Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

Vidéos de la rencontre lors de « Paroles d’Européens »

, par Fabien Cazenave

Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

A l’occasion de la rencontre « Paroles d’Européens » à Lille le 7 mai dernier, le Taurillon a pris plusieurs vidéos, notamment lors de la rencontre des bloggueurs avec Jean-Pierre Jouyet, Secrétaire d’État aux Affaires Européennes. Celui-ci affirme ainsi clairement que si le non l’emporte en Irlande, il n’y a pas de « plan B »...

Il y a des moments où les hommes politiques peuvent être bons sur l’Europe. Cela a été le cas de Jean-Pierre Jouyet lors de cette rencontre des bloggueurs organisée à l’occasion du meeting de préparation de la Présidence.

En effet, sur une question posée par notre ami du Croche Pied sur les conséquences d’un Non en Irlande le Secrétaire d’Etat est clair : il n’y a pas de « Plan B » !

Sur le référendum en Irlande

Extraits de la réponse de Jean-Pierre Jouyet :

"L’argument de ceux qui votent non est de dire que quand vous ne savez pas vous votez non. Cela démontre qu’il y a un grand besoin d’information et de pédagogie à mener. Si par malheur, un non en Irlande devait avoir lieu, le processus s’arrêterait il n’y a pas de plan B.

On reviendrait au traité de Nice et on n’aurait pas les avancées voulues au niveau de la présidence du Conseil européen, en matière de représentation extérieure avec un ministre représentant des affaires européennes, un renforcement de la démocratisation en Europe avec plus de pouvoirs pour le Parlement européen et plus de pouvoirs pour les parlements nationaux, sans parler de la possibilité de mener plus de politiques communes en élargissant la règle à la majorité.

Par conséquent ce serait un recul pour l’Europe car il n’y a pas de plan B. Ce serait un arrêt et pour l’Irlande et pour la construction européenne."

C’est clair et précis. C’est à se demander pourquoi le personnel politique n’a pas tenu ce discours au moment de la ratification en France, même si celle-ci s’est faite par voie parlementaire ?

Sur l’Union pour la Méditerranée

Extraits de la réponse de Jean-Pierre Jouyet :

"L’Union pour la Méditerranée n’a pas vocation à être uen intégration dans l’Union européenne. Il s’agit d’améliorer le partenariat entre l’Europe et la Méditerranée. Il faut une égalité de responsabilité entre les pays de la rive sud et ceux du Nord.

Tous ces pays doivent être associés autour de projets concrets et pas seulement des aides financières générales : dépollution de la Méditerranée, création d’une communauté scientifique, le développement des PME et l’échange de jeunes et d’enseignants dans une sorte d’Erasmus euroméditerranéen. L’objectif du 13 juillet est de se mettre d’accord sur des règles de gouvernance et de lancer concrètement deux ou trois projets. Si le sud de la Méditerranée est instable, l’Europe en souffrira".

On voit ici que le projet se limitera à une sorte de « Conseil de la Baltique » du Sud avec des conférences intergouvernementales qui s’occuperont de projets très précis. Plus qu’une Union, nous avons surtout là surtout une « organisation à accords » qui se limite par avance.

Quant à l’idée d’un Erasmus euroméditerranéen, cette idée avait déjà été évoquée dans nos colonnes avec l’article "Rêvons d’un Erasmus euro-africain".

La France et l’Europe de l’Est

La question est posée par Philippe Perchoc de Nouvelle-Europe.eu :

Extraits de la réponse de Jean-Pierre Jouyet :

"La perception de la France en Europe de l’Est s’est améliorée depuis un an. Je suis allé dans tous les États membres de l’Union européenne. Tous les pays de l’Europe centrale et les pays baltes sont désormais parfaitement intégrés à l’UE. Ils voient bien la plus-value qu’apporte la France, notamment dans le domaine énergétique et celui de la politique agricole.

Nous sommes prêts à libéraliser un certain nombre de secteurs pour permettre aux salariés de ces pays de profiter pleinement des avantages de l’Europe en terme d’emploi. Le syndrome du plombier polonais, ce n’est pas l’un des moindres mérites de cette année."

Je ne comprends pas personnellement pourquoi nous limitons la liberté de circulation des pays de l’Est. Il n’y a pas eu de phénomène de dépopulation dans ses pays. S’il y a une présence massive au Royaume-Uni et en Irlande, c’est parce que ces pays n’ont pas établis de limitation. Au final, la situation est déséquilibrée au lieu d’être répartie sur toute l’Europe...

Sébastien : M. Jouyet est quelqun très proche des gens"

Rencontre avec Éric L’Helgoualc’h

Éric est responsable à Touteleurope.fr de la Veille de l’opinion européenne. Il nous répondra prochainement à une interview dans nos colonnes. Petite anecdote : au cours de la vidéo, est arrivé Jean Quatremer, le fameux journaliste de Libération et auteur du blog Coulisses de Bruxelles, et une discussion s’est engagée sur sa participation à un atelier des États Généraux de l’Europe qui auront lieu le 21 juin... juste après le Conseil européen.

Illustration : capture d’écran prise sur le site Dailymotion sur la page du Taurillon.

Vos commentaires
  • Le 13 mai 2008 à 12:02, par Jean-Jo En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

    Tu parles de l’absence de phénomènes de dépopulation, il n’y en a pas eu à proprement parler, cependant certain Etats comme la Pologne ont des difficultés de recruter car leur population diplômée est allée s’installer dans des Etats comme le Royaume Uni. Ce qui soulève beaucoup de sujets douloureux comme la question du niveau des salaires, de la fiscalité, de la sécurité sociale... autant de thèmes où l’Union ne peut intervenir que de manière « light » dans la plupart des cas. Quant au plombier polonais... on l’attend toujours.

  • Le 13 mai 2008 à 13:45, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

    Ce qui est frappant aussi, c’est qu’on manque de chiffres concrets.

    Par ailleurs, lors de la discussion sur l’immigration en commission politique des JE - France, j’avais été frappé par l’intervention d’Alexsandra (la Polonaise de la JEF UK) qui mettait au même niveau la question de l’immigration et l’impossibilité pour les habitants d’Europe de l’Est de venir librement s’installer en France par exemple. Cela démontrait bien un décalage de perception pour les citoyens.

    Enfin, je trouve un peu malheureux la formule de Jean-Pierre Jouyet sur « la libéralisation de certains secteurs économiques ». Ce n’est pas une question de libéralisation mais bien une question de liberté de circulation des personnes. Peut-être est-ce dû au fait que le terme en anglais utilisé lors des négociations entre services diplomatiques ne crée pas de problème ?

  • Le 14 mai 2008 à 07:23, par Valéry-Xavier Lentz En réponse à : Les coulisses des EGE

    J’aime bien l’échange impromptu avec Jean au milieu de l’interview avec les considérations logistiques. Les vraies coulisses d’un événement de ce type :-)

    Mais enfin Fabien tu ne connaissais pas le site de info-europe ??? Bon il était en effet archaïque mais déjà avec beaucoup de contenu de valeur.

    Le nouveau touteleurope est une réussite. La premiere version du portail était trop riche en remontées d’info qui n’aidait pas le lecteur à comprendre la hiérarchie des informations. Bravo à toute l’équipe.

  • Le 14 mai 2008 à 08:37, par Fabien Cazenave En réponse à : Les coulisses des EGE

    LOL... en fait, je connaissais que de non. Donc j’en ai profité pour qu’Éric nous le représente car je pense qu’il y a des jeunes qui n’ont pas connu cette époque. J’essaye toujours d’avoir un regard neuf.

    C’est là où tu vois qu’il peut y avoir un écart entre les génération...

  • Le 29 mai 2008 à 13:19, par le guetteur En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

    Le problème c’est que la citoyen se sent forcé à participer à un marché de dupes. Et que les régressions sociales (atteinte du salaire, remise en cause de totale de 35 heures alors qu’il existe des disparités dans l’organisation des entreprises) Les travaux de plus en plus forcés avec si refus de 3 propositions, radiiaton et dégessivité du salaire etc... Idem pour les seniors affectés par la crise de de l’emploi (tous en étant stigmatisés dans leur statut). Cette politique ne touche pas les dirigeants d’entreprise, à parachute doré et qui n’ont pas à justifier leurs refus de candidatures (par exemple quatres refus de candidats pour le même poste dans la même journée ou prêt bancaire quand ils sont en faillite). Déjà bien commencée en France avec les gouvernement actuel c’est encore les nantis qui vont profiter de cette Europe taillée pour eux. Je suis pour l’Europe mais pas définie dans ces conditions En politique extérieure, celle qui pouvait faire réllement faire contrepoids au « modèle americain » n’a pas montré le bout de son nez. Ex : le refus que cette Europe aurait pu dignement opposer aux survols de certains de ses territoires par des avions rempli de prisonniers irakiens déstinés à être transférés dans des camps sans droits. Celle qui aurait pu stopper cette hypocrisie et la non réalité d’ ’indépendance des décisions « europpéennes » par rapport aux Etats-Unis.

  • Le 29 mai 2008 à 13:46, par Fabien Cazenave En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

    Si vous voulez une Europe sociale, il faut une Europe politique et que le Parlement européen ait plus de poids au sein de l’équilibre institutionnel. Après, pour qu’il soit plutôt de gauche (pour être caricatural), là ce sera à vous de convaincre autour de vous si vous le souhaitez...

     ;-)

    Vous avez raison de stigmatiser l’Europe intergouvernementale qui empêche d’avoir une vraie politique extérieure. C’est ce qu’il y a de plus rédhibitoire pour donner envie d’Europe aux citoyens.

  • Le 7 juin 2008 à 18:42, par Ronan En réponse à : Jean-Pierre Jouyet : pas de plan B en cas de non irlandais

    Monsieur Jouyet,

    L’expression « plan B » est une expression à utiliser avec une extrême parcimonie (de préférence pour nous rassurer en nous disant que vous en avez un...).

    Car c’est bien joli de vouloir mettre ainsi les « anciens nonistes » au pied du mur de leurs contradictions en leur disant « c’est ça ou rien » (« ça ou le chaos »), mais je crains que vous ne soyez finalement en train de faire là un beau cadeau à tous ceux qui souhaitent définitivement planter l’Europe et trépigneront de joie à vous lire (« chic, les « Européens » n’ont pas de plan B, c’est vraiment trop bien : on va donc ainsi mieux pouvoir les planter... »).

    Pas de plan B ?! ça veut donc dire que vous n’avez pas de recul sur votre projet politique, pas anticipé la moindre crise, pas envisagé la moindre porte de sortie ?! Moi je dis "chapeau bas"... (Quand je pense que c’est à des gens comme vous qu’on confie les rênes du pouvoir et les destinées de l’Union européenne, ça laisse rêveur...).

    Bref, si j’ai bien compris : en cas de souci, l’Europe va donc encore se retrouver dans une « gouïkra » innommable. Et le plan B restera donc à composer. Merci de bien vouloir nous laisser de quoi écrire...

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