Président efficace - sinon un Washington européen
La description de la fonction elle-même dans le traité semble favoriser la thèse d’un Président « efficace » dans la recherche tout à la fois de l’intérêt général de l’Union et d’un consensus au sein du Conseil sur les questions de sa compétence - c’est-à-dire principalement sur la politique étrangère et de sécurité (à laquelle il conviendrait - vu les développements en cours - d’ajouter la stratégie d’élargissement de l’Union).
Sur la stature institutionnelle du personnage, il pourrait exercer un rôle intermédiaire entre celui des Présidents allemand ou italien d’une part - et celui du Président américain d’autre part [1].
Il ne sera donc probablement pas (ou pas tout de suite ...) un George Washington européen comme cela a été souvent évoqué. Une telle comparaison est hasardeuse sur le plan historique et institutionnel mais, reconnaissons-le, intellectuellement stimulante [2].
Des négociations et des prises de position
Quoiqu’il en soit, le choix du Conseil européen (à la majorité qualifiée - ce qui limite la marge de manœuvre de l’un ou l’autre grand Etat membre) est imminent . Il fait l’objet de secrètes et « complexes » négociations diplomatiques entre les capitales, la Commission et le Parlement européen en étant officiellement exclus.
Les trois Etats du Benelux ont, pour leur part, rendu publique une note où ils décrivent leur conception du rôle et du personnage du Président : il devra « avoir démontré son engagement européen et développé une vision sur l’ensemble des politiques de l’Union » ; il devra aussi « être sensible aux équilibres institutionnels qui caractérisent la méthode communautaire ».
D’autre part ces Etats se montrent soucieux de préserver les prérogatives de la Commission et du Conseil de Ministres par rapport à celles de la nouvelle institution qu’est le Conseil. Le Président Barroso a étonné en prenant également position pour « un Président fort (...) un vrai Européen qui soutienne entièrement le projet et qui défende la méthode communautaire » et soit en mesure de « créer un consensus entre les 27 ».
Les nominés sont...
Parmi les noms qui circulent, les « Amis » auront noté ceux de trois personnalités dont l’expérience et l’attachement à la poursuite de l’intégration européenne dans son inspiration originelle devraient les qualifier assez naturellement pour le poste.
Il s’agit de MM. Jean-Claude Juncker, Guy Verhofstadt et Felipe Gonzalez. C’est d’ailleurs le choix que proposent plusieurs organisations pro-européennes dont l’UEF FRANCE qui vient de prendre position en ce sens (voir communiqué de presse ci -joint).
Pour rappel : en avril 2008, Jacques Delors avait déclaré :
« Je suis contre le Président du Conseil européen. Il va aller aux dépens du système communautaire, dévaluer la Commission et le Conseil Affaires générales. Mais si c’est Jean-Claude Juncker, j’abandonnerai mes critiques ! ». [3]
Tout est dit en peu de mots.
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