Parce que comme tous les anciens leaders du Non, il essaye de capitaliser sur une des rares victoires de son camp. Parce qu’aussi “l’Europe” est un bon élément de combat, structurant, pour ce courant politique. Elle incarne en effet le “néo-libéralisme” parfait avec des décisions forcément lointaines puisque de “Bruxelles”, contre les “peuples” avec son schéma institutionnel complexe où sont mélangés démocratie représentative et intergouvernementalisme.
Voici une étude de texte citoyenne : partir de ce qui est écrit dans ce livre pour analyser ce qui nous est proposé par M. Mélenchon sur les questions européennes.
“Sortir du traité de Lisbonne”
Avant le chapitre III, il est très peu question d’Europe, le président du Parti de Gauche préférant taper sur l’État sarkozyste et les financiers de la planète. D’ailleurs, il est à remarquer que dans la dernière de couverture, il n’est nulle part fait mention de l’Europe. Cela montre bien que l’auteur, candidat pour 2012, se place dans le contexte national. C’est ainsi qu’il faut comprendre le fait de consacrer un chapitre en entier à l’Europe. Le traité de Lisbonne aujourd’hui adopté par les États européens est le fils un peu caché du “TCE” de 2005.
Même si le débat lors de son adoption en France en février 2008 n’a pas pris de dimension politique ou médiatique, la gauche de la gauche s’était mobilisée sur le sujet, histoire de rester sur ses acquis du vote de 2005. Elle avait réussi à imposer la grille de lecture suivante lors du vote : “ce sont les intérêts sociaux du peuple contre les intérêts néo-libéraux des gouvernements”. L’écho électoral de ce choix stratégique de campagne a été gagnant, structurant même totalement le débat de 2005.
Ce qui est dommage, c’est d’imposer cette grille de lecture à ce qu’il s’est passé ensuite. La France et les Pays-Bas ont voté non, mais 18 États avaient voté oui démocratiquement (dont 2 par référendum). Le rapport de force n’étant pas favorable, le traité de Lisbonne était forcément très proche du TCE. Pour Jean-Luc Mélenchon, il s’agit là d’une preuve de la manipulation des élites de l’Europe contre les intérêts du pauvre peuple. Le meilleur exemple pour lui étant le vote irlandais. Il est vrai qu’il est choquant de voir qu’un seul peuple a le droit de véto sur les autres puisque le non irlandais suspendait la ratification. Mélenchon passe allègrement sous silence sur les raisons du vote irlandais, bien à l’opposé des raisons du non en France. Car le vote irlandais était un non libéral et non social comme cela fut le cas en France. Pour le leader du PdG, les peuples se retrouvent tous pour dire non.
Sous-chapître “Le rêve brisé”
Tout d’abord, dans la droite ligne de ce qu’il dit depuis le début du livre, M. Mélenchon estime que l’Europe (tout comme la démocratie en France) “devrait être le moyen de rétablir la souveraineté populaire mise en cause par la mondialisation et les Etats-Unis d’Amérique”. Traditionnel dans son discours, il y a clairement une opposition entre souveraineté populaire et démocratie représentative. De manière incompréhensible, il termine ce sous-chapitre par la constatation que le “capital” exige que “pour punir les peuples, on les priverait de droit de vote au Conseil européen”. Il est normal que les citoyens (d’ailleurs pourquoi l’auteur mélange-t-il peuple et citoyen ?) ne vote pas au Conseil européen. Cet organe est le représentant des États au sein des institutions européennes. Il est donc normal que cela soit les représentants de ces États qui soient présents au Conseil européen.
On peut être contre l’intergouvernementalisme (et l’auteur de ces lignes l’est clairement) car la diplomatie n’est pas la démocratie. Mais on ne peut pas reprocher à un organe de ne fonctionner que ce pourquoi il a été créé. C’est d’autant plus bizarre que Jean-Luc Mélenchon est député européen, et donc il s’est bien que c’est au Parlement européen que les citoyens de l’Union européenne sont représentés. Le président du Parti de Gauche devrait être plus clair dans sa critique de l’intrgouvernementalisme. En opposant Parlement européen et Conseil européen par exemple. En même temps, difficile de le faire pour lui alors qu’il oppose souveraineté populaire contre démocratie représentative, il est vrai. Mais cela manque donc d’un exemple pour dire comme la souveraineté populaire des peuples européen doit se manifester ensemble pour diriger l’Europe sans passer par démocratie représentative, à savoir sans intergouvernementalisme ou sans parlementarisme.
Sous-chapitre “une gargouille globich”
Critiquant la sur-représentation de l’anglais dans les institutions européennes, Mélenchon joue sur le registre des méchants qui ne parlent pas notre langue. C’est un peu grossier comme procédé. Il pourrait tout à fait regretter la présence du tout-(mauvais)-anglais tout en soulignant l’importance que chacun puisse s’exprimer dans sa langue et donc sa culture. La proposition n’est pas l’objet de se livre. L’Union européenne a un nouveau défaut, elle ne lui parle pas assez en français.
Pour Jean-Luc Mélenchon, le traité de Lisbonne n’a pas remédié aux problèmes de lisibilité des institutions européennes. Avec la présidence du Conseil de l’Union européenne (rebaptisée pour être plus pédagogique dans ce livre de “conseil des gouvernements”), le président du Conseil européen et le président de la Commission, il est clair que le citoyen ne s’y retrouve pas beaucoup plus. Cependant, M. Mélenchon devrait quand même s’appuyer pour étayer son commentaire sur la présidence tournante pour démontrer son propos.
Deux grosses erreurs sur la durée des mandats…
Page 75, deux grosses erreurs sont effectuées par Jean-Luc Mélenchon. Des erreurs grossières, surtout pour quelqu’un qui connaît par coeur l’architecture institutionnelle, tant il l’a combattue sur les estrades durant la campagne de 2005. Ainsi M. Mélenchon définit la durée du mandat du président du Conseil européen à 2 ans, or celle-ci est de deux ans et demi (renouvelable potentiellement une fois).
Autre erreur, plus problématique venant d’un député européen, il explique que “le président de la Commission installée pour la durée d’un mandat de l’Assemblée européenne, soit 6 ans !”… or le mandat d’un eurodéputé est de 5 ans. Peut-être que Jean-Luc Mélenchon se plaît bien dans ses habits de parlementaires européens finalement et qu’il a envie que cela dure plus longtemps ? Plus probablement, M. Mélenchon ayant été sénateur de l’Essonne – d’octobre 1986 à avril 2000 puis de septembre 2004 au 7 janvier 2010 (source Wikipedia) – doit confondre avec la durée du mandat des sénateurs qui est de 6 ans.
Ces erreurs sont tout de même grossières de la part d’un haut responsable politique qui est actuellement parlementaire européen.
Sous-chapitre “Cette Europe n’est pas la solution, c’est le problème”
L’auteur souhaite nous faire penser que “les gesticulations du Parlement européen ne sont qu’une diversion”. Pire “une véritable ponction est faite sur la richesse produite par notre pays, au profit de cette construction libérale qui détruit notre modèle économique”. L’Europe pique de l’argent à la France ! On nous volerait dans les caisses alors… La France serait même contributeur net au budget de l’Europe. C’est tellement gros comme argument que cela ne passe pas : la France reçoit des milliards d’euros pour son agriculture que M. Mélenchon ne compte pas, tout comme tous ces projets pour l’entretien des routes par exemple dans lesquels la méchante Europe investit et qui ne sont pas compter par l’auteur. Sans l’argent que l’Europe a investit en Espagne, celle-ci n’atteindrait pas le niveau économique qu’elle a aujourd’hui et les vertueuses entreprises françaises ne pourraient pas autant exporter dans ce pays…
De plus, les milliards piquer par l’Europe, ce sont des milliards qui ne sont pas généreusement accordés par la France : c’est l’argent débattu et négocié que la France accepte d’apporter au budget européen parce qu’elle y trouve son intérêt. C’est une décision validée par la France, via ses dirigeants.
Il est inadmissible de nous expliquer que la France serait obligée de payer à la place des autres. C’est un choix fait par tous les pays participants qui ne va pas bien loin : 1% du PIB est investi par les différents pays pour participer au budget européen, budget qui participe principalement à faire de l’agriculture en Europe une agriculture de premier plan au niveau mondial (avec des erreurs de stratégie sûrement) ou de construire des infrastructures essentielles aux différents pays d’Europe pour pouvoir échanger et commercer entre nous, via le FSE par exemple.
Il n’existerait “pas un seul exemple d’un mieux social quelconque qui soit venu de l’Europe en France. Pas un !” Et la parité alors ? C’est sur que c’est grâce à notre belle élite politique dont fait partie Jean-Luc Mélenchon que nous avons avancé sur ce sujet… Grâce à l’Europe, on peut bénéficier de notre couverture sociale française quand on va travailler de manière détachée en Pologne, tout comme un Polonais peut venir travailler de manière détachée en France en bénéficiant de la meilleure couverture sociale entre celles des deux pays, à savoir la française… Mais c’est apparemment trop compliqué à voir pour l’ancien sénateur de l’Essonne. Pourtant, grâce à l’Europe, un Français peut subir une opération en Allemagne si les techniques y sont plus avancées, tout en bénéficiant des remboursements de sécurité sociale en France. C’est du concret et une amélioration sociale pour les patients.
Mais cette technique de dire que l’Europe c’est du moins disant social, cela permet de se glorifier d’avoir le meilleur système social du monde. Un nationalisme du social français en quelque sorte. Ce qui est dommage, c’est de ne pas regarder ce qui peut potentiellement marcher mieux ailleurs avec cette grille de lecture.
Sous-chapitre : “ça marche moins bien et c’est plus cher”
Ce serait la faute à la Commission européenne si les prix de l’électricité ont augmenté… Voilà le type d’erreur qu’un député européen ne devrait pas commettre. Tout ce qui est décidé par Bruxelles est avalisé par les dirigeants français à un moment donné dans le processus. Quelque soit l’orientation idéologique des commissaires européens. De plus, si EDF n’allait pas chiper des marchés dans les pays voisins de la France, notre pays ne serait pas obligé d’ouvrir notre marché de l’électricité à la concurrence. On ne peut pas interdire aux autres de venir commercer chez nous alors qu’on leur prend des parts de marchés chez eux… Mais ça, c’est une décision où la France a donné son aval pour pouvoir aller piquer des marchés en Europe. C’est un choix politique (avec lequel J.-L. Mélenchon a le droit d’être en désaccord).
Encore une fois, comme pour le budget, tout ce qui est décidé en Europe s’est fait avec l’accord des dirigeants français. La Commission européenne n’a pas le pouvoir d’imposer quoique ce soit à un pays.
Sous-chapitre : “l’organisation du pillage”
“Dans tous les domaines où pleuvent des directives européennes, on assiste à la même négation de l’intérêt général.” Et bien voilà une analyse bien fine du processus de décision communautaire… On pourrait s’attendre à une critique plus épaisse du processus de décision en Europe. Par exemple, M. Mélenchon pourrait souligner que la Commission devrait être officiellement politisée, en lien avec une majorité au Parlement européen. Car en l’absence d’Europe réellement politique, c’est évidemment le prisme de l’économie qui prime. Mais de là à en comprendre que tout ce qui est décidé en Europe est fait en l’absence de prise en compte de l’intérêt général est par trop caricatural et perd en intérêt dans la critique.
De plus, les propositions de la Commission sont forcément validés et par le Parlement européen et par le Conseil (donc les États). L’intérêt général est forcément regardé par ces entités. Tout du moins l’intérêt général du point de vue national concernant les dirigeants nationaux…
Sous-chapitre : “l’Europe autoritaire”
Jean-Luc Mélenchon a tout à fait raison de souligner qu’une négociation intergouvernementale n’est pas la démocratie. Cependant, il oublie de dire que des négociations diplomatiques sont tout à fait légitimes puisqu’elles se font entre Etats souverains. C’est d’ailleurs tout le problème de la création du traité de Lisbonne : la France et les Pays-Bas étaient deux pays contre 18 qui eux avaient ratifié démocratiquement le TCE. Par conséquent, nous étions moins forts dans la négociation pour donner un tour encore plus social à un traité dont les Britanniques ne voulaient pas non plus.
Le non irlandais au traité de Lisbonne s’est retrouvé dans cette situation du reste : seul pays face à tous les autres qui avaient ratifié le traité de Lisbonne, le re-vote était inévitable et forcément défavorable à ceux qui étaient contre le traité. Cependant, si les Irlandais ont voté oui la deuxième fois, c’est aussi peut-être parce qu’ils estiment que les garanties données valaient le coup ?
Que propose le député européen en face ? Pas grand chose pour sortir de la diplomatie. Pourtant, il pourrait revendiquer le primat du Parlement européen qui représente les citoyens européens. Mais il reste à la simple critique de la diplomatie.
“L’obligation de présenter le budget du pays à la Commission européenne avant que celui-ci soit soumis au Parlement national est un odieux abus de pouvoir. C’est le retour d’un équivalent du droit de véto royal de l’Ancien Régime”. Quel est le rapport entre la Commission européenne et la monarchie absolue ? Vouloir faire des rapports historiques aussi hasardeux décrédibilise l’auteur. Le Roi en France avait droit de vie ou de mort sur les membres du peuple. Ce n’est pas le cas de la Commission européenne, qui n’a d’ailleurs aucun droit de véto sur les budgets. Cette proposition avait pour but de permettre une meilleure coordination des budgets nationaux.
On agite un chiffon rouge en faisant référence à la Révolution française. Mais le lien est quand même très ténu… Donc le but est ailleurs, sous-entendre qu’on veut faire la révolution pour couper la tête de la Commission européenne qui serait une sorte de monarque. Drôle de roi en vérité qui ne peut rien imposer sans l’accord de ses sujets, les États.
Sous-chapitre : “le nouveau totalitarisme en Europe”
Rien ne se décide sans l’accord des dirigeants nationaux, sans compter aujourd’hui le poids plus important aujourd’hui du Parlement européen, représentant des citoyens européens. Mais d’après J-L Mélenchon, “l’Europe adopte une pente totalitaire. L’adjectif est pesé.” Alors, reprenons la définition du totalitarisme…
Le totalitarisme selon Wikipedia, c’est : “Le totalitarisme est le système politique des régimes à parti unique, n’admettant aucune opposition organisée, dans lequel l’État tend à contrôler la totalité des activités de la société. Concept forgé au XXe siècle, durant l’entre-deux-guerres, le totalitarisme signifie étymologiquement système tendant à la totalité, à l’unité”.
Voilà bien là ce que n’est pas l’Europe. Sa devise est d’ailleurs “unie dans la diversité”. Il n’y a pas de parti unique puisque les différentes institutions sont marquées par le pluralisme. Même au Conseil européen, il n’y a pas un seul parti au sein duquel sont membres tous les dirigeants européens. L’Union européenne est aussi marquée par le principe de la subsidiarité qui est le contraire du contrôle totale des activités de la société puisque l’Europe n’est compétente que pour une partie des questions politiques, notamment sur l’agriculture et les règles de concurrence dans les échanges commerciaux en Europe. Les États ont encore des compétences propres que l’on sache…
A priori, M. Mélenchon ne sait pas ce qu’est un État totalitaire. Qu’il aille faire un tour en Biélorussie, il verra.
Sous-chapitre : “sortir du traité de Lisbonne”
M. Mélenchon veut sortir de l’Europe pour ne s’engager “plus que sur les objectifs concrets, immédiats, liés à la refondation républicaine sociale de mon pays”. Donc, j’en conclue simplement que le repli nationaliste est la solution. Ne faisons aucune proposition pour changer l’Union européenne, il n’y a rien à faire du fait d’une “Union à 30 membres cadenassée par les nationalismes est-européens, les régionalismes méditerranéens, l’allégeance unanime et enthousiaste à l’atlantisme de tout ce petit monde”.
Bon, on met de côté les nationalismes de l’Ouest et notamment la volonté de repli sur soi des Français parce que Bruxelles est vraiment trop méchante. On espère que M. Mélenchon compte dedans les prochains pays qui vont adhérer car pour le moment, nous n’en sommes qu’à 27 membres…
Sous-chapitre : “un nouveau référendum sur l’Europe”
Pour les questions européennes, il faut demander un référendum… national. Faisons fi de la volonté des autres peuples et regardons ce qui nous intéresse nous. Proposons une question simple et pas engagée du tout : “doit-on continuer à appliquer le démantèlement des services publics ?” Faudra me dire qui est pour… Ce type de question ressemble beaucoup à un référendum plébiscitaire. Mais une fois que tout le monde aura répondu “non”, on impose notre choix aux autres peuples souverains pour changer la législation européenne ?
M. Mélenchon prend donc exemple sur les grands Européens que sont les “Anglais” (parce que la différence entre les Anglais et le Royaume-Uni…) et demande l’établissement d’un opt-out “pour suspendre l’application d’une règle communautaire”. Tiens donc, déjà que la France peut grosso-modo bloquer toute règle édictée par Bruxelles au moment de la prise de décision, voilà qu’elle devrait en plus utiliser l’opt-out à tout bout de champs et à tout moment !
Voilà la vraie solution pour casser l’Europe d’aujourd’hui : imposons des opt-out pour ne plus avancer ensemble et rendre le tout encore plus illisible. Surtout, il faut lire la phrase suivante de la page 87 : “la révolution citoyenne dans ce domaine consistera à proposer par référendum de ne plus appliquer les articles du traité qui sont contraires à l’intérêt général des Français”.
Nationalisme quand tu nous tiens ! Pensons de manière nationale et non pas de manière européenne ! Ne faisons pas d’Europe politique et surtout rétablissons les frontières et tutti quanti ! D’ailleurs, surtout pas de moyens pour le service européen d’action extérieur, tandis que “nos ambassades et nos alliances françaises croupiraient”. La France avant tout.
Beurk…
Tout comme cette dernière contre-vérité du chapitre : “les Portugais ont expulsé M. Barroso du pouvoir dans leur pays”. Il venait juste de gagner les élections deux ans avant avec 40% des voix et ce sont les chefs d’États et de gouvernements qui l’ont proposé à la présidence de la Commission européenne… Mais bon, puisqu’on se permet de dire n’importe quoi en dénigrant tout ce qui n’est pas français, on n’est plus à ça près…
1. Le 24 janvier 2011 à 12:12, par HR En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
"Parce qu’aussi “l’Europe” est un bon élément de combat, structurant, pour ce courant politique. Elle incarne en effet le “néo-libéralisme” parfait avec des décisions forcément lointaines puisque de “Bruxelles”, contre les “peuples” avec son schéma institutionnel complexe où sont mélangés démocratie représentative et intergouvernementalisme."
Passons sur les parts respectives d’intergouvernementalisme et de "démocratie représentative" qu’il ne vaut mieux pas tenter d’évoquer ici. Il vaut mieux en effet s’en tenir à un vague "mélange", parce que sinon on verrait vite comment l’Union Européenne aujourd’hui sert le discours mélenchonien. Surtout à l’heure où la crise de l’euro de 2010 a révélé la véritable nature politique du traité de Lisbonne, avec une Union Européenne à 90% intergouvernementale. Ce débat a déjà été largement abordé dans un article précédent de Le Taurillon. http://www.taurillon.org/Louis-Michel-le-federalisme-c-est-l-avenir
Mais ce discours est une occasion de revenir sur le débat que j’ai eu ici avec plusieurs sur l’instrumentalisation du mot « peuple ». http://www.taurillon.org/Quel-role-pour-l-UE-en-cas-de-scission-de-la-Belgique-2-2 http://www.taurillon.org/A-nous-de-faire-resonner-la-voix-du-peuple-bielorusse
Le discours populiste de Mélenchon est le parfait exemple qui illustre comment le mot « peuple » ne sert véritablement que le discours extrémiste. Essayez de relire les discours de Mélenchon en remplaçant « peuple » par « une majorité de citoyens », par exemple, et le discours ne tient plus debout.
C’est l’occasion de rappeler que le mot « peuple » doit être définitivement rayé du vocabulaire politique des fédéralistes républicains démocrates européens s’ils veulent efficacement lutter contre le discours des Mélenchons européens.
D’autant plus que c’est une bonne occasion de défendre cette extraordinaire conquête des fédéralistes républicains démocrates européens, qu’on ne peut plus nous enlever, les « citoyens européens ».
Pour se battre efficacement contre le discours antieuropéens de Mélenchon, ne parlons plus de « les peuples » et ne parlons plus que des citoyens européens, éventuellement des citoyens européens français ou de France.
2. Le 24 janvier 2011 à 13:25, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Merci pour cette critique approfondie de ce bouquin. Lire aussi au sujet du PdG : L’Union européenne n’est pas le point fort du Parti de Gauche sur le blog L’expérience européenne qui relate des échanges sur Twitter avec un community manager qui manifestement n’y connaît rien ou fait semblant de ne rien y connaître (seul moyen de défendre le « programme » du parti).
3. Le 24 janvier 2011 à 13:28, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
@HR : tout à fait d’accord avec vous sur le mot « peuple ».
4. Le 24 janvier 2011 à 14:29, par Quentin I. En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Y’a-t-il eu une réaction de la part de J.L. Mélenchon ou du Parti de Gauche à propos de cet article ? Je suis curieux de voir comment il pourra défendre son livre populiste face à ces arguments objectifs...
5. Le 24 janvier 2011 à 15:30, par Aymeric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Tout d’abord, de (trop) nombreuses fautes d’orthographe dans cet article. Ensuite, bien que les arguments de M. Melenchon paraissent faibles, vous semblez les critiquer sans arguments plus construits. L’exemple de la sécurité sociale est le contre-exemple parfait pour moi. Ce principe va faire peser des coûts de plus en plus important sur les pays les plus « sociaux », qui vont du coup devoir réduire les avantages qu’ils proposent. C’est donc un nivellement par le bas qui va s’effectuer. Une mesure sociale de l’Europe aurait été d’obliger un certain degré de sécurité sociale dans tous les Etats, ou pourquoi pas, au niveau européen.
Quand ensuite vous dites que la Commission ne s’occupe que d’une partie des questions politiques, rappelons quand même que c’est la plus grande partie. En 2002, on considérait déjà que plus de la moitié de la législation nationale avait une origine communautaire (100% pour l’agriculture, 80% pour l’environnement...). Bien entendu, les Etats ont encore quelques rares marges de manoeuvres, mais il s’agit plus de rustines que de réelles (r)évolutions politiques.
Enfin, la commission européenne a toujours été (pour l’instant) de tendance libérale voire ultra-libérale. La hausse du pouvoir du parlement va certainement en partie contrebalancer tout ça. Mais il est faux de faire passer Melenchon pour un idiot lorsqu’il dit que les mesures européennes sont ultra libérales (ouverture à la concurrence dans les domaines de l’énergie, des transports, de la poste, de la téléphonie...).
Bref, je dirai que comme Mme Lepen, Melenchon pose les bonnes questions. Mais n’a pas les bonnes réponses.
6. Le 24 janvier 2011 à 17:07, par Xavier En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Mélenchon, ce n’est pas compliqué, c’est un esprit simple qui ne saisit pas la différence entre « esprit de contestation » et « esprit critique ». Oubliez les nuances.
Mélenchon, c’est un jacobin, il a ses paradigmes. Les siens sont la République Française dans sa plus fière tradition centralisatrice et interventionniste. Il ne peut donc pas projeter en l’Europe autre chose qu’une machine à broyer la diversité sous toutes ses formes.
Pour Mélenchon, Bruxelles est à l’Europe ce que Paris est à la France : un trou noir qui aspire tout.
Lorsqu’on lui parle de fédéralisme, c’est pour lui de la centralisation. Lorsqu’on lui parle de régionalisme c’est pour lui du communautarisme anti-républicain.
En tout cas je trouve magnifique que Mélenchon considère l’UE comme autoritaire sachant qu’il est dans un des courants de pensée les plus liberticides et interventionnistes qui soient ! XD En gros, l’hôpital qui se fout de la charité.
7. Le 24 janvier 2011 à 17:10, par Fabien Cazenave En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Merci de votre commentaire. Ce que vous proposez pour la sécurité sociale, c’est du domaine du choix de stratégie économique des Etats. Pour faire ce que vous dîtes, il faudrait aujourd’hui l’unanimité des Etats. Cependant, avec une Commission qui serait un vrai gouvernement avec une majorité politique au Parlement européen, nous aurions alors peut-être la possibilité d’avancer sur ce sujet... si la majorité politique est de cet avis. A vous donc (puisque vous semblez être à Europe Ecologie), avec les futures élections européennes, de porter un tel projet qui suscitera l’adhésion des autres citoyens de toute l’Europe.
Pour la législation européenne, elle est très importante parce que les Etats le décident et décide de laisser la Commission légiférer en la matière. De plus, la question du commerce est un domaine de compétence qui touche de très nombreux secteurs de la vie in fine. Donc vous avez tort de dire que les Etats n’ont pas leur mot à dire. Surtout qu’ils valident (ou non) tous les textes européens émis par la Commission européenne. Choisir la manière dont on taxe les entreprises et les particuliers, appliquer une protection sociale plus ou moins poussée ou encore choisir de quelle manière on soutient la culture dans son pays, voilà des sujets qui sont loin d’être des petites politiques !
Les mesures décidées par la Commission européenne sont toutes validées par les Etats. Si vous estimez que les décisions de la Commission sont toutes « ultra-libérales », il faut vous en plaindre auprès de vos dirigeants et non pas attaquer la Commission ! Cependant, les sujets choisis et les orientations décidées par la Commission européenne manque de clarté politique. Il est clair qu’un Français comme Michel Barnier va demander plus de contrôle dans le cadre des marchés financiers qu’un Britannique. Cependant, il faut encore derrière que ses propositions soient adoptées par les Etats... Cela prouve néanmoins que croire que la Commission n’a pas à être déconnectée du jeu politique est une grave erreur.
Le livre de Mélenchon n’est qu’un brûlot et en propose pas grand chose. C’est d’ailleurs le plus grand reproche que je lui fais de mon point de vue de citoyen.
8. Le 24 janvier 2011 à 19:02, par Aymeric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Tout d’abord, je tiens à préciser qu’Europe Ecologie prône en effet une intégration européenne et une démocratisation des instances de l’UE plus importantes. De nombreuses questions ne peuvent être réglées qu’en termes européens, ce que Mélenchon fait mine de ne pas voir (énergie, environnement...).
Vous dites que la commission n’est pas politisée, mais les membres de la commission sont validés (et finalement choisis) par les membres du Conseil, c’est-à-dire par les chefs de gouvernement. La Commission aura donc la couleur politique de la majorité des gouvernements nationaux. Comment pourrait-on dire que M. Barnier n’est pas politisé, alors qu’il est membre d’un parti national et a été ministre sous l’étiquette de ce parti ? De même, comment pourrait-on dire que M. Barroso n’est pas politisé ?
Ainsi, les mesures prises par la Commission (bien qu’originellement uniquement garante des traités) sont politisées. Et il s’avère qu’en Europe, comme en France, la majorité relative est de droite. La plupart des chefs de gouvernement sont de droite. Pour les chefs de gouvernement de gauche, ils sont souvent libéraux, l’échiquier politique étant à lire différemment (je pense à M. Blair notamment).
Par conséquent, la commission a toujours (pour l’instant, je me répète) pris des mesures libérales voire ultra libérale.
Ensuite, si une mesure n’est pas accepté par le peuple, on pourra dire que c’est de la faute de la Commission, quand bien même la majorité des chefs de gouvernement l’ont accepté. Mais se plaindre de notre gouvernement relève du « national ». Lorsque nous sommes dans une législation européenne, les représentants des gouvernements sont les membres de la Commission. Il est d’ailleurs à noter qu’à l’aune de cette analyse, les gouvernements nationaux, c’est à dire les pouvoirs intergouvernementaux, ont bien plus de pouvoir que les représentants du peuple (c’est à dire le parlement)
Cela peut être changé par les élections. Cela peut être changé en minimisant le pouvoir du Conseil et en donnant plus de pouvoir au Parlement.
Enfin, lorsque vous dites que la sécurité sociale relève de la stratégie économique de chaque Etat, vous avez raison. Mais c’est ce que je reproche précisemment. Si Bruxelles accepte de légiférer sur des domaines aussi variés que les subventions accordés aux agricultures ou les prix des SMS, ne pourrait-il pas légiférer sur un minimum de sécurité sociale ? C’est uniquement un manque de volonté politique, due à une vision à mon sens trop libérale de l’idéal économique. C’est un choix de la Commission.
9. Le 24 janvier 2011 à 20:26, par Cédric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
@Aymeric : les estimations concluant que 100% de la législation nationale en matière agricole et 80% en matière environnementale seraient d’origine européenne sont très fantaisistes. Il faut être vigilant par rapport à ces chiffres balancés au pif par tel ou tel politicien sur la part de l’Europe dans notre législation, car les « 80% de législation nationale d’origine communautaire » sont un mythe. Un mythe à combattre si on veut que le débat sur l’Europe soit un débat honnête.
Selon Y. Bertoncini, http://www.notre-europe.eu/uploads/tx_publication/Etud73-Y_Bertoncini-fr.pdf on se situerait plutôt à 44% dans le domaine de l’agriculture, et 4% dans le domaine de l’environnement, 12% globalement.
@F. Cazenave Très bon article.
Trois observations :
– A la place du FSE, je pense que vous souhaitiez faire référence au Fonds de Cohésion ainsi qu’au FEDER.
– Vous avez tout à fait raison d’affirmer que développer l’Espagne ou en Europe centrale favorise l’exportation de nos entreprises, étant donné que la France fait 16% de ses exportations dans ces pays (voir p.18 : http://ec.europa.eu/budget/reform/library/communication/annexe_technique_en.pdf) N’oublions pas non plus que nos entreprises participent directement à la construction des autoroutes et équipements divers financés dans ces pays (Espagne excepté), dans la mesure où l’Europe centrale n’a pas de grands groupes de BTP.
– Il est vrai que la France n’a jamais été mise en minorité au Conseil. Partant de là, vous adoptez une logique de défense très intergouvernementale face à Mélenchon (« déjà que la France peut grosso-modo bloquer toute règle édictée par Bruxelles au moment de la prise de décision »). C’est une défense tout à fait valable, mais elle me semble difficile à tenir si l’on souhaite par ailleurs une démocratie représentative européenne avec majorité qualifiée au Conseil dans tous les domaines…
10. Le 24 janvier 2011 à 21:08, par Fabien Cazenave En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
@Aymeric : tu as raison sur l’intergouvernementalisme, mais j’ai voulu montrer en quoi la logique présentée par le député de la GUE était elle-même irraisonnée.
11. Le 24 janvier 2011 à 21:10, par Florent En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Merci Fabien pour cet article.
@Aymeric : Sur la question de la politique libérale de la Commission, je divise le problème en deux : ce qui ne relève pas des compétences de la Commission et ce qui pourrait être fait mais qui ne l’est pas.
Force est de constater que sans budget conséquent ni possibilité de redistribuer plus (par un impôt sur les sociétés par exemple), la Commission est incapable d’avoir une politique sociale ambitieuse. Cela nécessité soit une modification des traités, soit l’unanimité des Etats (ce qui revient presque au même). En ce sens, reprocher à la Commission de ne pas être assez sociale alors qu’elle n’en a pas les moyens serait à mon sens une analyse un peu hors contexte.
Que pourrait faire la Commission de franchement plus social ? Pour être franc, pas grand chose, au vu de ce qui a été dit plus haut. Par contre si vous avez des idées, je suis preneur... Quant aux libéralisation, je ne pense pas que l’on puisse généraliser toutes les politiques visant à créer un marché commun comme négatives. Perso, je suis bien content de pouvoir prendre l’avion pour 30€ au lieu de 200€ ou téléphoner avec un forfait bien moins cher que France Telecom... Donc ce que vous appelez libéralisme ou ultra-libéralisme dans le cas de la Commission s’est avéré parfois positif pour le citoyen.
« C’est uniquement un manque de volonté politique, due à une vision à mon sens trop libérale de l’idéal économique. » Pour la Commission Barroso, je suis partiellement d’accord (reach, les crédits d’émission de carbone...) mais je ne le dirai pas pour la Commission Prodi.
12. Le 24 janvier 2011 à 21:10, par Fabien Cazenave En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
@Aymeric : donc en fait, on est d’accord alors ?
13. Le 25 janvier 2011 à 09:39, par Aymeric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
@ Fabien, sur le fond, j’ai bien l’impression que l’on est d’accord. C’est sur le choix des arguments portés contre Mélenchon que je ne vous suis pas totalement.
@Florent, la commission n’a pas besoin de budget pour imposer des normes sociales aux Etats. Elle en a besoin pour mettre en place des minimums sociaux au niveau européen, ce qui serait la solution optimale (en terme de budget et d’efficacité). Pour avoir un exemple de ce que la volonté politique a failli réussir à faire :
http://uneautreeurope.europe-ecologie.net/2011/01/13/mesures-sociales-les-etats-contre-leurope/
L’Europe peut être sociale, il s’agit simplement de le vouloir.
Enfin, je ne dis pas que la libéralisation des marchés est toujours une mauvaise chose. Dans un certain sens, elle était nécessaire pour passer d’une économie nationale à une économie européenne. Cependant, contrairement à ce que vous laissez entendre, depuis la privatisation de France Telecom, les prix ont augmenté. De même pour la SNCF, EDF (encore partiellement publique), les autoroutes...
La différence tient à l’objectif qu’ont les entreprises publiques (rendre un service) et les entreprises privées (maximiser les bénéfices). A mon avis, la solution la plus adaptée serait d’introduire une notion de « service publique » pour les entreprises privées de certains secteurs. Cela permettrait de rester dans le cadre d’un marché « ouvert », tout en donnant des obligations de services. Actuellement, les SIG, SIGC et autres « services universels » ne sont pas définis clairement et finalement ne veulent rien dire.
14. Le 25 janvier 2011 à 10:13, par HERBINET En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Populisme, quand tu nous tiens ! D’attaques piquées en attaques gorgées de populisme aux relents eurosceptiques, la plume assassine de Jean-Luc Mélenchon, flamboyant illusionniste, m’indispose. La Démocratie donne des droits individuels aux citoyens. Par exemple, le citoyen européen a la possibilité de choisir son représentant lors d’une élection grâce à l’exercice de ses droits civiques. Par exemple, le Parlement européen est un organe pleinement démocratique avec une avancée sans précédent : la co-décision. Puisque si nombreux sont les problèmes n’ayant de solutions à l’échelle nationale, ce n’est qu’à l’échelle supra-nationale qu’une solution sera trouvée. Lorsque la clairvoyance de François Mitterrand indiqua que « la grandeur de la France passera par la dimension européenne », le clair obscur de Jean-Luc Mélenchon, dans son essai intitulé « Qu’ils s’en aillent tous », demande à sortir du traité de Lisbonne. Populisme, quand tu nous tiens ...
Pierre-Franck HERBINET
15. Le 25 janvier 2011 à 10:41, par HR En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
"Aujourd’hui 09:39, par Aymeric contrairement à ce que vous laissez entendre, depuis la privatisation de France Telecom, les prix ont augmenté. De même pour la SNCF, EDF (encore partiellement publique), les autoroutes… La différence tient à l’objectif qu’ont les entreprises publiques (rendre un service) et les entreprises privées (maximiser les bénéfices). "
Et c’est dit « gratuitement » sur Internet !
Rappelons qu’à l’origine, l’idée du monopole France Télécom, c’était que ce débat ait lieu sur 3615 ANTILIBERAL à un euro la minute de connexion !! Le débat qui a lieu ici aurait déjà dû idéalement rapporter des centaine d’euros au monopole Fance Télécom !!!
Une autre occasion de rappeler pourquoi, alors que ce sont des Européens qui ont inventé les principes des protocoles Internet, alors que les Européens avaient les moyens humains, techniques et financiers d’offrir Internet au monde, les monopoles européens ont préféré développer des solutions d’échanges numériques type Minitel.
Tout ça pour littéralement racketer les « usagers » avides de ce type d’échanges...
Avec finalement le résultat que l’on sait. Un retard industriel européen désormais impossible à rattraper.
Et avec France Télécom qui continue (voir les déboires de Free) à abuser de ce qui reste de son monopole.
France Télécom, c’était comme la famille Ben Ali. Et c’est toujours comme le système Ben Ali qui se bat pour préserver ce qui peut encore être sauvé des privilèges des monopoles.
16. Le 25 janvier 2011 à 11:38, par Cédric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
La France meurt de ses grands monopoles et de son attachement aux grands groupes.
Faut-il rappeler que c’étaient des Français qui avaient inventé le premier PC portable 5 ans avant Apple et Microsoft, mais ils ont été incapables de le commercialiser ? On pourrait multiplier les exemples à l’infini.
Pourquoi ? Parce notre pays ne jure que par et pour les grands groupes, gouvernés par des grands corps d’Etat, soutenus par leurs amis de 30 ans au sein des ministères. Et incapables de rééquilibrer seuls notre balance commerciale, même en vendant (ou pas) une petite poignées de mirages.
Le problème de la privatisation des grands monopoles publics en France, c’est qu’elle n’a été faite qu’à moitié et n’a pas été accompagnée d’une libéralisation (surtout SNCF et EDF). Félicitation : on a réinventé l’idée de monopole privé. Constat similaire pour les concessionnaires d’autoroutes désormais privés, dont on s’est bien gardé d’encadrer les péages (alors que les autoroutes sont un monopole naturel) afin justement de générer davantage de revenus pour l’Etat et pour les sociétés concessionnaires amies.
17. Le 25 janvier 2011 à 18:36, par Aymeric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
On s’éloigne grandement du débat, mais je voudrais défendre ma position critique envers les politiques libérales ou ultra libérales, qu’elles soient nationales ou européennes.
L’idéologie libérale est portée par la volonté de mettre en place une concurrence pure et parfaite, qui serait forcément positive pour les consommateurs et pour la planète, grâce à la loi de l’offre et la demande. Et dans la théorie, je suis tout à fait d’accord. Si une entreprise pollue, on n’achète pas ses produits. Une autre entreprise la remplace et le marché s’autorégule de cette façon.
Sauf que pour avoir une concurrence pure et parfaite, il faut respecter certains critères :
– atomisation de l’offre
– atomisation de la demande
– transparence du marché
– libre circulation des facteurs de production
– inexistance des barrières d’entrée et de sortie sur le marché
Et ces critères sont complètements utopiques. Jamais ils ne pourront être respectés. Par conséquent, l’idéologie libérale ne pourra jamais être réellement mise en pratique. Finalement, la seule partie qui évolue, c’est la libre circulation et la réduction des barrières d’entrée sur le marché (enfin uniquement les barrières étatiques). Lorsque l’on veut faire du libéralisme, on ne fait que de la dérégulation. C’est pourquoi on voit des « monopoles privés », des ententes, des scandales sanitaires ou écologiques...
Le libéralisme est une utopie très jolie, tout comme le communisme. Mais lorsqu’on veut les appliquer, ça devient très néfaste.
La régulation est nécessaire.
18. Le 25 janvier 2011 à 19:52, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
@Aymeric : vous avez une vision ultrasimpliste du libéralisme économique. Au delà de la théorie classique il est admis naturellement depuis longtemps qu’une économie libérale ne peut prospérer que dans le cadre d’une réglementation visant à assurer un cadre adéquat à son fonctionnement, et nullement par les seules règles du marché. C’est pourquoi notamment l’Union européenne, mais avant elle la plupart gouvernements nationaux, ont mis en place une réglementation visant à lutter contre les monopoles et les ententes et à une meilleure information des consommateurs. Ce qui pose problème c’est moins le libéralisme, dès lors que des politiques de ce type sont effectivement mises en oeuvre, que le capitalisme de connivence à la française où les élites politiques et économiques sortent du même moule, où l’État se met aux service des lobbies (Hadopi par exemple), où les ententes entre les opérateurs économiques ne sont pas sanctionnés avant que n’interviennent justement les autorités européennes. En ce sens dans de nombreux domaines il est réjouissant que sous l’effet des politiques européennes les choses évoluent un peu.
19. Le 26 janvier 2011 à 09:46, par HR En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Qu’est-ce que le « libéralisme » ?
Passons sur cette expression propre au 19ème siècle et qui était tombée rapidement en désuétude avant même que ce siècle finisse. Pour s’en convaincre, il suffit de se souvenir qu’on avait oublié l’expression dans les années 30, que Mai 68, grand pouvoyeur de « mots d’ordre », n’a jamais jugé utile d’en faire le moindre slogan, graffiti ou affiche.
Oui mais voilà. Tombe le mur de Berlin, qui prive le marxisme de la promesse de ses « lendemains qui chantent » et autre « bilan globalement positifs ». Le communisme, le marxisme, le socialisme ne peuvent plus être « pour », « pro ».
Tous les porteurs d’actions de ces idéologies défuntes , surtout les plus spécialisés,n’ont pas forcément la possibilité de se recycler, surtout chez ceux qui n’ont pas vu ou voulu voir ce qui allait arriver. Ne pouvant plus être « pro » ou « pour, une solution apparaît : devenir »anti".
Alors, et ce n’est pas par miracle, apparaît la diabolisation du « libéralisme » et un nouveau métier (ATTAC, le Monde Diplo, PC, Socialistes, Die Linke, etc) : l’antilibéralisme.
L’antilibéralisme, c’est un peu comme Vivendi ou LCL : avant Vivendi, LCL, ça s’appelait Générale des Eaux, Crédit Lyonnais. L’antilibéralisme, c’est un nouveau nom, pour une tentative de remettre sur le marché une entreprise qui, en toute justice, aurait dû fermer depuis longtemps.
Par ailleurs, pour revenir aux véritables enjeux aujourd’hui, rappelons que le conflit n’est pas entre libéralisme et antibéralisme, mais entre étatisme, Etat-nation, Etat autoritaire, d’une part et démocratie, d’autre part.
Et là, effectivement, il y a problème, surtout en Europe. On le voit aujourd’hui encore avec le traité de Lisbonne qui fait de l’Union Européenne un espace à 90% intergouvernemental d’Etats nations.
Et ce système intergouvernemental, sur lequel les citoyens européens n’ont pas prise, est confronté à un mouvement générale de dérégulation qui est à 90% le fait de décisions démocratiquement votées par une majorité de citoyens, années après années, en fonctions des orientations des candidats, par la Démocratie Américaine, à partir de l’élection de Reagan et d’une majorité qui allait dans le même sens au Congrès des USA.
20. Le 26 janvier 2011 à 12:49, par Aymeric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Il n’empêche que, malgré toute la bonne volonté que vous mettez pour défendre le libéralisme (pour HR : aujourd’hui, il s’agit avant tout de dérégulation et un peu de tentative de rendre transparent le marché), les résultats sont là : comme toute idéologie, elle a failli. Le marché ne s’autorégule pas tout seul, les entreprises sont dirigés par des hommes qui recherchent avant tout leur profit.
Par conséquent, le service au citoyen, le respect de l’environnement, le respect des droits de l’homme, ne sont que des moyens et non des fins. Et ces moyens sont bien souvent évités. Finalement, ce qui importe, c’est uniquement l’image que les consommateurs ont des entreprises.
Déréguler les marchés, laisser les entreprises agir selon leur volonté en se disant que la main invisible de Smith réglera tout ça, c’est utopique. Il faut des cadres légaux, et contrairement à ce que vous semblez croire Valery Xavier, ce n’est pas la tendance actuelle que de mettre en place ces cadres légaux.
Prenons l’exemple de la crise économique : quels ont été les mesures législatives prises ? augmenter les fonds propres des banques (et encore seulement en Europe) et après ? Croyez-vous que les banques vont devenir plus éthique ? Les conséquences du libéralisme, c’est la spéculation sur tout et rien, puisque tous les marchés sont « libérés » des règlementations. Ainsi, les matières premières voient leurs prix flamber, et ce sont les plus pauvres sur cette planète qui en paient les pots cassés.
Des règlementations dites-vous ? Oui, mais demandez aux créanciers du FMI quels sont ces règlements : moins d’Etat dans l’agriculture, moins d’Etat dans l’éducation, moins d’Etat dans la médecine... Moins de subvention, laissez le marché agir comme il l’entend...
Non, le libéralisme est une utopie qui, comme le communisme ne pourra jamais être appliqué dans la réalité. Toute tentative de mettre en place ces utopies amènent à des désastres. Vous dites que l’UE n’est pas libérale selon le terme exacte ? Mais ne pensez pas que l’URSS était communiste, elle l’était autant que l’UE est libérale. Ces économies communistes ou libérales ne font que tendre vers une utopie qu’elles n’atteindrons jamais. Et en attendant, elles provoquent des dégâts difficilement réparable.
Enfin, HR, vous ne pouvez raisonnablement pas mettre dans le même panier les altermondialistes, le PC et le PS. Ce n’est pas raisonnable. Ce serait comme mettre dans un même panier le FN, le GUD et l’UMP. Les visions du monde de ces entités sont radicalement différentes. Ne croyez pas qu’il n’existe qu’une seule voie en dehors du libéralisme, il en existe des tas.
21. Le 26 janvier 2011 à 15:33, par Cédric En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Comment pouvez-vous affirmer qu’il y a un retrait de l’Etat ?
La part du public dans le PIB a atteint en 2010 le niveau de 56%, ce chiffre a constamment augmenté les dernières décennies et n’a jamais été aussi élevée en France ! Sous Sarkozy !
22. Le 1er février 2011 à 16:36, par adlnie En réponse à : Critique citoyenne de « qu’ils s’en aillent tous ! » de Jean-Luc Mélenchon
Tiens ! Sarko bon saint Nicolas nous ferait du public maintenant ?
Oui c’est vrai l’état mise beaucoup dans le public,
Avec toutes les indemnités qu’il donne aux patrons incapables et corompus et sans projet.
Tant aux PME sans projets qui embauchent stagiaires sur stagiaires, en touchant des indemnités, qu’au grosses boites qui finissent par délocaliser.
C’est là que sont les vrais problèmes : pas dans le temps du travail.
En Allemagne :
– on fabrique de la qualité
– on paye les travailleurs
– on travaille 35 heures.
Et ça marche parce qu’on vend avec ces principes.
ça marcherai encore mieux, si on virait les banquiers.
En france, c’est la médiocrité qui domine en général et en particuliers chez les employeurs.
Les gens de droite et leur slogans de comm. relatent bien la réalité : « travailler plus pour gagner plus »
A cette foutaise, je répond : « et la qualité du travail ? »
Notre économie est médiocre parce que le libéralisme a amené la médiocrité dans notre pays :
en bousillant le système éducatif, en démantelant les hopitaux, et le système de santé en donnant des indemnités indues aux entreprises médiocres (qui finirons toutes par couler) en lèchant les bottes faiseurs de fric rapide. en produisant le déficit de l’état pour se donner encore plus d’argument.
Je parle du libéralisme, de la fausse gauche comme de droite. Alors oui c’est vrai « qu’ils s’en aillent tous ! »
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