François qui ? François Hollande ! Un homme, qui pourrait ne pas être si effacé que ça, cherche à détrôner Nicolas Sarkozy. Ses faiblesses, notamment celle de passer inaperçu, rendent le candidat du parti socialiste (PS) plus fort : il incarne l’anti-sarkozysme et veut être un « président normal » pour le peuple français.
Cette stratégie pourrait fonctionner, car rien n’énerve plus les citoyens entre Calais et la Côte d’Azur que les manières de leur Chef d’Etat actuel. Le premier tour en est la preuve.
Le mois de mai va-t-il tout moderniser ?
Depuis sa victoire aux Primaires, François Hollande est en tête dans les sondages. Il est également arrivé premier lors du premier tour avec 28,63% des suffrages. 27,18% ont voté pour Nicolas Sarkozy, la troisième place est occupée par Marine Le Pen qui a créé la surprise avec 17,90% des voix. Des sondages réalisés ces derniers jours créditent Nicolas Sarkozy de 46 % au deuxième tour contre 54 % pour François Hollande, qui l’emporterait.
La présidence de la République serait le point culminant de la carrière politique de plus de 30 ans de François Hollande. Le juriste de 57 ans a étudié dans des écoles d’élites et est rentré en 1970 au PS. Deux ans plus tard, il a œuvré dans l’équipe de campagne de François Mitterrand, qui en a fait un conseiller après sa victoire. Maire, conseiller municipal et régional, président de Conseil Général, député à l’Assemblée nationale, député au Parlement européen – la liste des mandats de François Hollande est longue. Onze ans durant il a été Premier Secrétaire du Parti socialiste. Un seul mandat lui échappe encore.
Un professionnel de la politique qui attaque
Plus d’un le raillait au début de sa candidature en raison de son image de comptable effacé. C’est toujours le cas aujourd’hui. Mais grâce à des discours intelligents, le candidat socialiste a pu améliorer son image. Il apparaît calme, compétent et semble plutôt rassembler que polariser. Par ailleurs il profite du fait que la situation économique se soit continuellement dégradée sous le mandat de Sarkozy : chômage en hausse, économie qui s’affaiblit, perte du AAA, tout cela semble mener les électeurs vers l’alternative.
Si le peuple français fait de Hollande son prochain Président, l’image du couple franco-allemand formé par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy appartiendra au passé : en effet lors de sommets européens ou bien lors d’interviews télévisées, Merkozy semblent former un même cœur et une même âme. Le chef du SPD Sigmar Gabriel trouve cela fâcheux. Le socialiste François Hollande, quant à lui, déclare habilement à l’encontre de la fierté nationale française : « La France s’est totalement prosternée devant l’Allemagne ».
Soutien à la campagne Made in Germany
Le camp de la gauche aussi fraternise. Au congrès du SPD (parti socialiste allemand) en décembre dernier, François Hollande était invité et a prononcé un discours. La Ministre-Présidente de Rhénanie du Nord Westphalie et vice-présidente du SPDHannelore Kraft a déclaré au Rheinischer Post qu’il était naturel de soutenir le candidat socialiste à l’élection présidentielle française.
Hollande y a tenu un discours enflammé pour l’Europe. Mais il brûle pour une autre Europe que celle voulue par la Chancelière. Et c’est là que réside la source du conflit des relations franco-allemandes et de la coopération pour l’Europe. Le socialiste Hollande se prononce pour des euro-bonds, tout comme pour plus d’intervention de la part de la Banque centrale européenne (BCE) quant à une politique de croissance active. Il soutient tout ce qu’Angela Merkel rejette. Il est contre un ralentissement des dettes et contre la forme actuelle du pacte fiscal européen, ficelé en décembre dernier. Le seul point sur lequel ils se retrouvent est la taxe sur les transactions financières.
Le programme de politique intérieure d’Hollande est controversé. Il veut redistribuer : les riches, les banques et les entreprises doivent être mieux encadrés, l’industrie et les jeunes aidés. Il veut rebaisser l’âge du départ en retraite à 60 ans et compte obtenir un budget à l’équilibre d’ici la fin de son mandat. Ses promesses de redistribution ainsi que son programme sont considérés comme intenables par des experts qui redoutent un trop gros endettement.
Merkollande pour remplacer Merkozy ?
Plusieurs facteurs rentrent en ligne de compte pour cette élection. Le second tour entre Hollande et Sarkozy va se jouer sur le choix des électeurs de Marine Le Pen. Et leur choix se laisse facilement deviner. Le combat électoral ne fait que commencer et va se durcir.
Un changement au pouvoir en France est vraisemblable, le couple Merkozy pourrait ne bientôt plus exister. Le futur serait alors plus marqué par des conflits que par le consensus. La principale priorité de l’Allemagne est la réduction des dettes et la stabilisation de la zone euro. Hollande veut d’abord établir l’équité entre les riches et les pauvres puis relever l’Europe à l’aide d’une politique de croissance active. En réalité ils poursuivent tous les deux le même but : une Europe forte, armée pour le futur. Simplement, ils voient chacun un chemin différent pour y parvenir.
Des rédacteurs avec des idées plein la tête réfléchissent déjà à de nouveaux sobriquets pour le couple franco-allemand. Merland et Merkollande hantent ça et là leurs rapports et leurs commentaires. Assembler des noms se révèle facile, plus difficile est la construction d’une politique européenne franco-allemande lorsque des avis diamétralement opposés existent de part et d’autre du Rhin, notamment sur le futur de l’Europe pendant et après la crise de l’euro.
1. Le 4 mai 2012 à 16:04, par Neos En réponse à : L’autre Européen
A l’auteur, au sujet de la Merko++ :
« Je veux aussi sur le plan européen un changement d’orientation. » F. Hollande, 2 mai 2012
Que peut-on comprendre à travers cette déclaration de M Hollande sur le ’changement’ politique de la France sur la scène européenne ?
– Doit-on y voir la volonté ferme de porter un message politique fort à l’attention des Etats membres qui ont signé le nouveau traité d’Union budgétaire à contre coeur ? M Hollande souhaite-t-il constituer une fronde politique au sein du Conseil de nature à peser en faveur d’une renégociation du texte ?
– par ’changement’, peut-on entrevoir une volonté d’inclure dans le noyau franco-allemand des pays qui pèsent, tels que la Pologne en tant que grand Etat membre issu de l’élargissement EU 12 de 2004-07, voire l’Italie - devenue raisonnable - de M Monti ?
– le ’changement’ interviendra-t-il à travers un appel au retour de la méthode communautaire avec une mise en application concrète dès les premières réunions du Conseil ? Peut-on imaginer que M Hollande implique la France dans un renforcement de sa coopération avec les institutions européennes, auprès de M Van Rompuy, Mme Ashton et de Mr Barroso et de leurs services ?
– irait-on jusqu’à penser que le ’changement’ puisse s’opérer sur le fonds des dossiers avec la mise sur la table ces 5 prochaines années du projet cher à M Jacques Delors d’une future Union sociale européenne ?
– Peut-on imaginer que le ’changement’ puisse influencer les prises de position des députés PS du PSE au Parlement européen ? Pourrait-on penser que M Hollande encourage ceux-ci à défendre des positions en faveur d’une politisation des grands dossiers européens, ainsi que d’un renforcement des pouvoirs généraux du PE ?
– enfin, l’échéance 2014 avec les élections européennes et les renouvellements des postes clefs à la tête des institutions européennes pourrait-elle insuffler à M Hollande, s’il est élu, l’idée que nos institutions européennes ont un besoin vital d’être dirigées par des personnalités qui pèsent et qui ont une vision européenne clairvoyante pour l’avenir de l’UE et ses citoyens ?
Il ne me semble pas que le ’changement’ puisse s’opérer à travers l’établissement d’un Merkolland, pauvre erzatz d’une Merkozy si critiquée, mais bien à travers une volonté affirmée par le futur Président, très tôt au cours du quinquennat, de préférer une autre politique auprès et au sein des institutions européennes, un autre positionnement politique des députés socialistes français au Parlement européen, insuffler une vision novatrice du rôle de la France au sein de la construction européenne : ne plus imposer la volonté - puissante - de quelque minorité d’Etats sur la grande majorité, mais chercher sans relache des positions de compromis en créant de nouvelles alliances politiques au-delà du seul couple historique franco-allemand.
Les prochains conseils européens nous apporteront sans nul doute quelques éléments de réponse en cas de victoire du candidat Hollande le 6 mai prochain.
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