Euroscepticisme d’Etat

Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

Pour la mise en oeuvre d’une diplomatie nationaliste et anachronique

, par Ronan Blaise

Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

Mercredi dernier - 19 juillet 2006 - le nouveau gouvernement conservateur polonais a obtenu l’investiture de la Diète, Chambre basse du Parlement polonais, avec 240 voix contre 205 (et aucune abstention).

A cette occasion le nouveau premier ministre Jaroslaw Kaczynski a prononcé un discours ’’programme’’ au cours duquel il a promis à sa majorité une très ferme défense des seuls intérêts polonais au sein de l’Union européenne.

Proclamant ainsi les principes d’une diplomatie polonaise exclusive, décidément bien éloignée des principes de base de la construction européenne : une diplomatie polonaise nationaliste et anachronique.

Quand les signaux négatifs se multiplient...

Cela fait en effet déjà quelques mois que les signaux négatifs, sinon inquiétants, ne nous parviennent depuis Varsovie. Point d’orgue récent : le 27 avril dernier (soit sept mois après les dernières élections législatives de septembre 2005...), quand les Leaders des partis politiques populistes [1] et de l’extrême droite polonaise [2] ont fait leur entrée officielle dans le gouvernement du parti conservateur « Droit et Justice ».

Un gouvernement polonais qui, d’ailleurs et depuis lors, a été récemment remanié - le 10 juillet dernier - en faveur de Jaroslaw Kaczynski, frère jumeau du président de la République Lech Kaczynski : créant là en Pologne une situation politique (et familiale) inédite sinon inattendue.

La Sejm, Parlement de la République de Pologne

Bien sûr il pourrait ne s’agir là que de vulgaires problèmes d’ ’’arithmétique parlementaire’’ polonaise. Mais ces récents changements parlementaires et gouvernementaux à Varsovie traduisent, en réalité, un très net durcissement de la Pologne à l’égard de ses partenaires européens.

En effet depuis quelques mois, et plus encore depuis quelques semaines, les propos eurosceptiques et souverainistes à l’encontre de la construction européenne se généralisent dans le discours des actuelles autorités politiques polonaises.

Des propos qui le disputent très clairement à un discours ouvertement nationaliste très clairement exprimé, comme on va le voir ci-dessous.

Hooliganisme... politique

Lors de la récente Coupe du Monde de football, s’il y avait bien un match à haut risque, c’était le match « Allemagne - Pologne » du premier tour de la compétition, rencontre qui devait se dérouler, le 14 juin dernier, à Dortmund. Une rencontre sportive alors annoncée par la police allemande comme la plus risquée du premier tour de la compétition [3].

En effet, on annonçait alors la venue en Allemagne d’environ 300 000 supporters polonais sur toute la durée du Mondial. Or l’Allemagne comptant déjà près de 10 000 hooligans apparemment prêts à en découdre, on attendait alors le pire de cette confrontation entre les deux pays. Ce pourquoi les autorités fédérales redoutaient que ce match ne se déroule sur fond de vieilles haines historiques et de vieux contentieux footbalistiques [4].

Fort heureusement, aucun incident grave ne vint entacher ni cette rencontre, ni l’ensemble de la compétition. Mais les mauvaises nouvelles sont venues d’ailleurs : de ces milieux politiques décidément bien incapables de montrer le ’’bon exemple’’ à leurs populations...

Du ’’boycott’’ du dernier sommet du Triangle de Weimar...

M. Lech Kaczynski, Président de la République

En effet, récemment, le Président polonais Lech Kaczynski a prétexté -dans un communiqué officiel - une « indisposition » [5] pour annuler -in extremis- la réunion du triangle « Allemagne-France-Pologne » qui devait se dérouler, le 3 juillet dernier, à Weimar (Land de Thuringe, ex-RDA).

Une réunion trilatérale qui devait alors avoir lieu dans le cadre de ce fameux ’’format trilatéral de concertation’’ qui réunit les trois pays, depuis 1991, pour essayer de définir des approches communes sur les questions européennes. Une réunion en tout cas reportée à une date ultérieure jusque là non précisée.

En réalité, il se murmure que le Président Kaczynski entendait ainsi très probablement protester contre la publication récente (le 26 juin dernier) d’un article satirique le mettant en cause dans les colonnes du quotidien berlinois « Tageszeitung » [6].

... à l’expression d’un nationalisme ombrageux.

En effet, le gouvernement polonais et le parti présidentiel « PiS » (« Prawo i Sprawiedliwosc ») [7] ont alors exigés une condamnation officielle du journal de la part du gouvernement allemand [8].

Puisque jugeant que « C’était là une offense sans précédent, y compris dans l’histoire de ce journal bizarre » (sic). Et parce que « l’offense envers le chef d’un Etat étranger est un délit et (qu’)il faut en tirer les conclusions », a ainsi précisé le premier ministre Jaroslaw Kaczynski, reconnaissant là implicitement la véritable raison du ’’boycott’’ polonais.

En tout cas, choqués par l’attitude des frères Kaczynski, huit anciens ministres des affaires étrangères polonais [9] ont alors unanimement signé -le 5 juillet dernier- une lettre ouverte cosignée. Un document rendu public dans lequel ils accusent l’actuel gouvernement polonais de gravement se tromper dans sa politique étrangère, d’isoler ainsi la Pologne dans l’UE, d’affaiblir sa position au sein de l’Union et de « porter (ainsi) atteinte aux intérêts de la Pologne et des Polonais » alors que « la coopération entre Varsovie, Berlin et Paris doit être la clé de voute de notre politique étrangère » [10].

Mais pour le premier ministre polonais, qui décidément n’en démord pas, ces récents événements sont précisément le symbole de l’impasse dans laquelle sont aujourd’hui les relations entre la Pologne et ses partenaires. Sauf que, d’après lui, c’est bien évidemment surtout « à nos partenaires d’améliorer les relations avec nous » puisque « Nous n’avons offensé personne ».

Quand tous les moyens semblent bons pour raviver le patriotisme

Mais est-on vraiment bien sûr, dans les milieux gouvernementaux polonais, de n’avoir vraiment cherché à ne blesser personne ? En effet il est clair que cela fait des mois que les autorités polonaises cherchent à raviver le patriotisme de leurs compatriotes (et, ainsi, leurs soutiens politiques...) en attisant ainsi les rancoeurs du passé.

La Pologne, au coeur de l’Europe

Pour se faire, il s’agit là de se présenter systématiquement en victime. Et de faire ainsi la l’étalage d’une Pologne ’’éternel héros et victime de l’Histoire’’, soit disant martyrisée aujourd’hui encore par des voisins bien évidemment toujours suspectés de lui vouloir du mal. Et, à ce petit jeu là de la ’’mise en scène de soi comme victime avec un grand V’’, visiblement tous les moyens leur semblent bons.

Ainsi, la ministre polonaise des affaires étrangères [11] s’est égarée à comparer la « TAZ », journal de la gauche libérale allemande, à « Der Stürmer », l’un des journaux à grand tirage d’obédience nazie de l’Allemagne de l’entre-deux-guerres. Et, de même, le ministre polonais de la défense [12] a récemment comparé le récent accord germano-russe sur le futur pipe-line de la mer Baltique au pacte germano-soviétique « Ribbentrop-Molotov » d’Août 1939.

Deux épisodes récents qui illustrent parfaitement cette actuelle tendance lourde des dirigeants polonais actuels à vouloir régulièrement afficher des attitudes foncièrement anti-allemandes et anti-russes. [13].

Car, que le geste de la Russie soit peut-être inamical à l’égard de la Pologne et que l’Allemagne manque ainsi très clairement de solidarité envers la Pologne, soit. Mais est-ce que cela autorise des dirigeants politiques polonais vraiment ’’responsables’’ a jeter ainsi du sel sur les plaies quitte à, de cette manière, raviver les douleurs du passé ?

Eloge souverainiste de l’Etat-nation

Ainsi, le premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski a également dernièrement annoncé dans la presse polonaise [14] vouloir donner à sa politique ’’européenne’’ un virage résolument eurosceptique et fièrement nationaliste.

M. Jaroslaw Kaczynski, Premier ministre

En effet, selon lui : « Nous ne partageons pas l’opinion commune en Europe selon laquelle un Etat-nation est quelque chose de mauvais. On ne nous fera pas non plus croire qu’il n’y a pas d’Etats-nations en Europe. Et nous voulons profiter de notre présence en Europe pour renforcer le nôtre ».

Et, de même : « On ne nous fera pas croire qu’il n’y a pas de politiques nationales en Europe. Celles-ci sont, de toute évidence, appliquées par nos partenaires. Et je ne vois pas de raison pour laquelle nous ne devrions pas faire de même. Cela veut donc dire que, par exemple, nous n’approuverons pas les solutions qui nous seront proposées mais qui nous seront désavantageuses ».

En tout cas voilà une vision très clairement souverainiste de la ’’construction européenne’’. Une conception qui est très clairement à l’opposé des principes mêmes d’une construction communautaire qui, justement, consiste à savoir parfois sacrifier ses intérêts nationaux sur l’autel du bien commun.

Quid de la Constitution européenne ?

Quant à l’avenir du TCE, dans les propos des dirigeants polonais actuels, les choses sont plus claires encore : Récemment, le président de la République polonaise Lech Kaczynski a reçu Valéry Giscard d’Estaing, l’ancien président de cette fameuse « Convention européenne » qui a rédigé l’actuel projet de Constitution européenne.

Et les premiers ministres et président de la république polonaise en ont alors profité pour essayer d’enterrer les derniers espoirs de ceux qui espèrent encore qu’un nouveau texte sera renégocié à brève échéance,. Revendiquant pour la Pologne la possibilité, dans le cadre de l’UE, de ’’participer à la recherche d’un nouveau texte’’.

En effet, s’il admettait alors que « peut-être qu’avec la génération qui viendra après moi, viendra le temps de liens beaucoup plus étroits » entre les Etats membres de l’Union, en revanche - pour le présent en tout cas - il semblait lui paraître hors de question de faire ratifier le texte actuel. Et ce, même si l’opinion publique polonaise d’aujourd’hui soutient pourtant massivement la perspective d’une adoption de ce document.

Quant à l’Euro, les gouvernants de la Pologne ont renvoyé aux calendes grecques la perspective de l’entrée de Pologne dans le système de la monnaie unique, affirmant que le Zloty resterait la monnaie nationale polonaise "pendant des années", et qu’il devrait de ce fait être "fort". En effet, il faut savoir que la Pologne est le seul nouveau membre de l’UE à n’avoir toujours pas fixé de date ferme pour l’adoption de la monnaie européenne...

Et quid de la Construction européenne ?

’’Nous voulons conserver notre identité nationale" (...) "Nous revendiquons une pleine souveraineté en ce qui concerne la morale et les moeurs’’ : Tel est en tout cas le discours politique que - ce mercredi dernier - le Premier ministre Jaroslaw Kaczynski a tenu devant la Sejm, Chambre basse du Parlement polonais.

La Diète (hémicycle)

A cette occasion, M. Jaroslaw Kaczynski a également souligné sa ’’fierté d’être Polonais’’ et sa volonté de permettre à la Pologne de redevenir ’’un grand pays qui compte’’ en Europe dans le cadre d’une ’’participation réelle - et pas seulement formelle - à tous les mécanismes de décision’’ communautaires.

Cepandant il a alors précisé que, pour y parvenir, la Pologne oeuvrerait ’’seule’’ ou dans les seuls cadres intergouvernementaux du ’’Triangle de Weimar’’ [15] et du ’’Groupe de Visegrad’’ [16].

Bref : Identité, Souveraineté, Morale et Fierté nationales, ’’Etre un grand pays qui compte’’, la Pologne ’’seule’’ : tel est donc le ’’registre lexical’’ aujourd’hui utilisé par les autorités gouvernementales polonaises pour nous présenter leur apport original au nouveau ’’vivre ensemble européen’’. Un discours qui semble décidément bien loin de celui des pères fondateurs de l’Europe et de l’idéal qui alors les portait.

Discours de défiance envers les autorités communautaires, proclamation d’une intergouvernementalisme exclusif, souverainisme, diplomatie nationale au service de seuls intérêts nationaux, cavalier seul monétaire, refus de participer aux politiques communautaires européennes les plus intégrées : telles sont les méthodes nationalistes et anachroniques aujourd’hui préconisées par l’actuel gouvernement polonais.

Sur cette base et quant à l’avenir de l’Union Européenne - MM. Lech et Jaroslaw Kaczynski ayant, récemment encore, proclamé leur volonté d’absolument ’’vouloir en être’’ - il ne nous reste donc plus qu’à leur poser franchement une question fondamentale à laquelle ils semblent pourtant, aujourd’hui, vouloir se dérober :

« Etre dans l’Union européenne, oui, mais pour quoi faire ?! »

- Illustration :

A Varsovie : le Belweder, résidence officielle de la présidence de la République (Sources : Encyclopédie en ligne wikipédia).

Toutes les autres illustrations utilisées dans cet article sont des documents tirés du site internet de la Sejm, Chambre basse du Parlement polonais.

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Portfolio

Polish in stadium
Notes

[1i. e : ’’Samoobrona-Autodéfense’’, parti politique polonais clairement anti-européen.

[2i. e : la ’’Ligue des familles polonaises’’, parti politique polonais nationaliste et ultra-catholique.

[3Sources : in journal sportif « l’Equipe » du 6 juin 2006 (ici page 12).

[4Et on pensera ici à la fameuse demi-finale du « Weltmeisterschaft de 1974 perdue alors par la Pologne - à Francfort, le 3 juillet 1974 - face à la RFA (1/0), dans des conditions météorologiques assez particulières...

[5Raison officielle : un ’’dysfonctionnement dyspeptique du transit intestinal’’ (sic).

[6« Die Tageszeitung » : i. e : TAZ, le quotidien de la gauche alternative allemande, équivalent du journal français « Libération ». Journal récemment mis en cause par les autorités polonaises - pour la publication d’un article ironique à l’égard du président de la République polonaise - dans sa rubrique satirique intitulée ’’Ces voyous qui veulent régner sur le monde’’ (sic).

[7« Prawo i Sprawiedliwosc », i. e : Justice et Liberté » : parti politique de la Droite conservatrice polonaise. Au Parlement européen, les Députés issus de cette formation sont membres du groupe parlementaire ’’Union pour l’Europe des Nations’’ regroupant des formations eurosceptiques et souverainistes.

[8Lequel a alors très sèchement rejeté cette ’’demande’’...

[9En fait les huit ministres des affaires étrangères polonaises qui se sont succédé depuis 1989-1990...

[10Dixit M. Adam Daniel Rotfeld, ex-ministre des affaires étrangères (social-démocrate) : propos repris dans « le Monde » du 8 juillet 2006.

[11i. e : Mme Anna Fotyga qui, en mai 2006, a remplacé son prédécesseur Stefan Meller, démissionnaire.

[12i. e : M. Radek Sikorski.

[13Sources : « Tous les moyens sont bons pour raviver le patriotisme », un article du « Courrier International » n°819 du 13 juillet 2006 - ici page 13 - reprenant des informations récemment publiées dans la « Gazeta Wyborcza » et dans la « Tageszeitung ».

[14i. e : dans un récent entretien donné à l’hebdomadaire libéral varsovien « Wprost » (i. e : « Droit au but »).

[15’’Triangle de Weïmar’’ qui groupe l’Allemagne, la Pologne et la France.

[16’’Groupe de Visegrad’’ qui comprend la Hongrie, la Slovaquie, la Pologne et la RTC.

Vos commentaires
  • Le 25 juillet 2006 à 18:34, par Ali Baba En réponse à : Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

    Ma foi, si Varsovie veut faire cavalier seul, ils peuvent s’en aller, mais qu’ils nous laissent nous intégrer, nous. On a déjà un cheval de Troie, maintenant en voici un deuxième. Il faudrait peut-être songer à évaluer plus sérieusement les motivations des nouveaux entrants avant de les admettre en notre sein.

    Et le problème se reposera demain avec la Serbie (sans même parler du cas turc).

  • Le 25 juillet 2006 à 19:13, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

    Pour ce qui est des reproches à faire ici, ce n’est pas à Varsovie -ni même à la Pologne- qu’il faut les adresser, mais plutôt à leurs équipes gouvernementales actuellement au pouvoir (et qui ne seront pas éternelles...).

    Ce n’est pas la Pologne qu’il faut ici condamner ainsi de façon ’’intrasèque’’, mais les nationalistes et eurosceptiques de tous pays (Pologne et France compris).

    Surtout si -comme dans le cas polonais- ils ont été portés au pouvoir dans un contexte politique de très forte abstention par un peuple qui a, pour une très bonne part, une culture politique complètement autre et bien différente de tels excès et de tout cela.

  • Le 25 juillet 2006 à 23:12, par Ali Baba En réponse à : Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

    Ce n’est pas ce qu’il m’avait semblé, mais ma foi tant mieux si l’euroscepticisme polonais n’est pas aussi enraciné que celui des Anglais. Si je comprends bien ce que tu me dis, ça semble plutôt se rapprocher du cas italien sous Berlusconi ?

  • Le 26 juillet 2006 à 07:10, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

    Ou du cas espagnol à l’époque du Gouvernement Aznar.

    Lequel se distinguait lui aussi par ses tirades nationalistes très ’’Espagne éternelle, grande puissance’’, sa surenchère et ses postures atlantistes radicales et ’’en croisade’’ d’ ’’Allié(e) privilégié(e) de l’Amérique’’, ses discours ’’va-t-en-guerre-en-Orient’’, ses déclarations souverainistes anti-Bruxelles (genre ’’de-toute-façon-je-fais-que-ce-que-je-veux’’ et ’’j’enm...les bureaucrates’’), sa brutalité envers l’immigration d’origine nord-africaine, son centralisme très ’’castillan’’ à l’égard des autonomies espagnoles, son extrême rigidité sur les questions de société, son intransigeance -lors de la rédaction du TCE- à vouloir voir une profession de foi catholique exclusive annexée au préambule du nouveau Traité, etc.

    Lequel gouvernement a fini par être remplacé par celui de l’Européen José-Luis Zapatéro. Alors, de la même manière qu’il ne faut pas condamner l’Espagne pour son gouvernement Aznar passé, il ne faut pas condamner la Pologne pour son actuel gouvernement Kaczynski, qui lui non plus ne sera pas éternel...

    Dans un cas comme dans l’autre - en Espagne comme en Pologne -l’euroscepticisme n’est pas ’’enraciné’’ ni culturellement ’’consubstantiel’’ à la nation concernée : c’est juste une certaine tendance de l’opinion, momentanément représentée au pouvoir. Momentanément.

  • Le 6 août 2006 à 00:36, par Laurent Bonsang, Président du ME 77 En réponse à : Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

    CARTON ROUGE à LECH KACZYNSKI, Président de la Pologne et à sa coalition avec l’extrême-droite polonaise

    Depuis l’élection à la présidence de la Pologne de Lech Kaczynski à la fin de l’année dernière et de la mise en place d’un gouvernement regroupant notamment le parti anti-européen du Président polonais, le PiS ainsi que notamment le LPR, Ligue des familles polonaises, parti d’extrême-droite, les nouveaux dirigeants en place à Varsovie depuis un peu moins d’un an accumulent les déclarations et les provocations qui remettent en question les valeurs et les principes fondamentaux de l’UE, principes proclamés par les Traités en vigueur, repris par le Traité Constitutionnel, inclus dans la Charte Européenne des Droits Fondamentaux, et qui font partie des critères permettant à tout pays européen qui souhaite rejoindre l’UE de pouvoir le faire.

    Depuis début août a éclaté une vive polémique dans l’UE suite aux propos de L Kaczynski qui souhaite que la peine de mort soit rétablie dans l’UE ; le LPR décidant par la même de lancer une campagne européenne pour le rétablissement de la peine de mort en Europe. Le 2 août, cette idée a été totalement rejetée et la Commission Européenne a rappelé que la peine de mort est incompatible avec les valeurs de l’UE.

    C’est donc un carton rouge que nous adressons au Président polonais et à son gouvernement de coalition en particulier contre ses propos mais de façon générale contre les propos inadmissibles et inqualifiables que ces personnes nous abreuvent depuis de trop nombreuses semaines. Rappelons au passage que le 4 juillet dernier, lors d’un débat au Parlement Européen sur les 70 ans du coup d’Etat de Franco en Espagne, Maciej Marian Giertych, député européen du LPR, avait tenu des propos soutenant clairement et ouvertement les régimes de Franco et de Salazar avec des propos que tant Martin Schulz, Président du groupe PSE, que Hans-Gert Poettering, Président du groupe PPE-DE, ont fermement condamné.

    De ce fait, l’UE doit prendre les décisions qui s’imposent face à ces propos et agissements intolérables qui remettent en question les principes fondamentaux de l’UE, les valeurs qui unissent les Européens.

    Rappelons que le Traité d’Amsterdam, complété par celui de Nice, dispose dans son article 7 du Traité sur l’UE, que le Conseil peut décider de suspendre certains des droits d’un Etat membre découlant de l’application des traités lorsqu’a été constaté qu’il existe un risque clair de violation grave par celui-ci des principes fondamentaux de l’UE.

    Les propos et les agissements de l’actuelle majorité en Pologne imposent plus que jamais que le Conseil de l’UE prenne ses responsabilités !

    Laurent BONSANG, Président du Mouvement Européen 77

    Rappel : C’est en 1997, afin notamment que la Pologne puisse lancer les négociations en vue de son adhésion à l’UE que la peine de mort a été abolie.

  • Le 25 septembre 2006 à 11:53, par Ronan En réponse à : Pologne, septembre 2006 : la coalition gouvernementale vole en éclat

    L’alliance gouvernementale péniblement mise en place il y a quatre mois entre Conservateurs du PiS (Droit et Justice), populistes eurosceptiques de Samoobrona (Autodéfense) et ultracatholiques de la LPR (Ligue des familles Polonaises) a volé en éclat, ce jeudi 21 septembre 2006.

    En effet, lassé de voir son ’’allié’’ populiste Andrzej Lepper (Samoobrona) jouer publiquement le rôle d’une ’’opposition intérieure au gouvernement’’ et se conduire comme un homme politique qui a à la fois un pied dedans et un pied dehors (et qui critique tout le temps...) le PM Jaroslaw Kaczynski a décidé de se séparer d’Andrzej Lepper. (Nb : Pour mémoire, Samoobrona a récemment refusé de voter le dernier budget, estimant notammant dispendieux d’envoyer des renforts de troupes polonaises en Afghanistan...).

    Du coup, avec le départ des populistes de Samoobrona du gouvernement, l’actuelle coalition gouvernementale a explosé et cela préfigure une recomposition politique en Pologne.

    Une ’’explosion’’ visiblement attendue par de nombreux observateurs étant donné les objectifs contradictoires des membres de cette coalition : Lepper poursuivant une stratégie de conquête du pouvoir alors que les Kaczynski n’avait besoin de lui que pour des raisons strictement arithmétique, comme seule force d’appoint gouvernementale (considérant même sans doute ce mouvement comme artificiel, qu’il exploserait tôt ou tard et qu’ils pourraient ensuite attirer à eux ses élus).

    En effet, une quinzaine de députés de Samoobrona ont déjà quitté la formation populiste pour former un nouveau groupe parlementaire allié au gouvernement Kaczynski ’’PiS-LPR’’ : une nouvelle coalition gouvernementale et nouvelle majorité parlementaire que l’on dit bientôt ’’recentrée’’ puisque élargie au parti paysan PSL.

    Si tel était le cas et si Jaroslaw Kaczynski arrivait bien à former une nouvelle majorité, il n’y aurait donc pas d’élections anticipées et le parti politique populiste et eurosceptique Samoobrona serait donc ainsi le grand perdant de l’affaire...

    Cependant, la nouvelle coalition gouvernementale polonaise risque d’être tout autant fragile que la précédante et les forces politiques actuellement au pouvoir en Pologne n’excluent pas non plus d’aller aux urnes si aucun accord politique gouvernemental n’est trouvé rapidement.

    Auquel cas, en cas d’élections anticipées, Samoobrona et Lepper risquent alors d’essayer de conforter dans l’opinion publique polonaise leur image de ’’défenseurs du petit peuple’’ face aux problèmes de corruption et face aux difficultés économiques du moment (questions et objections mises en évidence notamment au moment de leur refus de voter le dernier budget).

    Bref, la marginalisation politique ou la montée en puissance de la formation populiste : tel est en tout cas l’enjeux électoral ’’européen’’ des actuelles turbulences que connaît aujourd’hui la vie politique polonaise.

  • Le 26 octobre 2006 à 15:39, par Ronan Blaise En réponse à : Carton rouge aux actuels Gouvernants polonais

    Dernier épisode en date de l’actuelle ’’crise politique polonaise’’, permanente depuis bientôt un an : il s’avère que - ce lundi 16 octobre dernier (nb : il y a déjà dix jours...) l’actuel gouvernement polonais a finalement reconduit son alliance avec les populistes du parti « Samoobrona » plutôt que de choisir de retourner devant les électeurs lors d’élections législatives anticipées...

    En effet, bien qu’évincé avec fracas le 21 septembre dernier (voir ’’post’’ précédemment rédigé à ce sujet, le 25 septembre dernier...) en raison de profonds désaccords (notamment sur les termes du budget 2007 et sur l’envoi de renforts polonais en Afghanistan...), il s’avère que le parti « Samoobrona » s’était cependant rendu indispensable à un gouvernement conservateur qui - sans lui - ne disposait finalement plus de majorité au Parlement (et était alors sous la menace d’une motion de censure et d’autodissolution de la Diète déposée par l’opposition libérale et social-démocrate...).

    Après l’éviction de « Samoobrona », le PiS (parti majeur de l’actuelle coalition gouvernementale) avait bien désespérément tenté de faire passer dans son camp quelques uns des 56 députés de ce parti populiste. Mais en vain, puisque les ’’transfuges’’ n’ont finalement pas été assez nombreux pour venir suffisamment renforcer les rangs d’une majorité alors branlante et franchement en danger.

    Ainsi, alors que le PM Jaroslaw Kaczynski avait publiquement juré qu’il ne négocierait plus jamais avec des gens ’’d’aussi piètre réputation’’ (i. e : qu’Andrzej Lepper, leader de Samoobrona) (sic) ce dernier a donc récemment (i. e : ce 16 octobre dernier...) repris sa fonction de vice-premier ministre et ministre de l’agriculture...

    Toujours est-il que le gouvernement du PM Kaczynski (et son parti politique, le PiS) sont - du coup, actuellement - en chute libre dans les sondages. Lesquels sondages donnent aujourd’hui plus de dix points d’avance sur le « PiS » à l’ « OP » (i. e : « Plate-forme civique ») : principal parti (libéral) d’opposition dont le leader (Donald Tusk) était arrivé, l’an passé, en ’’finale’’ des élections présidentielles, alors battu in extremis par le conservateur Lech Kaczynski (frère jumeau de l’actuel PM...).

    Quant aux réactions enregistrées à la suite de la reconduction de l’actuelle coalition gouvernementale, d’après le « PiS » il s’agit là prioritairement de ’’protéger’’ le ’’grand’’ projet gouvernemental de rénovation politique et morale du pays (fut-ce au prix - même - de l’image du parti...) (sic, Marek Kuchcinski, chef du groupe parlementaire du PiS à la Diète). En revanche, pour l’opposition libérale il s’agit bien là de la reconduction d’une coalition ’’dont les Polonais auront honte pendant des années’’ (sic, Donald Tusk, OP).

    En tout cas, les élections municipales polonaises du 12 novembre prochain s’annoncent comme un vrai ’’test électoral’’ majeur et d’importance indéniable pour les divers protagonistes de ce ’’drame’’ politique ’’à la polonaise’’, plus que jamais plein d’intrigues et de rebondissements... Dans la crise politique qui secoue le pays depuis déjà près d’un an, c’est sans nul doute effectivement aux électeurs Polonais qu’il convient de trancher !

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