Dans le centre-ville de Hong Kong, de nombreux indices rappellent l’importante présence française. Sous la carte du réseau des tramways, l’un des transports emblématiques de l’île, 4 lettres sont inscrites que tout francilien peut reconnaître : RATP. En effet, la régie autonome des transports parisiens assure depuis 2009 l’exploitation des iconiques et historiques tramways. C’est l’une des 750 entreprises françaises s’étant installée dans cette ville chinoise.
De nombreuses entreprises
Il suffit de marcher quelques minutes dans les rues de Hong Kong pour prendre conscience que les entreprises françaises sont partout, ou presque ! Bien sûr, certaines banques françaises se sont implantées dans ce centre financier. C’est le cas notamment de la Société générale ou du Crédit agricole. L’assureur AXA quant à lui a sa propre tour dans le quartier de Kwun Tong. Un autre édifice juste en face de celui-ci abrite Publicis. Fondé en 1926 par Marcel Bleustein-Blanchet, le groupe publicitaire a pour client ledit assureur, et achète par exemple des emplacements publicitaires à JCDecaux ou dans les pages de Madame Figaro Hong Kong. Vous l’avez compris ; les activités françaises sont nombreuses !
Avec ces entreprises viennent des expatriés par milliers et leurs familles. Ainsi, il est très courant d’entendre parler français dans les rues de Stanley. L’ancienne capitale temporaire de la colonie britannique est connue pour son importante communauté française. D’autres quartiers sont aussi très populaires pour ces ressortissants. Cela s’explique souvent par la proximité de l’un des 4 sites du Lycée français. Fondée en 1963, cette institution de seulement 35 élèves à l’origine s’est agrandie au même rythme que la communauté française pour aujourd’hui 2600 élèves.
Un lycée comme lien entre les ressortissants français
Le Lycée français est une institution très importante pour les Français de Hong Kong. Il permet évidemment aux enfants loin de la mère patrie de recevoir une éducation française. Cependant, c’est aussi un lieu pour réseauter. Les enfants qui y sont inscrits se connaissent bien, mais leurs parents aussi. Ces liens permettent d’avoir de bons plans, de recevoir de l’entraide, de trouver des opportunités professionnelles, d’entendre les derniers potins… C’est ce que nous explique Sylvie (le prénom ayant été changé).
Jour de vote pour l’élection présidentielle dans l’un des campus du Lycée français.
Mère d’adolescents qui étudient au Lycée français et installée à Hong Kong avec son mari depuis plusieurs années désormais, elle est bien intégrée à ce réseau. Elle participe occasionnellement à des événements où se retrouvent les Français et leurs familles. “C’est très agréable de pouvoir converser autour d’un verre (...). Nous avons souvent les mêmes défis à relever, et nous devons être solidaires." commente Sylvie.
Hong Kong : une étape seulement
Mais les Français qui s’installent définitivement à Hong Kong sont rares. Sylvie explique que “mes enfants souhaitent retourner en France pour étudier, aux États-Unis ou pourquoi pas Londres”. Je lui demande pourquoi ne prévoient-ils pas de rester à Hong Kong. “Nous pensons qu’il y a plus d’opportunités en Europe ou en Amérique, surtout quand nous ne maîtrisons pas le chinois”. Elle ajoute : “Je vais très probablement rentrer en France lorsque mon mari sera à la retraite". Pourquoi ne pas y rester pour la retraite ? “J’ai ma famille en France, puis les restrictions COVID sont insoutenables. Le gouvernement hongkongais délire totalement avec sa gestion du COVID, même s’il y a eu des améliorations récemment."
Cet entretien résume très bien ce qu’une grande partie de la communauté française ressent. La plupart des Français s’installent à Hong Kong après avoir reçu une offre d’emploi. Après quelques années, ils retournent en métropole ou attendent que leurs enfants aient fini leurs études secondaires.
« Les restrictions COVID sont insoutenables. »
Mais le nombre de Français quittant Hong Kong précocement a explosé cette année. Les autorités locales ont imposé des restrictions draconiennes pour limiter en vain la propagation de la COVID 19. Les nouveaux nés étaient séparés de leurs parents s’ils testaient positifs. Une quarantaine de 21 jours dans un hôtel aux frais de l’immigré, dans lequel les fenêtres ne pouvaient même pas être ouvertes était une restriction terrible au voyage. Pour Sylvie, “Je n’ai pas pu rentrer en France pendant 3 ans pour voir ma famille”.
Une grande offre culturelle française
Toutefois, même si la qualité de vie s’est dégradée à Hong Kong, une majorité de Français restent. Et pour que ces Français se sentent un peu moins loin de l’hexagone, leurs entreprises, des associations ou des institutions soutiennent de nombreux événements culturels.
C’est le cas par exemple du festival du film français de Hong Kong. Depuis 1953 sont annuellement projetés des dizaines de films ; de la comédie potache au film d’auteur primé à Cannes. Le French May est aussi particulièrement populaire. Organisé par l’association culturelle France - Hong Kong, l’objectif est d’y promouvoir la culture française. Parallèlement, une grande diversité d’artistes exposent, jouent, projettent leurs œuvres individuellement ou dans le cadre de festivals, dans des galeries.. Les opportunités sont variées car les arts français ont la côte.
Banderole pour le French May dans le centre ville de Hong Kong.
Des opportunités commerciales
Les commerces français sont très fréquentés. Le luxe se vend évidemment particulièrement bien. Tous les grands centres commerciaux ont au moins une dizaine de boutiques françaises, des marques de luxe majeures à des commerces plus spécialisés. IFC est probablement la galerie marchande la plus célèbre. La liste de boutiques françaises y est longue et composite ; Agnès B, Devialet, la Maison du Chocolat…
Nathalie (le prénom ayant été changé) travaille dans une très grande société célèbre pour ses vêtements onéreux et divers autres produits de luxe. “Nous avons quelques boutiques à Hong Kong, c’est pour nous un marché important. (...) Notre chiffre d’affaires dépendait beaucoup des touristes du Mainland (Chine continentale, ndlr) qui venaient remplir leurs valises ici. Maintenant nous devons nous concentrer sur le marché local”. La fermeture de la frontière avec le monde extérieur et la Chine continentale a largement nui à l’économie locale.
Bonne année chinoise, et surtout achetez notre pull “La Villette Paris” à Hong Kong.
“Qui donc ferait 21 jours de quarantaine pour acheter un de nos sacs ? Certes, les consumption vouchers (chèques-relance, ndlr) ont permis à des classes moyennes qui n’achèteraient pas nos produits de s’en procurer, mais cela ne compense que très partiellement nos pertes”. Nathalie fait référence à la distribution gouvernementale de plusieurs séries de chèques-relance d’un montant d’environ 600 euros chacun. L’objectif était de relancer l’économie locale et de calmer certaines colères. “C’est très dur de faire du business à Hong Kong. La fermeture des frontières rend difficile tout déplacement professionnel et limite les opportunités” proteste Nathalie. Je lui demande si elle a considéré quitter la ville, elle me répond “Bien sûr ! Qui n’y a jamais songé à Hong Kong ?”
“C’est très dur de faire du business à Hong Kong. La fermeture des frontières rend difficile tout déplacement professionnel et limite les opportunités.”
Puis il y a toute une économie pour la communauté française (mais pas uniquement). Une librairie française est installée dans le cœur de la ville en cas d’envie pressante de Proust ou Camus. Des boulangeries similaires à celles en métropole comme la maison Kayser ont plusieurs enseignes. Des galettes bretonnes, de la fondue savoyarde, du coq au vin… Vous trouverez certainement ce qui vous manque dans l’un des nombreux restaurants français.
“C’est comme si Hong Kong était une colonie française et non pas britannique”
Bref, vous l’avez compris : Hong Kong est une ville avec une importante communauté française. Elle est d’ailleurs plus grande que la britannique ! Sylvie nous a même dit en riant : “C’est comme si Hong Kong était une colonie française et non pas britannique !”.
Les Français exercent indéniablement une influence particulière à Hong Kong. Leurs activités économiques ou l’offre culturelle qu’ils apportent en font partie. Ces ressortissants unissent l’Europe à Hong Kong, et vice-versa.
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