Quand le ministre français des Affaires étrangères Robert Schuman propose, le 9 mai 1950, de mettre en commun les productions de charbon et d’acier françaises et allemandes sous une autorité commune, il s’agissait à la fois de rendre la guerre matériellement impossible dans une Europe sortie exsangue de la Seconde Guerre mondiale en 1945, mais également de s’affirmer face aux puissances de l’époque.
À travers le traité de Paris signé le 18 avril 1951, la Communauté européenne du charbon et de l’acier a jeté les bases du plus grand projet d’intégration des peuples et des États de l’histoire européenne. Pour Schuman, il s’agissait de réaliser “les premières assises concrètes d’une Fédération européenne indispensable à la préservation de la paix”.
Comme en 1950, l’Europe sort aujourd’hui d’une catastrophe humaine et économique, et doit affronter des superpuissances de plus en plus offensives.
Le fédéralisme est le bon mot pour désigner l’organisation politique la plus efficace pour conjuguer respect des différences, démocratie et puissance commune. Il n’est pas un gros mot. Quatre êtres humains sur dix vivent aujourd’hui dans une fédération, et les plus grandes d’entre elles sont également celles qui ont le potentiel économique, culturel, diplomatique ou militaire pour influencer le cours des affaires du monde.
À l’international, la Chine et la Russie avancent leurs pions sans complexe, les États-Unis redéfinissent leurs engagements, et nos armées se préparent à des conflits de haute intensité encore impensables il y a dix ans, alors que nous sommes littéralement en guerre en Afrique et au Levant. Dans le même temps, les Européens demandent à leurs dirigeants de les protéger face aux crises sociales, sécuritaires, sanitaires, économiques que nous affrontons à l’intérieur.
Après la guerre sanitaire, comment relever ces défis ? En réformant profondément l’Union européenne, dans un sursaut fédéral qui sera le seul à même de garantir à la fois la coexistence pacifique et la prospérité de nos États, et d’affirmer une puissance européenne crédible quand elle défend sur la scène internationale ses valeurs de démocratie, de liberté, de paix, et son modèle social.
Concrètement, dans tous les domaines où le niveau européen est le plus efficace, mettons en commun nos ressources sous l’autorité des représentants élus par les citoyens européens, comme l’acier et le charbon, il y a 70 ans.
C’est à l’Union européenne de prendre en charge la défense de notre continent, les opérations militaires extérieures, la diplomatie, les engagements internationaux, la recherche, l’innovation, le changement climatique, la lutte contre le terrorisme ou la fraude fiscale, la gestion des crises majeures. C’est aux États et aux collectivités qui composent notre Union, libérées de ces compétences coûteuses et mieux exercées en commun, de se consacrer à la solidarité, la culture, l’éducation, la sécurité de proximité, l’aménagement du territoire, la démocratie locale ou la transition écologique au quotidien pour tous les Européens.
Une telle structure est possible en affectant des ressources nouvelles à l’Union européenne, payées par exemple par les pollueurs et les grandes entreprises du numérique, qui donneront aux États des marges de manœuvre attendues par leurs concitoyens. La mutualisation des compétences au niveau européen permettra également des gains d’efficacité grâce auxquels les États seront à même de proposer à leurs citoyens des services publics à la hauteur de leurs attentes.
La Conférence pour l’avenir de l’Europe lancée en avril dernier est une chance et tous les citoyens, toute la société civile, doivent s’en saisir. L’ampleur des réformes nécessaires implique toutefois que cette consultation populaire ne s’arrête pas avec la fin de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, mais se poursuive au-delà, pour ne pas rater cette occasion historique de reprendre le contrôle du cours de l’Histoire en Europe et dans le monde.
2021 est le nouveau 1945 : Ne soyons pas naïfs, soyons fédéralistes.
*Mouvement non partisan issu de la Résistance et fondé en 1946 à Paris, l’Union des fédéralistes européens a activement participé au lancement de la construction européenne. Ayant pour objectif la création d’une fédération européenne, l’UEF France en est la section française.
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