Et ce, ne serait-ce que sur le plan institutionnel (avec l’actuelle « mise en sommeil » d’une réforme des Institutions pourtant rendue nécessaire par le récent « changement de format » d’une l’Union passée -depuis mai 2004- de 15 à 25 Etats membres...), comme sur le plan budgétaire (avec ce fameux budget « 2007-2013 », jusqu’à présent introuvable...), voire sur le plan politique (avec l’actuelle fragilisation de l’exécutif français et la mise en place récente des actuelles fragiles coalitions gouvernementales venant d’être portées au pouvoir, en Allemagne comme en Pologne...).
Et, depuis peu, on apprend que c’est maintenant l’enveloppe globale des fonds FEDER qui serait ainsi - à travers une nouvelle réduction des fonds structurels - apparemment remise en question par une présidence britannique visiblement beaucoup plus soucieuse de trouver un compromis au rabais sur le budget communautaire que de proposer quelque véritable projet dynamique que ce soit (fusse-t-il effectivement fondé sur la recherche et les nouvelles technologies...).
Mais, jusque là, on se consolait tant bien que mal en disant que cette Europe « bancale » n’était visiblement pas si criticable que cela dans la mesure où il semblait qu’elle exerçait tout de même encore un pouvoir d’attraction jusque là non négligeable et jusque là apparemment inégalé dans le monde, sur ses voisins et même au-delà.
Et ce, jusqu’à apparaître même comme un modèle aux yeux de tous : depuis le Mercosur l’imitant jusqu’au Chili en quête d’adhésion, et de la Turquie officiellement candidate jusqu’au Maroc qui le fut bel et bien en son temps (en passant par Jeremy Rifkin...).
Or on tombe vraiment de très haut, depuis peu, lorsque l’on découvre aujourd’hui, à la lecture d’informations disparates mais objectivement convergentes concernant ce rayonnement « européen » présumé, qu’il semblerait que ce ne soit (malheureusement) plus tout à fait le cas...
Euromed boudé par les gouvernements du Sud
En effet, lors du récent sommet de Barcelone qui s’est tenu - ces derniers jours, les 27 et 28 novembre derniers - à l’occasion des dix ans du « Partenariat euroméditerranéen », on aura eut la surprise de voir que seule l’Autorité palestinienne et la Turquie (pour des raisons évidentes qui très probablement n’échapperont pas à nos lecteurs...) ont alors, en la personne de Mahmoud Abbas et du premier ministre Reccep Tayyip Erdogan, daigné s’y faire représenter par des personnalités du plus haut niveau gouvernemental.
Puisqu’aucun chef d’Etat ou de gouvernement des pays arabo-musulmans de la « rive sud » ne s’est alors finalement rendu au sommet (le président algérien Abdelaziz Bouteflika ayant finalement dû, pour des raisons de santé, fortuitement annuler sa participation initialement prévue au dit sommet...).
Et les raisons de cette « bouderie » sont finalement assez simples à comprendre puisque, par delà les grands discours officiels sur la stabilisation politique et économique nécessaire du monde euro-méditerranéen, il s’avère que l’offre communautaire ne correspond que de façon somme toute assez médiocre aux grandes attentes de tous ces pays de « l’étranger proche ». Et ce, ne serait-ce que sur le plan d’une aide financière pourtant et justement attendue, sur la rive « sud », comme le messie...
Et l’on comprend fort bien les réticences manifestes des pays de la « rive sud » à être ainsi convoqués en terres européennes pour n’y parler finalement que de luttte anti-terroriste et d’immigration restrictive... Triste constat d’un sommet terne à l’image d’une ambition malheureusement ratée, faute de moyens et faute de véritable volonté politique de mise en oeuvre : celle d’un authentique projet de coopération « Nord / Sud » malheureusement avorté.
L’Ukraine contrainte de regarder vers l’Est
Pareillement, on découvre à peu près au même moment avec stupeur - à l’heure du sommet « UE / Ukraine » qui se tient ces jours-ci, à Kiev, à partir de ce 1er décembre - qu’un an après la fameuse « révolution orange » ukrainienne, faute de véritables réponses tangibles, sonnantes et trébuchantes à ses demandes de la part des autorités communautaires, l’Ukraine nouvelle semble désormais se détourner maintenant de l’Union européenne pour regarder à nouveau... vers la Russie poutinienne, « grande soeur slave » visiblement tellement plus attentionnée (et financièrement tellement plus généreuse...).
Car, en effet, c’est pareillement pour des questions bassement budgétaires que les relations entre l’Union européenne et nombre de ses partenaires de « l’étranger proche » achoppent : dans la mesure où « Bruxelles » et la plupart des États membres ne semblent guère vouloir répondre aux demandes d’aides formulées.
Vous allez me dire qu’il y a là sans doute un problème de budget. Certes. Mais à moins de considérer tout investissement financier dans les pays de l’étranger proche comme un évident « gaspillage » de fonds communautaires, disons juste que nous passons peut-être là à côté de véritables investissements sur longs termes.
Reste donc à espérer que, dans le contexte de l’actuelle crise migratoire que l’on saît, nos positions âprement défendues à l’OMC (notamment sur les questions des subventions agricoles liées aux productions céréalières, sucrières et cotonières...) ne nous alieneront pas définitivement les sympathies qui nous restent -encore- dans la zone ACP...
Mais de là à voir l’Europe perdre désormais de son « aura » là où elle rayonnait pourtant très largement jusque là, il n’y a qu’un pas...
Et force est pourtant de constater que les hommes politiques qui dirigent, aujourd’hui, l’Union manquent là singulièrement de clairvoyance sinon d’ambition, ainsi que de vision « globale » des enjeux, sinon de « vision » pour l’Europe.
Suivre les commentaires : |