2009 année de la mémoire européenne ?

, par Sébastien Gobert

2009 année de la mémoire européenne ?

En 2009, l’Europe entière semble être prise d’une frénésie de commémorations. Chute du Mur de Berlin en 1989, création de la République Fédérale d’Allemagne et de l’OTAN en 1949 ou encore signature du traité de Versailles en 1919 : 2009 est présentée comme l’année de tous les anniversaires.

Certains remontent même très loin dans le temps : les Lituaniens fêteront ainsi le 6 juillet le millénaire de la première mention écrite de leur Etat. Et le 15 mai dernier, la chancelière allemande Angela Merkel a inauguré des expositions commémorant la bataille de Teutobourg [1], qui se déroula il y a 2000 ans.

2009, l’occasion donc de se pencher sur le passé et d’en tirer des bilans. L’occasion aussi pour les citoyens de la nouvelle Europe de revisiter leurs histoires et leurs mythes nationaux. Car vingt ans après la disparition du Rideau de Fer, l’histoire du continent fait encore l’objet d’interprétations diverses et variées. Des événements communs à tous sont encore perçus de manière nationale, voire individuelle. Mais dans le même temps, la construction européenne se renforce et la mobilité des Européens s’amplifie, notamment à travers des échanges étudiants. La nécessité de bâtir une histoire commune et porteuse d’identité se fait donc de plus en plus sentir. Mais si 2009 se présente comme une année de mémoire pour l’Europe, le sens d’une histoire européenne demeure néanmoins ambiguë.

« Une carapace de distance et d’aliénation »

L’histoire de l’Europe varie en effet d’un Européen à un autre. En fonction de l’époque et des lieux considérés, les événements qui ont marqué le continent n’ont pas la même signification pour chaque individu. La fin de la seconde guerre mondiale est un exemple criant. Pour l’Europe de l’ouest, c’est le 8 mai 1945. Pour les territoires de l’est, libérés par l’Armée Rouge, c’est le 9 mai. A cela s’ajoutent les perceptions individuelles de la capitulation de l’Allemagne nazie. Pour un Belge, c’est la victoire, la libération et le début de la réconciliation nationale. Pour un Polonais, c’est une victoire amère, le « roulement » vers l’ouest du territoire national, et le début de l’ère communiste. Pour un Suédois, c’est la fin d’une période troublée dont il a tout de même été épargné grâce à la neutralité du gouvernement. Pour un Letton, c’est la fin de l’occupation nazie et le début de la deuxième occupation soviétique. Et pour un Russe vivant en Lettonie, c’est la consécration de la « Grande Guerre Patriotique » menée par l’URSS. Et les exemples sont bien sûr multiples.

Nombre d’événements fondamentaux pour l’Europe sont donc extrêmement difficiles à apprécier d’un point de vue purement européen. Une cause déterminante de ce phénomène est à rechercher dans la construction des Etats-nations, qui rythma le XIXème siècle. La consolidation, voire la création, d’une identité nationale distincte est passée par l’invention de langues modernes, de cultures unitaires et de mythes fondateurs. L’image de l’ennemi, qu’il soit Espagnol au Portugal, Turc en Grèce ou Russe en Finlande, s’est souvent imposée comme facteur d’unité nationale. De nombreuses contributions étrangères ont ainsi été reniées pour satisfaire aux exigences de l’élaboration de cultures avant tout nationales. Ce processus d’identification à une mère patrie protectrice a fait les Etats-nations tels que nous les connaissons aujourd’hui.

Et paradoxalement, ce sont les Etats-nations, après le traumatisme des deux guerres mondiales, qui ont fait l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui. Cependant, les constructions mentales sur lesquelles ils reposent empêchent encore les citoyens européens de penser une histoire en commun. En 1999, le journaliste et historien néerlandais Geert Mak s’était lancé dans un voyage à travers les temps et les espaces de l’Europe, une démarche qu’il décrivit comme « éplucher les couches d’une vieille peinture ». Son livre En Europe, paru en 2004, présente ses efforts pour donner du sens à l’insaisissable, c’est-à-dire la dimension européenne des histoires nationales. En introduction, il indique ainsi que son périple lui a fait prendre conscience que, « génération après génération, une carapace de distance et d’aliénation s’était développée » entre les Européens.

A quoi bon se soucier du passé ?

La relation entre histoire et identité est très tenue. Il faut en effet comprendre d’où l’on vient pour savoir où aller. En particulier dans le contexte de l’Europe réunifiée, où l’histoire est toujours d’actualité dans de nombreux pays. Comme l’avait constaté Geert Mak en 1999, les Européens ne vivent pas tous au même rythme. Selon lui, « à bord des ferrys d’Istanbul, on est toujours en 1948. A Lisbonne, c’est éternellement 1956. A la Gare de Lyon à Paris, on est déjà en 2020. » Le temps ne s’écoule pas à la même vitesse partout sur le continent, ce qui accentue d’autant plus la sensibilité de l’histoire.

Aussi les rancœurs et frustrations d’hier jouent encore un rôle primordial dans les relations entre Européens. La récente campagne présidentielle slovaque a ainsi été ponctuée par des tensions politiques entre Slovaquie, Hongrie et Roumanie. En cause, la présence de minorités nationales éparpillées entre ces trois Etats, issues de l’instabilité des frontières d’avant 1945. Plus au nord, les questions récurrentes des crimes nazis contre les Polonais, des expulsés allemands de 1945 ou encore du retour à l’Allemagne d’œuvres d’art se trouvant encore en Pologne viennent régulièrement empoisonner les relations entre les deux pays. Les gouvernements nationaux eux-mêmes reconnaissent cette actualité de l’histoire. La chancelière Merkel a ainsi donné le coup d’envoi en avril 2009 à la création d’un mémorial dédié aux expulsés, un moyen de les rendre « visibles » plus de soixante ans après leur exode.

L’histoire en tant que sujet politique est de même un enjeu crucial de l’unité nationale de certains pays. Ainsi les sociétés estonienne et lettone, qui comptent respectivement environ 29% et 35% de minorités russophones, sont profondément divisées quant à l’appréciation de l’histoire nationale. En Lettonie, d’ex-légionnaires des Waffen SS défilent chaque année le 16 mars pour rappeler leur engagement contre les troupes soviétiques. Chaque année, des vétérans de l’Armée Rouge et des groupes antifascistes tentent de bloquer le cortège. Quant à la question de savoir si les Légionnaires étaient des collaborateurs volontaires avec l’occupant nazi ou des héros nationaux luttant pour l’indépendance du pays ; aucun accord entre historiens n’a été trouvé à ce jour. Chez le voisin du nord, les désaccords à propos de la seconde guerre mondiale ont été exhibés de manière spectaculaire en avril-mai 2007. En réaction au déplacement d’une statue de bronze d’un soldat soviétique pleurant ses compagnons morts au combat, de violentes émeutes ont ravagé la vieille ville de la capitale Tallinn pendant quelques jours.

Vers une européanisation de l’histoire

Dix ans après le voyage de Geert Mak, et après les adhésions de douze nouveaux pays à l’Union Européenne (UE), que peut-on donc dire de la conscience qu’ont les Européens de partager une histoire commune ? Malgré des divergences structurelles encore palpables, des initiatives significatives illustrent une toute nouvelle manière de concevoir l’histoire. Revenons à la commémoration de la bataille de Teutobourg. En l’an 9, trois légions romaines conduites par le général Varus furent décimées par une alliance de tribus germaniques conduites par le jeune chef Arminius. Cette victoire, qui stoppa l’expansion romaine en Grande Germanie, a longtemps été considérée par les historiens allemands comme première étincelle de la conscience nationale, et firent d’Arminius un des pères fondateurs de la nation. En 2009, cette dimension s’est effacée, et les expositions actuelles mettent en avant la dimension européenne de l’événement, présenté comme l’un des moments structurants de l’histoire du continent.

Cette approche rénovée de l’historiographie nationale s’était déjà concrétisée auparavant. En janvier 2003 fut ainsi lancée l’initiative franco-allemande de rédaction d’un manuel d’histoire commun aux élèves de lycée des deux pays. Mené par des groupes d’historiens et d’enseignants des deux pays, le projet ne visait pas à imaginer une histoire franco-allemande, mais à analyser les traits communs d’une histoire collective. Le premier tome, dédié aux élèves de Terminale, a été publié en mai 2006 sous le titre Histoire/Geschichte. Il s’est déjà vendu à plus de 75 000 exemplaires des deux côtés du Rhin. Le manuel de Première est disponible depuis avril 2008, et celui de Seconde devrait être achevé courant 2009.

En mars 2007, c’était Annette Schavan, la ministre allemande de l’éducation, qui réunit à Heidelberg ses homologues européens pour discuter de la possibilité d’un manuel d’histoire européen, d’après le modèle franco-allemand. En attendant la concrétisation de ce projet, ce sont les gouvernements allemands et polonais qui annoncèrent, en octobre de la même année, leur volonté de réaliser un manuel d’histoire commun. Les premiers exemplaires devraient être disponibles d’ici 2011. De leur côté, des historiens slovaques et hongrois débattent des possibilités de réconciliation des deux histoires nationales. Même si certains dénoncent dans ces initiatives le risque de voir naître une histoire européenne édulcorée, vidée de tout élément sensible ou litigieux, la construction d’une histoire proprement européenne, libérée du prisme des interprétations nationales, voire nationalistes, fait son chemin.

L’histoire, enjeu idéologique du XXIème siècle ?

Presque comme un écho, la Russie a de même entamé un travail d’actualisation de son historiographie. L’approche semble cependant différente. Le 15 mai 2009, le président Dimitri Medvedev a ainsi nommé une commission pour lutter contre « la falsification de faits historiques dont le but serait de nuire au prestige international de la Fédération de Russie. » Sur les 28 membres de la commission, seuls deux sont effectivement historiens. Et les travaux seront diriges par… le chef de l’administration présidentielle, Sergei Naryshkin. Tout indique que le but de cette instance sera de développer une vision officielle de l’histoire qui mettra l’accent sur l’épisode glorieux de la « Grande Guerre Patriotique » et la libération de l’Europe, en omettant allègrement les pages sombres de l’histoire soviétique. Une réorientation de l’histoire qui servirait des fins politiques et diplomatiques.

Dans le même temps en effet, la Douma - le Parlement russe - est en train d’étudier une proposition de loi visant à contrer la « réhabilitation du nazisme » dans les anciennes républiques soviétiques. Si la loi entre en vigueur, le gouvernement russe pourrait être ainsi à même d’imposer des sanctions politiques ou économiques à l’encontre de pays tels que l’Ukraine ou les Etats baltes, déjà perçus comme des « falsificateurs de l’histoire. » Le passé pourrait ainsi devenir un moyen de pression politique dans un futur proche.

Enjeu citoyen, identitaire et diplomatique, l’histoire européenne est à l’image de l’Europe d’aujourd’hui : sa diversité est à la fois sa plus grande faiblesse et sa plus grande richesse. Les enjeux historiques sont appelés à jouer un rôle prépondérant dans les années à venir, et « l’année mémorielle » 2009 n’en est qu’un exemple. Comme l’écrivait Geert Mak, chaque Européen porte en lui, qu’il le veuille ou non, l’histoire du continent. Aux Européens de décider ce qu’ils veulent en faire.

Illustration : Le monument de la Victoire à Riga, Lettonie

Source : Photo de Sébastien Gobert

Notes

[1ou Varusschlacht en allemand

Vos commentaires
  • Le 30 mai 2009 à 14:00, par Ph En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Un bon article et à la fin, patatra !!! « Riga, Estonie .... » Non, mais c’est pas possible. Quand va-t-on enfin comprendre que les Pays baltes ne forment pas un seul et même pays !!! Riga, c’est la capitale de la Lettonie !

    Philippe, de Vilnius, au Lituanistan

  • Le 30 mai 2009 à 14:20, par Jacques En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Excellent article. Aux Européens de décider ce qu’ils veulent en faire, conclut-il. Pourquoi la réponse est-elle devenue si peu évidente ? Pourquoi la tentation de la zizanie plutôt que de l’union est-elle si présente ? Grande est la responsabilité de ceux qui ont semé et sèment des fleurs de discorde, pour de bien mesquins – sinon personnels – profits. Que voulons-nous faire de notre histoire ? Pour moi, la réponse va de soi : un immense bouquet aux multiples couleurs, mélange de fleurs des champs et de fleurs de jardins, de celles qui ont fait tantôt la grandeur et tantôt la ruine de l’Europe, des fleurs rayonnantes de beauté et d’autres tout aussi belles de l’enfer de nos vilénies… Ce sont toutes ces fleurs qui constituent notre passé commun. Un bouquet à nous offrir mutuellement, nous peuples d’Europe qui nous sommes frottés les uns aux autres au cours de notre si longue histoire. Un bouquet que nous puissions admirer chacun avec des yeux et des sensibilités qui différent selon nos parcours. Puis, l’admirant, sans renier le passé qui nous a construit, mais en le dépassant, décidons résolument de regarder ensemble vers l’avenir. Et que nos enfants, et les enfants de nos enfants puissent apprécier demain à sa juste valeur la richesse de notre bouquet.

  • Le 30 mai 2009 à 16:16, par Laurent Nicolas En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Mea Culpa. Cette erreur n’est pas le fait de l’auteur : c’est moi, en faisant la mise en page tard cette nuit qui ait mélangé les capitales. Je comprends votre agacement : à mon retour de mon année d’Erasmus à Ljubljana, je devenais excédé par des remarques du genre « alors la Slovaquie, c’était comment ». Je vous prie de croire que l’erreur vient de l’heure tardive à laquelle l’article a été mis en page pour sa publication internet, et qu’elle ne remet nullement en cause la compétence de l’auteur.

    Laurent Nicolas, rédacteur en chef du Taurillon.org

  • Le 30 mai 2009 à 16:16, par Laurent Nicolas En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    p.s : l’erreur a bien été rectifiée, immédiatement à la lecture de votre commentaire

  • Le 31 mai 2009 à 08:01, par Martina Latina En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Merci pour cet article et pour les réactions qu’il suscite. De fait, pour éviter que les Européens freinent des quatre fers l’aventure qui est la leur, qui est certes leur chance de résoudre les crises, mais qui ne va pas de soi, ce n’est pas seulement l’histoire qu’il faut « européaniser » : ce sont d’abord des sources aussi proches que lointaines, aussi précieuses qu’abondantes, que les citoyens européens doivent se réapproprier en toute conscience, car elles contiennent leurs ressources les plus vitales et les plus constantes.

    Comme le sait bien le TAURILLON homonyme de la monture qui transplanta en Crète la Phénicienne Europe avec ses trésors de communications (nautiques et alphabétiques) au seuil de la civilisation, notre richesse tient sans doute en profondeur dans notre nom d’EUROPE, dans sa symbolique toujours en cours de réalisation, dans sa signification à rendre enfin claire, familière et vivante : « la vaste vue ».

    Oui, nous sommes responsables de l’histoire : non seulement son étymologie qui la rapproche de l’enquête rappelle la nécessité de la mémoire et de la clairvoyance, mais de plus nous sommes tous ses acteurs, modestes autant qu’irremplaçables. Prenons donc un peu de hauteur sur nos tracas étroits et quotidiens. Certes, selon Henry Miller, « on ne devient pas Européen en une nuit » ; mais, d’après le Tchèque Richard Falbr qui sillonne les routes de son pays meurtri, apparemment tétanisé, par l’histoire pour l’éveiller d’urgence à la dimension européenne, notre continent ne ressemble à aucun autre : ce Député européen affirmait hier en substance dans les actualités de la chaîne ARTE que le dialogue était dès l’origine, définit encore et demeure pour l’UNION EUROPEENNE la clé des projets comme des réussites, par la concertation et par la synergie. Oui, nous les EUROPEENS pouvons pousser l’histoire ensemble en avant, même par grand vent.

  • Le 31 mai 2009 à 16:47, par Philippe En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    No problemo Nicolas. Je comprends tout à fait que quand il se fait tard, on fasse de regrettables mélanges. Ceci dit, je n’ai réagi que parce que c’est une erreur trop courante et que sur bien des points, on constate que les Pays baltes sont encore loin d’avoir pénétré les mémoires européennes.

    Sébastien a eu le bon goût de souligner que le 8/9 mai 1945 n’avait pas la même signification pour tous les Européens et il rend ainsi hommage à une partie de l’héritage européen qui est trop souvent négligée. Si on fête la fête de l’Europe le 9 mai à Bruxelles, c’est difficile de la fêter de la même façon sur les bords de la Neris (au passage, c’est pour ça que je suis sceptique sur les possibilités d’en faire une date fériée dans toute l’UE comme proposée mainte fois par les JE).

    D’ailleurs, l’édito du dossier 1989 avant 1989 de Nouvelle Europe qui sort demain soir sera consacré à ce sujet :-) Merci de m’avoir donné l’idée.

  • Le 31 mai 2009 à 20:15, par Ronan En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Ne pas confondre néanmoins Histoire et Mémoire.

    Si l’Histoire est souvent la relation scientifique des faits (autant que faire ce peu...) (tout du moins, essayer...) la « Mémoire » est souvent l’instrumentalisation politique caractérisée de certains faits soigneusement mais arbitrairement sélectionnés pour leur donner un sens idéologique marqué (national, religieux, de classe, etc) dans le but de renforcer la cohésion d’un groupe humain, en pointant du doigt le conflit avec l’altérité. Sous la forme de mythes nationaux, par exemples.

    Ainsi, on nous dit plus haut que les Allemands vont - cette année - fêter la bataille de Teutoburger wald. Fort bien, qu’on nous rappelle alors que l’Hermann en question (le "Vercingétorix" germanique...) eut longtemps des grades dans l’armée romaine, que c’est donc un ancien "collabo" passé tardivement à la "résistance" (mais bientôt trahi par certains de ses frères germaniques soucieux de se rabibocher rapidement avec les intérêts romains...).

    Qu’on nous rappelle également que celui-là qu’on nous présente parfois anachroniquement comme le prototype de la germanitude en gestation (et d’une Allemagne dont il n’eut lui-même jamais conscience...) dirigeait alors une confédération militaires de tribus germaniques parmi lesquelles les Sicambres, ancêtres directs de ce roi Clovis au parler sans doute plus proche que d’autre chose de l’actuel néerlandais - mais dont certains font néanmoins - sans rire - le père de la nation France.

    Où l’on découvre que l’ "identité nationale" est une fiction à statut officiel, élaborée au forceps dans des officines gouvernementales : un mensonge imposé au bon peuple comme vérité idéologique d’essence quasi divine. Ah, sentiment d’appartenance, énième forme politique du lavage de cerveaux : que d’âneries proférées en ton nom ! (nos ancêtres les Gaulois...).

    L’Histoire livrée aux politiques, pire encore que l’ignorance...

  • Le 1er juin 2009 à 02:10, par Laurent Nicolas En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    La mémoire peut avoir un rôle social différent d’une instrumentalisation politique. La mémoire peut servir de lien, peut créer de l’identité sans que cela ne soit nécessairement du nationalisme ou du fanatisme religieux : ce concept n’est pas non plus « tout noir ».

  • Le 1er juin 2009 à 09:15, par Ronan En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    La mémoire peut servir de lien, peut créer de l’identité.

    C’est surtout du pipeau. Une fois de plus, tout ça, ce n’est pas de la politique, c’est de la métaphysique.

    Il n’est nul besoin de lien psychologique d’une telle nature identitaire pour créer une communautée de citoyens vraiment libres.

    Je ne comprends pas qu’on veuille à tous prix à ce point persister dans ces erreurs - a priori « sympathiques », car « romantiques » ?! - du XIXe siècle.

    Essayer d’unir les gens par de belles légendes et par des mensonges officiels agréables à la lecture des âmes romanesques (et plus encore pour les tenants du pouvoir et de leurs scribouillards propagandistes) : ah, la belle trouvaille !

    A quoi bon essayer de construire l’Europe sur des critères démocratiques si l’invention - fort opportune - d’un « héros-ancêtre » mythologique vient demain donner un sens - voire politiquement légitimer - une construction de type identitaire ?!

  • Le 1er juin 2009 à 16:19, par Laurent Nicolas En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Il me semble que des décennies de recherche en sciences sociales, depuis Levi-Strauss jusqu’à nos jours, ont bien montré l’importance de multiples formes de lien entre des individus d’une même communauté. Une partie de ces liens échappent à la raison : ils sont du symbole, de la représentation. La mémoire collective, la référence à des mythes fondateurs (la Genèse, la Libération...), joue également ce rôle d’unification, qui crée des repères communs pour les individus d’une communauté. Pour autant, la mémoire comme tout autre élément participant de ces liens symboliques, ne sont pas uniquement le résultat d’un travail de détournement d’une quelconque autorité. Ce ne sont pas « les méchants qui nous gouvernent » qui imposent à eux seuls ces références, ces symboles. Certes un pouvoir politique, religieux (...) peut tenter à un moment donné d’influencer ces représentations, cette mémoire par exemple par l’enseignement, par des lois... mais ils ne sont pas les seuls à la définir : il ne suffit pas de voter une loi réhabilitant la colonisation pour réhabiliter la colonisation. Les individus ont une grande capacité de réaction, de résistance comme disait Bourdieu, face à ces tentatives d’influence.

    Tous les extrêmes tombent dans le piège facile de la paranoïa, de ces forces qui nous dépassent et nous poignardent dans le dos. Essayons d’élever un peu le niveau de réflexion.

  • Le 1er juin 2009 à 17:18, par Ronan En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Ces mythes n’ont véritablement d’intérêt que pour ceux qui veulent absolument y croire. Ils ne participent qu’à un processus d’autopersuasion collective. On est là en plein délire psychologique, sinon dans l’hallucination collective idéologique librement consentie. Que ce processus se fasse effectivement librement (voire soit souhaité) ne doit pas interférer sur le jugement à l’égard d’un processus fondé sur une base scientifique souvent erronée, sinon nulle voire mensongère.

    L’Histoire (en tant que science et étude des événements du passé), Oui. La mémoire (en tant que « story telling » pour faire pleurer dans les chaumières ou mieux manipuler des masses évidemment consentantes...), Non.

  • Le 1er juin 2009 à 18:05, par Laurent Nicolas En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Tu défends un point de vue qui revient à exprimer la suprématie de l’Histoire face aux autres sciences sociales, ce qui une fois de plus me semble un raccourci un peu simpliste. Il n’y a pas d’un côté La Science, l’Histoire, et de l’autre, des explications (anthropologiques, sociologiques, ethnologiques...) qui sont en fait des masques pour des processus d’exploitation des faits historiques.

  • Le 1er juin 2009 à 18:13, par Philippe En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Back to basics : RICOEUR, P., Histoire, Mémoire, Oubli publié en 2000 si je ne me trompe. Fondamental sur cette question.

  • Le 1er juin 2009 à 19:11, par Laurent Nicolas En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Effectivement cet ouvrage permet une bonne compréhension des problématiques et des enjeux, sociaux ou politiques, qui découlent de ces notions centrales à toutes les communautés humaines.

  • Le 3 juin 2009 à 07:09, par Martina Latina En réponse à : 2009 année de la mémoire européenne ?

    Retournons donc à nos sources et nos classiques...

    Avec l’histoire comme tremplin, avec au coeur le mythe d’Europe comme vibrant moteur, les Européens sont capables de prendre conscience de leurs traversées passées, de prendre en main leur aventure présente, de garder le cap sur la justice et sur la liberté : bref d’harmoniser, pour leur navigation préfigurée par un TAURILLON méditerranéen qui fut moins le ravisseur d’EUROPE que le créateur de L’EUROPE, leurs manoeuvres et leurs cordages, leurs oeuvres et leurs images, mais surtout l’avenir et leur BIEN COMMUN.

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