Jeunesse

Jean Monnet, bâtisseur d’Europe

L’Europe en BD, par Jeanne Puchol et Catherine Cazalé

, par Ronan Blaise

Jean Monnet, bâtisseur d'Europe

A la veille du cinquantième anniversaire des traités de Rome du 25 mars 1957 (instituant la CEE et l’Euratom) Arthur, Carmen, Emilie, Lucas et Malika - cinq élèves d’aujourd’hui du Lycée Jean Monnet de Cognac - décident, dans le cadre de leurs activités scolaires, de créer un site internet sur la vie et l’œuvre de Jean Monnet.

Mais comment retracer - sur un mode interactif, ludique et attrayant - le parcours de ce discret, modeste mais infatigable et au combien efficace constructeur d’Europe ?

Et bien en demandant - tout simplement - à ce singulier Charentais exceptionnel et visionnaire de réapparaître momentanément à nos yeux, ne serait-ce que quelques heures...

Et c’est ainsi que chacun à son tour, nos cinq lycéens vont donc ainsi avoir la chance - au rendez-vous cognacais du 52 rue Paul-Firino-Martell [1] - de pouvoir s’entretenir directement avec Jean Monnet, lui même...

Celui-ci leur expliquant alors, entre Cognac [2], Houjarray [3] et Montfort-l’Amaury [4] (en passant par de nombreuses expériences à Londres, Genève, New York, Varsovie, Bucarest, Shanghaï, Washington, Alger, Paris et Luxembourg...), le sens profond de ses projets ou réalisations, et leur faisant part de son expérience historique exceptionnelle.

Le récit d’une vie entière consacrée au service de l’Europe, pour la paix

Dans ce passionnant récit, on voit ainsi Jean Monnet - Père de la CECA (en 1951) puis de l’Euratom et de la CEE (en 1957) - poser, dès le tout début de la première guerre mondiale, les tous premiers jalons de ce qui deviendra plus tard l’Union européenne.

Esprit concret et pratique issu d’un milieu d’artisans-négociants (p.13), mais aussi grand organisateur non dépourvu de profondeurs de vue, Jean Monnet contribuera très concrètement et très activement à la consolidation de la paix dans l’entre deux guerres [5] ainsi qu’à la victoire des alliés lors des deux grands conflits mondiaux [6].

Sa route croisant alors ainsi celles de grandes personnalités historiques de tout premier plan comme Sir Winston Churchill, le président Franklin D. Roosevelt, le maréchal-président Tchang Kaï-Chek, le Chancelier Konrad Adenauer, le général de Gaulle ou encore un certain Altiero Spinelli (pp.44-45) ...

Evènement clef, sa nomination à la direction du Commissariat général au Plan (en 1946) (p. 39), organisme créé pour permettre le relèvement économique et matériel de la France de l’après-guerre, allait offrir à Jean Monnet la possibilité de lier, de relier et de réconcilier la France et l’Allemagne dans le cadre du grand projet de la CECA (Communauté économique du charbon et de l’acier) que lancera, à son initiative, le ministre français des affaires étrangères d’alors, Robert Schuman (en accord avec Konrad Adenauer...) le 9 mai 1950 (p.49).

Devenu président de la « Haute Autorité » de la CECA (projet franco-allemand auquel adhéreront immédiatement le Benelux et l’Italie...), Jean Monnet sera par la suite [7] l’un des initiateurs et l’un des grands concepteurs des traités de Rome signés le 25 mars 1957 (pp. 53-54) et dont nous fêterons le 50’ anniversaire en mars prochain...

Une initiative européenne bienvenue

Destiné prioritairement aux lycéens [8], cet album de bande dessinée [9], rendu très vivant par l’alternance de scènes au présent et d’évocations du passé (et basé sur une très large et très complète documentation...) peut néanmoins intéresser un public bien plus large...

Les sceptiques critiqueront certains aspects scénaristiques de cet ouvrage ou l’image policée et peut-être trop ’’sage’’, trop ’’studieuse’’ et peut-être même trop ’’bien propre sur soi’’ que cet album donne de la jeunesse lycéenne d’aujourd’hui.

Il n’empêche : le dessin est clair, le style est sans bavure et le scénario des plus lisibles. Pareillement, la documentation utilisée pour la conception de cet album semble avoir été imposante et voilà bien un travail qui, pour ce qui est du seul respect de la vérité historique et de la rigueur scientifique, n’en n’est pas moins absolument irréprochable.

En tout état de cause, la publication récente de cet album de bande dessinée de grande qualité (en ouverture des commémorations du cinquantenaire des Traités de Rome...) est là une initiative européenne des plus bienvenues. Tant il a le grand mérite de s’efforcer de vulgariser et de mettre à la portée de tous une matière souvent jugée aride et austère, à tort : et nous le prouver ainsi n’est pas là le moindre des mérites de cet ouvrage.

- A lire :

« Jean Monnet, bâtisseur d’Europe » :

Un ouvrage de Catherine Cazalé (scénario) et Jeanne Puchol (dessins) (mise en couleur : Isabelle Labbé), document publié aux « Editions de l’AN 2 ».

Un volume cartonné (21 x 29,5 cm) de 56 pages (couleur) : en vente en librairie à partir du 2 octobre 2006 (12,50 €uro).

Mots-clés

Portfolio

Notes

[1i. e : à l’adresse effective des Etablissements J.G. Monnet & Cie, Cognac (Cf. p. 13).

[2Cognac, où Jean Monnet est né en 1888 (Cf. p. 13).

[3Houjarray (78) : Domicile de Jean Monnet à partir de 1945 ; aujourd’hui patrimoine européen - depuis 1982 - et géré depuis lors par l’Association Jean Monnet (Cf. p. 42).

[4Montfort-l’Amaury (78), où Jean Monnet a été enterré en 1979, avant que le président Mitterrand ne le fasse transférer au Panthéon, en 1988 (Cf. p. 56).

[5Par sa participation aux travaux de la SDN, en tant que secrétaire général adjoint, en 1919-1923 (p. 19) puis par sa contribution - en tant qu’expert - à la stabilisation monétaire et économique de la France, de la Pologne, de la Roumanie puis de la Chine, entre 1926 et 1926 (pp. 25-26).

[6Par la création - en 1914 - de la « Commission interalliée pour les approvisionnements » (p. 18) puis par la mise en place - en 1939 - du « Comité de coordination franco-britannique » (p. 29), avant même sa participation au « Comité d’approvisionnement britannique » puis au « Victory program » : fameux programme de relance de l’industrie de guerre américaine, à partir de 1941 (p.33).

Ou, pareillement, en rendant possible l’arrivée en France des forces armées américaines (en 1918) (p. 19). Ou encore, en rendant également possible (à partir de 1943) le réarmement de l’armée française en Afrique du nord (p. 33) sans même parler de son projet ’’mort-né’’ d’ ’’Union politique franco-britannique’’, en mai 1940 (pp. 30-31).

[7Notamment au travers de son activité dans le cadre du « Comité d’action pour les Etats-Unis d’Europe », fondé en octobre 1955 (p. 54).

[8A noter qu’un document pédagogique pour permettre l’ ’’exploitation dans les classes’’ de cet ouvrage est actuellement en préparation de la part du CRDP du Poitou-Charentes...

[9Publié avec le soutien de la Région Poitou-Charentes...

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