La commission des finances a organisé mardi 18 octobre une table ronde sur la crise de la dette publique dans la zone euro, en présence de Jacques Delpla, du Conseil d’analyse économique, Jean Pisani-Ferry, directeur de l’institut Bruegel et Romain Ranciere, professeur d’économie à l’École d’économie de Paris.
« Nos méthodes de raisonnement risquent d’être remises en cause dans la période actuelle » a affirmé en préambule, invitant les trois économistes à venir enrichir la réflexion sénatoriale.
Pour assurer la viabilité du système, « les solutions sont assez caricaturales », affirme d’emblée Jean Pisani-Ferry : soit les Etats sont amenés à « être solvables en toute circonstance, ce qui promet une cure d’austérité extrêmement longue » soit « l’on accepte que les Etats puissent faire faillite », a-t-il expliqué, insistant sur le caractère peu réaliste de ce second scénario : « la dette italienne c’est près de 20 % du PIB de l’ensemble des pays de la zone euro. Une telle faillite serait un événement financier d’une importance extrême ».
L’autre solution abondamment commentée par les trois économistes et les sénateurs, est celle de la mutualisation des dettes publiques de la zone euro dans l’émission d’obligations directement par la Banque centrale européenne, ces fameuses euro-obligations. Pour Nicole Bricq (Seine-et-Marne, Soc), rapporteure générale de la commission des finances, « la contrepartie, c’est un système de contrôle budgétaire ex-ante, et non plus ex-post comme c’est le cas à l’heure actuelle ».
Jacques Delpla a lui défendu un système de mutualisation partielle des dettes publiques « ce qui pose problème, c’est l’endettement public au delà de 60 % du PIB. Je propose que ces 60 premiers pourcents soient mutualisés au niveau européen pour devenir une dette bleue, la plus sûre la plus stable, et qui ne peut jamais faire défaut. Au delà, la dette supplémentaire, ou dette rouge, serait considérée comme pouvant faire défaut, à condition que le pays concerné soit mis sous tutelle du FMI. La dette rouge jouerait un rôle d’absorption des chocs ».
Une solution qui a soulevé le débat au sein de la commission des finances. « La question de la faisabilité politique d’une intervention du FMI reste posée » conclue Nicole Bricq.
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