Traité de Lisbonne

Jeunes Radicaux de Gauche : « il est nécessaire d’en passer par le Traité de Lisbonne »

Interview de leur président, Olivier Maillebuau

, par Fabien Cazenave

Jeunes Radicaux de Gauche : « il est nécessaire d'en passer par le Traité de Lisbonne »

Alors que le processus de ratification parlementaire du traité de Lisbonne suit son cours, le Taurillon ouvre ses colonnes à plusieurs personnalités, politiques ou de la société civile. Aujourd’hui, Olivier Maillebuau, qui est le président des JRG - Les Jeunes Radicaux de Gauche.

Le Taurillon : Vous êtes le président des Jeunes Radicaux de Gauche. Si vous êtiez député ou sénateur, voteriez-vous pour la ratification du traité de Lisbonne ?

Olivier Maillebuau : Le référendum du 29 mai 2005 sur le traité établissant une constitution pour l’Europe a été à la fois un formidable exercice démocratique et un traumatisme. Ceux qui proclamaient à tort qu’un Plan B existait ont une lourde responsabilité. Très rapidement, la construction européenne fut bloquée, notamment du fait des conséquences institutionnelles de la politique d’élargissement. Sa relance est nécessaire.

Pour s’attarder un instant sur la procédure relative à la ratification parlementaire du traité de Lisbonne, n’oublions pas que tout parlementaire assume son mandat en tant que représentant du Peuple français. Bien évidemment, ce déroulement est frustrant et j’appréhende un éventuel effet « boomerang » populaire du fait des similitudes avec le texte référendaire. Toutefois, ce Traité n’est pas un projet constitutionnel. En conséquence, je soutiendrai les parlementaires qui voteront, le 4 février 2008, le projet de loi constitutionnelle portant modification du Titre XV de la Constitution (préalable à une ratification du traité européen de Lisbonne par voie parlementaire). Ensuite, je soutiendrai ceux qui voteront la ratification du traité de Lisbonne les 6 et 7 février 2008.

Le Taurillon : Quels sont les éléments les plus positifs de votre point de vue dans le traité de Lisbonne ?

Olivier Maillebuau : Il faut relancer la construction européenne et reconstruire un projet ambitieux qui fasse à nouveau rêver les citoyens ! Il est regrettable que les symboles européens que sont le drapeau, l’hymne, la devise et la journée de l’Europe soient exclus de la mouture de Lisbonne, alors que ces éléments, tout comme l’euro, contribuent fortement à identifier l’Union européenne auprès de ses citoyens comme du reste du monde. De plus, il est également inquiétant de constater les dérogations accordées au Royaume-Uni et à la Pologne en ce qui concerne l’applicabilité de la Charte des droits fondamentaux.

Le traité de Lisbonne est un texte a minima mais il est nécessaire d’en passer par là, d’autant que les avancées sont réelles, au-delà de la relance d’une certaine dynamique. Ainsi, pour ne citer que certains points, j’évoque aisément l’acquisition d’une valeur juridique par la Charte des droits fondamentaux ; les éléments de rationalisation institutionnels, une forme de démocratisation de la prise de décision, la création du poste de Haut représentant de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, la création d’un poste de Président du Conseil européen avec un mandat de 2 ans et demi et l’instauration d’un droit d’initiative européenne.

Je relève également avec un plaisir particulier l’instauration d’une « Clause sociale » qui permet d’exiger la prise en compte des exigences sociales dans toutes les politiques de l’Union.

Enfin, même si les délais de mise en oeuvre sont éloignés du fait de quelques concessions saupoudrées, les évolutions dans les systèmes de vote sont à relever.

Le Taurillon : Est-ce que la classe politique en faveur du Oui se mobilise assez pour expliquer le traité de Lisbonne aux citoyens ?

Olivier Maillebuau : Ne nous voilons pas la face. Un réel déficit explicatif existe, ayant pour conséquence immédiate la lecture du texte à travers le prisme de la politique nationale. Les insuffisances démocratiques des institutions européennes sont un frein. La période pré électorale en est une des raisons. La complaisance médiatique à l’égard de l’État spectacle est par ailleurs un lourd frein pédagogique.

Toutefois, la responsabilité est collective. Les arrières pensées alimentent également les chemins de l’inertie. Prenons par exemple la problématique de l’intégration de la Turquie. Certains hommes politiques français émettent un « non » catégorique à son adhésion en arguant de certaines carences démocratiques.

je lance un appel à la mise en place d’une réflexion collective sur le mode de scrutin pour les Elections européennes

Toutefois, parmi eux, combien évoquent le fait que le traité de Lisbonne permet une avancée en la matière, en ajoutant aux Critères de Copenhague le respect des « valeurs » de l’Union européenne ?

Je profite de votre tribune pour lancer un appel à la mise en place d’une réflexion collective sur le mode de scrutin pour les Elections européennes. Incontestablement, il y a un problème de représentativité avec la « construction » actuelle et le lien entre le Député européen et ses électeurs est distendu.

Le Taurillon : La Gauche semble divisée, notamment chez vos amis du Parti Socialiste. Pourriezvous nous expliquer pourquoi ?

Olivier Maillebuau : Je ne me permettrai pas d’analyser le fonctionnement interne du Parti socialiste ou des autres partenaires progressistes.

En ce qui concerne les élus Radicaux de gauche et notamment nos 15 parlementaires (8 députés et 7 sénateurs), le fait que nous soyons le parti de la tolérance et de l’individu est bien évidemment une explication originelle des quelques divergences qui peuvent apparaître.

Pour moi, l’essentiel réside dans le fait que le bureau national du PRG, le 7 novembre 2007, a voté à l’unanimité en faveur du traité de Lisbonne. Il est également très important que les responsables nationaux des JRG soient aussi dans cette optique. Ceci est en cohérence avec notre vision ambitieuse et fédéraliste de l’Europe. Toutefois, ce vote n’est pas qu’une orientation prospective, il s’agit aussi de la confirmation, en toute cohérence, du positionnement qui fut le nôtre lors de l’échéance référendaire de 2005.

Illustration :
 logo des Jeunes Radicaux de Gauche
 photographie d’Olivier Maillebuau

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Vos commentaires
  • Le 2 février 2008 à 11:40, par arturh En réponse à : Jeunes Radicaux de Gauche : « il est nécessaire d’en passer par le Traité de Lisbonne »

    Simple. Yaka scinder le Parlement Européen en deux chambres dont une est constituée d’élus au suffrage universel uninominal par pays. Comme la proportionalité devient impossible, il devra donc y avoir le même nombre d’élus par Etats membres. Sur les 750 députés du Parlement, une chambre dont le nombre de députés sera donc, pour l’instant, un multiple de 27.

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