une vision réformiste de l’UE, excepté Jean-Luc Mélenchon qui appelle à sortir des traités, l’Europe intéresse peu en 2017 et cette absence pourrait aider M. Jadot à se distinguer de ses concurrents. Relancer un plan d’investissement européen, notamment dans les énergies vertes, c’est pour le candidat écologiste le meilleur moyen de redonner vie au projet européen. Investir dans la transition écologique, c’est relancer l’emploi, c’est relancer l’innovation et c’est donc, à terme, relancer notre continent. En outre, pour mieux nous protéger Yannick Jadot défend lui aussi l’idée d’une « FBI » européen, en soutenant la création d’un parquet européen capable d’enquêter sur tout le territoire de l’Union, indépendamment des barrières nationales.

Mais l’enjeu pour Yannick Jadot n’est pas de gagner la présidentielle. La perspective qu’il veut imposer n’est pas celle d’une victoire écologiste en 2017. L’enjeu, pour lui, c’est de remettre l’écologie au cœur du débat, de rassembler la famille écologiste autour de nouveaux projets et de se faire entendre auprès des Français. Yannick Jadot est donc un candidat aux présidentielles mais aussi, et peut-être surtout, aux législatives. Le candidat veut entamer aujourd’hui le rassemblement écologiste pour proposer à moyen terme un programme et une vision capables de peser lors des prochaines législatives qui auront les 11 et 17 juin 2017, soit quelques semaines après le scrutin présidentiel. Dans cette configuration, on comprend mieux pourquoi le candidat est opposé à toute alliance, que ce soit avec le PS ou avec La France Insoumise de Mélenchon.

Mélenchon, une autre épine dans le pied du candidat écologiste

Le candidat de « l’extrême gauche » a en effet convaincu nombre d’électeurs que la voix de l’écologie en 2017, c’était lui. Mais, bien servi par son discours anti-CETA au Parlement européen dont la vidéo est devenue virale sur les réseaux sociaux avec plusieurs millions de vues [3], bien servi aussi par ses sorties franches et pragmatiques sur les plateaux de télévision qui ont marqué les esprits, Yannick Jadot, le candidat écolo réaliste à la présidentielle semble combler petit à petit son déficit de notoriété. Assez pour dépasser les 5% historiques du parti ? Nous aurons la réponse le 23 avril prochain.

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