Géopolitique

L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

Un milliard d’habitants : les Indes, géant fédéral

, par Ronan Blaise

L'Union indienne : « Unie dans la diversité »

On présente aujourd’hui cet État comme l’une des « grandes puissances » du siècle à venir : un État de droit, la plus grande démocratie du monde ; un pays qui connaît également, aujourd’hui, un important développement économique. L’Inde : un pays d’un milliard d’habitants. Et un État fédéral : l’ « Union indienne ».

Une irréductible diversité

L’Inde d’aujourd’hui (i. e : l’ « Union indienne »), c’est environ un milliard d’habitants [1] et toute la démesure de sa diversité : une mosaïque de peuples, une vingtaine de langues officielles, près d’un millier de langues et dialectes (dont plus d’un trentaine par plus d’un million de personnes).

L’Inde d’aujourd’hui c’est également le berceau géographique des plus grandes religions « orientales » (Hindouïsme, Bouddhisme, Sikhisme) et un vaste espace géographique où se côtoient également Christianisme, Juifs et Pârsîs (etc) malgré d’importantes tensions entre Hindous « majoritaires » et peuples ou communautés « minoritaires » [2].

Ainsi l’histoire contemporaine de l’Inde - déjà marquée par trois guerres avec le Pakistan voisin [3] - a été régulièrement émaillée d’incidents, parfois très graves, entre communautés hindoues et musulmanes. Comme la destruction de la mosquée d’Ayodhya par des activistes hindouistes (en décembre 1992) ou (en février 2002) les plus récentes émeutes antimusulmanes, au Gujarat (émeutes qui firent alors environ 2 000 morts et près de 50 000 réfugiés). De même, on se souviendra de l’assassinat (en octobre 1984 et mai 1991) d’au moins deux premiers ministres - Indira et Rajiv Gandhi - par des activistes (nationalistes) sikhs puis tamouls.

L’unité, malgré tout

L’Inde « unie dans sa diversité », à l’intérieur de ses "frontières naturelles" - entre Vallée de l’Indus et marais du Bengale, entre Océan indien et barrière de l’Himalaya - c’est ce que tend également à démontrer l’Hymne national « Jana-Gana-Mana », poème (écrit en 1911) du grand poète national (et prix Nobel de Littérature, en 1913), Rabindranath Tagore, brahmane bengali.

Au moment de l’indépendance de l’Inde - en août 1947 - une majorité d’observateurs pensaient que l’Inde allait se disloquer en une poussière d’États. Ils ne pensaient pas que l’unification politique pouvait survivre au retrait de la puissance coloniale britannique. Pourtant, après le choc de la partition [4], l’Inde a survécu. Et, un demi-siècle plus tard, c’est bien le maintien de l’unité des Indes qui frappe le plus. Et plus personne n’envisage aujourd’hui sérieusement l’éclatement du pays : les musulmans des Indes ayant, tout de même, massivement fait le choix de l’Inde.

Certes, malgré son abolition officielle en 1950, l’ancien système des castes existe toujours. Mais il empêche de moins en moins la diffusion du pouvoir et de la richesse dans une Inde où on peut aujourd’hui à la fois être un Intouchable et Premier ministre d’un État, rédacteur de la Constitution voire chef de l’État fédéral, tel le juriste Bhimrao Ramji Ambedkar ou le président Kocheril Raman Narayanan [5].

Le Fédéralisme, ciment des Indes

Certains estiment que l’unité de l’Inde tient à sa dimension culturelle de "plus vieille Civilisation du monde", dans l’extraordinaire capacité d’absorption de l’Hindouisme et dans la foisonnante diversité des sociétés qui composent la Civilisation indienne. Autre explication au maintien - malgré tout - de l’unité des Indes : la nature même des institutions que l’Union indienne s’est donnée.

En effet, pour faire cohabiter tout ce beau monde, les élites hindoues du temps de l’indépendance ont préféré, à toute autre hypothèse pour succéder au « Raj » britannique, la mise en place un État fédéral : l’Union indienne, État indépendant en août 1947, État doté d’une Constitution républicaine entrée en vigueur en janvier 1950 et dont les spécialistes disent qu’elle est le plus long texte constitutionnel rédigé pour une Nation indépendante, (puisque comptant 395 articles, 83 amendements et totalisant 117 369 mots - rien que ça - dans sa version anglaise) [6].

L’Union indienne d’aujourd’hui fut donc l’addition des Indes "sous administration coloniale" britannique (le « British Raj ») et de l’Inde "autonome" des « États princiers des Indes » (Cachemire, Hyderabad, Patiala, Mysore, etc) [7]. Un État centré sur sa capitale fédérale de New Delhi ; où, sur Raisina Hill, l’on trouve les sites des « Rashtrapati Bhavan » et « Samsad Bhavan » (palais présidentiel et siège du Parlement…).

Une fédération d’une trentaine d’États

L’Union indienne est un État fédéral composé de 28 « États fédérés » et 7 « Territoires placés sous administration fédérale » (dix-huit États fédérés en 1950). Des États correspondant à un découpage administratif britannique remodelé par la suite selon des considérations ethno-linguistiques. Ainsi, chaque grand ou petit "peuple" des Indes peut disposer de son cadre étatique propre et peut gérer ses affaires dans le cadre d’une subsidiarité bien comprise.

Certes, au départ, le cadre administratif et territorial légué par les britanniques était bien loin de correspondre à l’exacte répartition des populations concernées (neuf des dix-huit États initiaux correspondant aux anciennes provinces britanniques, les autres à d’anciens États princiers...). Il s’en suivront de nombreuses revendications politiques et de nombreuses poussées de violences : notamment en "pays marathe" (dans les années 1950), en "pays dravidien" (dans les années 1960) ou dans les fameuses "Provinces du Nord-Est" (en ébullition identitaire et revendicative depuis le tout début des années 1960).

Dès 1920, le « Parti du Congrès » avait déjà adopté le principe d’un remodelage des provinces issues du « Raj britannique » selon des critères ethno-linguistiques. Mais, après les drames de la partition de 1947, le premier ministre Nehru hésitera longtemps à remettre en cause le découpage déjà établi, redoutant d’ouvrir la boîte de Pandore de nouvelles violences.

Néanmoins, les revendications identitaires des uns et des autres seront bientôt pratiquement toutes satisfaites : notamment avec la réorganisation territoriale du "pays dravidien" (en 1953-1957) [8], avec la réorganisation territoriale de l’ "espace marathe" (en 1960) [9], avec la réorganisation territoriale des "Provinces du Nord-Est" (en 1972) [10] ou - pour répondre aux revendications politiques formulées par certaines « populations tribales » - avec la création (en 2000) des nouveaux États de l’Utarranchal, du Jharkland et du Chhattisgarh [11].

La plus grande Démocratie du monde

Chacun de ces vingt-sept États fédérés qui composent aujourd’hui l’Union indienne dispose de ses propres institutions démocratiques modelées sur le régime parlementaire de la fédération, hérité de l’époque coloniale britannique (et de son fameux « système de Westminster »).

Selon la constitution de 1950, l’Union indienne est donc un régime parlementaire gouverné par un Premier ministre qui ne peut en fait gouverner qu’avec l’appui d’une majorité parlementaire à la « Chambre du Peuple » (ou « Lok Sabha ») [12]. Le « Conseil des États » (ou « Rajya Sabha ») formant là une seconde chambre - présidée par le vice-président de l’Union, second personnage de l’État - où sont représentés les intérêts des États (et des territoires) membres de la fédération.

Ces deux Chambres (« Lok Sabha » et « Rajya Sabha ») formant ensemble le « Parlement de l’Union indienne » et élisant - ensemble, pour cinq ans - le Président de la République, chef de l’État pour l’Union indienne : un personnage public au rôle représentatif comparable à ceux des monarques britanniques [13]. Le vrai pouvoir exécutif appartenant en fait à son premier ministre [14].

Selon sa Constitution, l’Inde est « une République souveraine, socialiste, laïque, démocratique ». Comme on l’a déjà dit plus haut, elle tire son modèle parlementaire du système parlementaire britannique. Comme les « États-Unis d’Amérique », l’Inde connaît également une forme fédérale de gouvernement. Cependant, le gouvernement central y exerce un plus grand contrôle sur les États fédérés : la Constitution de 1950 prévoyant même qu’en cas de crise grave, un État membre de l’Union puisse être placé sous administration fédérale.

L’Inde : une anarchie qui fonctionne

En tout cas si on dit - souvent - de l’Inde qu’elle est la « plus grande Démocratie du monde » (compte tenu de sa population comptant plus d’un milliard d’habitants) on oublie néanmoins souvent de dire que les dirigeants de ce pays - qui ont hérité autant des institutions britanniques que de la tradition hindoue - doivent cependant gérer des problèmes liés à cette immense diversité démographique.

Ainsi, l’Inde d’aujourd’hui combine à la fois des archaïsmes sociaux évidents (comme le système des castes) et les marques spectaculaires d’un indéniable progrès matériel (comme en attestent ses récentes performances économiques ou scientifiques).

L’Union indienne est également un pays tiraillé entre des pulsions fortement contradictoires : entre ses tendances centralisatrices et séparatistes, entre son discours neutraliste et pacifiste (officiel sur la scène internationale...) et les aspirations à la puissance de ses Nationalistes, entre la tolérance religieuse proclamée par l’État et les tensions communautaires qui déchirent son actualité, entre son récent décollage économique et la persistance d’extraordinaires inégalités de revenus, etc.

Des contrastes criants et tout particulièrement marqués qui, dès les années 1960, ont été remarquablement bien résumés par cette célèbre formule de l’ambassadeur et économiste américain John Kenneth Galbraith : « L’Inde : une anarchie qui fonctionne » [15]. Probablement parce qu’il s’agit là d’un État fédéral : seul système institutionnel à même de pouvoir faire cohabiter pacifiquement tant de diversités ?!

- Illustration :

Le visuel d’ouverture de cet article est le Drapeau de l’Union indienne.

Un emblème national dont on retiendra que l’une de ses interprétations (non officielles) proclame qu’il est symbole de l’unité de ses populations hindoues (ici symbolisées par la "bande" orange du haut) et musulmanes (ici symbolisées par le "bande" verte du bas) au côté des autres communautés religieuses du pays (ici symbolisées par la "bande" blanche centrale).

- Sources :

 Entre autres sources encyclopédiques, on consultera l’ « Atlas des peuples d’Asie (méridionale et orientale) » du géographe Jean Sellier : un document publié - en 2001 - aux éditions de « La Découverte » (210 pages ; ici, pages 54-55 et 59-60-61-62-63).

 Pour une présentation plus spécifique du Fédéralisme de l’Union indienne, on consultera la « fiche de présentation » proposée sur le site internet du « Forum des fédérations ».

 Quant au contexte historique de l’indépendance de l’Inde et du Pakistan (en août 1947), on consultera le fameux document « Cette nuit la liberté » : récit journalistique de Dominique Lapierre et Larry Collins, document publié aux éditions « Robert Laffont » en 1975 (document disponible en format « livre de poche » sous le n°4941) (735 pages).

Notes

[1Seulement 400 millions d’habitants au moment de l’indépendance d’août 1947...

[2Minoritaires : Musulmans (120 millions), Sikhs (16 millions), Tamouls (60 millions en Inde), « Adivasis » (i. e : « populations aborigènes des Indes ») et « Dalits » ou « Parias » (i. e : « Intouchables »), etc

[3Guerre indo-pakistanaises : notamment pour la possession du Cachemire - en 1947-1949 et en 1965 - ou lors de la guerre d’indépendance du Bangladesh, en 1971…

[4Partition de 1947 : Sanglante partition de l’ « Empire des Indes » en deux États - Inde et Pakistan - qui - en 1947 - entraîna alors près de 500 000 morts et 10 à 15 millions de personnes déplacées.

[5A ce sujet, on lira également l’article de l’Encyclopédie en ligne Wikipédia consacré aux « Castes dans la vie politique indienne ».

[6Pour plus de détail, on se rapportera à l’article (en langue anglaise) de l’Encyclopédie en ligne Wikipédia, à ce sujet : « Constitution of India ».

[7États princiers qui représentaient alors 1/3 du territoire et 1/4 de la population de l’Empire des Indes au moment de l’indépendance. Les plus importants d’entre eux - qui auraient pu légitimement prétendre au rang d’États indépendants internationalement reconnus comme tels - étant ceux d’Hyderabad, du Cachemire, de Patiala et de Mysore.

[8Réorganisation de la « Province de Madras » et du "pays dravidien" (en 1953-1957) : par la création des États de l’Andhra Pradesh, du Mysore (devenu Karnataka, en 1973), du Kérala et du Madras (devenu Tamil Nadu, en 1967).

[9Réorganisation de la « Province de Bombay » et de l’ "espace marathe" (en 1960) : par la création des États du Gujarat et du Maharashtra.

[10Réorganisation des « Provinces du Nord-Est » (en 1972) : notamment par la création des États du Manipur, du Tripura et du Meghalaya et l’accession au statut d’État, plus récente, de l’Arunachal Pradesh (en 1986).

[11Nouveaux États respectivement détachés des États préexistants de l’Uttar Pradesh, du Bihar et du Madhya Pradesh.

[12Composée de 552 députés : soit 530 membres élus dans les États au prorata de leur population, 20 membres représentant les territoires de l’Union et 2 membres, nommés par le Président de la République - pour représenter la communauté anglo-indienne - s’il considère que celle-ci ne l’est pas équitablement à la Chambre.

[13L’actuel titulaire à ce poste étant aujourd’hui MMe Pratibha Devisingh Patil, Députée travailliste (Parti du Congrès) et ancien Gouverneur du Rajasthan.

[14L’actuel titulaire de cette fonction étant M. Manmohan Singh : ancien député (de l’Assam) et ancien ministre travailliste (Parti du Congrès).

[15Des propos qu’on retrouve dans le texte suivant :

Cette Inde plurielle et unique :

« Si nous mettons ensemble toutes les données concevables (territoires, populations, langues, religions, économies, modes de vie) si nous les étudions selon nos méthodes, le plus sérieusement, le plus impartialement possible, nous ne pouvons en tirer qu’une conclusion, qui est implacable : l’Inde n’existe pas.

Un tel ensemble ne peut pas fonctionner. Il est incohérent. Il recouvre tant de niveaux sociaux, tant de complexités mentales, tant de règlements publics ou secrets, tant de réalités imaginaires, tant de passé dans tant d’aujourd’hui, qu’une cohésion générale relèverait d’un miracle cosmique ; Et c’est pourtant le cas. L’Inde existe et elle fonctionne.

A certains points de vue, elle fonctionne même mieux que des États qui se disent historiquement et linguistiquement fondés. Le disparate indien a créé un peuple plus sûrement peut-être que tel ou tel nationalisme. C’est ici la pluralité qui paraît être le ciment. C’est la dissemblance qui rassemble. Et c’est l’illusion qui est réelle. »

Extrait du « Dictionnaire amoureux de l’Inde » du romancier, dramaturge et scénariste Jean-Claude Carrière (document publié aux éditions Plon).

Vos commentaires
  • Le 11 août 2008 à 17:56, par ? En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    Excellent article, Ronan.

  • Le 21 août 2008 à 17:07, par ? En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    Pourquoi la Constitution de l’Inde est-elle la plus longue du monde ?!

  • Le 21 août 2008 à 20:17, par Ronan Blaise En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    Notamment parce qu’on y consacre - définition des Institutions "indiennes" mise à part - une part importante à la définition des compétences des Etats fédérés (justice, police, économie ou éducation), à leur rapport d’autonomie par rapport pouvoir central (jusque là, rien d’original) mais aussi (et là, on entre vraiment dans le "dur" de la spécificité culturelle "hindoue"...) parce qu’on y consacre d’importes parties sur le statut des Langues officielles (ou non), sur le statut de anciennes principautés (et les modalités de leur intégration à l’Union et aux provinces de l’Union) ou encore à propos du statut des « Scheduled Tribes » (i. e : les "populations aborigènes officiellement répertoriées" : soit 423 tribus et 75 millions d’individus réparti(e)s sur l’ensemble du territoire de l’Union indienne).

    Mais pas parce qu’on y définirait arbitrairement l’orientation des politiques économiques et sociales de l’Union (Cf. "procès en sorcellerie" intenté à la partie III du feu TCE lors de la campagne référendaire de 2005...).

    Un problème que l’on retrouve - en revanche - dans l’autre "plus longue Constitution du monde" : celle de l’Alabama adoptée en 1901 : 357 157 mots selon wikipédia.en ("using Microsoft Word’s word count feature" !!!) contre "seulement" 117 369 mots pour la Constitution de l’Union indienne (version anglaise).

    Un texte "alabamabracadabrantesque" où l’on parle (dans le détail, et comté par comté, s’il vous plaît...) de tout un tas de considérations sociétales et de réglementations économiques - thématiques très "couleur locale" parfois assez pittoresques et souvent assez extravagantes - n’ayant finalement pas grand chose à voir avec le fonctionnement des rouages institutionnels d’un Etat moderne, quel qu’il soit.

    (ex : système des impôts directs et indirects ; promotion de certaines productions agricoles ou de certains élevages animaliers ; lutte contre les feux de forêts, contre les moustiques, contre les sauterelles autres insectes nuisibles ; réglementation des jeux d’argent ; lutte contre et pénalisation de la corruption, de l’alcoolisme, de la prostitution, etc).

    Et j’en oublies. Si bien qu’il existe même - en Alabama - un mouvement politique en faveur d’une simplification drastique de ce texte. Ce qui peut parfaitement se comprendre...

  • Le 1er octobre 2008 à 11:52, par Ronan En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    En même temps, je ne sais pas à qui je dois un tel compliment... Mais merci tout de même. ; - ))

  • Le 14 octobre 2008 à 14:13, par valery En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    « c’est environ un milliard d’habitants »

    à 132 000 000 de personnes près :-)

  • Le 14 octobre 2008 à 15:47, par Ronan En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    Tout à fait (comme quoi, tout augmente...). Cela dit, d’ici à 2050, comme les courbes de leurs démgraphies risquent fort de se croiser (sauf catastrophe...), il se pourrait d’ailleurs fort bien que l’Inde passe devant la Chine populaire comme pays le plus peuplé du monde.

    Plutôt que de s’encombrer le cerveau à retenir des chiffres hyper précis qui changent tout le temps, il vaut sans doute mieux retenir des ordres de grandeur, non ?!

    Cela dit : un « différentiel » d’environ 130 millions d’habitants et des poussières, ça ne représente jamais que +/- toute la population d’une autre grande puissance en devenir, genre Russie, Brésil ou Mexique, par exemple...

    C’est vous dire d’autant plus (CQFD ?!) toute la validité des thèses fédéralistes pour faire cohabiter ensemble tout ce beau monde (et une telle diversité humaine). De là à affirmer que la partition des Indes (1947-1948) a été une sanglante et tragique erreur, il n’y a qu’un pas.

  • Le 20 novembre 2008 à 02:08, par jessica En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    est-ce que c’est possible de savoir quelles ont été les plus importantes causes du changement radical de la performance (au niveau economique)de l’inde de 1950 jusqu’en 2001 ?

    merci

  • Le 11 juin 2009 à 18:22, par Lame En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    1) J’ai du mal à croire que la Constitution indienne soit la plus longue du monde : J’ai lu cette constitution mais aussi la Constitution de la République du Brésil et celle de l’Alabama.

    2) Puisque vous avez tant d’admiration pour la Constitution de l’Union indienne, demandez-vous combien de Français auraient voté Oui si on leur avait soumis une plagiat européen de la Constitution indienne au lieu du Traité établissant une Constitution pour l’Europe (abrév. : Traité constitutionnel) ?

    3) La Constitution indienne est une vraie constitution fédérale et démocratique visant à instaurer une fédération puissance indépendante. Le Traité constitutionnel est un traité s’inscrivant dans la réalisation un Etat européen unique, unitaire, centralisé, atlantiste et pas démocratique du tout comme tous les traités qui l’ont précédé. C’est le mépris de plusieurs décennies de révendications des Français pour une Europe plus démocratique et d’esprit plus fédéral qui est à l’origine du Non : les parties I et II (la Constitution européenne) n’ont pas été pas moins critiquées que la partie III.

    4) Ce qui fait la taille de la Constitution indienne, c’est le nombre de droits et de déclaration d’intention qu’elle comporte. Elle reste pluraliste car, dans le système politique qu’elle instaure, le programme politique est voté par la majorité parlementaire élue par le Peuple indien et non inscrit dans la constitution comme dans la partie III du Traité constitutionnel.

    5) S’il est vrai que les constituants indiens étaient des admirateurs de la décentralisation française et qu’ils rêvaient d’une République indienne unitaire, ils n’ont jamais voulu fusionner les actuels Etats fédérés en un Etat unique divisé en comtés réduits à l’état de drones du pouvoir central. L’Europe des régions n’a aucun rapport avec le projet indien et ne serait qu’un Etat européen unitaire centralisé déguisé en fédération. C’est justement ce genre de « fédération » qui se met en place au fil des traités, une fédération d’inspiration australienne, et tout est fait pour que l’Europe ne deviennent jamais une fédération multinationale comme l’Union indienne. Dommage que la seule chose que les conventionnaires aient copiés de la Constitution indienne soit la clause de compétence générale.

    Lame, un eurofédéraliste qui a voté Non au Traité constitutionnel et qui voterait Oui à la Constitution indienne.

  • Le 11 juin 2009 à 19:36, par Ronan En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    1) Euh, c’est pourtant ce qui est dit juste au-dessus, non ?!

    2) Euh (bis) personne ne s’est posé ici en admirateur inconditionnel de ce texte : il n’y a là qu’un descriptif factuel, pas d’un tel jugement de valeur moral (en tout cas pas prononcé dans de telles proportions).

    Si on avait présenté un tel texte (de par sa longueur et sa complexité) aux français ?! Je ne sais pas : peut-être cela aurait alors été une épouvantable boucherie...

    3) Est-il vraiment besoin de refaire le match d’un TCE déjà mort depuis belle lurette ?!

    Bien que je ne crois pas que ce défunt document ait été un « traité s’inscrivant dans la réalisation un Etat européen unique, unitaire, centralisé, atlantiste et pas démocratique du tout » (etc) je ne suis pas sûr qu’il soit aujourd’hui très utile d’en déterrer à nouveau le cadavre pour le fusiller à nouveau avant de procéder à une nouvelle autopsie sur le champs.

    Quant à ce fameux TCE, bien qu’ayant milité à l’époque pour le OUI, pas convaincu moi-même à 250%, je n’ai jamais nié à quiconque le droit de le regarder avec un oeuil critique...

    4) Ah, la partie III ! la partie III ! (foutue partie III de m... et insondable chagrin...).

    5) Je ne voyais pas les choses dans cette perspective là. J’avais jusque là le sentiment qu’en Europe le « centre » était trop faible à l’égard des « composantes », et qu’on s’engageait là sur la pente d’un modèle confédéral très insatisfaisant (mais mieux que rien... ou tout cas mieux qu le bazar actuel... et sans doute mieux que le « truc » de Lisbonne) mais bon...

  • Le 16 juin 2009 à 22:44, par Lame En réponse à : L’Union indienne : « Unie dans la diversité »

    @Ronon

    Pour moi, le Traité constitutionnel n’est pas mort puisqu’il est en cours de ratification sous la forme du Traité de Lisbonne, son avatara et qui ai remis le sujet sur le tapis (cfr. le procès en sorcellerie ci-dessus).

    Mon propos n’était pas de critiquer le Traité constitutionnel mais de m’opposer à une certaine interprétation du Non français qui est arbitrairement catalogué par les gens du Oui comme un Non à la partie III motivé par des problèmes nationaux et une prétendue hostilité à toute forme d’intégration européenne.

    De mon point de vue, le problème fondamental de l’Union est le déficit démocratique du processus d’intégration et des institutions, le principal obstacle à la démocratisation de l’UE étant la mauvaise volonté des mandataires européens et de la minorité qui les soutien, mauvaise volonté dont les symptômes sont le refus de toute remise en cause, une incapacité à l’autocritique,une hypocrisie sans borne et une forte tradition de calomnie.

    Pour revenir à la Constituton indienne, je me suis peut-être avancé mais l’article et les réactions m’ont laissé l’impression d’être confronté à des gens qui, comme moi, admire ce texte. J’ai donc profité de l’occasion pour poser une interrogation : Est-ce que le Peuple français majoritairement hostile au Traité constitutionnel et au Traité de Lisbonne adopterait une copie de la Constitution indienne ?

    Tu penses que Non apparemment. Moi, je pense que oui parce que le Non n’est pas le fait d’une majorité de confédéralistes ou de souverainistes. C’est ce qui explique que tant de gens du non se soient tourné vers Français Bayrou et Ségolène Royal lors des présidentielles plutôt que vers les chefs de file indignes que les gens du Oui leur ont attribué par commodité. On notera que ces choix ne sont pas motivés par une changement d’opinion sur les deux dernier projets de traités

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