Carton rouge à M. Barroso, le président fantôme

Décevant, très décevant, de plus en plus décevant...

, par Florent Banfi

Carton rouge à M. Barroso, le président fantôme

Depuis sa nomination au poste de président de la Commission Européenne, José Manuel Durao Barroso ne fait que décevoir la majorité des européens. Aligné sur la position britannique d’une ’’Europe-grand-marché’’, il semble bien déterminé à ne pas vouloir faire avancer l’Europe sur la voix de l’intégration.

José Manuel Barroso, lors d’un récent séjour de deux jours en Slovaquie, en ce mois d’avril 2006, s’est encore fait remarquer par des propos allant à l’encontre de ce que l’on attend d’un président de la Commission dans un moment de crise.

Outre le fait qu’il se soit immiscé dans la politique nationale Slovaque tout comme il l’avait fait avec le CPE en France, Barroso a donné un mauvais signe de l’orientation qu’il veut pour l’Europe à moins d’un mois de la publication des propositions de la Commission pour sortir de la crise...

Ainsi, il a déclaré la chose suivante : ’’Il est prématuré de traiter le problème des institutions, alors qu’il n’y a pas de consensus clair sur la direction vers où aller’’ et ’’Nous devrions avoir une feuille de route portant sur les politiques publiques de l’UE, de telle sorte les populations de nos pays puissent ainsi mieux voir quels sont les bénéfices qu’elles retirent de leur appartenance à l’U.E. ’’. Il a également souligné le besoin d’une politique commune de l’énergie et d’un fort marché intérieur.

Une vision servile de sa fonction

Comme on le voit ici, M.Barroso semble vouloir faire le jeu de certains chefs d’Etats et de gouvernement : en jouant la montre. En effet, dans cette période de réflexion, plus l’on attend et moins il y a de chances que l’Europe se dote d’une Constitution. Certains membres de la CIG qui devront prochainement décider du sort du texte constitutionnel espèrent que les mouvements pro-constitution vont s’essouffler au fil du temps et ainsi leur laisser le champ libre pour enterrer tout projet de Constitution européenne.

Au lieu de mener la politique européenne par la mise en route de des projets et en exprimant une vision de l’avenir, M. Barroso ne semble n’avoir de considération que pour les particularismes nationaux actuels. En effet, que l’on se souvienne qu’il avait -l’an dernier- déclaré (interview donnée au « Financial Times », le 2 février 2005) que si l’objectif politique à tenir était effectivement toujours ’’l’Union sans cesse plus étroite’’, la légitimité n’en résidant pas moins fondamentalement dans les seuls Etats membres.

La Commission, simple secrétariat au service des Etats membres

Ainsi, trop souvent présent pour soutenir un chef d’Etat dans telle ou telle réforme, Barroso gêne plus qu’il ne résout. Au lieu de s’occuper de ce qui ne le regarde pas, il ferait mieux de jouer son rôle de président de la Commission européenne. Mais, au lieu de cela, il cultive l’illusion selon laquelle les problèmes réels de l’Europe puissent se régler sans Constitution et sans réforme institutionnelle. Tout ceci ne fait que renforcer le mythe du technocrate de Bruxelles peu lucide sur la situation politique et sur les attentes des citoyens.

Nous pouvons aussi regretter le choix de la méthode fonctionnaliste, loin des citoyens qui a conduit à la construction d’une Europe « d’experts » sans les citoyens. Le renoncement de M. Barroso à proposer une solution ambitieuse, valable pour tous les citoyens, bref européenne reste l’élément le plus désolant. Attendre qu’un consensus se dégage pour prendre position est à mon sens le meilleur moyen de transformer la Commission en simple pion du Conseil. La Commission est une institution qui doit être neutre et, de ce fait, elle est la seule, avec le parlement européen, à pouvoir proposer et non pas seulement subir.

Enfin, ces propos sont tout particulièrement gênants au moment où, précisément, l’Estonie et la Finlande ont pris la décision de faire adopter la Constitution par voie parlementaire.

Alors, M. Barroso - s’il vous plaît - arrêtez de jouer au président fantôme et prenez les rènes de la machine politique pour que nous sortions enfin de cette période de réflexion (ou d’immobilisme, pour être plus réaliste...).

Vos commentaires
  • Le 2 mai 2006 à 12:01, par Jacques Chauvin En réponse à : Carton rouge à M. Barroso, le président fantôme

    Que tous les lecteurs, qui approuvent le contenu de cet article, lui assurent la plus large diffusion par les moyens dont ils disposent !

  • Le 4 mai 2006 à 14:42, par MonAvis En réponse à : Carton rouge à M. Barroso, le président fantôme

    Le Problème de Monsieur BARROSO se situe au niveau de son équîpe et de ses fonctionnaires.

    Neelie KROES aura 65 ans en juillet 2006.

    Madame la Vice Présidente Wallström chargée des Communications ne connait pas le français et personne ne tient compte de ses positions.

    Beaucoup de commissaires sont usés par d’importants combats politiques. ils conservent des attaches importantes avec leur pays, ce qui ne facilite pas les décisions collégiales.

    etc., etc..

    Les fonctionnaires de plus en plus nombreux et de moins en moins formés paralysent les services.

    Au siècle du travail en équipe n’accusons pas le Président. Peut être pourrait-on lui reprocher de s’être fixé un nombre de femmes commissaires sans être certain que les femmes compétentes soient disponibles.

    Pouquoi les Présidents deviendraient -ils de plus en plus mauvais.

  • Le 22 novembre 2008 à 06:13, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Tous sauf Barroso

    On parle aujourd’hui de reconduire M. Barroso dans ses fonctions alors même que nous n’avons pas encore votés et que son bilan est désastreux.

    Pour s’opposer à cette situation et faire naitre un débat en faveur de son remplacement un site web est en construction. D’ores et déjà, rejoignez le groupe Facebook et invitez-y vos amis !

  • Le 22 novembre 2008 à 11:29, par Ronan En réponse à : Tous sauf Barroso

    Etre opposé à une reconduction de Barroso, ça peut se comprendre, et ça peut se défendre (les arguments sont tellement trop nombreux pour cela...).

    Mais - même sur cette question du futur leadership européen - ce serait bien aussi de faire des propositions en positif (« pour ») et pas seulement en négatif (« tout sauf un tel »...).

    Par delà la question de la personne - de ses orientations personnelles (question politique), de son manque d’envergure pour le poste (question de caractère), etc - ce serait bien également de s’interroger sur son futur programme. Et que les fédéralistes demandent très précisément aux partis politiques ce qu’ils souhaitent vraiment voir mis en place.

    Ce qui nous changerait des timides propositions partisanes actuelles (où il s’agit là, essentiellement, de gérer les affaires courantes dans le ronron et d’aménager très modestement l’intergouvernementalisme ambiant).

    Ou de l’éternel retour de revendications déjà formulées... dans les années 1970 ! (i. e : « que les partis politiques désignent leurs têtes de listes pour les élections européennes »). Comme si - franchement - les partis et les électeurs en avaient sérieusement quelque chose à faire, de ce genre de réformette... ; et comme si, franchement, ce genre de demi-mesures inaudibles (qui - j’en prends le pari - ne trouvera aucune applicabilité concrète durant la campagne...) était vraiment susceptible de créer un espace politique européen...

    Encore une fois, si on veut vraiment créer un grand débat politique européen, encore faut-il que ce débat soit structuré autour d’une grande idée qui intéresse et mobilise vraiment les électeurs.

    Un slogan comme « tout sauf Barroso », c’est peut être « bien » mais alors dans la seule mesure où ça peut éventuellement faire réfléchir l’UMP et ses alliés du PPE dans la perspective de la rédaction future de leur programme de campagne. Mais (hormis le fait que M. Barroso ne soit effectivement pas reconduit...) tout cela reste d’un intérêt somme toute limité (surtout si, finalement, son parti et son « successeur » portent exactement le même genre de projet politique tiédasse et le même genre d’état d’esprit molasson...).

    Plus que la tête de liste des partis (officieusement déjà plus ou moins connus) (un secret de polichinelle tellement les noms des « probables » sont en fait numériquement limités...) c’est surtout leurs projets « structurels » et leurs orientations politiques qui devrait nous préoccuper. Et là dessus que nous devrions - ambitieusement - les aiguilloner.

    Sinon, il est bien très clair que les partis politiques ne nous accorderont jamais d’eux-mêmes ce que nous n’osons finalement pas leur demander ouvertement...

    Et, si jamais les choses devaient en rester en l’état, il est très clair que les générations futures pourront toujours nous reprocher (à très juste titre...) qu’au début du XXIe siècle on a beaucoup parlé et ronronné sur l’idée de « contruire l’Europe avec les citoyens » (etc), mais que le voeux pieux - rhétorique autosatisfaite - n’est en fait jamais allé beaucoup plus loin que ça au-delà du blabla sans résultat.

    Bref, les « européens du futur » diront alors de nous : « ils voulaient construire l’Europe unie et démocratique, mais ils n’ont pas franchement osé ; non pas parce qu’ils n’ont pas pu mais sans doute en fait surtout parce que - fatigués ? - ils ne l’ont pas franchement vraiment voulu ». Le jugement serait alors bien sévère. Il ne tient qu’à nous de l’éviter...

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