Travailler au Parlement européen : un rêve pour beaucoup... Mais ceux qui sont sur le point d‘être engagés doivent se soumettre à un questionnaire médical pour le moins surprenant : maladies, famille ou mode de vie… Le Parlement européen veut tout savoir de ses employés !
Les assistants parlementaires devraient cependant se réjouir de cette nouvelle législature. Une nouvelle règle leur assure le statut d’agents temporaires du Parlement européen. Mais cette sécurité juridique a un coût élevé. A l’instar des autres fonctionnaires européens, ils doivent désormais se soumettre à un examen poussé comprenant un questionnaire qui pourrait aussi bien être adressé à des donneurs de sang.
Des questions impudentes
Le questionnaire est divisé en quatre parties. Tout d’abord, les informations personnelles dont a besoin chaque employeur : nom, nationalité, adresse, etc… Mais si l’on tourne encore quelques pages, on reste rapidement bouche bée en lisant les questions sur les antécédents médicaux familiaux : « l’un des membres de votre famille a-t’il déjà eu un cancer ? » ou bien « une maladie mentale (schizophrénie, Alzheimer, dépression…) ? ». Mais le meilleur est encore à venir. Le Parlement européen s’enquiert finalement de votre propre histoire médicale.
Quelques extraits : « Avez-vous eu une ou plusieurs des maladies suivantes, ou bien leurs symptômes ? »
– Hépatites
– Douleurs dans les canaux urinaires
– Dépressions
– Maladies sexuellement transmissibles
– Tumeurs, cancers
– Etc, etc, etc…
Et soudain, une page plus tard, des questions concernant le mode de vie :
– Avez-vous grossi ou maigri durant les trois dernières années ? […] de combien de kilos ?
– Fumez-vous ? Si oui, fumez-vous des cigarettes, cigares, la pipe ?
– Quelle est votre consommation d’alcool quotidienne/mensuelle ?
– Faîtes-vous du sport ? Lequel ?
– Pour les femmes : […] indiquez, s’il vous plaît, la date de vos dernières règles.
L’explication
Selon le questionnaire, ces données sont collectées afin d’évaluer la « forme physique des employés et […] protéger leur santé ». La vérité est ailleurs : il s’agit bien moins de prendre soin des fonctionnaires que d’une banale analyse coûts-avantages. Dès qu’un assistant est absent pour cause de maladie, de grossesse ou bien d’invalidité, le Parlement doit trouver un remplaçant, ce qui a évidemment un coût important. Un employeur veut, bien sûr, éviter cela et chacun d’entre eux serait heureux de pouvoir utiliser de tels questionnaires. Mais le droit n’autorise que les questions directement liées à l’aptitude professionnelle.
Le Parlement tolère une trahison à ses propres principes
La protection des données et des consommateurs était l’un des grands succès du Parlement européen. Mais il semble désormais que ces principes puissent être violés au sein même de l’institution sans susciter beaucoup d’émotions. La première réaction est venue de Cornelia Ernst, députée européenne du parti d’extrême-gauche allemand Die Linke. Elle a demandé en décembre dernier à ses assistants de ne pas remplir le questionnaire.
Mais le problème est connu depuis 2008 ! A l’époque, c’est le contrôleur européen de la protection des données, Peter Hustinx, qui avait recommandé dans un rapport de retravailler ces questionnaires pour les rendre plus pertinents et appropriés. Par ailleurs, il conviendrait de définir une durée raisonnable de rétention de ces données, qui peuvent actuellement être conservées durant… 30 ans.
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