Jeunes d’Avenir et Europe

Le Taurillon : Les Jeunes d’Avenir sont issus de la Ségosphère. Y parle-t-on de l’Europe et comment ?

Jeunes d’Avenir (JDA) : Les membres de Jeunes d’Avenir, comme de Ségosphère, appartiennent à la première génération pour laquelle l’Europe est une évidence de tous les jours. Nous ne pouvons pas ne pas nous intéresser à la question européenne… Pendant la campagne de 2007, Ségosphère avait fait de l’Europe l’un des points forts de son programme. Nous voulions redonner un nouveau souffle à l’Europe qui n’avait pas su rebondir après les non néerlandais et français. Ségolène Royal a été la seule candidate à réconcilier les tenants du oui et du non, en tirant les conséquences du 29 Mai 2005. Ainsi, de nombreux jeunes européens ont soutenu notre démarche alors même qu’ils ne votaient pas. Preuve que notre génération est ancrée dans ce désir d’une Europe forte.

L’Europe doit rester la grande ambition et la grande réalisation du XXIème siècle. Mais pas n’importe quelle Europe. L’Europe que nous voulons doit élever le niveau de tous les pays et de chaque individu, et non les abaisser. L’Europe ne doit plus seulement apparaitre comme l’Europe qui interdit mais redevenir un espoir, un rêve qui offre des perspectives aux citoyens. Si l’on se tourne vers l’Amérique du Sud et le Forum social de Belém, on s’aperçoit qu’il est possible de voir des pays réfléchir ensemble à de nouvelles bases sociales.

Le Taurillon : Le Parti Socialiste Européen a sorti un Manifesto en décembre. Souhaitez-vous que le PS le prenne comme base de programme à l’instar des autres sociaux-démocrates européens ?

JDA : Les citoyens d’abord, un nouveau sens pour l’Europe », c’est le sous-titre de la version française du Manifesto. Nous ne pouvons qu’adhérer ! Le PS s’est déjà engagé à reprendre le Manifesto comme programme pour les prochaines élections. C’est un grand progrès pour l’aventure européenne que les partis socialistes et sociaux démocrates de 27 pays soient parvenus à se mettre d’accord sur un programme commun. Ce texte connaît d’ailleurs de nombreuses avancées par rapport aux programmes habituels de certains partis lors des précédentes campagnes européennes. Il permettra au groupe socialiste au Parlement Européen d’être cohérent dans sa prise de parole et lors de son vote. A un moment où l’Europe doit reprendre une place forte pour permettre la régulation de la première crise majeure du XXIème siècle, il est indispensable de mettre en place un vrai plan de relance européen ; une politique économique commune en faveur d’une Europe sociale, verte et prospère.

La gauche n’a jamais été majoritaire au Parlement européen, mais elle a déjà remporté de nombreux succès notamment avec la révision de la Directive « Bolkenstein » et la lutte contre les 65 heures de travail hebdomadaire…

Le Taurillon : Les Fédéralistes proposent que les partis européens présentent un candidat au poste de Président de la Commission européenne. Les citoyens y verraient tout de suite une conséquence liée à leur vote. Qu’en pensez-vous ?

JDA : Tout ce qui peut permettre aux citoyens européens d’accroitre un sentiment d’appartenance à une communauté politique européenne, sentiment aujourd’hui encore trop faible, doit être mis en avant. Dans une campagne électorale, il est indispensable de pouvoir identifier les principaux acteurs et notamment ceux qui pourraient être amenés à diriger l’exécutif européen.

Poul Nyrup Rasmussen peut être le candidat commun des socialistes européens.

Ainsi, si l’objectif ne doit pas être une personnalisation de la campagne, il est indispensable que les socialistes européens démontrent qu’ils ont dans leur rang des personnalités capables de remplacer avantageusement José Manuel Barroso à la présidence de la Commission. Quelqu’un comme Poul Nyrup Rasmussen, le Président du Parti Socialiste Européen, semble tout à fait en mesure d’être le candidat commun des socialistes européens.

Le Taurillon : Ségolène Royal estimait sur la Taurillon TV que « si les peuples avait été écoutés plus tôt [...], les décideurs politiques mettraient plus de concret à leur action ». Comment lutter contre ce sentiment d’incompréhension entre citoyen et Europe durant la campagne des européennes ?

JDA : Cela fait longtemps que les citoyens ne sont plus écoutés sur l’Europe. Ils ont le sentiment, généralement fondé, que les décisions se prennent loin d’eux sans que l’on s’intéresse à leurs problèmes concrets. L’Europe ne doit pas uniquement surgir tous les 5 ans, autour des élections européennes. L’avenir l’Europe est un exemple parfait de sujet pour lequel la démarche participative de Ségolène Royal, souvent caricaturée, peut jouer un rôle majeur afin de permettre aux citoyens de réinvestir l’espace public. Il est difficile de comprendre le fonctionnement des institutions communautaires et l’impact direct de leur fonctionnement dans la vie quotidienne. C’est pourquoi, la mise en place de ces discussions crée plus de transparence et par la même un intérêt croissant. Il faut offrir aux citoyens les moyens de se réapproprier les institutions européennes.

Au sein de Jeunes d’avenir, nous souhaitons multiplier les débats sur l’Europe et les rencontres entre jeunes européens. C’est aussi cela l’utilité de Jeunes d’avenir : donner une place centrale à l’Europe dans un mouvement de jeunesse politique. Concrètement, le parlement Européen ne doit pas être le lieu où vont les exclus du suffrage universel en France. Etre deuxième de liste pour les européennes ne doit plus apparaître comme une sanction pour une ministre en disgrâce, mais une chance de participer à la prise de décision à un niveau désormais fondamental de la politique européenne. Il faut que l’ensemble des partis politiques redonnent au Parlement Européens ses lettres de noblesses en proposant sur leur liste de futur(e)s député(e)s motivé(e)s par les questions européennes en s’appuyant sur un véritable programme de rénovation des pratiques communautaires.