5 ans après les manifestations de 2020 : Loukachenko réélu pour un septième mandat

, par Suzie Holt

5 ans après les manifestations de 2020 : Loukachenko réélu pour un septième mandat
Des manifestations à Minsk, le 23 août 2020 ©Wikimedia Commons

Le 26 janvier 2025, à l’annonce des résultats de l’élection présidentielle bélarusse, il n’y a aucune surprise : le président sortant Alexandre Loukachenko a été réélu dimanche dernier avec 87,6 % des suffrages. Il entame ainsi son septième mandat de cinq ans, dans un pays où il a étouffé toute tentative d’opposition. Un scrutin dénoncé en amont par l’opposition exilée ainsi que l’Union européenne.

Ce dimanche, la population bélarusse n’a eu aucune surprise en allumant la télévision : Alexandre Loukachenko entame son septième mandat à la présidence du pays. Il récolte 87,6% des suffrages, selon un sondage officiel publié par la télévision publique. L’élection est décriée par la cheffe de l’opposition, en exil, Svetlana Tsikhanovskaïa qui la qualifie de “farce”. “Une élection de façade” confirme la docteure en sciences politiques Pauline Soulier sur France Info, puisque les quatre concurrents de Loukachenko sont tous partisans du régime et n’ont jamais eu pour ambition d’arriver au pouvoir dans le pays.

La répression de l’opposition après les manifestations de 2020

Le jour du scrutin, le président du Bélarus Alexandre Loukachenko a invité les participants des manifestations de 2020 à se “repentir” affirmant qu’il leur laissera une nouvelle “chance” s’ils entament cette démarche. Les dernières élections présidentielles en 2020 se sont en effet tenues dans un climat de colère et de manifestations que l’on surnomme la “révolution des pantoufles” ou la “révolution anti-cafard”. Le nom fait référence aux actions du blogueur Sergueï Tsikhanovski, qui recueillait en mai 2020, les témoignages de la population bélarusse à l’approche du scrutin et incitait les personnes qu’ils rencontraient à écraser avec des pantoufles “le cafard Loukachenko”. Il a finalement été arrêté par le régime le 29 mai 2020.

Si Sergueï Tsikhanovski a été l’élément déclencheur du mouvement, celui-ci ne s’est pas arrêté après son arrestation. Après que Loukachenko a neutralisé deux de ses principaux concurrents, Viktor Babaryko et Valéry Tsepkalo, l’opposition s’est reconstruite autour de Svetlana Tsikhanovskaïa, la femme de Sergueï Tsikhanovski, dont la candidature a été validée.

C’est au début du mois d’août 2020, à quelques jours du scrutin, que les manifestations se sont intensifiées - et avec elles leur répression. Le jour de l’élection, les autorités bélarusses ont violemment réprimé les manifestations causant la mort d’une personne. Mais cette répression n’a fait qu’amplifier la colère des manifestants qui ont continué de se battre. C’est l’une des plus grandes mobilisations de la population civile que le pays n’ait jamais connu depuis la chute de l’URSS. À la suite de l’annonce des résultats, qui ont donné une nouvelle fois Loukachenko vainqueur, Svetlana Tsikhanovskaïa a été contrainte de s’exiler, alors que les manifestations ont continué quelques jours plus tard au Bélarus.

Une élection qualifiée de “farce”

Cinq ans après la “révolution des pantoufles”, l’opposition est presque inexistante dans le pays et les espoirs de 2020 semblent s’être essoufflés. Sur Euronews, Darja Rudkova, une Bélarusse en exil, s’exprime à ce sujet : « L’humeur est déprimée au Bélarus. La plupart des personnes qui avaient l’habitude de protester activement et d’exprimer leurs opinions politiques sont maintenant intimidées. » Face à quatre autres candidats, qui ne s’opposent pas à la politique de Loukachenko, l’élection était jouée d’avance.

De plus, le président bélarusse a vraisemblablement réfléchi au calendrier afin d’empêcher des manifestations qui seraient venues perturber le scrutin. En effet, son mandat expirait normalement à l’été 2025. Mais Loukachenko a décidé d’avancer les élections au mois de janvier, pensant que les conditions météo lui seraient favorables. C’est une période très froide dans le pays, ce qui selon l’analyste politique Valery Karbalevich interrogé par Euronews, serait une stratégie pour dissuader la population de manifester à l’annonce des résultats.

Mais cette décision n’a pas empêché les voix dissidentes de se faire entendre. Si les rues de Minsk n’étaient pas remplies à l’annonce des résultats, un millier de personnes s’est rassemblé autour de Svetlana Tsikhanovskaïa, à Varsovie en Pologne, pour protester contre la réélection certaine du dirigeant. Cette dernière qualifie cette élection de véritable “farce”. Dans une résolution adoptée le 22 janvier, à quatre jours du scrutin, le Parlement européen demande à l’UE, à ses États membres et à la communauté internationale de ne pas reconnaître Loukachenko comme Président une fois élu. La résolution demande aussi à l’Union de continuer à enquêter sur les violations des droits humains au Bélarus, qui compte plus de 1200 prisonniers politiques, selon l’organisation de défense des droits humains Viasna. La complicité du régime bélarusse à l’égard de la Russie dans sa guerre d’agression en Ukraine est également décriée et les députés invitent à renforcer les sanctions à l’encontre des personnes impliquées au Bélarus.

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