Autant de signes encourageants par rapport à l’année 2011 où le navire européen avait véritablement frôlé le naufrage. Cependant, même si l’année qui vient de s’écouler n’est pas aussi catastrophique que celle qui l’a précédée, les quelques réalisations citées sont loin d’être suffisantes.
L’accalmie sur les marchés financiers, en grande partie due au rôle de la Banque Centrale européenne, à l’élargissement du plan d’aide aux pays les plus en difficultés comme la Grèce voté par l’Allemagne et à la mise en place du Mécanisme européen de Stabilité, est toute relative.
D’abord parce que la Banque Centrale qui n’a conformément à ses statuts qu’un rôle de régulateur de l’inflation ne pourra pas éternellement jouer le rôle de pompier, en tout cas pas dans sa forme actuelle. Ensuite parce que le nouveau Traité budgétaire voté cette année n’est en réalité qu’un renforcement des critères de Maastricht. Le niveau maximale de la dette publique et le déficit budgétaire annuels sont limités, exactement comme c’était le cas dans le Traité signé il y a bientôt vingt ans. La différence ? Le niveau des sanctions a été renforcé. Rien de bien nouveau malheureusement, rien de bien original, rien de bien innovant. Pire, ce sont les Etats qui voteront les éventuelles sanctions, ils seront donc juges et partis, vieille contradiction d’un système inter-gouvernementaliste qui n’en finit plus de démontrer son inefficacité. Le Mécanisme européen de Stabilité(MES) enfin, mis en place en septembre, et dont le rôle sera de prêter et de garantir la dette des Etats menacés est un facteur de stabilisation certain mais malheureusement insuffisant. Le montant des crédits qui lui a été alloué est bien trop faible pour garantir pleinement les dettes de la Grèce, du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie sans parler des Etats-membres d’Europe centrale et orientale. En cas d’affolement des marchés, le MES ne pourrait pas à lui seul rétablir l’équilibre.
Les avancées de cette année 2012 sont donc mineures. Nos dirigeants colmatent provisoirement les brèches mais ne construisent pas pour autant un navire européen plus solide. Pourtant, les perspectives de long terme sont mauvaises : l’année 2013 est annoncée comme désastreuse pour l’économie européenne, les entreprises qui réussissent sont pour la plupart celles dont les marchés sont situés en dehors de l’Union. Le taux de chômage et en particulier chez les jeunes de moins de 25 ans est tout simplement intolérable et le climat social se dégrade fort logiquement. Cette poudrière sociale fait le lit de partis et mouvements archaïques qui prônent le repli sur soi et des solutions catastrophiques telles que la sortie de l’euro et le retour à une monnaie nationale. Mais ce qu’il y a de plus inquiétant c’est un sentiment de lassitude et de résignation qui se répand dans la population, le sentiment que tout est joué et que nous n’avons plus qu’à accepter notre sort, l’idée que l’Europe décline.
Oui, l’Union européenne est confrontée à des problèmes de long terme dont elle n’arrive pas à trouver les solutions adéquates : problème de leadership récurrent mis en lumière par des réunions entre les chefs d’Etats et de gouvernements qui débouchent régulièrement sur des échecs, problème de compétitivité de l’économie européenne, problème de solidarité entre les Etats les plus riches et les Etats les plus pauvres, problème de crédibilité de sa diplomatie sur la scène internationale. Toutes ses difficultés sont identifiées par nos dirigeants qui ont choisi une nouvelle fois en 2012 la solution de l’inter-gouvernementalisme pour les résoudre, solutions décrites plus haut qui débouchent sur des demi-mesures et un triste manque d’ambition. Ils ne font pas confiance aux institutions européennes trop peu populaires auprès des citoyens et refusent de les renforcer. L’exemple du budget européen est, entre autres, très révélateur, à l’heure où il faudrait considérablement le renforcer, beaucoup de chefs d’Etat, le Royaume-Uni en tête exigent sa diminution drastique.
Il est vrai que dans l’état actuel des choses, le peuple européen juge les institutions européennes trop technocratiques et inefficaces et bien réformons les !
2013 sera une année extrêmement importante car elle est une occasion unique à un an des élections européennes de lancer le processus de réforme vers une intégration politique de l’Union européenne. C’est ce projet de fédéralisme européen qu’il nous faut porter, projet capable de susciter l’enthousiasme, l’adhésion et de raviver l’espoir. Nous souhaitons donner à l’Union européenne les moyens de protéger ses citoyens par une réforme de grande ampleur de ses institutions et de ses compétences : l’élection d’un Président de la Commission qui sera réellement responsable devant le Parlement européen et une chambre représentant les Etats. Ce président dirigera un véritable gouvernement de l’Union qui aura la possibilité de mener une politique économique et environnementale ambitieuse au niveau européen, de mettre en place des programmes de solidarité, de diriger une diplomatie, une police et une armée européenne. Si nous ne lançons pas se processus de long terme maintenant, nous prenons le risque d’un enlisement de l’Union et d’un prolongement de la crise qui aurait des conséquences catastrophiques.
Les idées de réformes de l’Union ne nous manquent pas, il faudra cependant que ces réformes soient approuvées par les citoyens et suscitent pour cela un engouement populaire ainsi qu’une volonté politique forte de la part de nos dirigeants. C’est à nous, organisation de jeunesse de la société civile de nous mobiliser pour que malgré les perspectives inquiétantes auxquelles nous sommes aujourd’hui confrontées, ces deux facteurs si essentiels puissent émerger. En ce début d’année n’ayons pas une attitude résignée mais au contraire ouverte et combative.
Le Prix Nobel de la Paix récemment attribuée à l’Union récompense plusieurs générations de grands défenseurs de la cause européenne et va nous permettre de tourner une page. Le projet européen nous a permis de vivre en paix, nous ne l’oublions pas, mais pour sortir de la crise et avancer, il nous faudra aller plus loin. Il nous faudra démontrer que l’Europe c’est d’abord un vivier d’opportunités pour notre génération et un outil de lutte efficace de lutte contre le chômage. Il nous faudra prouver que l’identité européenne existe bel et bien et que nous pouvons ensemble former une Union qui nous permette de mieux vivre au quotidien. Il nous faudra convaincre au niveau local, au plus proche des populations que les réformes que nous proposons sont les bonnes. Le futur de l’Union se joue à Bruxelles et dans les capitales, il se joue aussi et de manière tout aussi importante lors de nos actions de rue, de nos interventions « Europe à l’école », ou des articles que nous publions dans ce magazine en ligne.
Le défi qui s’offre à nous en 2013 est immense mais extrêmement motivant. Retroussons nos manches et mobilisons-nous ! Les Jeunes Européens-France et toute l’équipe de la Rédaction du « Taurillon » vous souhaitent une très bonne nouvelle année au service de l’Union européenne !
1. Le 2 janvier 2013 à 21:42, par Jérôme En réponse à : 2013, mobilisation générale !
« Nous souhaitons donner à l’Union européenne les moyens de protéger ses citoyens par une réforme de grande ampleur de ses institutions et de ses compétences »
Protéger les citoyens passe aussi par donner du travail à tout le monde qui en veut.
Et pour ça il faudrait débattre.
Il y a plusieurs pistes.
Qui sont débattuent au Parlement européen.
Le tout est de trouver ces débats. Et ces idées.
Par exemple on a l’idée suivante :
Disons qu’un chômeur reçoit 50 000 € de l’Etat. Si on dit que l’Etat donne 50 000€ à chaque entreprise qui embauche un chômeur, on résout le problème du chômage.
Pour que l’Etat joue son rôle de redistributeur pour lutter contre les inégalités. Il faut de la croissance. Donc plus de compétivité, éfficassité, productivité. Tous les mots en té.
Ici des débats peuvent se poser sur les modes de production. Comment travaille-t-on en Europe ?
Comment calcule-t-on la valeur ajoutée d’un travailleur ? Ce qui détermine son salaire.
Et donc comment créer plus de valeur ?
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