Bilatéral

L’amitié franco-allemande

Construire l’Europe, ensemble

, par J. S.

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L'amitié franco-allemande

Lors de cette récente Coupe de monde de football, l’amitié franco-allemande sera souvent revenue sur la table ou dans les discussions. Et cela, pas seulement sur le plan politique...

Certes la finale « France-Allemagne », alors encore possible entre l’Allemagne et la France, fut finalement empêchée par le succès des Italiens en demi-finale.

Cependant, rappelons-nous de la défaite de l’Allemagne contre la Croatie, lors de la Coupe de monde 1998. A ce moment là, les journaux français ne furent pas vraiment très ’’gentils’’ avec les allemands.

Mais cette année, au contraire, les médias français semblent se comporter de façon plutôt amicale à l’égard de l’Allemagne.

Et gageons que c’est probablement là un effet obtenu grâce aux efforts politiques et sociaux effectués pour promouvoir la citoyenneté européenne.

L’amitié franco-allemande : quelles origines ?

S’il fallait parler de la citoyenneté européenne il faudrait forcement revenir à l’origine de la construction de l’Union européenne (UE). Après la seconde guerre mondiale, afin d’essayer d’unifier l’Europe et d’y instaurer la paix, elle était vraiment indispensable, cette réconciliation entre la France et l’Allemagne : deux pays fondateurs au cœur de l’Europe.

Après les guerres de 1870, 1914 et 1940, avec la signature du traité de l’Elysée par Konrad Adenauer et Charles de Gaulle, le 22 janvier 1963, le moteur franco-allemand était lancé, ce jour étant alors même déclaré : « Journée franco-allemande ». Un traité qui constitue donc le début d’une phase de vraie coopération entre ces deux pays. Et dont les éléments clés étaient la politique étrangère et de défense ainsi que la politique de formation de la jeunesse.

Trois conseils franco-allemands de la sécurité et de la défense, de l’économie et des finances aussi bien que de l’environnement étaient alors mis en place. Le premier d’entre eux, initié par Helmut Kohl et François Mitterrand en 1987, a rendu possible la création de la Brigade franco-allemande, opérationnelle depuis 1991. Cette initiative franco-allemande étant ouverte aux autres membres de l’UE depuis 1992. Ce nouveau Corps européen ayant participé a des opérations notamment au Kosovo (en 2000) et en Afghanistan (en 2004).

En outre, de nombreuses institutions franco-allemandes ont été créées : telle que « l’Office Franco-Allemand pour la Jeunesse » (OFAJ) (présent à Berlin et Paris, avec plus que 150.000 participants chaque année...), telle que l’Université franco-allemande de Sarrebrück, la chaîne de TV culturelle de l’Europe « ARTE », les instituts Goethe et les instituts français, afin de promouvoir la dynamique de l’échange et le dialogue social et culturel entre les deux nations.

Le moteur franco-allemand risque t-il d’être remis en question ?

Malgré l’approfondissement de l’amitié franco-allemande sur le plan éducatif, culturel et politique dans les années 1970 et 1980, le moteur franco-allemand s’est retrouvé mis à l’épreuve avec la réunification de l’Allemagne en 1989-1990. De nouveau, les deux pays voisins se sont alors retrouvé en compétition pour la suprématie économique en Europe. Cette question s’ajoutant à celle de la coûteuse politique agricole commune (PAC) et de la difficile discussion qui l’entoure.

C’est pourquoi les deux gouvernements ont monté un programme de travail franco-allemand, le 31 janvier 2001 (presque 40 ans après la signature du traité franco-allemand de coopération...), dans le cadre de ce processus de redéfinition des relations franco-allemandes, dit « processus de Blaesheim » (du nom de la localité du Bas-Rhin où fut signé cet accord franco-allemand).

L’objectif de ce processus étant de bâtir des convergences sur des questions comme l’élargissement et les conditions d’adhésions, la sécurité alimentaire, la PAC (etc), afin de coopérer de manière plus étroite. Ainsi, même si les deux pays se sont mis d’accord sur le financement controversé de la PAC (facilitant ainsi l’élargissement à l’Est...), ce consensus bilatéral restait là à un niveau minimal, empêchant l’accélération d’une réforme agricole durable à l’échelle de l’organisation mondiale de commerce (OMC).

Néanmoins, la suspension du pacte de stabilité (renforcé par le directoire franco-allemand en 2003...) a fortement écorné l’image des deux pays comme force motrice de l’intégration européenne. Et même si la forte coopération des deux pays, lors la crise irakienne, a marqué une étape positive pour l’amitié franco-allemande, elle a aussi provoqué de graves divisions au sein de l’UE.

Ce pourquoi, Gerhard Schröder et Jacques Chirac ont établi un symbole fort en faveur de l’intégration européenne en remplaçant l’ancienne coopération entre les régions transfrontalières par le concept des Eurodistricts en 2003. Un nouveau concept, de nature expériementale, qui a été mis en place dans les régions « Strasbourg-Kehl-Offenbourg », « Mulhouse-Colmar-Fribourg-en-Brisgau », « Lille-Courtrai » et « Sarre-Moselle ». Un nouveau concept qui développe là l’idée d’identité régionale transnationale.

Sur le plan économique : où va-t-elle, la coopération franco-allemande ?

A partir de 1990 avec la mise en place en Europe du marché unique, de la libre mobilité de capital et de la monnaie commune, l’esprit de coopération entre les deux pays s’est accentuée sur le plan économique, avec notamment une augmentation des investissements croisés.

En 1999, des grandes entreprises de technologie de pointe françaises et allemandes ont fusionnés : telles que « Rhône-Poulenc » et « Hoechst » (pour devenir « Aventis »), « Framatome » et le département de l’énergie nucléaire de « Siemens AG » (pour devenir « Framatome ANP »), ou « DASA » et « Aérospatiale-Matra » (créant « EADS »). Ainsi les deux systèmes de fonctionnement entreprenarial se sont donc rapprochés du modèle anglo-saxon des ’’shareholder values’’.

Concrètement, ce rapprochement s’est aussi effectué sur des questions comme celle de la gestion du consensus, la question de financement et de l’origine de capitaux (public ou privé). En revanche, la rupture - en 1998-1999 - de « Deutsche Telekom » avec son partenaire « France Télécom », ainsi que les critiques que rencontre actuellement le double directoire franco-allemand d’EADS montrent bien les difficultés que subit actuellement le moteur économique franco-allemand.

Quelles sont les perspectives d’avenir pour le couple franco-allemand ?

En conclusion, il faut souligner que - sur le plan politique - les deux pays ont décidé de poursuivre les rencontres informelles liées au processus de Blaesheim. Ainsi, pendant le dernier sommet franco-allemand (du 6 Juin 2006), Angela Merkel et Jacques Chirac ont réaffirmé leur volonté d’oeuvrer pour obtenir la réalisation des objectifs contenus dans le traité constitutionnel.

Et, au-delà des préparatifs pour le prochain Conseil européen, ils ont notamment évoqué l’actuel conflit avec l’Iran sur la question du nucléaire et ont manifesté leur volonté de continuer le processus de négociation. Sur le plan économique, les deux gouvernements ont tenu à préciser que l’échec de la fusion entre la « Deutsche Börse » et l’ « Euronext » cette année, empêcherait très probablement l’avancement à grands pas de l’Europe des marchés financiers.

Enfin, sur le plan culturel, un grand progrès peut être d’ors et déjà annoncé : un manuel d’histoire commun à la France et l’Allemagne, devant promouvoir « une vision commune franco-allemande » de l’histoire européenne depuis l’Antiquité, devant être officiellement promu pour la rentrée scolaire 2006/2007.

Par ailleurs, il nous faut rappeler que lors des demi-finales de cette Coupe de monde, on n’aura finalement plus vu que des équipes européennes. Alors, vive l’Europe unie : tant sur les terrains de foot et par les peuples, qu’au niveau politique !

- Illustration :

Exposition universelle d’Aïchi (Japon) en 2005 : le Pavillon franco-allemand (Sources : site flickr).

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Vos commentaires
  • Le 11 juillet 2006 à 23:15, par Fabien En réponse à : L’amitié franco-allemande

    Les relations entre l’Allemagne doivent servir de modèle aujourd’hui à d’autres régions du monde. Néanmoins, comme nous le rappelle le secrétaire général de l’OFAJ : rien n’est acquis !

    Par exemple, il existe toujours des réactions faisant des amalgames bêtes et idiots sur le Nazisme et l’Allemagne, alors que la France n’a pas totalement fini de se regarder en face avec Vichy...

  • Le 19 juillet 2006 à 11:07, par Gaetano En réponse à : L’amitié franco-allemande

    le message est en italien. Allez France et Allemande ! Coraggio, non arrendetevi ! Approfondite la reciproca integrazione e promuovetela nella società civile. E ricordatevi : se un francese ed un tedesco fanno amicizia, presto un italiano diventerà un loro « compagnon ». Così comincia l’unificazione europea

  • Le 11 septembre 2009 à 08:23, par gab En réponse à : L’amitié franco-allemande

    je ne vois qu’un message : c’est que ces deux peuples ne vivent que pour une utopie : vivre ensemble avec les autres et que l’argent s’efface, petit à petit, vive l’humain !!! à+ vous autres

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