Capitale Culturelle Européenne

La Culture de Liverpool en Capitale européenne 2008

, par Mehdi Drici

La Culture de Liverpool en Capitale européenne 2008

Liverpool, 800 ans à peine, entame son année de Capitale Européenne de la Culture 2008, en compagnie de Stavanger en Norvège.

Liverpool, qui a fait fortune en devenant le premier port de commerce transatlantique de Grande Bretagne au XVIIIème siècle, avant que ses 50 000 dockers ne deviennent un poids trop lourd à porter. Liverpool et les virevoltantes prestations des Reds à Anfield, Liverpool, reconnue « Capitale Mondiale de la Pop » par le Guinness Book of Hits Singles pour avoir produit le plus grand nombre de titres placés en tête des charts par tête d’habitant, et puisqu’ils sont là en sous entendus, autant le dire, Liverpool et les Beatles. Force est de constater que les évocations culturelles liées à la ville offrent un panorama de l’Angleterre assez complet.

Liverpool est pourtant la première ville anglaise à bénéficier de ce statut de capitale européenne de la Culture (Glasgow en 1990 a été la première ville britannique). Un aboutissement considéré comme une revanche pour cette ville cantonnée depuis les années 70 aux pages ‘grève et plans sociales’ ou sportives des journaux. Mais un aboutissement logique.

Liverpool, sauvé par la culture

Depuis six ans, la ville connait une véritable résurrection, une métamorphose profonde : les bâtiments de briques se sont transformés en gratte ciel, en bureaux et appartements de standings, et puis il y a « Paradise Project », le plus grand chantier de rénovation urbaine d’Europe qui couvre près de 17 hectares au centre ville avec vue sur la Mersey, où il est prévu d’implanter une zone commerciale et des hôtels pour un coût estimé à 1 milliard d’euros. L’aéroport s’agrandit pour gérer un trafic de 4 millions de passagers multiplié par 10 en 10 ans alors qu’un projet de tramway alimente les conversations des amateurs de dépenses mirobolantes. La création de 24 000 emplois en 10 ans a également permit de ramener le taux de chômage de 18 à 5%.

La culture a joué un rôle moteur dans ce mouvement. En 2000, la mairie décide de créer la « Liverpool Culture Company », agence mêlant fonds publics et sponsorings privées, afin de mener à bien la candidature à l’élection de la Capitale Européenne de la Culture. Depuis 2003 et la réalisation de ce premier objectif, elle est chargée d’organiser un programme d’évènements thématique annuels, ainsi en 2007, le 800ème anniversaire de la ville, ou encore en 2006 les performances de la ville dans le domaine des arts et du sport. Et ce jusqu’à au moins 2010.

Ces programmes incluent des collaborations artistiques en tous genres et offrent ainsi tout un éventail d’évènements qui profite à l’ensemble des quartiers. Ils ont notamment bénéficié aux industries créatives, dont les emplois ont augmenté de plus de 50 % entre 2000 et 2004. Un investissement de 750 millions d’euros qui a permit à l’activité économique de passer de 5,5 à 7 milliards d’euros.

Pour cette seule année 2008, le budget consacré à cet évènement est de 150 millions d’euros. Mais l’année devrait attirer 1,7 millions de visiteurs, créer plus de 14 000 emplois dans le secteur culturel et générer 571 millions de livres pour l’économie locale, soit 750 millions d’euros. Le volontarisme de la mairie emprunt de keynésianisme culturel semble porter ses fruits. Même si tous n’en profitent pas. En effet, malgré ce boom économique, 13 de ses quartiers figurent toujours dans le top 100 des endroits les plus pauvres du pays. Ce malgré les 2 milliards d’euros versés par l’Union européenne entre 1994 et 2006 au titre d’aide aux régions défavorisées. Et 60 % de la population appartient toujours aux 10% les plus pauvres d’Angleterre. La culture ne résout malheureusement pas tout.

"I’m Scouser and I’m proud"

Et l’année en tant que telle, les évènements me direz vous, qu’en est-il ? C’est mieux ou moins bien que Stavanger ? A vous de comparer. A la différence de Stavanger, Liverpool s’appuie sur des artistes dont la notoriété est très liée à la ville.

Et forcément dans le domaine musical, les Beatles. Ringo a officié à la cérémonie d’ouverture, en en profitant pour sortir un album intitulé « Liverpool 8 » du nom du quartier où il habitait pendant sa jeunesse. Il y déclame son amour pour une ville qu’il a quitté mais n’a jamais oublié (« Liverpool, I left you but I never let you down », titre ‘Liverpool 8’). Quant à (Sir) Paul McCartney, il donnera un concert géant le 1er juin à Anfield, d’ores et déjà un évènement, des fans transis feraient déjà la queue pour les billets. Qui profite de qui ? Réciprocité semble il, et petite fierté pour ‘Liverpool 2008’.

Pour les amateurs de musique classique, Simon Rattle, autre enfant du pays depuis devenu chef surdoué et éclectique, et passé à la tête du Berlin Philharmoniker participera à l’organisation de bals viennois.

La mémoire prépare l’avenir

Les organisateurs se sont également attachés à concilier lieux de vies et lieux de mémoires. Ainsi, la réouverture du « Bluecoat », plus vieux bâtiment du centre ville offrira un lieu d’expression aux jeunes talents locaux. Une arène de 10 500 places permettra de recevoir les grands groupes et il y est déjà prévu la cérémonie des MTV Music Awards.

Et pour la mémoire, des expositions seront consacrées à des artistes majeurs tels que Gustav Klimt à la Tate Liverpool, Le Corbusier à la Royal Institute of British Architects (RIBA), Monet et Camille Pissarro notamment à la Walker Art Gallery. D’autres joueront sur les deux registres comme le Festival International d’art contemporain "Biennial" organisé du 20 septembre au 20 novembre pendant lequel des artistes seront invités à créer de nouvelles œuvres dans une douzaine de lieux de la ville.

Finalement avec cette manifestation, Liverpool touche du doigt la réalisation d’un rêve inavoué : retrouver cette époque des 60ies où le monde de la culture se pressait à ces portes, où la ville faisait dire à Allen Ginsberg, pape de la beat generation « C’est comme San Francisco, sauf que le temps y est plus gris ». Et si Liverpool était passé à la couleur ?

Illustration :
 logo officiel de Liverpool 2008
 photographies prises sur le site officiel de « Liverpool 08 »

Pour en savoir plus : le site officiel

Pour rappel :
 Sibiu (Roumanie) était l’une des deux capitales européennes de la culture en 2007.
 Stavanger (Norvège) est l’autre capitale européenne de la culture en 2008.

Vos commentaires
  • Le 25 mars 2008 à 19:48, par ? En réponse à : La Culture de Liverpool en Capitale européenne 2008

    Merci pour cet article sur la deuxième capitale européenne 2008. J’ai lu cet article avec autant d’intérêt et de plaisir que le premier sur Stavanger.Continuez à mêler humour et sens du détail.

  • Le 26 mars 2009 à 14:52, par nad En réponse à : La Culture de Liverpool en Capitale européenne 2008

    Bonjour, article très intéressant et agréable à lire. J’écris un mémoire su Liverpool, les Beatles et l’impact économique du tourisme dans la région. Je me demandais quelles étaient vos sources ? Merci ! Nadjet

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