Kosovo

Kosovo : un test pour la politique étrangère européenne et de sécurité commune

, par Traduit par Sophie Gérardin, Joonas Turunen

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Kosovo : un test pour la politique étrangère européenne et de sécurité commune

Deux mois après les élections au Kosovo, le processus visant à définir son statut est toujours dans l’impasse. La « troïka », composée de l’Union européenne, de la Russie et des Etats-Unis, n’a toujours pas trouvé de solution acceptable ni par Pristina, ni par Belgrade. La prolongation des négociations conduit déjà le Kosovo vers une déclaration unilatérale d’indépendance.

Cela fait presque un an que l’ancien président finlandais envoyé par les Nations unies, M. Martti Ahtisaari, a présenté son plan afin de définir le statut final du Kosovo. Une résolution basée sur une « indépendance surveillée », comme l’a proposée Ahtisaari a été rejetée l’été dernier par la Russie, lors du Conseil de sécurité des Nations unies. Aujourd’hui, deux mois après les élections de novembre au Kosovo, le processus est en train d’échapper à tout contrôle.

Ahtisaari a proposé un plan dans lequel une force de sécurité européenne remplacerait le personnel des Nations unies, les droits de la minorité serbe du Kosovo seraient garantis et le Kosovo ne serait pas autorisé à rejoindre aucun autre pays (c’est-à-dire l’Albanie). Pristina, d’abord satisfaite de cette proposition, ne semble plus vouloir négocier la moindre indépendance.

D’un autre côté, la Serbie a reçu de la Russie un large appui, en défendant son droit de gouverner la province. La Serbie a annoncé en fin d’année dernière qu’elle couperait tout lien diplomatique avec les pays qui reconnaîtraient l’indépendance du Kosovo. On ne sait toujours pas clairement quelle serait la réaction de ce pays face à une déclaration d’indépendance de la province.

Un test pour l’Europe

L’impasse dans laquelle se trouve le processus pourrait une nouvelle fois déboucher sur une crise, au sein d’une zone contrôlée par l’UE. Dans le cas d’une déclaration unilatérale d’indépendance, l’Europe pourrait bien être le témoin d’une crise similaire à celle de 1999. Cette fois-ci, l’UE a adopté une position commune sur la question, mais est confrontée de nouveau à la difficulté d’intégrer sa politique étrangère et de sécurité commune.

Dans les années 1990, l’Europe n’a pas réagi, alors que le conflit entre les séparatistes albanais et les Serbes du Kosovo s’amplifiait. En 1999, après trois années de conflit et le massacre de Racak, les forces de l’OTAN menées par les Etats-Unis ont attaqué la Yougoslavie (composée alors des Républiques serbes et du Monténégro, ainsi que du Kosovo) par d’importantes frappes aériennes, poussant toutes les parties à la table des négociations.

Presque dix ans après, il semble que l’UE soit une nouvelle fois incapable de résoudre la crise d’elle-même. Si le processus tourne mal, l’UE n’aura pas d’autre choix que de se reposer sur les forces de l’OTAN menées par les Etats-Unis, pour pacifier à nouveau les Balkans. Pour beaucoup de pays membres de l’UE et de l’OTAN, ce serait une décision naturelle mais pour les quelques pays européens en-dehors, le soutien à l’OTAN est loin d’être une solution idéale.

L’UE serait sur la bonne voie si elle mettait sur pied une vraie politique étrangère commune, mais une crise telle que celle du Kosovo démontre le besoin d’une politique de sécurité ferme, doublée d’une politique étrangère. Si les Européens choisissent l’OTAN pour sécuriser la zone, quel est le rôle des déshérités de l’OTAN ? C’est une question largement débattue dans les médias finlandais, par exemple.

Des solutions à la crise ?

L’UE a pratiqué une « politique de sécurité faible » en abandonnant la partie à la table des négociations. La nouvelle présidence slovène de l’UE parle déjà d’un Accord de Stabilisation et d’Association avec la Serbie, ce qui a été perçu comme une concession faite aux Serbes dans la crise du Kosovo. Les Serbes ont cependant répondu qu’ils veulent à la fois le Kosovo et ce que propose l’UE.

On voit vers quelle solution s’oriente la « troïka ». Cependant, si le Kosovo décide de proclamer son indépendance, l’UE se retrouvera dans une position inconfortable. Que se passera-t-il si quelques Etats membres reconnaissent cette indépendance et d’autres pas ? Que se passera-t-il si la Serbie gouverne la province par la force ? Y aura-t-il une autre opération de l’OTAN dans dix ans au sein d’une zone contrôlée par l’UE ?

Tous les scénarios démontrent la nécessité de trouver une solution pacifique à la crise. Cependant, l’UE se rend à nouveau compte à quel point la tâche d’être l’une des superpuissances est ardue, alors qu’elle manque d’une force militaire pour résoudre la crise au cas où elle exploserait. Nous devrions aussi garder cela bien présent à l’esprit lorsque nous déciderons du futur de la politique de sécurité commune. Et avoir à l’esprit que l’OTAN n’est pas le gardien de la sécurité vers lequel tous les Européens se tournent naturellement.

Illustration : image tirée de Google Images

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