Donald Tusk lauréat du prix Charlemagne

, par Benoît Pélerin

Donald Tusk lauréat du prix Charlemagne

Le premier ministre polonais Donald Tusk s’est vu remettre le prix Charlemagne des mains d’Angela Merkel en récompense pour ses efforts en faveur d’une Europe unie.

Donald Tusk a reçu le Prix Charlemagne des mains de la chancelière allemande Angela Merkel, elle-même lauréate du prix il y a deux ans. Créé en 1950, ce prix récompense des personnalités, d’Europe ou d’ailleurs, pour leur engagement en faveur de l’unification européenne, il est remis chaque année à Aix-la-Chapelle et tire son nom du premier unificateur historique de l’Europe, Charlemagne. Entre autres lauréats précédents des plus prestigieux, on a pu compté Konrad Adenauer, Winston Churchill, Simone Veil, Václav Havel, Jacques Delors, François Mitterrand ou encore plus récemment Bill Clinton et Tony Blair. Donald Tusk est le troisième polonais à recevoir le prix Charlemagne après Bronisław Geremek (1998) et le pape Jean-Paul II (2004).

Le comité de direction a retenu comme raisons de ce choix l’engagement de M. Tusk pour la démocratie et la liberté, ainsi que ses efforts dans la collaboration de son pays, dont il est le premier ministre depuis 2007, avec l’UE. La commission salut « un patriote polonais et un grand Européen […] convaincu et convainquant », avec une histoire personnelle remarquable.

Le combattant de la liberté

En pleine dictature communiste, Donald Tusk entre en contact avec l’opposition dès 1970, révolté par les répressions des manifestations ouvrières par un régime qui se targue pourtant de les défendre, un scénario malheureusement trop bien connu par les populations des républiques populaires communistes. Sa révolte passera par les manifestations mais aussi par l’écriture, en tant que journaliste pour des journaux clandestins jusqu’à la transition de 1989.

Il adhéra au premier syndicat libre de Pologne et du bloc de l’Est, Solidarność, alors mené par Lech Wałęsa, dont l’incarnation des années 80 jouit maintenant d’un statut iconique en Pologne en tant que mouvement de libération nationale, dont est d’ailleurs issu un grand nombre de personnalités politiques des deux principaux partis : feu Lech Kaczyński et les deux principaux candidats à la présidence, son frère jumeau Jarosław Kaczyński pour PiS (Droit et Justice) et Bronisław Komorowski pour PO (Plateforme Civique, dirigé par Tusk).

Il quitte Solidarność en 1989 et fonde un mouvement libéral qui défend entre autre une adhésion aussi rapide que possible de son pays à l’UE avant de participer à la création de PO en 2001. Candidat malheureux à la présidence en 2005, il obtiendra sa revanche en accédant au poste de premier ministre en 2007 après l’auto-dissolution de la Sejm (parlement polonais).

Une fois en poste, il rompt avec la politique de confrontation avec l’UE de son prédécesseur préfèrant une politique de coopération, il déclare ainsi en 2007 « Nous travaillons à une nouvelle politique qui s’appuie sur une participation active des polonais à tous les changements qui se produisent dans l’UE […] Nous devons nous efforcer de chercher des compromis et des solutions », il s’engage aussi à faire tout son possible pour entrer dans la zone Euro, améliorer les relations avec son voisin allemand et se propose de revitaliser le coopération trilatérale entre Varsovie, Berlin et Paris par le biais du Triangle de Weimar http://fr.wikipedia.org/wiki/Triangle_de_Weimar . Le comité de direction du prix récompense aussi son combat pour la ratification du traité de Lisbonne contre l’ancien président eurosceptique Lech Kaczyński.

On se réjouira de voir que la crise n’a pas affaiblit ses convictions, contrairement à certains, au contraire il a ainsi pu déclaré que le succès de la Pologne (seul îlot de croissance en UE en 2009) « ne devait pas se dissocier d’un succès de l’Europe […] pour nous les plus grands dangers sont l’effritement de la solidarité européenne, l’accroissement des égoïsmes nationaux et le protectionnisme. Il ne peut y avoir de stratégie (de sortie de crise) qu’européenne ».

Le chemin ne s’arrête pas là

En effet la Pologne sera à la tête de la présidence tournante en 2011. M. Tusk a d’hors et déjà annoncé que les questions énergétiques et budgétaires seront alors au centre de cette présidence. Il compte mettre à profit sa politique de main tendu à ses voisins de l’est pour faire avancer le dossier énergétique européen. Par ailleurs il compte profiter du statut ne nouveau membre de la Pologne pour revitaliser l’UE, comme il le déclarait déjà en 2009 : « Nous sommes le plus grand pays parmi les nouveaux membres et peut-être même le partenaire le plus important pour les membres plus anciens. C’est pourquoi de nombreux Etats comptent sur les nouveaux membres pour prendre l’initiative et donner une nouvelle impulsion à l’occasion de la président polonaise ».

En tant que Jeunes Européens, et en dehors de considérations politiques, nous ne pouvons que nous réjouir qu’un Européen convaincu se voit récompenser, nous ne pouvons qu’espérer que d’autres hommes et femmes politiques européens sauront en prendre de la graine en ces temps où certains se laissent tenter par le réflexe du replis national.

Là-dessus laissons les derniers mots au nouveau lauréat, ceux qu’il a prononcés en conclusion de son discours lors de la cérémonie de remise du prix : « J’adresse mes paroles à tous ceux qui prétendent que le crépuscule est tombé sur l’Europe […] l’Europe n’est pas du tout à l’agonie. La crise actuelle est un moment opportun pour renforcer et développer le modèle européen. Utilisons donc cette opportunité pour annoncer que l’heure de l’Europe est arrivée. L’Europe - les poètes, les historiens et les philosophe l’ont confirmé - n’est pas une notion précise, elle peut être fragile et parfois indistincte, et pourtant, elle suscite des associations claires et fait battre notre cœur plus fort ».

Illustration : Donald Tusk

Source : Flickr

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